
Un troisième mur pour Couche-Tard
Pour la troisième fois en cinq ans, le groupe Alimentation Couche-Tard vient de frapper un mur en étant incapable de mener à terme des transactions toujours plus importantes en termes de coûts, d'envergure et d'éventuelle intégration. Est-ce que Couche-Tard, qui a longtemps compté sur la réalisation d'acquisitions improbables pour devenir le géant qu'on connaît aujourd'hui, a perdu la touche qui a fait son succès depuis 45 ans ?
C'est un peu la question qu'on peut se poser avec le nouveau revers que vient de subir Couche-Tard, qui a décidé de retirer sa proposition d'acquérir le conglomérat japonais Seven & i Holdings, propriétaire d'une chaîne de 85 000 magasins dans le monde, principalement des dépanneurs 7–Eleven, dans une transaction valorisée à 46 milliards US.
Bien que l'issue de cette offre publique d'achat (OPA) lancée en août dernier par Couche-Tard semblait inéluctablement vouée à l'échec, tant la direction de Seven & i refusait de collaborer dans le processus de négociations, on continuait d'entretenir un mince espoir parce que Couche-Tard a souvent fait preuve dans le passé d'une sainte patience qui a été récompensée par la suite.
Ce qui n'a pas été le cas dans cette dernière négociation, où tant le management de Seven & i que la famille qui détient un bloc important d'actions n'ont voulu participer même de façon minimale à la réalisation d'une transaction.
Est-ce que Couche-Tard a manqué de sensibilité transactionnelle en s'attaquant ainsi à une acquisition d'une telle envergure – qui aurait été la plus grosse jamais réalisée par une entreprise canadienne – et surtout d'une entreprise établie au Japon, un pays qui n'a pas pour tradition de partager la propriété de ses entreprises avec des étrangers ?
Chose certaine, c'est la troisième tentative de transaction majeure que Couche-Tard vient de rater au cours des cinq dernières années.
En 2019 et à la suite d'une surenchère en 2020, Couche-Tard a tenté de faire l'acquisition au prix de 7,7 milliards CAN de Caltex, le plus grand réseau de stations-service et dépanneurs d'Australie avec 2000 sites. Une transaction qui a avorté dans le sillage trouble de la pandémie.
En janvier 2021, Couche-Tard a voulu faire l'acquisition du groupe français Carrefour et de ses 12 300 commerces de différentes tailles en Europe dans une transaction évaluée à 25,5 milliards CAN. Les autorités françaises s'y sont vertement opposées, invoquant une menace à la souveraineté alimentaire de la France.
PHOTO BORIS HORVAT, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
En janvier 2021, Couche-Tard a voulu faire l'acquisition du groupe français Carrefour et de ses 12 300 commerces de différentes tailles en Europe dans une transaction évaluée à 25,5 milliards CAN.
Et on ne tient pas compte de la tentative de Couche-Tard d'acquérir au prix de 18 milliards US la chaîne de 3900 stations-service de Speedway aux États-Unis qui a fait l'objet d'une surenchère de 21 milliards US par Seven & i Holdings qui a remporté la mise…
Série noire et opportunités
Rappelons qu'entre-temps, Couche-Tard a réalisé avec succès, en mars 2023, l'acquisition de 2200 dépanneurs et stations-service du groupe TotalEnergies en Europe, mais dans une transaction d'une valeur nettement moindre de 4,5 milliards CAN, par rapport aux 7,7 milliards prévus pour Caltex, les 25,5 milliards pour Carrefour ou les 46 milliards US pour Seven & i Holdings.
Il ne faut toutefois pas s'inquiéter de la série noire que vient de traverser Couche-Tard dans ses diverses tentatives de poursuivre la forte croissance qui a toujours caractérisé le parcours de l'entreprise depuis sa fondation, il y a 45 ans.
« Couche-Tard n'a pas le choix, il faut que ses acquisitions aient un impact sur les résultats de l'entreprise et qu'elles soient toujours plus grosses et audacieuses, mais il y a moins d'opportunités dans le marché », observe le professeur Louis Hébert à HEC Montréal, spécialiste des fusions et acquisitions internationales.
Selon lui, le retrait de la transaction avec Seven & i Holdings que vient d'annoncer Couche-Tard pourrait s'avérer une excellente décision à court terme.
