
Poilievre veut que Carney permette des mises en chantier d'ici au 14 mars
(Ottawa) Le chef conservateur Pierre Poilievre met le gouvernement de Mark Carney au défi de permettre, d'ici au 14 mars, le début de la construction de deux oléoducs, d'une autoroute et d'un projet de gaz naturel liquéfié.
Émilie Bergeron
La Presse Canadienne
La date butoir évoquée par M. Poilievre est celle qui marquera le premier anniversaire de M. Carney en tant que premier ministre du Canada.
Plus précisément, les conservateurs souhaitent voir une autoroute construite dans le Cercle de feu, une région de l'Ontario connue pour ses ressources minières.
M. Poilievre estime que M. Carney peut respecter cette échéance tout en honorant son obligation de consulter adéquatement les communautés autochtones.
À son avis, le premier ministre se traîne les pieds puisqu'aucun projet d'intérêt national n'a encore été approuvé avec la nouvelle loi visant à accélérer la réalisation de telles initiatives.
« (Il a eu) assez de réunions, assez de paroles. Maintenant il faut passer aux actes », a dit M. Poilievre en point de presse à Calgary.
Le chef conservateur a aussi signalé l'intention de son parti de proposer sa propre législation à l'automne. Le projet de loi aura notamment pour but d'abroger des mesures législatives mises en place par l'ancien gouvernement libéral de Justin Trudeau, que les conservateurs qualifient d'anti-pipelines.
Parmi ces lois honnies par les troupes de M. Poilievre, on retrouve C-69, qui concerne des normes environnementales pour des projets d'exploitation de ressources naturelles. Les conservateurs veulent aussi annuler l'interdiction d'objets de plastique à usage unique.
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Élection partielle dans Arthabaska-L'Érable
Cet été, la capitale politique est Victoriaville. Le cœur des Bois-Francs est l'hôte d'une partielle qui changera le visage de la rentrée parlementaire. Et elle n'a rien d'ordinaire. Une élection partielle sert habituellement à envoyer un message au parti au pouvoir. Mais c'est comme si ce message avait déjà été assimilé. Tout indique que la Coalition avenir Québec encaissera lundi une raclée. Seul suspense : si la claque sera moyenne ou grosse. Dans Arthabaska-L'Érable, un duel se dessine entre les conservateurs et les péquistes. Ils sont au coude-à-coude. Le Parti québécois veut confirmer sa lancée et obtenir des renforts pour son équipe parlementaire à bout de souffle. De son côté, le Parti conservateur du Québec rêve de faire son entrée à l'Assemblée nationale. Les sondages locaux ont une marge d'erreur trop grande pour qu'on puisse anticiper le résultat. Et même si un parti prévoyait gagner, il le nierait. Car les candidats Alex Boissonneault et Éric Duhaime ont un ennemi en commun : l'abstention. Motiver les électeurs n'est pas facile l'été. La meilleure stratégie est de dire que la lutte sera serrée. Et ça fonctionne, à en juger par le taux de vote par anticipation de 26 %, qui est deux fois plus élevé que celui dans Terrebonne en mars. Le péquiste Alex Boissonneault mise gros. Ce père de quatre enfants avait un excellent boulot, soit animateur de la matinale radio d'ICI Première à Québec. Il a fait le saut pour commencer sa campagne dès mai et retourner ainsi sur ses terres natales – il a grandi à Saint-Ferdinand. Éric Duhaime a tout à gagner. Il souhaite normaliser son parti, qui était associé aux mouvements antimesures sanitaires durant la pandémie. Il a tourné cette page. Comme les conservateurs fédéraux, il axe son message sur le coût de la vie. Sa priorité : moins d'État. Les enjeux identitaires l'intéressent peu. Son principal sujet de campagne est le prix à la pompe pour les automobilistes. Il dénonce aussi la fin de la vente des véhicules à essence neufs, prévue pour 2035, ainsi que les taxes vertes pour