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« Être talonneur, c'est allier force et finesse » : Codie Taylor, cadre des All Blacks, devrait enchaîner une 98e sélection face aux Bleus

« Être talonneur, c'est allier force et finesse » : Codie Taylor, cadre des All Blacks, devrait enchaîner une 98e sélection face aux Bleus

L'Équipe09-07-2025
Leader de terrain et du vestiaire, le champion du monde 2015 est toujours à la pointe du combat au sein des All Blacks avec lesquels il devrait enchaîner une 98e sélection samedi face aux quinze de France.
Codie Taylor est une légende vivante à la longévité impressionnante. À 34 ans, le talonneur a remporté son 6e titre de Super Rugby, dix ans après avoir remporté la Coupe du monde 2015. Aussi discret et tranquille à la ville qu'intenable leader de combat, ce solide maori s'apprête à enchaîner une 98e sélection face aux Bleus, samedi à Wellington, non loin de Levin, ville de 17 000 âmes où il est né, à 90 kilomètres plus au nord.
Taylor est aussi porteur d'une histoire : il est le All Black numéro 1143e et honore l'héritage de son arrière-arrière-grand-père Walter Pringle qui était le 30e joueur all black lorsqu'il a porté ce maillot en 1893. Cet aïeul, issu du milieu agricole, était décrit comme un meneur d'hommes, connu pour sa vitesse et sa ténacité, infatigable chasseur de ballon dont il n'était jamais loin.
Exactement les qualités que Codie Taylor a encore montrées samedi face aux Bleus. Après avoir guidé le Haka avec beaucoup de « mana » (terme maori qui désigne l'aura), il a été très présent sur le terrain, solide au contact, précieux dans l'avancée, souverain dans ses lancers en touche et dans la récupération avec un turnover précieux en fin de première mi-temps.
« L'année dernière, vous avez pris un congé sabbatique en faisant une pause avec les Crusaders et les All Blacks. On dirait que ça vous a fait le plus grand bien...Vu que je me suis fixé comme ambition d'aller jusqu'à la prochaine Coupe du monde (en 2027 en Australie), il m'a semblé que faire une pause était opportun pour préparer au mieux mon corps à cet objectif et aussi me régénérer mentalement. C'est très important.
Vous auriez pu négocier un fructueux contrat avec un club japonais, comme font la plupart de vos coéquipiers All Blacks. Mais vous avez fait le choix de rester ici en famille. Pourquoi ?Je mentirais si je disais que je n'ai pas étudié les propositions du Japon. Mais nos enfants vont à l'école ici, ils s'y sentent bien et sont très attachés à leur environnement. Il nous fallait prendre ça en compte. Mes parents sont des gens humbles qui ont su me transmettre une grande richesse : la famille passe avant tout. J'ai vu cette pause comme une opportunité de passer du temps avec les miens. Ce que l'on vit au présent avec nos enfants, nos parents, ça ne se remplace jamais plus tard. Ma famille est une bénédiction dont j'avais à coeur de profiter.
C'est particulier le poste de talonneur : pousser avec force et fureur en mêlée puis basculer dans un geste calme et précis pour lancer en touche. Ça fait de vous un mec à part dans la vie ?C'est sûr que c'est un réel défi personnel. Être talonneur, c'est allier force et finesse, devoir développer beaucoup de puissance et de dureté pour les phases de mêlée sans rien perdre de sa précision pour lancer précisément le ballon en touche. Ce qui n'est jamais simple quand tu viens de batailler dans un ruck. Pour bien lancer, il faut savoir revenir au calme alors que le reste du jeu réclame d'être plus sur les nerfs, tranchant physiquement et très alerte mentalement. Si tu n'aimes pas ça, cette fonction devient un poids. Moi je considère que le poste de talonneur est un privilège. Et son ambivalence, on se doit de la perfectionner en permanence. Je m'y attache au quotidien. On n'y parvient pas à tous les coups et il faut l'accepter, sans jamais se démobiliser toujours continuer à bosser. C'est comme un artisan qui perfectionne son métier.
Il paraît que vous êtes charpentier ?Disons que j'ai planté quelques clous mais je ne suis pas charpentier diplômé.
