
Pourquoi les néobanques attaquent le marché des petites entreprises
Qonto veut changer de dimension. La fintech française spécialisée dans la gestion financière pour les petites entreprises et les indépendants ambitionne de devenir une banque à part entière pour accélérer sa croissance. Elle a récemment déposé une demande auprès des autorités françaises afin d'obtenir une licence bancaire (officiellement appelée licence d'établissement de crédit). « Nous avons soumis cette demande il y a deux mois » auprès du superviseur du secteur en France, l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), précise Alexandre Prot, cofondateur et PDG de Qonto.
Qonto fonctionne pour l'instant avec une licence d'établissement de paiement, ce qui restreint sa capacité à accorder des crédits ou à proposer des produits d'épargne et d'investissement et la contraint à conserver les fonds de ses clients chez des banques partenaires (Crédit Mutuel Arkéa, Natixis et Rothschild Martin Maurel et garanties avec BNP Paribas et Crédit Agricole CIB). «Grâce à un agrément bancaire, nous pourrons étoffer notre offre de services avec de l'épargne ou des crédits, notamment de long terme. Aujourd'hui nous proposons du paiement fractionné avec notre licence de paiement et des financements de long terme avec nos partenaires. L'agrément bancaire nous permettra d'être encore plus indépendants, explique Alexandre Prot. Cela répond à une forte attente de nos clients et nous serons en mesure d'attirer davantage d'entreprises et de taille plus significative qu'aujourd'hui.»
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Attirer davantage de PME
Lancé le 3 juillet 2017, Qonto est aujourd'hui le leader de son secteur avec plus de 600 000 sociétés clientes (de 1 à 100 salariés) dans sept pays en plus de la France (Italie, Espagne, Allemagne, Autriche, Belgique, Pays-Bas et Portugal). Son succès s'appuie notamment sur la qualité de ses parcours digitaux et la diversité de ses services, leur accès facile et une tarification transparente. «Qonto a innové et s'est imposé dans le secteur des professionnels et des petites sociétés qui était délaissé par les néobanques et, faute d'innovation par les banques historiques, souligne Thierry Mennesson, associé au cabinet Oliver Wyman. Pour croître, ils n'ont d'autre choix que de devenir une véritable banque.» Avec l'obtention de la licence bancaire (qui pourrait prendre des années), la jeune pousse vise les deux millions de clients d'ici 2030. «Cette licence va leur apporter davantage de crédibilité et leur permettre d'attirer des PME avec une offre de financement complète. C'est le nerf de la guerre pour les fintechs, pointe Niccolo Giardini, associé au cabinet Sia Partners. Ce segment de clientèle est en outre rémunérateur.» «Une offre de services plus larges permet aussi de fidéliser les clients et d'augmenter les revenus», ajoute Angelo Caci, directeur général adjoint du groupe Syrtals. La jeune pousse pourra également s'appuyer sur sa licence bancaire dans les pays européens où elle est présente.
Qonto avait déjà tenté il y a quatre ans de demander un agrément bancaire. Mais, à l'époque, la fintech n'avait pas encore les reins assez solides et y avait renoncé. «À l'époque, nous aurions dû lever beaucoup de capitaux pour répondre aux exigences réglementaires en matière de fonds propres, explique Alexandre Prot. Depuis, la donne a changé. La fintech a levé en 2022 486 millions d'euros, ce qui lui a permis de rejoindre le club très fermé des licornes avec une valorisation de 4,4 milliards d'euros. Et Qonto, qui ne publie pas ses résultats, assure être rentable depuis 2023. «Nous avons les moyens de devenir un établissement de crédit sans lever de fonds, précise Alexandre Prot. C'est le résultat d'un travail de fond : nous avons tiré pleinement parti de notre licence d'établissement de paiement pour bâtir une offre complète pour les PME. Aujourd'hui, nous combinons solidité financière et maturité produit pour franchir cette nouvelle étape.» Pour mettre toutes les chances de son côté face au régulateur (l'ACPR), la jeune pousse se dote également d'un « conseil d'administration renforcé » et a recruté plusieurs pointures du secteur financier, dont Jean-Pierre Mustier, ancien patron d'UniCredit et d'Atos notamment, ou encore Françoise Brougher, ex-dirigeante chez Google.
En changeant de statut, Qonto sera aussi mieux armé pour affronter la concurrence qui se renforce dans son secteur. La néobanque britannique Revolut a développé une «offre business» et elle vient de demander une licence bancaire en France pour accélérer son développement en Europe occidentale. BoursoBank (filiale de Société générale) s'est aussi lancé récemment sur ce créneau des petites entreprises, tout comme HelloBank! (filiale de BNP Paribas). Les grandes banques ne sont pas en reste. La nouvelle stratégie de croissance de la banque commerciale de BNP Paribas en France, passe notamment par une montée en puissance sur le marché des PME. « Le marché des petites entreprises est pour l'heure moins compétitif que celui des particuliers. C'est pour cela que les banques s'y intéressent », explique Thierry Mennesson. « Les créations d'entreprises sont importantes et c'est un moyen de diversifier les risques pour les banques traditionnelles. D'autant que les offres pour les entreprises sont toutes payantes », ajoute Angelo Caci. Cette nouvelle concurrence ne semble pas inquiéter Qonto. « Notre succès n'est pas passé inaperçu, s'amuse Alexandre Prot. Notre force est d'être spécialisé dans les TPE et PME de la zone euro. Nous avons aujourd'hui 2% de parts de marché avec 600.000 clients sur 26 millions de TPE-PME dans l'Union européenne, notre ambition est de continuer à prendre des parts de marché aux banques traditionnelles. »
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