
Il était une autre fois dans l'Ouest
Scénariste des séries à saveur western Longmire et Damnation, Tony Tost signe un premier long métrage, Americana, où il dépoussière avec éclat et humour noir ce genre typiquement américain. S'y croisent une galerie de personnages ayant peu en commun, si ce n'est l'appât du gain et une totale absence de respect envers les cultures autochtones.
Au premier plan de ce récit riche en revirements impliquant une tunique lakota évaluée à un demi-million de dollars, se trouvent Penny Jo Poplin (Sydney Sweeney), serveuse bègue et aspirante chanteuse, Lefty Ledbetter (Paul Walter Hauser), brave vétéran à la recherche d'une épouse, et Mandy Starr (Halsey), mère d'un petit garçon qui prétend être la réincarnation de Sitting Bull, Cal (Gavin Maddox Bergman).
PHOTO FOURNIE PAR CINEPLEX PICTURES
Sydney Sweeney, Halsey et Paul Walter Hauser dans Americana, de Tony Tost
« Ce n'est pas vraiment l'âge d'or de l'appropriation culturelle », lui dira Ghost Eye (Zahn McClarnon), membre de la Nation lakota, qui souhaite retrouver ladite tunique dérobée au collectionneur Pendleton Duvall (Toby Huss) par Dillon MacIntosh (Eric Dane) et Fun Dave (Joe Adler), deux bandits sans vergogne, à la demande de l'arrogant antiquaire Roy Lee Dean (Simon Rex).
À défaut de chevauchées fantastiques comme dans les westerns classiques, Americana comporte son lot de poursuites automobiles sur les routes poussiéreuses et brûlées par le soleil ardent du Dakota du Sud. S'ajoutent à cela des échanges de coups de feu pétaradants et le sifflement des flèches qu'on décoche à toute vitesse. Bientôt des corps joncheront le sol dans ce sanglant jeu de « cowboys et Indiens » que ne renieraient pas les frères Coen (No Country for Old Men) ni Tarantino (The Hateful Eight), voire Ari Aster (Eddington).
Afin de bien établir les alliances et mésalliances entre les colorés et redoutables personnages, Tony Tost divise habilement son récit en chapitres tout en s'amusant à bousculer quelque peu la chronologie. Americana culmine lorsque tout ce beau monde se rencontre au domaine des Starr, famille dysfonctionnelle où les hommes dominent cruellement les femmes. Or, le retour au bercail de Mandy et l'urgence de la situation pourraient bien perturber l'ordre des choses.
Tordant les codes du western avec un plaisir aussi féroce que contagieux, Tony Tost pulvérise au passage l'American way of life, le colonialisme et le patriarcat, puis scelle le sort de chacun sur une note ironiquement douce-amère.
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a day ago
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Comme une jument sauvage
Synopsis : Au Dakota du Sud, une veuve élevant des chevaux reçoit d'un riche homme d'affaires une offre d'achat pour ses 3000 acres de terrain. Tabatha Zimiga n'est ni un personnage de fiction ni une actrice. C'est une force de la nature. Une héroïne comme on aime en voir au cinéma. Une femme hors du commun incarnant fièrement le Nouvel Ouest tel que le dépeint, dans toute sa splendeur et dans toute sa rigueur, Kate Beecroft dans East of Wall (Prix du public à Sundance). Fascinée par cette figure féminine évoquant les légendes de l'Ouest qu'ont été Annie Oakley, Calamity Jane et Belle Starr, la cinéaste l'a suivie pendant trois ans afin de s'inspirer de sa vie pour son premier long métrage. Arborant crinière platine, coupe guerrière, tatouages et piercings, Tabatha possède un don unique pour élever les chevaux jugés indomptables. Veuve depuis un an, elle refuse de remonter à cheval, préférant entraîner des jeunes filles, dont sa fille adolescente (Porshia Zimiga), à exécuter des acrobaties à cheval afin de vendre ses chevaux. Vivant avec sa mère Tracey (l'Anglaise Jennifer Ehle dans un surprenant contre-emploi), qui fabrique le meilleur moonshine du coin, Tabatha élève ses trois enfants en plus d'offrir un gîte aux jeunes en difficulté, parmi lesquels des Autochtones et des immigrants. Lors d'une vente aux enchères, Roy Waters (Scoot McNairy), riche homme d'affaires, remarque Tabatha. Sachant qu'elle tire le diable