« Le management et la famille qui contrôlent l'entreprise vont devoir livrer ce qu'ils ont promis. Le titre va être affecté (il a perdu 10 % jeudi) et Couche-Tard s'est fait de nombreux alliés auprès de fonds institutionnels en Asie qui souhaitaient des changements, Couche-Tard pourrait très bien revenir à la charge », souligne M. Hébert.
Ce qui s'est déjà produit dans le passé lorsque Couche-Tard a raté des occasions, l'entreprise n'a pas hésité à reformuler une nouvelle proposition deux ans plus tard pour remporter cette fois la mise et réaliser une transaction plus importante que celle projetée initialement.
D'ici là, Couche-Tard devra continuer de consolider le marché en Amérique du Nord et en Europe en réalisant de plus petites transactions tout en maintenant une vigie de tous les instants sur les marchés de l'Asie et de l'Australie où le groupe québécois souhaite implanter davantage son empreinte commerciale.
Frapper un mur n'est pas un drame en soi, c'est de trouver la voie qui nous permettra de le contourner qui est important, et à cet égard, Couche-Tard affiche un historique plutôt impressionnant et même rassurant.
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La Presse
3 days ago
- La Presse
Nissan en quête d'un nouveau souffle
Dans les prochains mois, la troisième génération de la Leaf donnera le coup d'envoi à une gamme Nissan en pleine mutation. Chez Nissan, tous les signaux sont au rouge. Maintenant, le constructeur japonais passe en revue les vents contraires qu'il lui faut affronter. En ces temps incertains, Nissan n'est pas le seul géant de l'automobile à devoir faire avec des situations comptables dégradées. Nissan entend réagir et s'attaquer aux coûts fixes d'un appareil industriel aujourd'hui surcapacitaire et procéder à la suppression de milliers d'emplois dans le monde. Dans la foulée, le constructeur japonais détaillera un vaste plan de reconquête qui privilégiera la rentabilité au détriment du volume afin de lui redonner un nouveau souffle qui lui permettra de se remettre en ordre de marche. La gestion de Carlos Ghosn, l'impact de la crise sanitaire, le divorce (à l'amiable) avec Renault, mais aussi, plus récemment, la guerre des droits de douane déclenchée par l'administration américaine : voilà autant d'éléments qui ont jusqu'ici plombé les finances de Nissan. À cela, il convient d'ajouter les changements de direction, dont le dernier en date remonte en avril avec la nomination du Mexicain Ivan Espinosa. Vision trouble La situation est sans précédent, mais elle n'est pas sans appel. Au cours d'une table ronde en compagnie de médias québécois, Christian Meunier, président de Nissan des Amériques, a rappelé que la marque n'est pas morte, seulement convalescente. Il balaie d'ailleurs d'un revers de main les propos alarmistes d'anciens cadres de l'entreprise selon lesquels la marque pouvait encore tenir un an. La gamme Nissan devrait être réduite, se concentrer sur les segments les plus profitables et faire tourner les usines nord-américaines (deux se trouvent aux États-Unis, une autre au Mexique) à plein régime. « Nous nous devons de revoir nos priorités et redevenir la marque épicée que nous étions jadis », martèle Christian Meunier. En clair, « une marque japonaise de qualité, fiable et amusante ». De retour aux affaires au terme d'une année sabbatique, Christian Meunier souhaite apporter une contribution positive à une firme qu'il qualifie aujourd'hui d'« ankylosée, compliquée et complètement éparpillée ». À titre d'exemple, il a demandé en février le retour en présentiel des employés au siège social. « Ceux-ci n'avaient pas mis les pieds dans le bureau depuis la COVID. » PHOTO FOURNIE PAR NISSAN Christian Meunier reprend du service chez Nissan, à titre de président du secteur des Amériques. Christian Meunier porte aussi un regard très critique sur les opérations nord-américaines de la marque. Il s'explique mal le manque d'ambition et de clairvoyance de ses plans produits. Par exemple, le retrait de la Kicks Play, modèle d'entrée de gamme construit au Mexique, à la fin de l'année. « Ce n'était pas la bonne décision », dit-il sèchement. Et que dire des occasions ratées ? Comme celle de faire renaître le XTerra – modèle-culte – alors que la tendance est aux utilitaires de loisirs capables d'escalader des montagnes, même s'ils se limitent très souvent à gravir des dos d'âne. En lieu et place, le constructeur japonais a préféré assurer la descendance