
Sur Netflix, plongée dans la descente aux enfers d'American Apparel
Le documentaire retrace l'ascension fulgurante et la chute brutale de l'enseigne fondée par l'homme d'affaires Dov Charney. Publié aujourd'hui à 10h31
Les enseignes American Apparel ont fleuri aux quatre coins du globe dans les années 2000. En Suisse, la ville de Zurich abritait un magasin de la marque.
EPA
American Apparel: si ce nom ne vous dit pas grand-chose, pour les enfants des années 90, il ravive des souvenirs vestimentaires. American Apparel, c'était le summum du chic à la sauce hipster, avec des basiques stylés, des pubs (très) suggestives et une promesse de mode éthique made in USA.
Pour cette marque, tout avait bien commencé. Peut-être un peu trop. Ou alors seulement sur papier. Le 1er juillet 2025, Netflix a sorti «Trainwreck: The Cult of American Apparel» . Durant cinquante-quatre minutes et à coups de témoignages d'anciens employés, le film retrace l'ascension fulgurante, puis la chute brutale de l'enseigne fondée par l'homme d'affaires canadien Dov Charney au printemps 1989.
À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe.
Lorsque American Apparel débarque sur le marché au début des années 90, l'enseigne est saluée pour ses salaires soi-disant décents et sa production locale. Mais dès le début, il y a une ombre au tableau, qui déplaît comme elle séduit: la mise en scène sexualisée des campagnes publicitaires, avec de jeunes mannequins dans des poses osées. Derrière l'idéal, le délétère
Et ce n'est pas tout. Car le documentaire raconte aussi une autre histoire. Celle d'un environnement de travail toxique, avec Dov Charney en chef d'orchestre. Un personnage dont l'aura de génie un peu fou cachera trop longtemps un management délétère – comme lorsqu'il hurle sur un employé, par téléphone, à 3 heures du matin.
Au fil du documentaire, les accusations fusent contre Charney. Parmi elles: des conditions de travail épuisantes, mais aussi des gestes inacceptables dont du harcèlement sexuel à l'encontre de jeunes employées et une position de «gourou» assumée. Un système à interroger
Dov Charney, de son côté, nie en bloc. Il n'a jamais été reconnu coupable d'un crime. Mais l'accumulation de scandales aura raison de lui: il est évincé en 2014, la marque fait faillite en 2015 puis sera rachetée. Elle survit aujourd'hui, en ligne seulement. Charney, lui, a rebondi chez Yeezy, l'enseigne d'un certain Kanye West.
Séduisante, la production Netflix laisse cependant un goût d'inachevé. Le film évite d'interroger un écosystème plus large, qui inclut les investisseurs, les médias, et même les consommateurs, tous trop souvent fascinés par le mythe du «créatif déviant», ce génie à qui on pardonnait tout. Jusqu'à maintenant.
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Sur Netflix, plongée dans la descente aux enfers d'American Apparel
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Montreux Jazz – The Black Keys à Montreux, une première qui décoiffe Il faut bien un début à tout. Jeudi soir, The Black Keys ont décapé la scène du lac du festival après le très beau concert des Hermanos Gutiérrez. Andrea Di Guardo Montreux, le 17 juillet 2025. Le guitariste et chanteur Dan Auerbach, cofondateur des Black Keys avec Patrick Carney. Peter Klaunzer/Keystone Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : Les Hermanos Gutiérrez ont offert une ambiance latine paisible au coucher du soleil. L'expérience musicale des Black Keys a électrisé la scène de Montreux. Dan Auerbach impressionne avec sa voix polyvalente et sa maîtrise instrumentale. Le duo américain démontre une parfaite symbiose durant leur performance énergique. The Black Keys, c'est sans aucun doute ce qu'a produit de mieux la petite ville d'Akron dans l'Ohio, avec Lebron James, Devo, et le stade de baseball des Rubber Ducks. Les deux génies du groupe de rock américain, Dan Auerbach et Patrick Carney, le premier à la guitare et le second à la batterie, ont fait un sans-faute ce jeudi pour leur première au Montreux Jazz Festival (MJF). Attention aux oreilles. Mélodie au soleil couchant Hermanos Guitérrez, transportant le public au fin fond des déserts américains, devant le Lac Léman. ©MJF Emilien Itim Pourtant, la soirée avait démarré en douceur avec le concert des Hermanos Gutiérrez, «les frères de cœur» de Mathieu Jaton, directeur du MJF, comme il les présentait devant la scène du lac ouverte sur le Léman pour l'occasion. Une jolie surprise qui permet de profiter des concerts au gré des voiliers naviguant. Le contenu qui place des cookies supplémentaires est affiché ici. