
À 23 et 24 ans, ces deux étudiants représentent la jeunesse auprès des dirigeants du G7 et G20
dirigeants des pays du G7 se sont réunis
pour échanger sur les enjeux que traverse le monde « tels que la paix et la sécurité, la stabilité et la croissance économiques, ainsi que la transition numérique ». En marge de ce sommet a eu lieu le Y7, une déclinaison jeunesse du sommet des dirigeants. En fin d'année 2025, c'est au tour des pays du G20 de se réunir et des jeunes représentants du Y20 de leur suggérer des propositions à défendre.
Parmi les représentants français, encouragés et formé par l'
institut Open diplomacy
. Amelia, 23 ans, qui participe au Y7 est originaire de Marseille où elle a étudié pendant toute son adolescence. Après une classe prépa littéraire au lycée Thiers à Marseille, elle intègre le programme grande école à la
Montpellier Business School
. En alternance depuis deux ans chez Thalès à La Ciotat, elle termine cette année son master 2, spécialité finances. Mahir, lui, a 24 ans et représentera la France au Y20 qui aura lieu en août prochain. Celui qui se destine à être expert comptable ou commissaire aux comptes étudie à la
Burgundy School of Business
, une autre école partenaire d'Open diplomacy, en filière audit, expertise et conseil.
LE PARISIEN. C'était une évidence de participer à ce programme ?
MAHIR.
Pour moi, non. Ma formation n'a rien à voir avec le monde diplomatique ou les affaires publiques ! Mais les jeunes en général, et moi en particulier, ont envie de jouer un rôle, pas de rester spectateur avec tout ce que le monde a pu traverser, entre les guerres qui se multiplient et le Covid. J'ai beaucoup hésité avant de postuler, mais mon prof m'a poussé à m'y inscrire. Je pensais que ce n'était pas pour moi : quand on vient de province, on n'a peut-être pas fait les études qu'il faut, on n'a pas fait Science Po. Donc on a un peu le syndrome de l'imposteur ! Et on va se dire « pourquoi ils nous choisiraient ? ».
AMELIA.
En cybersécurité, la géopolitique joue un rôle majeur, et on travaille avec des clients dans le monde entier. Et même si je suis en
école de commerce
, je suis quand même l'actualité internationale, donc je ne suis pas vraiment éloignée de ça, même si contrairement à un élève de Sciences-po, oui, je n'ai pas forcément les mêmes connaissances. Mais même en école de commerce, on peut s'investir dans des activités comme celles-ci !
MAHIR.
Aussi, je me suis demandé si j'avais de la légitimité, si j'allais avoir du poids, si j'allais être soutenu dans mes idées. On en a discuté avec mon prof et il m'a rassuré dans ma démarche. Et il a bien fait ! Mon syndrome de l'imposteur s'est vite dissipé et j'ai rédigé ma candidature.
Le process était compliqué pour vous ?
MAHIR.
Il fallait qu'on fasse une proposition concrète en anglais, sur une page, qu'on pourrait présenter lors d'un sommet. Et qu'elle soit réaliste. À ça, on devait simplement ajouter un CV. J'avais choisi un
CV vidéo
et je crois que j'ai été le seul à faire ça. Ensuite on est reçu en
entretien
et challengés sur nos propositions par d'anciens délégués.
Je stressais un peu même s'ils étaient bienveillants. C'est sans doute l'entretien le plus difficile de ma vie pour le moment, car j'allais vers quelque chose que je n'ai pas l'habitude de voir, ni de faire : les questions étaient pertinentes, mais il fallait défendre notre position en français et en anglais devant deux personnes qui avait déjà participé aux sommets ! Nous ne sommes pas seulement jugés sur la proposition, mais aussi sur notre posture, comment on défend notre position, etc.
Justement, quelle était votre proposition ?
MAHIR.
J'ai défendu l'accessibilité aux femmes des produits d'hygiène menstruelle, gratuitement et librement, dans l'espace public, mais aussi dans les écoles, les organismes. C'est une proposition qui est née des discussions avec ma copine, ma sœur et ma mère. C'est ce qu'on fait pour nos propositions ensuite : on sollicite beaucoup la société civile car nos recommandations doivent toucher un maximum de gens. Je l'ai retravaillée et reproposée à mon entourage, qui l'a plutôt bien accueillie, c'est là que je l'ai présentée à Open diplomacy.
AMELIA.
De mon côté, j'avais le thème de l'intelligence artificielle et les technologies digitales. Comme je travaille chez Thalès, avec les équipes de cybersécurité, j'ai pu parler avec de nombreux experts et continuer à me former. Je savais que ça allait me demander beaucoup d'efforts, mais on a été beaucoup en meeting et en séminaire, ce qui a demandé beaucoup plus d'investissements que prévu ! C'est le jeu et je suis vraiment très contente.
