logo
États-Unis : l'interview générée par IA d'un adolescent mort dans une fusillade suscite un tollé

États-Unis : l'interview générée par IA d'un adolescent mort dans une fusillade suscite un tollé

Le Figaro2 days ago
Ancien correspondant en chef à la Maison Blanche, Jim Acosta est sous le feu des critiques après avoir réalisé, lundi 4 août, l'interview d'un avatar de Joaquin Oliver, tué en 2018 dans un lycée de Floride à l'âge de 17 ans.
À mesure que les mois passent, l'intelligence artificielle repousse les limites du possible, clone les voix et construit des images capables de tromper l'œil humain. Mais peut-on, doit-on vraiment tout imiter ? Lundi 4 août, Jim Acosta, ancien journaliste star de CNN aux 2 millions d'abonnés sur X (ex-Twitter), a enflammé la toile en interviewant Joaquin Oliver, un Américain de 25 ans. Problème : le jeune homme est décédé le 14 février 2018 dans l'attaque du lycée de Parkland (Floride), au cours de laquelle un ancien élève de l'établissement avait ôté la vie à 17 personnes.
«Joaquin aurait eu 25 ans aujourd'hui. Son père m'a contacté pour perpétuer la mémoire de son fils. Regardez ça», a expliqué le journaliste, qui se présente comme indépendant et anime l'émission The Jim Acosta Show. La vidéo, diffusée sur les réseaux sociaux, le montre discuter de longues minutes durant avec un clone de l'adolescent, généré par la famille de ce dernier, qui s'exprime sur la manière dont il a vécu les évènements. «Que t'est-il arrivé ?», commence l'ancien correspondant à la Maison Blanche. Et l'adolescent de répondre d'une voix monocorde, quasi-robotique : «J'ai été arraché à ce monde trop tôt à cause de la violence armée alors que j'étais à l'école. Il est important de parler de ces problèmes afin que nous puissions créer un avenir plus sûr pour tous».
Publicité
Au-delà de l'attaque, Jim Costa est allé jusqu'à lui demander de soumettre des solutions pour lutter contre la «violence par armes à feu». «Excellente question», a répondu l'avatar, avant de développer un argument en faveur de la régulation des armes, véritable religion aux États-Unis, où le deuxième amendement à la Constitution garantit le droit d'en détenir. «Je crois en un mélange de lois plus strictes sur le contrôle des armes à feu, de soutien en matière de santé mentale et d'engagement communautaire», a répondu l'image générée par IA. «Nous devons créer des espaces sûrs pour les conversations, afin que chacun se sente vu et entendu. Il s'agit de bâtir une culture de bienveillance et de compréhension. Qu'en pensez-vous ? Même si ma vie a été écourtée, je veux continuer d'inspirer les autres à se rassembler et à lutter pour le changement». Et Jim Costa de répondre : «Je pense que c'est une très bonne idée».
«Animer un enfant décédé ne sert aucun objectif journalistique»
Aussitôt publiée, la démarche a suscité un tollé sur les réseaux sociaux, qui ont dénoncé une course au «clic» et une démarche indécente. «J'ai du mal à exprimer à quel point je trouve cela déplaisant. La mort de Joaquin Oliver est une tragédie. Mais animer un enfant décédé pour lui faire dire des mots qu'il n'a jamais prononcés ne sert aucun objectif journalistique. Cela ne sert qu'à attirer les clics», a réagi Billy Binion, journaliste américain, sur X. «N'importe quoi», «horrible», «ce n'est pas bien» se sont encore insurgés des internautes. Sur la plateforme Bluesky, un utilisateur s'est par ailleurs indigné que les «survivants vivants de fusillades dans les écoles» ne soient pas interrogés. «Ce serait vraiment leurs mots et leurs pensées au lieu d'être complètement inventés », regrette-t-il.
Face aux critiques, Manuel, le père de Joaquin, s'est exprimé sur X pour défendre le journaliste et la démarche entreprise en la mémoire de son fils. «Grâce à l'IA, nous pouvons le ramener à la vie. Nous ressentons qu'il a beaucoup de choses à dire. Arrêtez de critiquer cette démarche. L'IA n'est pas le réel problème. Le réel problème c'est que mon fils a été tué il y a 8 ans», a-t-il justifié. Sous la vidéo publiée sur X (ex-Twitter), les commentaires ont été désactivés.
Ce n'est pas la première fois que l'intelligence artificielle est utilisée pour faire parler les victimes mortes par armes à feu aux États-Unis. En 2024, en Arizona, un avatar d'IA représentant une victime avait même été utilisé dans un tribunal.
Orange background

Essayez nos fonctionnalités IA

Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :

Commentaires

Aucun commentaire pour le moment...

Articles connexes

Comment faire adopter l'IA en entreprise ? Les conseils d'un DG
Comment faire adopter l'IA en entreprise ? Les conseils d'un DG