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Autoriser les cookies Plus d'infos Le temps d'un magnifique soleil couchant, les deux frères équatoriens (qui on le rappelle sont nés à Zurich) ont transporté le public à travers une musique latine infusée aux cactus et aux virevoltants du désert. La Riviera a résonné aux doux coups de «lap steel» d'Alejandro pendant qu'Estevan, l'aîné, grattait humblement sa guitare. Rien de tel pour se débarrasser d'une mauvaise semaine. S'il fallait écouter quelque chose avant de mourir en paix, ce serait sans aucun doute leur titre «Tres Hermanos», produit d'ailleurs par un certain Dan Auerbach, cofondateur des Black Keys. Lorsque le rideau de la scène du lac s'ouvre sur le Léman, la magie opère. Casser la baraque Et ça tombe bien, les voilà qui débarquent justement sur un grand slide de guitare plus rock que jamais. Immenses stars que l'on ne présente plus, les Black Keys n'ont jamais cessé de croître depuis 25 ans, avec des albums acclamés tels que «Brothers» et «El Camino», avant de devenir un duo incontournable de l'histoire du rock. Pendant que Patrick Carney bat la mesure, Dan Auerbach improvise des solos à n'en plus finir. Dan Auerbach, en pape de la coolitude, maîtrise le set comme un chef d'orchestre que l'on croirait allumé aux amphètes du Mississippi, pendant que Patrick Carney rythme le tout tel un métronome à la matraque imperturbable. Les deux compères, réglés au diapason, pourraient presque tenir la barque sans leur big band de cinq musiciens. Du show et de l'énergie, en veux-tu en voilà. L'âme du rock Galvanisé, le public entre en communion sur «Howlin for you», «Girl on my mind» et bien sûr, «Lonely Boy». 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Ce qui nous fait d'ailleurs penser qu'entre les deux Johnson, on ne sait plus très bien qui a vendu son âme au diable au bord d'un croisement. En tout cas, Auerbach et Carney ont dédié la leur au rock'n'roll, et ça, ce n'est que du bonheur au Montreux Jazz Festival. Andrea Di Guardo est journaliste RP à la Tribune de Genève depuis mars 2024. Attaché à la rubrique culturelle (pôle Vibrations), il écrit également pour 24 Heures et Le Matin Dimanche. Il s'intéresse aussi aux sujets locaux et internationaux. Il est titulaire d'un Master en journalisme et communication et d'un Bachelor en sciences politiques. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


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Relecture, à Avignon, de l'affaire Pelicot et de la culture du viol
Milo Rau et Servane Dècle s'emparent de ce procès symbolique pour en décortiquer les ressorts. Une soirée accessible librement en streaming. Publié aujourd'hui à 21h05 Gisèle Pelicot le 19 décembre 2024, alors qu'elle quitte le tribunal d'Avignon après avoir entendu le verdict condamnant son ex-mari à une peine de 20 ans de prison. AFP En bref: Le Festival d'Avignon s'invite dans votre salon. Alors que la comédie «La lettre» de Milo Rau essuie quelques mauvaises critiques en France, le metteur en scène suisse , allié à Servane Dècle, double la mise au sein de la manifestation avec un sujet beaucoup plus grave. «Le procès Pelicot», qui sera diffusé en libre accès sur le site du Festival d'Avignon , ne se présente pas comme une pièce à proprement parler, mais comme une somme de prises de parole, de documents, de témoignages patiemment recueillis qui forment une soirée de lecture prise en charge par deux comédiennes au cloître des Carmes de la Cité des papes . Milo Rau et le procès Pelicot Après une première mouture aux Wiener Festwochen , dont Rau est le directeur, le projet arrive à Avignon en version plus ramassée quelques jours après que Gisèle Pelicot a reçu la Légion d'honneur, le 14 juillet dernier . De cette femme victime de soumission chimique de la part de son ex-mari et violée par des dizaines d'hommes, mais qui a affronté son procès avec un courage exemplaire, il y a encore des leçons à recevoir, une réflexion à poursuivre. Contribution au débat en compagnie de Servane Dècle et Milo Rau. Comment cette collaboration a-t-elle débuté? Milo Rau: On a déjà réalisé deux ou trois projets ensemble. J'étais à Paris en répétition pour «La lettre», une petite pièce légère faite pour le festival. Je me suis dit que ce serait étrange d'aller à Avignon et de ne rien faire sur Gisèle Pelicot. Ne pas en parler aurait presque eu la signification d'un silence volontaire. J'ai téléphoné à Servane, qui était à Paris