
Comment Emmanuel Macron peut-il parler effort de défense face à la rigueur budgétaire annoncée ?
Un en même temps macronien qui va nécessiter un numéro d'équilibriste, alors que comme l'expliquait Le HuffPost ici, l'année blanche, piste qui tient la corde à Bercy, aura immanquablement des répercussions sur le porte-monnaie des Français. Alors, comment promettre aux Français des investissements massifs dans l'armement tout en prônant un régime drastique pour les dépenses publiques ?
« Il va falloir faire de la pédagogie » plaide le député LR Philippe Juvin auprès du HuffPost. « Il faut dire aux Français que sommes en danger, et que si une partie de l'UE est menacée, ça aura des impacts sur notre train de vie. Quand tu veux la paix, prépare la guerre, c'est vrai en matière budgétaire », explique-t-il. En pointe sur les questions de défense, le député Horizons, Christophe Plassard, également joint par téléphone, ne dit pas autre chose : « la première des sécurités c'est d'être en sécurité ».
La France, parmi les premières cibles de la Russie
De fait, dans une conférence de presse rarissime ce vendredi 11 juillet, le général Thierry Burkhard, chef d'État-major des armées, a préparé le terrain en insistant sur la menace que fait peser la Russie sur l'hexagone. Selon le plus haut gradé des forces armées, le Kremlin a fait de la France « l'une de ses cibles prioritaires ». À cela s'ajoutent, selon l'Élysée, « une désinhibition du recours à la force partout dans le monde » et « des partenariats anciens [comme avec les États-Unis, ndlr] qui s'érodent ». Autant de raisons de muscler l'outil militaire.
En réalité, cela fait plusieurs mois que le président de la République prépare les esprits à un renforcement de la défense. Dès le mois de mars, Emmanuel Macron avait prévenu, il faudra des « investissements supplémentaires » qui « exigent de mobiliser des financements privés, mais aussi publics, sans que les impôts ne soient augmentés ».
Après une grande conférence à Bercy sur les enjeux de financement de la défense, une première réponse est venue du privé avec le lancement d'un fonds BPI pour aider les entreprises du secteur de la « base industrielle et technologique de défense » (BITD) à se relancer. En attendant, c'est bien, par la suite, de l'État et du budget que viendront les commandes, alors que l'Élysée défend une multiplication par deux des ressources consacrées à la défense entre 2017 et 2030.
Dans les rangs de l'opposition, les arguments sont tous trouvés. LFI accuse notamment l'exécutif de préparer une économie de guerre sur le dos des plus faibles et de préparer une cure d'austérité en parallèle. « On nous prend pour des pacifistes naïfs, mais nous connaissons la situation géopolitique actuelle et nous verrons à quelle hauteur seront sanctuarisés ces investissements », assure au HuffPost la députée écolo Christine Arrighi. De là à dénoncer un fait du prince ? Pas vraiment : « On sait que la défense c'est une expression présidentielle à laquelle le reste du budget doit se conformer. Mais nous ne pouvons pas soutenir à côté un budget qui va s'articuler autour d'une cure austéritaire qui va avoir des conséquences dramatiques et ce, sans revenir sur la politique qui a échoué depuis 7 ans ».
De la pédagogie… avant 2027 !
Au sein du socle commun, on défend un principe d'équité, en expliquant que les forces armées seront aussi amenées à revoir leurs dépenses, malgré des crédits en hausse. « Tout le monde va faire des efforts, même l'armée, mais si les dépenses sont plus efficientes, tout le monde y gagne » défend Christophe Plassard. Pour Philippe Juvin, il n'y a, à cet égard, qu'à une seule voie de passage pour faire accepter aux Français ce double mouvement défense-budget : « si l'État se serre lui aussi la ceinture et baisse ses dépenses ». Pour ce membre de la Commission des finances, « plus la situation se tend, plus vous devez être compris ».
Mais gage que le moment est tout de même fébrile, l'élu LR met en garde contre un problème « majeur » de méthode : « la crédibilité de la parole publique en général. Le brouhaha, l'inconstance… Les gens ne nous croient plus ». Une alerte à ne pas prendre à la légère dans un contexte où le « socle commun » qui soutient l'exécutif est abonné à la cacophonie et apparaît particulièrement fragilisé, voire au bord de l'implosion.
Pointant la double urgence « budgétaire et militaire » et prenant appui sur la loi sur la fin de vie qui a donné lieu à des débats transpartisans apaisés, Christophe Plassard renvoie la responsabilité aux bancs de l'opposition : « la plus grande menace vient en fait des parlementaires, du dogmatisme et de la bordélisation ».
Un appel au débat serein, sans toutefois se faire d'illusion sur la teneur de la séquence budgétaire de la rentrée : « Ce qui sortira avec la meilleure volonté sur le budget sera forcément imparfait. La construction du budget va pousser les curseurs au maximum, et c'est le jeu. Mais le budget in fine sera voté au 49.3 c'est sûr », prophétise Christophe Plassard. Une procédure qui a de très fortes chances de faire chuter le gouvernement de François Bayrou. Et de mettre donc Emmanuel Macron dans une situation autrement délicate.
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