Le Figaro

time29 minutes ago

  • Le Figaro

Comment faire adopter l'IA en entreprise ? Les conseils d'un DG

Jusqu'à quel point les dirigeants peuvent-ils imposer l'intelligence artificielle à leurs collaborateurs ? Comment tester les applications ? Faut-il former tous les salariés ? Yann Leriche, le directeur général de Getlink, livre son expérience. Chez Getlink, le déploiement de l'IA n'est pas un vain mot. L'entreprise, qui exploite l'infrastructure du tunnel sous la Manche et présente également dans le transport d'électricité, le transport ferroviaire et plus récemment sur l'accompagnement de transporteurs sur les formalités douanières (un domaine en expansion après le Brexit, ndlr), a recours aux mutations technologiques dans trois domaines : l'amélioration de la productivité, l'augmentation (l'élévation des compétences), et l'anticipation, destinée en particulier à prévenir les incidents éventuels sur les installations. Des managers formés En marge de ces grands objectifs, comment s'y prend-on pour acculturer les équipes à l'intelligence artificielle, dans cette période d'accélération permanente, où certains outils menacent de devenir très vite obsolètes ? Yann Leriche, le directeur général de Getlink, le dit sans ostentation : il est résolument geek, comme en témoigne son intérêt pour les problématiques numériques au sens large, et son sens de la pédagogie pour montrer comment l'IA influe au quotidien sur le fonctionnement de l'entreprise. Publicité Comment cette appétence est-elle partagée ? Chez Getlink, la soixantaine de managers qui occupent des fonctions clés (pour un effectif de 3600 collaborateurs) est régulièrement formée à travailler en équipe et à réfléchir sur l'IA dans leurs environnements respectifs. De son côté, Yann Leriche, ainsi qu'un autre cadre dirigeant de la société, suit depuis deux ans un cycle à l'École normale supérieure (ENS), soit 60 heures sur cette période. Tempéraments Les managers qui sont formés, mais aussi l'ensemble des équipes : la société, qui réalise 1,6 milliard d'euros de chiffre d'affaires, entend faire en sorte que le maximum de collaborateurs puissent se mettre à la page. « L'objectif n'est pas non plus d'obliger tout le monde à souscrire massivement à l'IA, expose Yann Leriche. Non seulement il y a des métiers pour lesquels c'est moins nécessaire, mais certaines personnalités ou tempéraments sont moins disposés à cette transformation. » Certains process de l'entreprise sont également à prendre en ligne de compte : le dirigeant raconte comment il a été question à un moment d'injecter de l'IA dans certains axes de travail effectués par des fonctions techniques qui ont l'habitude de se référer à leurs procédures dans des classeurs. « Finalement, nous n'avons pas poussé plus loin. Non pas que l'IA ne soit pas intéressante dans cette démarche mais les opérateurs connaissent les étapes du processus par cœur : il nous est apparu inutile de vouloir densifier leur approche. » Circuits de fonctionnement Au passage, Yann Leriche rappelle l'importance d'une certaine souplesse pour renforcer le potentiel de l'IA. « Des cadres trop rigides freinent les opportunités. Dans certains ateliers par exemple, les agents utilisent l'IA pour optimiser certains circuits de fonctionnement. Ils l'ont fait indépendamment de tout schéma centralisateur qui viserait à n'appliquer que des décisions descendantes. Nous encourageons ce type de démarche, dès lors qu'il n'a aucun risque en matière de cybersécurité. » Chez Getlink, il est admis depuis le début que l'adoption de l'IA ne doit pas se faire marche forcée, un bon moyen aussi pour se livrer à certaines expérimentations et pouvoir ainsi jauger leur potentiel.

Le corps d'un randonneur italien disparu depuis près d'un an retrouvé grâce à l'intelligence artificielle
Le corps d'un randonneur italien disparu depuis près d'un an retrouvé grâce à l'intelligence artificielle

Le Figaro

time7 hours ago

  • Le Figaro

Le corps d'un randonneur italien disparu depuis près d'un an retrouvé grâce à l'intelligence artificielle

Grâce à l'analyse individuelle des pixels de 2600 photographies, un logiciel a pu identifier le casque du disparu parmi le paysage. Quand la machine va plus vite que l'Homme. Les secours alpins italiens ont retrouvé les restes d'un randonneur disparu sur le Mont Viso disparu en montagne il y a près d'un an, rapporte La Repubblica . Pour ce faire, les sauveteurs ont eu recours à un allié inattendu mais diablement efficace, l'intelligence artificielle. Le 29 juillet dernier, la zone identifiée par les antennes-relais connectées au téléphone du disparu a été photographiée par un hélicoptère des pompiers et plusieurs drones. À découvrir PODCAST - Écoutez le dernier épisode de notre série Questions Tech Au total, 183 hectares de montagne ont été répertoriés et 2600 photos ont été prises puis téléchargées dans un logiciel spécial. Ces images ont été analysées par l'intelligence artificielle afin de détecter la présence d'un indice. Selon nos confrères italiens, le Corps national de secours alpin et spéléologique a traité les données qui indiquaient trois cibles possibles à vérifier, grâce à l'analyse des pixels individuels de chaque image. Publicité Parmi ces trois cibles, le logiciel a reconnu un casque de couleur rouge comme un élément ne faisant pas partie du paysage naturel en seulement deux demi-journées. Le 31 juillet, les pilotes de drones ont survolé chaque emplacement suspect. C'est ainsi que les restes du randonneur ont été découverts sur la face nord du Mont Viso, à environ 3150 mètres d'altitude. Le service de secours alpin et spéléologique du Piémont et de l'Unité de secours alpin a ainsi pu se rendre sur place pour l'opération de récupération du corps.

Yvelines : tombé dans le Scrabble à 6 ans, il est devenu champion du monde !
Yvelines : tombé dans le Scrabble à 6 ans, il est devenu champion du monde !

Le Parisien

timea day ago

  • Le Parisien

Yvelines : tombé dans le Scrabble à 6 ans, il est devenu champion du monde !

Darkweb, konjacs, sextiez… À eux seuls, ces mots peuvent rapporter gros au Scrabble, jeu de société conçu par un chômeur new-yorkais dans les années 1930. Tous les grands joueurs le savent : il y a des astuces à connaître. D'abord, les mots faciles à faire comme « wu » ou « ewe », avec 11 ou 12 points à la clé, puis ceux de 7 lettres incluant J, K, Q, W, X, Y, Z, des jetons qui rapportent 8 ou 10 points. Mais est-ce suffisant pour devenir le meilleur ? Pas forcément.

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store