d'un modèle (Murano) dans un segment que la concurrence a pratiquement déserté. Une succession de mauvais choix et de non-choix qui ont dégradé l'attractivité de ses véhicules. Entraîné dans un lent déclin, le groupe a perdu son aptitude à deviner ce qui, dans l'évolution de la société, allait changer le rapport à l'automobile. Un flair qui fut à l'origine du XTerra (Nissan) et du FX (Infiniti). Le constructeur, perçu comme l'un des grands promoteurs du tout-électrique avant tout le monde, n'a guère fait fructifier cet avantage. Il compte toutefois se rattraper avec l'arrivée de sa technologie e-Power (lire hybride), dont la partie thermique agit exclusivement pour livrer son énergie vers une batterie. Celle-ci alimente ensuite le propulseur électrique désigné pour entraîner les roues. Sensiblement le même principe que celui de la Chevrolet Volt présentée il y a plus de 15 ans… Le Rogue sera l'un des premiers bénéficiaires de cette technologie tout en proposant aussi aux acheteurs l'option d'une motorisation hybride rechargeable conçue par son partenaire Mitsubishi (Outlander PHEV). D'ici les deux prochaines années, Nissan souhaite dévoiler pas moins de 18 véhicules. Certains seront inédits, comme la Leaf et la Sentra, d'autres rafraîchis. Le calendrier n'apparaît pas des plus solides cependant. La semaine dernière, le constructeur japonais a déjà repoussé deux de ses lancements de quelques mois après que le gouvernement américain a annoncé mettre fin aux subventions accordées aux acheteurs de véhicules électriques. Contre toute attente, Nissan entend consentir un effort particulier pour raviver sa filiale de luxe, Infiniti, qui souffre d'un faible rythme de renouvellement de sa gamme et de promesses non tenues. « Seulement faute d'investissement », assure Christian Meunier qui, en Amérique du Nord, aura fort à faire pour inventer une dynamique à même de permettre aux futurs produits de marquer enfin leur territoire.


La Presse
3 days ago
- La Presse
Un troisième mur pour Couche-Tard
« Il ne faut pas s'inquiéter de la série noire que vient de traverser Couche-Tard dans ses diverses tentatives de poursuivre la forte croissance qui a toujours caractérisé le parcours de l'entreprise depuis sa fondation, il y a 45 ans », écrit notre chroniqueur. Pour la troisième fois en cinq ans, le groupe Alimentation Couche-Tard vient de frapper un mur en étant incapable de mener à terme des transactions toujours plus importantes en termes de coûts, d'envergure et d'éventuelle intégration. Est-ce que Couche-Tard, qui a longtemps compté sur la réalisation d'acquisitions improbables pour devenir le géant qu'on connaît aujourd'hui, a perdu la touche qui a fait son succès depuis 45 ans ? C'est un peu la question qu'on peut se poser avec le nouveau revers que vient de subir Couche-Tard, qui a décidé de retirer sa proposition d'acquérir le conglomérat japonais Seven & i Holdings, propriétaire d'une chaîne de 85 000 magasins dans le monde, principalement des dépanneurs 7–Eleven, dans une transaction valorisée à 46 milliards US. Bien que l'issue de cette offre publique d'achat (OPA) lancée en août dernier par Couche-Tard semblait inéluctablement vouée à l'échec, tant la direction de Seven & i refusait de collaborer dans le processus de négociations, on continuait d'entretenir un mince espoir parce que Couche-Tard a souvent fait preuve dans le passé d'une sainte patience qui a été récompensée par la suite. Ce qui n'a pas été le cas dans cette dernière négociation, où tant le management de Seven & i que la famille qui détient un bloc important d'actions n'ont voulu participer même de façon minimale à la réalisation d'une transaction. Est-ce que Couche-Tard a manqué de sensibilité transactionnelle en s'attaquant ainsi à une acquisition d'une telle envergure – qui aurait été la plus grosse jamais réalisée par une entreprise canadienne – et surtout d'une entreprise établie au Japon, un pays qui n'a pas pour tradition de partager la propriété de ses entreprises avec des étrangers ? Chose certaine, c'est la troisième tentative de transaction majeure que Couche-Tard vient de rater au cours des cinq dernières années. En 2019 et à la suite d'une surenchère en 2020, Couche-Tard a tenté de faire l'acquisition au prix de 7,7 milliards CAN de Caltex, le plus grand réseau de stations-service et dépanneurs d'Australie avec 2000 sites. Une transaction qui a avorté dans le sillage trouble de la pandémie. En janvier 2021, Couche-Tard