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« Historique » : indépendantistes et non indépendantistes signent un accord pour la Nouvelle-Calédonie

« Historique » : indépendantistes et non indépendantistes signent un accord pour la Nouvelle-Calédonie

Le Parisien8 hours ago
À 17 000 km de Nouméa, enfermées dans un hôtel de Bougival (Yvelines) depuis plus d'une semaine, les délégations représentants les forces politiques de Nouvelle-Calédonie sont parvenues à faire
ce qu'elles n'ont jamais touché du doigt depuis un an
. Dans la soirée de vendredi, elles ont signé un nouvel accord « historique » sur l'avenir de l'archipel, ravagé
par des violences insurrectionnelles en mai 2024
.
L'aboutissement d'un conflit larvé entre les indépendantistes et le gouvernement sur le « dégel du corps électoral » calédonien, dont les indépendantistes ne veulent pas. Depuis, l'économie locale est à terre et l'absence de compromis sur le futur institutionnel du Caillou empêchait le début de la reconstruction.
Selon le document d'une dizaine de pages formalisant ce compromis politique, décrit par une source présente pendant les négociations, la Nouvelle-Calédonie passerait sous le statut « sui generis ». Autrement dit, l'archipel deviendrait « un État intégré à la France », interprète une source loyaliste (non-indépendantiste). Une formulation suffisamment floue pour donner « un sacré mal de crâne aux constitutionnalistes » et convenir à l'ensemble des participants.
« On laisse aussi la possibilité au congrès calédonien de modifier ce statut dans les années à venir, poursuit la même source. On a été aux confins de l'autonomie. On a été jusqu'à la limite du lagon avant d'atteindre la haute mer. » Les élections provinciales, qui devaient se tenir à la fin de l'année, seraient quant à elles une nouvelle fois reportée en « mai et juin » 2026.
Jusqu'au bout, rien n'était acquis tant les positions des indépendantistes et des non-indépendantistes les plus radicaux étaient éloignées. Les acteurs des négociations ne pipaient mot, de peur de voir leurs discussions voler en éclat.
« Attention au petit grain de sable dans la dernière ligne droite », s'inquiétait encore une des parties ce vendredi soir. « Dans les derniers 100 m, ça peut finir dans le mur », soufflait un autre. « Les points d'équilibre sont toujours en discussion. Puis, les délégations qui n'ont pas le mandat de leurs instances politiques devront les consulter avant une signature éventuelle des grands principes », expliquait Roch Wamytan, l'ancien chef du FLNKS.
En mai 2025, le ministre d'État des Outre-Mer,
Manuel Valls
, s'était déjà cassé les dents sur l'intransigeance des loyalistes, qui craignaient de voir l'indépendance de l'archipel se matérialiser par le projet mis sur la table par le gouvernement. Mais le ministre avait de tout de même réussi à entamer une première phase de discussion au sein d'une classe politique calédonienne à vif.
Le dialogue a repris à Paris à partir du 2 juillet, sous l'impulsion d'Emmanuel Macron, lors d'un sommet organisé à l'Élysée sur l'avenir du Caillou. Il s'est donc poursuivi dans un hôtel de Bougival, au milieu des touristes, pendant plus d'une semaine, où les réunions, les entretiens bilatéraux et les parties de belotes comme de ping-pong se sont enchaînés pendant des jours sous l'œil, entre autres, de Manuel Valls, d'Éric Thiers, conseiller du Premier ministre, et de Patrice Faure, le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron (et Haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie). « Une chose a été remise au clair, c'est l'alignement de l'exécutif sur le sujet. C'est le ministre qui a mené la danse avec l'appui de l'Élysée, assure un proche de Valls, qui en privé, n'a jamais adopté la même ligne qu'Emmanuel Macron sur la Nouvelle-Calédonie. Il n'y a pas eu de dissonance et ça a permis de traiter le fond. »
Cloîtrés, les négociateurs ont peu à peu réussi à mettre leurs désaccords de côté en se montrant « créatifs » et en évitant les mots qui fâchent, dans un établissement habitué à recevoir des séminaires. « Certains ont fait des petites balades ou sont allés au resto parce qu'on n'en pouvait plus de manger à l'hôtel », raconte un participant. Même Manuel Valls a pratiqué le tennis de table. « Il a un petit revers lifté que pas mal de délégations ont pu tâter », s'amuse un proche.
Le président du FLNKS, Christian Tein, qui était détenu en métropole
avant d'être relâché
, n'était pas physiquement dans les négociations mais s'en tenait informé depuis la commune des Yvelines. Ce vendredi soir, c'est d'ailleurs après la validation d'un ultime bureau politique du FLNKS que ce compromis a pu officiellement voir le jour. Trente-sept ans après les accords de Matignon Nouvelle-Calédonie qui avaient permis le rétablissement de la paix civile.
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