les agriculteurs. M. Duhaime propose de sortir le Québec du marché du carbone. Le PQ juge l'idée irréaliste et coûteuse. Par exemple, nos entreprises détiennent déjà des crédits. Il faudrait les indemniser. Sans oublier l'impact environnemental. L'enjeu profite néanmoins à M. Duhaime. Il lui a permis de recevoir l'appui tacite de Luc Berthold, député conservateur fédéral. Pierre Poilievre a aussi relayé sur les réseaux sociaux deux déclarations de M. Duhaime au sujet de l'essence. Les conservateurs provinciaux gagnent à s'associer avec leurs homologues fédéraux. Cela rassure l'électorat âgé, qui leur est moins favorable. Selon le Parti québécois, la partielle sera un référendum sur M. Duhaime. On parle du « risque réputationnel » pour la région de devenir associée à un « polémiste ». Et, se plaît-on à rappeler, le chef conservateur ne vient pas du coin… La CAQ présente un candidat de qualité, Keven Brasseur, qui a présidé la Commission de la relève du parti, puis la Chambre de commerce et d'industrie des Bois-Francs et de L'Érable. Après avoir lancé sa campagne, François Legault n'est pas retourné sur le terrain avec lui. Une autre preuve que les attentes sont modestes. Québec solidaire essaie de faire oublier le mauvais souvenir de Terrebonne, où sa candidate avait été laissée à elle-même. Cette fois, l'association locale s'implique. Elle a publié une déclaration qui minimise la différence entre M. Duhaime, de la « droite dure », et M. Boissonneault, du « centre droit ». Mais Pascale Fortin n'était pas là pour bien faire le suivi – elle s'est absentée durant une partie de la campagne. Les libéraux sont bien placés pour faire mieux qu'en 2022 – 3,8 % des suffrages. Leur candidate Chantale Marchand est connue localement. Elle dirige la Fondation de l'Ermitage qui œuvre auprès des aînés. Cet électorat, qui vote plus et qui s'absente moins durant les vacances estivales, devrait l'aider. Les partielles ont un autre intérêt : rappeler que le Québec n'est pas un grand Plateau Mont-Royal. Arthabaska-L'Érable elle-même n'est pas homogène. Elle abrite la ville centrale des Bois-Francs, Victoriaville, et des parcs industriels, des manufactures et d'autres entreprises qui gravitent autour du secteur agricole. Un peu comme en Beauce et à Drummondville, l'esprit entrepreneurial y fleurit. Leur résilience est toutefois mise à l'épreuve en raison des droits de douane américains et de la rareté de la main-d'œuvre. Ici, la réduction de l'immigration temporaire passe mal. Les travailleurs étrangers s'intègrent et se francisent – ils n'ont pas vraiment le choix. Et ils effectuent des boulots difficiles, comme passer la journée au soleil, les pieds dans l'eau, à récolter des canneberges. À noter que le gouvernement Legault réclame au fédéral d'accorder un droit acquis aux travailleurs temporaires en région afin de les protéger. Les menaces contre la gestion de l'offre inquiètent les agriculteurs, mais on comprend que l'enjeu se réglera au fédéral. La partielle ne changera rien. Les conservateurs sont moins populaires à Victoriaville. Ils misent sur les municipalités dans l'est. On y trouve des gens qui ont choisi de vivre loin des centres urbains et qui détestent se faire dire quoi faire. M. Duhaime courtise aussi l'électorat plus jeune, frustré entre autres par le coût du logement et de l'essence. Mais ces désaffiliés politiques tendent à moins voter. Le défi sera de les faire sortir lundi. Le PQ a parlé davantage d'enjeux locaux, comme les contrats qui échappent aux camionneurs en règle, l'hôpital Hôtel-Dieu (son agrandissement a repris) et les compressions dans les centres collégiaux de transfert technologique. Mais ces enjeux pointus et nuancés risquent de se perdre dans l'urne. La grande question sera de savoir qui doit remplacer la CAQ. Et tout le Québec politique sera à l'écoute.