À quoi vous ont principalement servi les séminaires ?
AMELIA.
Ils ont pour but de nous donner des cours sur comment négocier dans un contexte international. On a donc rencontré de nombreux experts, des anciens ambassadeurs ou des personnalités politiques qui ont agi sur la scène internationale.
Ça nous a permis de leur poser des questions, de se former et d'avoir une idée de comment se déroulent des sommets internationaux, même si la jeunesse ce n'est pas forcément un G7. On a aussi pu négocier en anglais et améliorer notre culture générale et notre connaissance de la géopolitique.
Notre annonce de participation aux sommets Y7 et Y20 a eu lieu alors que Donald Trump s'installait à la Maison Blanche, donc il y avait un peu d'action intense au niveau géopolitique !
MAHIR.
Aussi, tout au long des séminaires, d'anciens délégués viennent nous faire part de leurs retours, de leurs expériences, de comment ils ont négocié ou ont poussé certaines négociations. Lors de ces séminaires, nous avons pu avoir des moments d'échanges informels pour affiner notre proposition.
On doit travailler en amont des séminaires, mais aussi avant les grandes échéances.
Par exemple, il faut être prêt pour présenter la proposition au sous-sherpa du Président de la République ! Car l'idée c'est que nos propositions influencent le vrai G7 et le vrai G20. Au-delà, il faut aussi les défendre face aux autres nations du G7 et G20. Il y a beaucoup de négociations virtuelles avant le sommet lui-même.
S'il y a beaucoup de choses qui m'ont intéressé, j'en retiens une plus que les autres : de pouvoir échanger avec des gens qui viennent de tout horizon, qui ont des cultures différentes, qui pensent différemment. Vraiment s'imprégner de ça et voir ce qu'il se passe de l'autre côté de l'océan, c'est ce qui nous enrichit !
AMELIA.
Ce multiculturalisme est assez important, parce que c'est vrai, je m'en suis rendue compte, négocier en anglais avec des personnes qui viennent d'autres pays est totalement différent que de négocier en langue française ! Ces séminaires m'ont appris à adapter ma posture en fonction des personnes avec qui tu négocies.
En quoi la négociation est plus complexe ?
AMELIA.
Ce n'est pas la même chose de négocier avec un Américain ou un Japonais ! Avant, je n'avais jamais vraiment parlé avec d'autres personnes qui venaient d'autres pays. Les postures sont différentes. Au niveau européen, donc France, Allemagne ou Italie, on partage à peu près les mêmes visions, notre vision, celle de l'Union européenne. Mais ce n'est pas pareil aux États-Unis. Le but de ce Y7, c'est de formuler un communiqué final, de 100 mots avec 9 propositions. Ce communiqué est ensuite transmis aux dirigeants du G7 pour qu'ils discutent de nos recommandations lors du sommet international. Pour terminer d'écrire ce communiqué, je suis partie au Canada. On avait quand même commencé à négocier, en visio, pendant trois mois. La thématique de mes recommandations était la désinformation et la protection des données personnelles. Comment préserver la démocratie à l'ère de l'IA ?
Et même si nous étions alignés sur pas mal de recommandations, quand j'ai proposé ma recommandation sur l'open source, un sujet plutôt européen et partagé par la France et l'Allemagne notamment, la posture de la déléguée américaine a été de, directement, dire non ! C'est là que ça montre que négocier avec des Américains, ce n'est pas négocier avec des pays dont nous sommes proches ! Nous avons finalement réussi à avancer, et à trouver une formulation qui convient car, le but des négociations, c'est quand même de trouver un consensus. Ça m'a permis de grandir et ce sont des choses que j'utiliserai ensuite dans ma vie professionnelle. C'est une compétence que je vais continuer à développer.
Votre aventure a changé votre façon de voir les choses ? Quelle est la suite pour vous ?
AMELIA.
Je suis l'une des quatre Français à représenter la France au Y7 ! C'est une vraie fierté personnelle ! Je pense que je m'en souviendrai pendant très longtemps et c'est vraiment une super expérience. À court terme, j'aimerais trouver une opportunité à l'international avec Thalès. À plus long terme, je me vois au croisement du public et du privé, si possible travailler au sein d'une organisation internationale et porter la voix de la jeunesse.
MAHIR.
Je pense aussi qu'on peut s'investir dans notre ville à une petite échelle. Avant ça, j'étais dans une association de soutien scolaire, quelque chose de très classique : j'en avais bénéficié, je voulais en faire bénéficier ensuite. Mon engagement n'est pas dû au hasard, mais c'est un concours de circonstances. En revanche c'est quelque chose que j'avais avant, qui ne s'était pas encore révélé.

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