aussi, pour voir si l'on pouvait commencer une recherche et s'il était réaliste de préparer quelque chose pour Vienne et Avignon. Servane Dècle: On voulait être sûrs qu'on pouvait avoir accès à des documents. Il n'y a pas d'enregistrement du procès, donc on a contacté les avocats de Gisèle Pelicot et des journalistes. On a très vite eu beaucoup de soutien. Des journalistes nous ont donné leurs notes, 500 pages de toutes les journées d'audience qu'ils avaient suivies. On a eu l'ordonnance de mise en accusation et beaucoup de matières documentaires qui nous ont aidés à construire la lecture, et aussi plein de rencontres qui nous ont permis de nous faire une idée de ce que les gens qui avaient assisté au procès avaient traversé. Servane Dècle et Milo Rau à Vienne en juin. AFP À partir de ce matériau documentaire, quel discours avez-vous cherché à façonner? Milo Rau: C'est une histoire qui se développe dans le temps. Au début, on expose l'acte d'accusation, ensuite les quatre années avant que le procès ne commence, la famille, l'impact sur la famille, la maison, la région, dans laquelle ça se passe. Mais il y a aussi les viols, les violeurs, le procès, la question de la soumission chimique. Il y a des textes d'activistes, des tribunes. On essaye de traverser les discours. De l'autre côté, on peut voir cette lecture comme une sorte d'analyse aux multiples perspectives du patriarcat, de la soumission chimique et de l'importance de la pornographie sur internet. Il y a une complexité que l'on n'essaie pas de réduire, mais plutôt de développer dans le temps. Servane Dècle: On fait durer les questions que le procès a posées. Beaucoup de gens étaient frustrés: tourner autour du pot pendant trois mois, avec 50 accusés et autant de discours qui se répétaient, sans avoir jamais le temps d'aller en profondeur. Le cadre judiciaire est frustrant parce qu'il ne permet pas de chercher ensemble la vérité. Il est là pour trouver une punition, établir une vérité judiciaire qui permette une punition. Les accusés sont dans une stratégie de défense et on n'arrive pas à aller en profondeur. On manque d'expertises supplémentaires, de regards de chercheurs, etc. Faire cette lecture, c'est aussi donner la possibilité de prolonger l'analyse. La notion de culture masculine du viol se présente comme l'idée-force qui est sortie de ce processus. Comment l'avez-vous abordée? Milo Rau: À travers les interrogatoires des violeurs, on voit qu'ils ne comprennent pas très bien ce qui leur est arrivé. C'est tellement normalisé sur internet, justifié par la pornographie avec des sites qui proposent des milliers d'heures de violences faites à des femmes. Ils prennent du temps pour comprendre qu'ils sont des violeurs. Dans la narration de la pornographie, le consentement de la femme n'est pas important. Que les avocats de Gisèle Pelicot aient insisté pour rendre publiques les enregistrements vidéo permet de comprendre – de voir – que les violeurs sont très conscients de tout ça. Ils chuchotent, ils font attention qu'elle ne se réveille pas. Ils savent très bien ce qu'ils font. Rappelons que juste avant la fermeture du site , qui a permis d'organiser ces viols, il y avait encore 1 million de personnes qui s'y retrouvaient chaque mois. Servane Dècle: Pour nous, la culture du viol s'étend à quelque chose de plus large… Ça veut dire beaucoup de choses. Le rapport que notre culture entretient avec le viol, donc les représentations du viol, qu'est-ce qu'un viol, qu'est-ce qui n'en est pas un. Donc les bonnes, les mauvaises victimes, les bons, les mauvais… Mais c'est aussi tout ce qui, dans notre culture, peut faciliter le passage à l'acte. Tout l'amalgame entre sexe et violences qui se diffuse dans nos récits. Aujourd'hui, notre culture renouvelle la possibilité du viol par des dispositifs technologiques par exemple. Cette affaire est possible parce qu'il existe une communauté numérique du viol qui se retrouve sur un site. C'est le moyen nécessaire pour que 50 personnes convergent dans la même chambre afin de violer Gisèle Pelicot pendant dix ans. On n'aurait pas pu faire ça, il y a vingt ans. Festival d'Avignon, Cloître des Carmes, ve 18 juillet (22 h). Accès libre en streaming sur la homepage du site du festival: Le procès Pelicot, autres lectures Boris Senff travaille en rubrique culturelle depuis 1995. Il écrit sur la musique, la photographie, le théâtre, le cinéma, la littérature, l'architecture, les beaux-arts. Plus d'infos @Sibernoff Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.