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Les recrues reviennent en force dans les écoles
Des étudiants s'affairent à l'École des métiers de l'aérospatiale de Montréal. « J'ai la passion des avions depuis que je suis petite et je me suis dit que c'était le temps. » Des recrues comme Valérie Piché, les écoles de formation en aérospatiale en comptent de plus en plus, au point d'être aux prises avec un beau problème : il manque d'espace pour en accueillir davantage. Sans tambour ni trompette, des établissements comme l'École des métiers de l'aérospatiale de Montréal (EMAM) et l'École nationale d'aérotechnique (ENA) sont parvenus à inverser un déclin qui s'était observé au début de la décennie. PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE gée de 27 ans, Valérie Piché a décidé de se tourner vers l'aérospatiale pour la suite de sa carrière. Cet élan ne réglera pas à lui seul les besoins de main-d'œuvre dans l'industrie, qui a vu son nombre de postes grimper de 3,4 %, à 43 100, l'an dernier – une tendance qui n'a pas fini de prendre de l'altitude. Il a néanmoins de quoi rassurer beaucoup d'employeurs. Usinage, tôlage, montage – et démontage – de moteurs… Les stations de formation des installations de l'EMAM sont occupées lorsque la directrice de l'établissement, Karine Fournier, accueille La Presse. PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE Karine Fournier, directrice de l'École des métiers de l'aérospatiale de Montréal (EMAM) C'est notre meilleure année depuis les 10 dernières. Notre espace pour dîner peut accueillir environ 255 personnes. On doit fonctionner à deux dîners. Sinon, on n'a pas suffisamment de place pour asseoir tout le monde. Karine Fournier, directrice de l'EMAM On anticipait environ 475 élèves sur le quart de jour, une prévision qui pourrait être relevée à 550, ajoute Mme Fournier. La capacité d'accueil pourrait être de 1000 personnes s'il y avait des formations le soir et la nuit, ce qui n'est pas le cas actuellement. PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE Après des années de vaches maigres, les écoles de formation en aérospatiale constatent un regain d'intérêt. Le portrait est similaire sur la Rive-Sud de Montréal. L'ENA pourrait accueillir 1000 élèves pour une formation collégiale à l'automne, une augmentation de 22 % par rapport à il y a quatre ans. « On se rapproche nous aussi de notre capacité d'accueil [1300 élèves], explique Hélène Bailleu, directrice générale du cégep Édouard-Montpetit et de l'ENA. À l'inverse de ce qu'on a déjà connu, on voit une augmentation très rapide. » Et quand on met le pied dans un centre de formation, pas besoin d'attendre bien longtemps avant de se trouver un gagne-pain. Sur les bancs d'école, les recrues savent souvent déjà où elles iront travailler. Dans le cas de Mme Piché, ce sera chez Bombardier, dans l'arrondissement de Saint-Laurent. La femme de 27 ans ne s'en cache pas, la demande pour la main-d'œuvre a été l'un des facteurs qui l'ont incitée à délaisser le secteur de la construction pour l'aéronautique. PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE Benedict Cangé achève sa formation en tôlage à l'École des métiers de l'aérospatiale de Montréal. « Je faisais de la livraison de colis et je cherchais quelque chose d'autre, lâche Benedict Cangé, 39 ans, à un atelier adjacent de Mme Piché. J'avais regardé la mécanique automobile et ça ne m'intéressait pas. Je suis arrivé dans la tôlerie. Je sais où je vais aller travailler après. C'est sécurisant de savoir cela. » Cocktail d'ingrédients Qu'est-ce qui a bien pu inverser la tendance dans les écoles de formation ? Il y a plusieurs éléments, mais la réponse peut se résumer de la sorte : un peu de tout. PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE Dean Chardly Hippolyte, étudiant à l'École des métiers de l'aérospatiale de Montréal À l'EMAM, par exemple, le Programme de formations de courte durée (COUD) a donné un grand coup de main, explique Mme Fournier. La mesure finance la formation d'une personne n'ayant pas toutes les compétences requises pour occuper l'emploi visé. L'EMAM y participe depuis 2022-2023. L'industrie a aussi mis la main à la pâte. « J'ai constaté une grande différence de son implication à l'endroit des jeunes, affirme la présidente-directrice générale d'Aéro Montréal, Mélanie Lussier. Les entreprises accueillent de plus en plus de stagiaires, elles ont des employés affectés à la relève. On les voit davantage dans les écoles aussi pour prendre les devants. » Un autre élément pèse aussi dans la balance. La perception