
Lourdement endeuillé par la mousson, le Pakistan attend de nouvelles pluies
Lourdement endeuillé par la mousson, le Pakistan attend de nouvelles pluies
(Bar Dalori) Secouristes et voisins s'activent mardi à extraire les dizaines de corps toujours prisonniers des décombres au Pakistan, où près d'une semaine de pluies torrentielles a fait quasiment 400 morts et où la mousson va encore s'intensifier.
Zain Zaman JANJUA
Agence France-Presse
Mardi, à la télévision nationale, le général Inam Haider, président de l'Autorité nationale de gestion des catastrophes, a prévenu : « l'épisode de pluies torrentielles va continuer jusqu'à samedi ».
« Et un autre est attendu à la fin du mois », a-t-il ajouté, dans un pays où les 255 millions d'habitants voient les phénomènes climatiques extrêmes se multiplier sous l'effet du changement climatique, selon les scientifiques.
À Dalori, le village le plus touché par les trombes d'eau charriant boue et rochers lundi, 19 habitants ont été certifiés morts, dont le père d'Oumar Islam, travailleur journalier de 31 ans.
PHOTO AKHTAR SOOMRO, REUTERS
Les habitants se rassemblent tandis que les secouristes recherchent des victimes dans le village de Dalori Bala, au Pakistan, le 19 août 2025.
« En quelques minutes, on a tout perdu, nos vies sont finies », se désole l'homme, entouré de voisins qui tentent de le consoler.
« Personne n'a eu le temps de réagir : en 20 minutes notre village a été réduit à un tas de ruines », abonde Fazal Akbar, 37 ans.
« Quatre heures » avant l'arrivée des secours
« Il y a eu des appels depuis le haut-parleur de la mosquée et des habitants ont commencé à accourir pour nous porter secours », raconte-t-il à l'AFP. Ces volontaires ont « travaillé pendant quatre heures seuls avant que les secours dépêchés par les autorités n'arrivent ».
Leurs six pelleteuses n'ont pas cessé mardi de retourner les décombres, alors que tous s'activent pour retrouver la dizaine d'habitants toujours portés disparus.
Chiraz Ali, un des chefs des secouristes, est pessimiste : « ils n'ont aucune chance d'avoir survécu ».
« Quant à ceux qui s'en sont sortis, ils sont gravement traumatisés et ont besoin d'être suivis. Nous avons amené un psychiatre hier, mais je vais demander aux autorités locales d'organiser un soutien pour tout le monde », dit-il.
PHOTO AKHTAR SOOMRO, ARCHIVES REUTERS
Des bénévoles marchent sous des parapluies pour se protéger de la pluie tandis qu'ils inspectent les zones sinistrées.
Dans le village de montagne, entre dalles de béton fracassées et balcons effondrés, des secouristes et des volontaires distribuent un repas chaud, des biscuits et du thé à des habitants encore sous le choc.
La plupart ont passé la nuit à fouiller les décombres à la recherche de proches. Alentour, les habits, les jouets d'enfants et autres ustensiles qui surnagent dans les décombres de maisons écrasées témoignent de la violence du torrent d'eau tombé du ciel lundi matin.
Des secouristes s'improvisent fonctionnaires de l'état civil en enregistrant les identités des morts et des disparus sur un morceau de carton arraché à une boîte de chaussure ou même sur le dos de leur main.
Les pluies gagnent le Sud
Mardi, la pluie a gagné d'autres provinces. Jusqu'ici, plus de 350 des près de 400 morts ont été recensés au Khyber Pakhtunkhwa, et la quasi-totalité des autres dans le reste du nord du pays. Mais désormais le Baloutchistan et le Sindh, dans le sud côtier, sont aussi touchés.
Le météorologiste en chef du Sindh, Ameer Haider Laghari, dit ainsi à l'AFP redouter « des inondations dans les grandes villes », dont Karachi, la capitale économique du pays, « car les infrastructures sont en mauvais état ».
Au Baloutchistan voisin déjà, « 40 à 50 maisons ont été endommagées et la principale autoroute vers le Sindh a été fermée aux poids lourds » alors que 15 districts subissent des pluies d'intensité variées, rapporte à l'AFP le coordinateur de l'agence locale de gestion des catastrophes, Mohammed Younis.
Depuis le début de la mousson fin juin, Islamabad dit avoir recensé plus de 700 morts et un millier de blessés.
Et si les pluies se poursuivent, préviennent les autorités, la chaleur – typique de la mousson d'été – reste forte, faisant redouter la propagation de bactéries et d'épidémies, alors que l'eau stagnante est chaque année synonyme de vague de dengue au Pakistan.
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