par la queue, Roy lui propose de racheter son ranch. PHOTO FOURNIE PAR MÉTROPOLE FILMS Tabatha Zimiga et Porshia Zimiga dans East of Wall, de Kate Beecroft À la fois drame familial intimiste sur le deuil et peinture de milieu naturaliste, où la plupart des personnages sont incarnés avec aisance par des non-professionnels dans leur propre rôle, East of Wall séduit d'abord par son esthétisme. Dans la lumière du directeur photo Austin Shelton, les plaines dorées du Dakota du Sud et les rochers escarpés des Badlands rivalisent de beauté avec le bleu du ciel. En contrepoint à ces moments contemplatifs, lesquels traduisent avec brio la soif de liberté de Tabatha, Kate Beecroft offre des chevauchées haletantes où Porshia, digne fille de sa mère, fait littéralement corps avec sa monture sous le regard émerveillé de Roy. Soucieuse d'illustrer l'Ouest d'aujourd'hui avec authenticité, la réalisatrice y intercale judicieusement des images de TikTok tournées par les jeunes écuyères et des chansons hip-hop. À la lumière de ce que présente Kate Beecroft, l'Ouest demeure un territoire hostile pour l'être humain, où la femme peut tout de même se tailler une place de choix. Alors que les États-Unis paraissent plus divisés que jamais, East of Wall laisse aussi présumer qu'il existe encore des coins de pays où le vivre-ensemble est possible. En salle Consultez l'horaire du film


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a day ago
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La culture québécoise se vide de son sang
Tournage de la série Bon Cop, Bad Cop, qui sera diffusée sur Crave en 2026 Le monde se noie dans un carnage qui s'enfonce dans l'irrécupérable. On le voit partout, dans tous les pays, dans toutes les disciplines socio-politico-culturelles. Au Québec, une crise silencieuse commence à sortir de l'ombre. Celle de notre culture. Philippe Cormier Réalisateur et scénariste Elle ne fait pas beaucoup les manchettes, mais les échos qui possèdent mon cerveau me hantent depuis des mois. Comédiens, réalisatrices, scénaristes, humoristes, danseurs, chanteuses, animateurs, circassiennes et j'en passe, tous et toutes me répètent la même phrase : « Ça va mal ! », et ce, sur un ton plus grossier, apeuré et fatigué. Je parle en tant que jeune réalisateur de 25 ans qui a été privilégié, j'en conviens, mais aussi au nom d'une génération entière d'artistes qui, chaque jour, se battent pour exister. J'ai moi-même réalisé Le purgatoire des intimes en 2021, un long métrage sorti en 2023 sur Crave. C'était tourné en pleine pandémie et, croyez-moi sur parole, ce n'était pas un exploit de production, c'était un miracle. Parce que j'étais jeune, aucunement dans le star système et que mes propos se voulaient audacieux. Aujourd'hui, je constate avec désarroi que ce miracle est devenu la norme dans l'industrie. Que je ne l'aurai jamais plus facile. Pour créer, il faut jongler entre la précarité, la débrouillardise et le masochisme. On creuse notre propre tombe En 2025-2026, le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) dispose d'un budget record de 200 millions de dollars. Sur papier, c'est historique, mais dans les faits, c'est surtout une pression gigantesque sur un système saturé. Les demandes explosent et les créateurs patientent des mois, parfois des années, avant d'avoir une réponse. Ce travail de prédéveloppement pro bono devient la norme, un effort colossal souvent sans retour. Au secteur privé, c'est la débandade. Le Groupe TVA, plus grand réseau francophone du Québec, en mode survie, a dû éliminer une trentaine de postes dans sa division télé, une étape de plus dans un plan de restructuration qui a déjà rayé environ 650 emplois depuis 2023, soit près de la moitié de son personnel. Ça donne des budgets coupés ou drastiquement réduits, des émissions annulées et des voix oubliées. Quant aux cinémas du Québec, leur fréquentation en 2024 a été d'environ 13,5 millions d'entrées, une baisse de 28 % par rapport à 2019. On coupe dans nos créations alors qu'il me semble que le public d'ici a besoin plus que jamais de se