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La Suisse humiliée? La réponse de Karin Keller-Sutter à Trump sur le Grütli

La Suisse humiliée? La réponse de Karin Keller-Sutter à Trump sur le Grütli

24 Heures01-08-2025
La présidente s'est rendue sur la prairie des fondateurs dans la foulée des annonces des taxes douanières. Et elle préfère la ferveur aux critiques. Publié aujourd'hui à 18h21
Après avoir évité le sujet lors de son discours, Karin Keller-Sutter a riposté sur les taxes douanières devant les médias.
keystone-sda.ch/Urs Flueeler
En bref:
La nation d'abord. Dans la prairie du Grütli, Karin Keller-Sutter frise avec le protectionnisme patriotique. Rien ne doit gâcher la fête, le jodel, les lancers de drapeau, le cor des Alpes et la ferveur populaire qui se lit dans les visages, les chemises edelweiss et les casquettes à croix blanche. Rien. Pas même une annonce d'outre-Atlantique relevant à 39% les droits de douane . La présidente de la Confédération n'en dira pas un mot dans son allocution officielle.
Délicatement, elle évacue le problème – qui met la Suisse économique et politique en ébullition – avant sa prise de parole. « Que dire sur le coup de marteau qu'a reçu la Suisse? » interroge l'oratrice avant de lui céder les planches. «Il faut travailler et trouver des solutions. Mais ne donnons pas trop de place à cet événement. Aujourd'hui, c'est notre jour. C'est la fête nationale.» Applaudissements dans l'assemblée. Karin Keller-Sutter a les patriotes derrière elle. Mais une heure plus tard, lors d'un point presse organisé à l'ombre d'un arbre centenaire, le ton change. Et l'Amérique éclipse le 1er Août.
Karin Keller-Sutter lors de son discours à la prairie du Grütli pour la fête nationale suisse, le 1ᵉʳ août 2025.
keystone-sda.ch/Urs Flueeler) «L'interprétation de Donald Trump est absurde»
D'emblée, la présidente de la Confédération est interpellée sur le président américain avec qui elle s'entretenait la veille. «Que veut Donald Trump?» Karin Keller-Sutter déballe, non sans laisser transparaître une pointe d'agacement. « Ce droit de douane de 39% était une surprise pour le Conseil fédéral. Nous sommes déçus, le tarif prévu dans l'accord était bien inférieur et avait le soutien des ministres de son cabinet», répond-elle sans articuler de chiffres précis.
L'échec des négociations est exclusivement lié à l'équilibre de la balance commerciale, en faveur de la Suisse, et à rien d'autre, affirme la présidente. «Selon l'interprétation de Donald Trump, notre pays fait perdre près de 40 milliards aux États-Unis. C'est absurde. Il a l'impression que la Suisse vole cet argent», ajoute celle qui, comme en avril, martèle que l'équilibre est «presque atteint». Du moins, si les services – et pas uniquement les biens – sont intégrés dans le calcul.
La rengaine est connue. Mais elle ne trouve visiblement pas d'écho auprès de la Maison-Blanche. Au même titre que le 6e rang helvétique au classement des investisseurs étrangers n'émeut pas l'administration américaine.
Autrement dit, avant de retourner à la table des négociations, la Suisse va devoir construire un nouvel argumentaire. Lequel? Mystère. «Le Conseil fédéral n'en a pas encore discuté.» La Suisse humiliée?
Des semaines durant, la voie vers le verdict américain était pavée d'optimisme. Du téléphone entre Donald Trump et Karin Keller-Sutter – vingt-cinq minutes qui sonnaient alors comme le salut helvétique – aux négociations menées de haute lutte à l'ambassade américaine, la Suisse nourrissait l'espoir de s'en sortir. Et mieux que les autres. La chute est brutale. Alors chacun exprime sa douleur.
Ce vendredi, les faîtières économiques et l'ensemble de l'échiquier politique ont multiplié les appels à des «réactions fermes», des «mesures rapides» et autres injonctions de cesser la «complaisance». Le verbe est aiguisé, mais les solutions sont rares. Touchée dans son orgueil, la Suisse grogne.
La première puissance mondiale a-t-elle, d'un revers de main, humilié toute une nation? «Non, c'est un moment difficile, mais nous allons à nouveau négocier. Le Secrétariat d'État à l'économie a déjà pris les premiers contacts», appuie Karin Keller-Sutter, sans trahir de lassitude. Pourtant, le dossier des taxes douanières est un éternel recommencement.
Karin Keller-Sutter arrivant sur la prairie du Grütli pour la fête fédérale du 1ᵉʳ Août.
keystone-sda.ch/Urs Flueeler Faire abstraction à défaut de pouvoir agir
Sur la plaine du Grütli, personne ne jette la pierre à la Saint-Galloise. En revanche, on invective volontiers le président américain. Lui qui, sans compassion, ombrage le ciel du 1er Août. «Oui, Donald Trump gâche la fête. Mais il faut faire abstraction, nous n'avons pas le choix», glisse un Neuchâtelois endimanché dans sa chemise edelweiss. Un Bernois acquiesce. «Qu'il fasse ce qu'il veut, la Suisse résistera.»
L'hymne retentit. L'assemblée se lève. Chacun porte alors sa main à la poitrine, comme pour faire passer un message. Oui, la Suisse est offensée, mais elle reste fière. Et manifestement patriote.
Les droits de douane américains, le coup de massue pour la Suisse Newsletter
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Autres newsletters Dimitri Mathey est journaliste à la rubrique Suisse depuis 2025. Correspondant en Valais, il décrypte les enjeux cantonaux pour la Romandie. Auparavant, il était responsable politique pour «Le Nouvelliste». Plus d'infos @DimitriMathey
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