Patrick Tuifua, le talent venu du bout du monde, débarque à Toulon
Entre deux cafés avec vue sur le terrain d'entraînement du RCT, un couple nous interpelle à la fin de l'entretien. « Qui est-ce que vous preniez en photo ? » Patrick Tuifua. « Ah oui, le All Black ! Il est pilier, c'est ça ? » Ni l'un ni l'autre. Il arrive effectivement de Nouvelle-Zélande, mais le Néo-Calédonien n'a ni sélection avec les All Blacks ni d'apparition en première ligne dans sa jeune carrière.
Mais le bonhomme a donc du mal à passer inaperçu à Toulon. Le jeune troisième-ligne (20 ans, 1,91 m, 113 kg) fait partie des curiosités du recrutement. Même s'il vient de très loin, son nom est connu depuis son passage remarqué avec l'équipe de France des moins de 20 ans au début du Tournoi 2024. L'attraction était telle que le sélectionneur des Bleus Fabien Galthié avait interpellé son homologue des Bleuets Sébastien Calvet après un entraînement commun à Marcoussis : « Il est solide ce gars ! Il va faire le Tournoi avec vous ? »
Un objet de convoitises entre la FFR et la NZRU
« On ne savait pas trop à quoi s'attendre et il nous avait étonnés, confirme Mathis Ferté, ailier-arrière des U20 à l'époque et qui a aussi débarqué à Toulon cet été. Il a un gros gabarit, il va vite, il a des mains... » Le phénomène avait été repéré sur des matches de NPC (le Championnat néo-zélandais) où il évoluait avec Hawke's Bay. Il avait aussi intégré la filière de formation des Hurricanes, la franchise du Super Rugby de Wellington, et déjà pointé en 2023 sur un rassemblement des U20 néo-zélandais Né en Nouvelle-Calédonie, il avait rejoint la Nouvelle-Zélande en 2020, à 15 ans. Citoyen français, il est depuis 18 mois l'objet de convoitises entre la FFR et la NZRU (Fédération néo-zélandaise).
Approché par plusieurs équipes de Top 14 l'an dernier - il avait notamment visité les installations de La Rochelle et Toulon - il avait finalement acté début novembre un statu quo dans sa carrière, en restant en Nouvelle-Zélande. « Je vais effectuer la pré-saison avec les Hurricanes, nous expliquait-il alors. J'espère décrocher un contrat et jouer le Super Rugby », qui débutait mi-février. Quand, début avril, Toulon a annoncé son arrivée, c'était donc une petite surprise.
« C'est un joueur qui est capable de casser les défenses, qui est à l'aise ballon en mains, avec un gros potentiel pour son âge. Je pense que le Championnat français est fait pour lui »
Pierre Mignoni, manager de Toulon
« On le suivait déjà avant qu'il apparaisse avec les moins de 20 ans, se rappelle le manager de Toulon Pierre Mignoni. On voulait absolument qu'il vienne, ça n'a pas été simple... C'est un joueur qui est capable de casser les défenses, qui est à l'aise ballon en mains, avec un gros potentiel pour son âge. Je pense que le Championnat français est fait pour lui. »
« J'en ai discuté avec mon père (Jean-Philippe, président de la JSL Normandie rugby, l'un des plus gros clubs de Nouméa), et on a finalement décidé de venir ici (à Toulon), où j'ai de la famille proche, pour tester, en espérant avoir un peu plus de temps de jeu », explique Tuifua. Le gaillard, qui chausse du 50, n'est pas très expansif, mais l'on comprend que le pari Super Rugby n'a pas fonctionné.
Il n'a pas joué la moindre minute avec les Hurricanes, s'est contenté depuis un an de trois matches de NPC avec Hawke's Bay puis de quelques matches de pré-saison avec la franchise de Wellington avant de jouer avec l'équipe réserve, pas aidé par une sérieuse blessure au genou droit subie à Marcoussis en juin 2024, avant la Coupe du monde des moins 20 ans qu'il espérait disputer avec les Bleuets « Je n'ai pas été intégré à l'équipe (des Hurricanes) car j'étais blessé, puis ils ne sont pas très tournés vers les jeunes », poursuit Tuifua.
« Je ne veux pas faire une croix sur le Super Rugby, c'est un rêve pour moi d'y jouer et j'espère y retourner un jour »
Patrick Tuifua
Après trois semaines de vacances en Nouvelle-Calédonie, il est arrivé en métropole début juillet, s'installant à La Valette-du-Var chez sa grande soeur, qui travaille depuis trois ans à Marseille. Une façon de limiter les effets du dépaysement. Ses parents étaient là en juillet, son père en profitant pour signer un partenariat avec le RCT, tandis qu'un de ses cousins fait partie de l'équipe des cadets du RCT, la gêne du gabarit hors-norme pour son âge visiblement bien implanté.
« Partir de Nouvelle-Zélande, c'était une décision difficile, se rappelle Tuifua. C'est cinq ans de ma vie, c'est là-bas que j'ai appris à jouer à quinze, que j'ai progressé. Mais je ne veux pas faire une croix sur le Super Rugby, c'est un rêve pour moi d'y jouer et j'espère y retourner un jour. » Le genou droit « encore en réhabilitation », il a repris l'entraînement collectif lundi, tourné vers le Top 14. « Dans le Pacifique, on est plus branché Super Rugby, mais le Top 14, c'est pareil, c'est un rêve quand on commence à jouer au rugby, j'ai hâte d'être à mon premier match. Il y a du stress aussi... »
« Il est revenu avec son souci au genou car il a apparemment eu du mal à se faire soigner en Nouvelle-Zélande, donc on s'occupe déjà de le remettre sur pied pour qu'il attaque la saison correctement, temporise Mignoni. Il a retrouvé le terrain mais il faut lui laisser le temps d'arriver. On connaît son potentiel, mais il a besoin de retrouver du rythme. Je sens en tout cas qu'il a une grosse envie de réussir. »
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