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C'est toujours une question de vie ou de mort

C'est toujours une question de vie ou de mort

La Presse3 days ago
Ne dites surtout pas à Claude Legault que ça va bien aller. Pas sur un plateau de tournage, en tout cas. Surtout pas si vous êtes réalisateur. « Quand j'entends ça, man, je deviens nerveux », lance l'acteur avec son habituel franc-parler, qui fait toujours autant de bien. « Ça veut dire qu'ils ne le savent pas plus que moi. Ils font semblant qu'ils le savent, en se croisant les doigts. C'est vraiment de la marde. »
Tout le contraire de son ami Podz qui, durant le tournage de la série Minuit, le soir, lui a insufflé la confiance nécessaire à fouiller dans les recoins les moins éclairés de son âme, sans que Claude ait besoin de lui dire explicitement qu'il n'était pas convaincu d'avoir ce qu'il faut pour incarner ce personnage. Personnage qu'il avait pourtant lui-même coécrit avec son partenaire Pierre-Yves Bernard.
Ne pas être sûr de son affaire ? Ça lui arrive encore, à Claude Legault, comme pendant le récent tournage de la série La collecte, elle aussi signée Podz. « Des fois, je travaille une scène et je me dis : 'Comment on va faire ça ?' Et Podz me répond : 'Je ne sais pas, mais on va trouver.' Moi, ça me suffit. Ça veut dire qu'il ne me lâchera pas en chemin. On va la faire ensemble et on va passer au travers. »
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE
Claude Legault en entrevue
S'il n'a pas de formation formelle en jeu, Claude Legault est diplômé d'une école où on apprend vite, celle de l'impro. « Et dès le départ, je me suis fixé un objectif : la recherche de la vérité », se souvient le gars de 62 ans, qui n'a toujours pas guéri son allergie à la bullshit – tant mieux.
« Je me suis toujours enligné là-dessus en impro. Pour moi, chaque impro, c'est une question de vie ou de mort. Si je joue, c'est vrai, ce qui m'arrive. Même si je suis en train de chevaucher un cheval, dans un édifice en feu, et de me faire pourchasser par une gang de skinheads, c'est vrai. Je te le fais vrai. Je ne joue pas au gars qui joue. »
Les beaux yeux tristes de Julien
Dans Minuit, le soir, la série qui a donné son impulsion à la Claude Legault-mania en 2005, c'est-à-dire il y a maintenant 20 ans, il aura non seulement été épaulé par Podz, mais aussi par une distribution tout étoiles, dont le regretté Julien Poulin. Un comédien qu'on avait peu vu dans ce genre de rôle grave, tout en circonspection et en intériorité.
PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE
Julien Poulin, Louis Champagne, Julie Perreault et Claude Legault en novembre 2006
Claude Legault reconnaît avoir été étonné en apercevant son nom sur la feuille des acteurs appelés en audition. « Je vois le line-up et je fais : ah ouain ? Julien Poulin ! » Il aura même dû pousser dans ses derniers retranchements ce « gentil bonhomme » afin qu'il montre qu'il saurait, le moment venu, déployer l'agressivité dont font parfois preuve les portiers de bar.
J'ai tellement eu de fun avec Julien [Poulin]. Je n'ai pas eu de vraie conversation, d'homme à homme, avec mon père. Jamais. Ce n'est pas arrivé, comme pour beaucoup de gars de mon âge. Mais avec Julien, j'en avais. C'était un peu notre paternel, à Louis [Champagne] et à moi.
Claude Legault
De celui qu'il qualifie de « candeur sur deux pattes », « qui ne voulait pas faire de bruit, qui ne voulait jamais déranger », Claude Legault se souvient d'une ambivalence quant à l'amour que lui portaient les Québécois.
« Il avait de la misère à prendre ça, dit-il. Il n'avait pas de misère à t'en donner, parce que nous, il nous en donnait en masse, de l'amour, il était enveloppant. Mais lui, de recevoir de l'amour, c'était difficile. Je pense qu'il a toujours été mal à l'aise avec Elvis [Gratton]. C'était devenu quelque chose de bien trop gros pour lui. Il capotait, mais en même temps, quand le monde ne le reconnaissait plus, sans qu'il le dise, ça lui faisait mal. Ce n'était pas quelqu'un qui avait le bonheur facile, Julien. Je l'appelais les beaux yeux tristes. »
Pas le choix de s'en occuper
Claude Legault va mieux, jure-t-il. En 2020, l'acteur a dû se stationner sur l'accotement – l'accotement de la vie – afin de soigner un épuisement professionnel. « Quand c'est arrivé, il était temps que je rentre au garage. Le bouton rouge était allumé depuis longtemps. Le niveau d'essence était bas. Les pneus étaient fesse. »
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE
Claude Legault, qui va mieux
Son année 2025 est au contraire déjà à placer sous le signe du plaisir, pour ne pas dire du gros fun : en plus d'animer un gala Juste pour rire à Québec le 16 août prochain, il vient tout juste de déposer devant les instances de financement le scénario d'un troisième film de la franchise Dans une galaxie près de chez vous.
Il sourit, visiblement fier d'avoir eu la sagesse de prendre soin de lui. « Ces moments de faiblesse là sont naturellement bons, assure-t-il au sujet de sa pause forcée, parce que tous tes problèmes que tu pellettes sur le côté depuis des années, ils te remontent en pleine face, et comme tu n'as plus la force de les rejeter dans le fossé, ils rentrent, ils font la file et t'as pas le choix de t'en occuper. »
Gala Juste pour rire de Claude Legault, le 16 août au Grand Théâtre de Québec
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