sentir reconnu, validé, compris. La réalité est dure à dire, mais en 2025, la majorité de mes collègues ont des emplois alimentaires pour survivre. Je ne parle pas juste des jeunes qui sortent des écoles de théâtre, je parle de comédiens que vous reconnaîtriez dans la rue. Des créateurs épuisés avant de créer J'ai récemment pitché une série audacieuse, quelque chose qu'on n'avait jamais vu au Québec. Les producteurs étaient emballés, mais ils m'ont expliqué qu'ils n'avaient pas la main-d'œuvre pour aller en développement. Trop risqué, trop compliqué, trop cher. Je les comprends, eux aussi veulent survivre. Mot pour mot, on m'a dit : « [On sait qu'on] passe à côté d'un maudit bon projet, c'est pas le contenu le problème, c'est l'argent, les conditions. » Les artistes passent leur temps à devoir convaincre. À temps plein, presque tous les jours. Quand on ose déposer un projet, c'est des mois d'attente. On a le temps de mourir de faim huit fois et d'assister au suicide de notre imagination. C'est vraiment comme se faire ghoster par un match sur Tinder, puis un autre, pour se rendre compte qu'une cinquantaine de personnes ne nous ont pas considéré une seule seconde. Les diffuseurs, eux ? Ils prennent moins de risques en multipliant les contenus qui se veulent « sécuritaires », qui plaisent sans trop choquer, sans trop aller dans des univers différents. Je comprends leur frilosité, mais je constate les dégâts, soit une culture qui perd son mordant et, ultimement, son âme. Le futur n'a de place que pour l'élite Si rien ne change, d'ici 10 ans, beaucoup de nos artistes seront partis pour la France, pour Toronto, pour n'importe où ailleurs où leur travail est reconnu et financé. Ceux qui resteront formeront une élite minuscule, sélectionnée non pas pour son talent, mais pour sa capacité à survivre dans un système qui confond persévérance et obstination suicidaire. Le public se tournera davantage vers les plateformes américaines parce qu'il n'aura plus d'intérêt à regarder pour la 18e fois la même série médicale ou judiciaire avec les mêmes acteurs. À quoi bon se considérer comme de fiers Québécois si nos histoires finissent par être racontées par d'autres ? L'art, ce n'est pas un rapport comptable. C'est un pari sur notre identité collective, sur la capacité de permettre à notre monde de rêver. Dans 10 ans, je n'aurai peut-être plus de références culturelles québécoises, mais je pourrai avoir accès à toutes les saisons de Love Island… Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue


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a day ago
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Monic Néron officialise sa relation avec Bruno Marchand
L'animatrice Monic Néron a confirmé vendredi qu'elle fréquente depuis peu le maire de Québec, Bruno Marchand. Celle qui pilotera la nouvelle émission du samedi matin d'ICI Première s'engage à faire preuve en ondes de « discernement, d'éthique et de rigueur absolue ». « J'ai avisé mes supérieures et tout a été mis en place pour assurer l'intégrité de ces valeurs fondamentales à mes yeux, et essentielles à l'exercice de mes fonctions », a-t-elle ajouté dans un court message publié vendredi matin sur sa page Instagram. Monic Néron y explique que considérant leurs « fonctions respectives, elle se devait de précipiter « la divulgation » de sa récente relation avec Bruno Marchand. Cette annonce survient alors que s'entame la campagne électorale municipale, qui risque d'être au cœur de l'actualité jusqu'au scrutin du 2 novembre. À la mairie de Québec, Bruno Marchand sollicite un deuxième mandat. La course s'annonce serrée avec l'ancien ministre libéral Sam Hamad. PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE Le maire de Québec, Bruno Marchand À compter du 23 août, Monic Néron sera pour sa part à la barre de Mimosa !, la nouvelle émission matinale du samedi d'ICI Première. Elle succède à Franco Nuovo, qui continue d'animer la matinale du dimanche. Sur Instagram, Monic Néron a précisé que « par respect pour cette relation naissante », elle ne commenterait pas davantage.