a voulu faire l'acquisition du groupe français Carrefour et de ses 12 300 commerces de différentes tailles en Europe dans une transaction évaluée à 25,5 milliards CAN. Les autorités françaises s'y sont vertement opposées, invoquant une menace à la souveraineté alimentaire de la France. PHOTO BORIS HORVAT, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE En janvier 2021, Couche-Tard a voulu faire l'acquisition du groupe français Carrefour et de ses 12 300 commerces de différentes tailles en Europe dans une transaction évaluée à 25,5 milliards CAN. Et on ne tient pas compte de la tentative de Couche-Tard d'acquérir au prix de 18 milliards US la chaîne de 3900 stations-service de Speedway aux États-Unis qui a fait l'objet d'une surenchère de 21 milliards US par Seven & i Holdings qui a remporté la mise… Série noire et opportunités Rappelons qu'entre-temps, Couche-Tard a réalisé avec succès, en mars 2023, l'acquisition de 2200 dépanneurs et stations-service du groupe TotalEnergies en Europe, mais dans une transaction d'une valeur nettement moindre de 4,5 milliards CAN, par rapport aux 7,7 milliards prévus pour Caltex, les 25,5 milliards pour Carrefour ou les 46 milliards US pour Seven & i Holdings. Il ne faut toutefois pas s'inquiéter de la série noire que vient de traverser Couche-Tard dans ses diverses tentatives de poursuivre la forte croissance qui a toujours caractérisé le parcours de l'entreprise depuis sa fondation, il y a 45 ans. « Couche-Tard n'a pas le choix, il faut que ses acquisitions aient un impact sur les résultats de l'entreprise et qu'elles soient toujours plus grosses et audacieuses, mais il y a moins d'opportunités dans le marché », observe le professeur Louis Hébert à HEC Montréal, spécialiste des fusions et acquisitions internationales. Selon lui, le retrait de la transaction avec Seven & i Holdings que vient d'annoncer Couche-Tard pourrait s'avérer une excellente décision à court terme. « Le management et la famille qui contrôlent l'entreprise vont devoir livrer ce qu'ils ont promis. Le titre va être affecté (il a perdu 10 % jeudi) et Couche-Tard s'est fait de nombreux alliés auprès de fonds institutionnels en Asie qui souhaitaient des changements, Couche-Tard pourrait très bien revenir à la charge », souligne M. Hébert. Ce qui s'est déjà produit dans le passé lorsque Couche-Tard a raté des occasions, l'entreprise n'a pas hésité à reformuler une nouvelle proposition deux ans plus tard pour remporter cette fois la mise et réaliser une transaction plus importante que celle projetée initialement. D'ici là, Couche-Tard devra continuer de consolider le marché en Amérique du Nord et en Europe en réalisant de plus petites transactions tout en maintenant une vigie de tous les instants sur les marchés de l'Asie et de l'Australie où le groupe québécois souhaite implanter davantage son empreinte commerciale. Frapper un mur n'est pas un drame en soi, c'est de trouver la voie qui nous permettra de le contourner qui est important, et à cet égard, Couche-Tard affiche un historique plutôt impressionnant et même rassurant.


La Presse
3 days ago
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Négociations entre Couche-Tard et 7–Eleven
Dans sa lettre publiée mercredi soir, la direction de Couche-Tard dit continuer de croire qu'un regroupement avec Seven & i créerait un leader mondial et mentionne être disposé à offrir une prime importante, mais avec un engagement « plus profond et sincère » de la part des dirigeants de Seven & i. La saga 7–Eleven n'est peut-être pas terminée. Alimentation Couche-Tard souhaite toujours boucler une transaction et l'annonce du retrait de son offre d'achat pour Seven & i pourrait bien être une façon de mettre de la pression sur le conglomérat japonais en montrant que Couche-Tard n'est pas acheteur à tout prix, commente François Watier, associé et analyste pour le gestionnaire d'actifs montréalais Van Berkom. « Si c'est le cas, on verra bien la suite », ajoute-t-il. C'est maintenant au tour des actionnaires de Seven & i, y compris l'investisseur militant américain Artisan Partners, de mettre de la pression sur le conseil d'administration de Seven & i, affirme le gestionnaire de portefeuille montréalais Philippe Hynes, de la firme Tonus Capital. La firme d'investissement Artisan Partners, de Milwaukee, dans le Wisconsin, est actionnaire de Seven & i. Elle talonne le conseil d'administration de Seven & i depuis l'automne dernier afin de