du secteur a changé, et en mieux. Les images d'avions cloués au sol en raison de la pandémie de COVID-19 et les annonces de mises à pied généralisées ont été reléguées aux oubliettes. Chez les principaux acteurs de l'industrie, Bombardier, par exemple, on a finalement repris de l'altitude après une douloureuse restructuration qui s'est échelonnée sur plusieurs années. PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE Mélanie Lussier, présidente-directrice générale d'Aéro Montréal L'industrie a traversé la pire crise qu'on a pu avoir et regardez, les carnets de commandes augmentent et les gens voyagent comme jamais. J'entends beaucoup moins parler de cyclicité. Oui, il y a des soubresauts, mais c'est un secteur résilient. Ce message passe bien depuis la pandémie. Mélanie Lussier, présidente-directrice générale d'Aéro Montréal Ce regain d'intérêt des recrues à l'endroit des écoles de formation est vu d'un très bon œil chez les employeurs. Selon le Comité sectoriel de main-d'œuvre en aérospatiale du Québec, on pourrait compter jusqu'à 67 000 postes dans l'industrie en 2031. PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE Ce regain d'intérêt des recrues à l'endroit des écoles de formation est vu d'un très bon œil chez les employeurs. À cela s'ajoutent les départs à la retraite anticipés. C'est ce qui préoccupe des entreprises comme le spécialiste des pièces aéronautiques Groupe DCM. « Dans une carrière de plusieurs décennies, on apprend beaucoup de choses, rappelle son président-directeur général, Jean-Charles Raillat. Il faut s'assurer que ce savoir est transmis à une nouvelle génération. Sinon, ces personnes vont peut-être mettre 15 ans à l'acquérir. On ne veut pas repartir à zéro. C'est pour cela que nous avons besoin de relève. » La crise sanitaire a déjà laissé des traces chez les manufacturiers, ajoute le gestionnaire, étant donné que de nombreux travailleurs qui approchaient l'âge de la retraite ont décidé de tirer leur révérence lorsque tout s'est retrouvé sur pause. Chez DCM, il a fallu travailler d'arrache-pied jusqu'à la fin de 2023 pour « stabiliser » la situation, affirme M. Raillat. L'industrie aérospatiale au Québec 43 100 emplois (créneau de la construction) 5 grands donneurs d'ordres, dont Bombardier et Pratt & Whitney 15 équipementiers et spécialistes de la maintenance de premier rang 185 fournisseurs Source : gouvernement du Québec et Aéro Montréal


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« Il exerçait un contrôle excessif sur elle »
Des proches de Simone Mahan lui rendent hommage devant la maison où elle a perdu la vie, en mai dernier. « Il exerçait un contrôle excessif sur elle » Marcellin Koman M'bo, accusé d'avoir tué sa conjointe, aurait exercé un contrôle excessif sur la victime dans les mois précédant le meurtre. Simone Mahan se sentait traquée et espionnée par son mari. La situation s'était envenimée depuis qu'elle avait demandé le divorce, confie le frère de celle-ci. Rien ne préparait Claude Mahan à enterrer sa petite sœur Simone en mai dernier. La mère de famille, préposée aux bénéficiaires, avait 45 ans lorsqu'elle a été retrouvée morte dans son domicile de Châteauguay. PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE SIMONE MAHAN Simone Mahan Son mari des 20 dernières années, Marcellin Koman M'bo, est accusé du meurtre. L'infirmier de 49 ans est actuellement en attente de procès. « Ils avaient plusieurs problèmes dans leur couple. Mais si vous m'aviez dit qu'il allait tuer ma sœur, j'aurais mis ma main au feu que non », confie M. Mahan. Espionnée chez elle ? Le couple était au bord du divorce en raison de la jalousie maladive et de l'insécurité du mari, selon le frère endeuillé. « C'était excessif. Il exerçait un contrôle excessif sur elle », déplore-t-il. Il pensait à tort que sa femme le trompait. Obsédé par l'idée qu'elle puisse être infidèle, il serait allé jusqu'à la traquer, l'espionner, fouiller dans son téléphone cellulaire, peut-être même installer des micros dans la maison, selon le récit du frère. Simone Mahan travaillait le jour et son mari le soir. Alors qu'elle était seule à la maison avec les enfants, il lui serait arrivé de recevoir cinq ou six appels téléphoniques. Ceux d'un mari jaloux, qui voulait s'assurer qu'elle n'était pas sortie en son absence, selon les allégations de M. Mahan. Il lui demandait sans cesse où elle était et s'empressait de vérifier si elle mentait, en plus des vérifications routinières de son cellulaire pour savoir à qui elle parlait, affirme le frère de la victime. Leur cercle social se limitait