Comment le rugby est entré dans votre vie ?Mon père a joué mais a été blessé assez jeune, du coup il n'a jamais pu tenter sa chance sérieusement. Il bossait en usine, conduisait des chariots élévateurs. Son père, mon grand-père, travaillait dans les chemins de fer où il réparait les voies ferrées en plus de son travail à la ferme. On a baigné avec la passion du rugby et du XIII auquel j'ai joué jusqu'à 12 ans en Australie. Quand j'ai eu le rêve de devenir rugbyman, mes parents m'ont soutenu. Ils conduisaient toute l'équipe dans leur van pour les matches. Mon fils de sept ans a cette même passion il regarde tout ce qui se passe sur YouTube.
« Peato Mauvaka est incroyable, capable de jouer troisième ligne pendant un match »
Être talonneur c'est un état d'esprit à part, rien à voir avec un ouvreur ou un arrière...J'aime voir ce poste comme un quatrième troisième-ligne. Pour moi un talonneur se doit d'avoir un gros volume de jeu, d'être apte à bien porter le ballon et d'avoir les compétences techniques d'un trois-quart centre. C'est un poste qui évolue beaucoup, surtout en France. Peato Mauvaka est incroyable, il est capable de jouer troisième-ligne pendant un match. Pour moi, c'est ça un bon talonneur.
Pour vous, Mauvaka est une menace ou une motivation en vue de la prochaine Coupe du monde ?Je vous ai cité Peato Mauvaka mais j'aurais pu parler de Julien Marchand. Tous deux représentent un gros défi physique avec des qualités techniques différentes. Marchand, lui, est très fort dans les rucks. Se mesurer à eux, c'est très particulier.
Si vous aviez dix ans de moins, vous voudriez ressembler auquel ?Bonne question... Franchement j'aime bien la façon dont Mauvaka joue avec confiance pour pouvoir exprimer toutes ses qualités dans le jeu.
« Dane Coles m'a révélé ce qu'un talonneur pouvait être : un joueur rapide, très mobile et extrêmement tenace »
La Nouvelle-Zélande possède une belle tradition de talonneurs : il y a eu Sean Fitzpatrick, champion du monde en 1987, plus tard Anton Oliver, puis Andrew Hore, Keven Mealamu ou plus récemment Dane Coles...Je me suis construit en m'inspirant de trois joueurs d'exception : Corey Flynn (17 sélections) m'a pris sous son aile, au sein des Crusaders j'étais comme son apprenti. Plus tard chez les All Blacks, j'ai appris de Keven Mealamu (132 sélections). Il savait rester extraordinairement humble et délicat dans la vie alors que c'était un mâle dominant sur le terrain. Et puis Dane Coles m'a révélé ce qu'un talonneur pouvait être : un joueur rapide, très mobile et extrêmement tenace.
C'est Braeden Whitelock, le père de Sam (153 sélections) et de Luke, troisième-ligne de la section paloise, qui a fait de vous un talonneur dans le quinze de la Feilding High School ?Oui, j'avais joué pilier gauche et un peu troisième-ligne aile aussi. Mais je n'étais pas très grand (1m83 pour 108 kg). Être interne dans ce lycée était une bonne préparation à la vie professionnelle : j'y ai appris la discipline, savoir ce que c'est que se lever tôt, s'entraîner, faire ses devoirs, puis retourner s'entraîner.
Vous êtes All Black depuis dix ans, vous avez connu trois sélectionneurs différents : Steve Hansen (2012-2019), Ian Foster (2020-2023) et Scott Robertson depuis 2024...Ce sont trois hommes très différents. Steve savait comment te pousser à donner le meilleur de toi-même, parfois même de façon intimidante. "Fozzy" (Foster) était plus doux, souvent blagueur mais toujours exigeant. "Razor" (Robertson), lui, est très fort pour créer une culture d'équipe et un environnement motivant. Il est honnête, et, au final, c'est ce que veulent les joueurs. Le truc c'est de comprendre ce qu'un coach attend de toi. Steve te mettait sous pression pour que tu sois prêt en match. Fozzy, lui, me donnait confiance. Razor, je le connais depuis les Crusaders, donc je sais ce qu'il veut. Il attend beaucoup de mon travail sans ballon, que je puisse exprimer mes compétences sur le terrain et dans le leadership. »
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