s'assurer que l'offre de Couche-Tard soit considérée de manière juste et transparente afin de maximiser la valeur pour les actionnaires. Artisan Partners n'a pas répondu, jeudi, aux messages laissés par La Presse. Une autre avenue potentielle permettant à Couche-Tard de réaliser une transaction pourrait apparaître avec l'introduction en Bourse attendue l'année prochaine des magasins de proximité 7–Eleven en Amérique du Nord. Cette opération fait partie du plan stratégique présenté plus tôt cette année par les dirigeants de Seven & i. « Peut-être que Couche-Tard pourrait être intéressé à faire une offre uniquement pour cette nouvelle entité, ce qui serait plus simple et permettrait d'éviter les problèmes réglementaires liés au Japon », dit Philippe Côté, gestionnaire de portefeuille et directeur de la recherche chez Gestion de placements Eterna. L'introduction prochaine en Bourse des magasins nord-américains de 7–Eleven pourrait toutefois aussi compliquer la vie de Couche-Tard dans le marché fragmenté des magasins de proximité, prévient l'analyste Martin Landry, de la firme Stifel. « Cette nouvelle entité publique pourrait devenir un acteur plus agressif dans le secteur des dépanneurs en Amérique du Nord en raison des exigences et des attentes des nouveaux investisseurs. Cela pourrait accroître la concurrence et se traduire par une diminution du nombre de cibles d'acquisition ou une augmentation des multiples d'évaluation. » Une « belle discipline » Dans sa lettre publiée mercredi soir, la direction de Couche-Tard dit continuer de croire qu'un regroupement avec Seven & i créerait un leader mondial et mentionne être disposé à offrir une prime importante, mais avec un engagement « plus profond et sincère » de la part des dirigeants de Seven & i. En tirant le rideau sur son offre de la façon dont elle vient de le faire, l'équipe de gestion de Couche-Tard fait preuve une fois de plus d'une « belle discipline » aux yeux de Philippe Hynes. Les observateurs sont nombreux à affirmer que l'offre évaluée à 46 milliards US pour Seven & i pèse lourd sur l'action de Couche-Tard depuis l'été passé. Malgré la hausse de 8 % du titre enregistrée jeudi, l'action demeure en baisse de 7 % jusqu'ici en 2025. Le marché craignait qu'une surenchère mène à un prix dérisoire ainsi qu'une dilution liée à une émission d'actions potentiellement importante pour financer une transaction, dit Philippe Hynes. Un « deal » entre Couche-Tard et Seven & i doit être amical, selon lui. Rachat d'actions à venir ? À court terme, les observateurs s'attendent à ce que Couche-Tard considère des projets d'acquisitions de moindre envergure et recommence rapidement à racheter ses actions à des fins d'annulation, ce qui pourrait donner un certain élan à l'action en Bourse. La direction de Couche-Tard n'a cependant rien mentionné à cet effet mercredi soir en annonçant le retrait de son offre d'achat sur Seven & i. Couche-Tard a cessé de racheter des actions depuis l'automne afin de conserver ses munitions. Relancer le programme de rachat d'actions ne serait pas anodin. C'est un facteur important pour l'action de Couche-Tard. Les rachats d'actions ont représenté environ 40 % de la croissance du bénéfice par action depuis l'exercice 2020, souligne l'analyste John Zamparo, de la Scotia. Couche-Tard a la capacité de déployer environ 2,5 milliards US pour le rachat d'actions d'ici la fin avril, ce qui représente environ 5 % des actions en circulation de l'entreprise, selon l'analyste Chris Li, de Desjardins. « Compte tenu de l'absence de rachats depuis trois trimestres, je prévois des rachats disproportionnés à court terme », dit l'analyste John Zamparo, de la Scotia. L'analyste Bobby Griffin, de la firme Raymond James, croit que l'intention des dirigeants de Couche-Tard est maintenant de s'assurer que son programme de rachat est bien en place avant le début de la période de blackout devant débuter le 3 août, c'est-à-dire un mois exactement avant la tenue de l'assemblée annuelle des actionnaires de Couche-Tard et de la présentation de ses prochains résultats trimestriels. La direction de Couche-Tard a jugé dans le passé que le rachat de ses actions constitue une utilisation « judicieuse » de ses fonds et un placement intéressant pour l'entreprise. Ces rachats ont pour effet de diminuer le nombre d'actions en circulation et d'augmenter proportionnellement la quote-part du capital-actions de Couche-Tard de tous les actionnaires restants.