aux gens de leur église et aux amis du mari. Claude Mahan évoque une troublante anecdote. Sa petite sœur avait dit à son mari qu'elle allait faire des courses au Walmart. Il l'aurait alors suivie, se garant dans le stationnement du magasin à son insu pour vérifier si elle s'y trouvait bien. « Elle a été très surprise de le retrouver là », rapporte M. Mahan. PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE Des proches de Simone Mahan s'étaient rassemblés pour une veillée à sa mémoire, fin mai. Marcellin Koman M'bo aurait même demandé à un de leurs enfants de surveiller les allées et venues de la victime en son absence. Il y avait une grande insécurité. Je voyais le contrôle, mais jamais je n'aurais pensé à la violence physique. Il ne l'insultait pas et ne la frappait pas. Claude Mahan, frère de la victime, Simone Mahan Simone se serait sentie traquée et espionnée, poursuit-il. Il lui est arrivé d'en discuter avec sa famille au téléphone lorsqu'elle se retrouvait seule au domicile. Lors des disputes, son mari lui aurait reproché des choses qu'elle se rappelait avoir évoquées lors de conversations téléphoniques en l'absence de ce dernier. « Elle était dépassée et tombait des nues. Elle se disait qu'il avait peut-être installé des micros pour l'écouter », se désole Claude Mahan. Au bord du divorce La séparation était inévitable dans l'esprit de Simone Mahan. Elle aurait proposé à son mari des 20 dernières années de régler le tout à l'amiable. Marcellin Koman M'bo aurait commencé à prendre des antidépresseurs peu après cette annonce, ont confirmé à La Presse des amis proches du couple. Claude Mahan a demandé à sa sœur si elle se sentait en danger. « Elle nous a dit que non. Il n'y avait pas de violence physique », indique-t-il. Les proches de Mme Mahan et des amis qui fréquentent la même église ont fait office de médiateurs auprès de Marcellin Koman M'bo, qui digérait mal la rupture. « Il semblait déboussolé, mais personne n'a vu venir cette escalade de violence », explique M. Mahan. « Mes enfants ne vont jamais me pardonner » L'accusé aurait demandé à sa fille de sortir du domicile familial la journée du meurtre. Il lui aurait simplement indiqué qu'il « devait parler à sa mère », selon la version des faits de M. Mahan. Il aurait tué sa conjointe peu après. Plus troublant encore, il aurait ensuite téléphoné à ses filles et à certains membres de la famille. Dans ces conversations rapportées au frère de la victime, il aurait déclaré « avoir commis l'irréparable », en « avoir marre » et avoir l'intention de se donner la mort. « Mes enfants ne vont jamais me pardonner », aurait-il dit à une proche au téléphone avant d'être localisé par la police. Des situations dangereuses L'histoire de Simone Mahan ressemble à un cas typique de contrôle coercitif de la part d'un conjoint, selon Claudine Thibodeau, responsable des dossiers liés à cet enjeu, à SOS violence conjugale. Tous ces comportements de surveillance ont pour but le contrôle. La violence conjugale peut avoir ce visage-là aussi. Claudine Thibodeau, responsable des dossiers liés au contrôle coercitif, à SOS violence conjugale On associe souvent le danger à des cris, des coups, des insultes. Or, des situations où il n'y a aucune violence physique peuvent être tout aussi dangereuses, estime l'experte. « Même la victime n'a peut-être pas mis le mot 'violence' sur ces comportements », soutient Mme Thibodeau. Il peut être difficile de porter plainte à la police ou de dénoncer du contrôle coercitif, qui s'exerce par un ensemble de comportements visant à faire peur à la victime et à exercer un contrôle sur elle. Le contrôle coercitif n'est pas criminel aux yeux de la loi, rappelle-t-elle. Le moment de la rupture est souvent critique pour les partenaires victimes de violence conjugale. « En se séparant, on reprend du pouvoir sur sa vie, note Claudine Thibodeau. Le partenaire violent cherche le contrôle. On voit ici que les actes de contrôle et de surveillance peuvent mener à un féminicide présumé. » Claude Mahan s'en remet maintenant à la justice, son seul espoir de guérison face au deuil. Il craint que le processus judiciaire ne s'éternise. Mais surtout, il espère que l'accusé ne tentera pas de jouer la carte des troubles mentaux. Marcellin Koman M'bo, accusé de meurtre prémédité, a l'intention de demander sa liberté provisoire durant le processus judiciaire. Une requête qui met Claude Mahan mal à l'aise. « Il y a mort de sa conjointe dans des circonstances troublantes. On espère que justice sera rendue pour ma sœur et que le système fera son travail. »