
L'homme du boys club
Dans la vingtaine, ils se jurent de s'aider mutuellement toute leur vie à accéder aux postes de pouvoir de leur pays.
Ce n'est cependant pas une scène de film. Le « pacte andin » a bel et bien eu lieu en 1979 et l'actuel chancelier allemand, Friedrich Merz, en était un protagoniste. Tout comme Christian Wulff, devenu président de l'Allemagne en 2010. Ou encore Roland Koch, qui a présidé le Conseil fédéral d'Allemagne.
De ce trio bien connu des Allemands, Friedrich Merz aura atteint la plus haute des marches du pouvoir, mais il aura aussi mis plus de temps que tous les autres. Dans son chemin se trouvait une politicienne qui était en quelque sorte son contraire, l'ancienne chancelière allemande Angela Merkel.
Née à Hambourg, fille d'un pasteur protestant, élevée en Allemagne de l'Est, Angela Merkel a eu une carrière scientifique sous le régime autoritaire avant de se lancer en politique et de rejoindre l'Union chrétienne-démocrate (CDU) dans l'Allemagne réunifiée, faisant partie de son aile la plus libérale.
Friedrich Merz, lui, est né dans l'une des maisons bourgeoises les plus connues de Brilon, ancienne capitale de la prospère Westphalie, en Allemagne de l'Ouest. Son grand-père maternel a été maire de la petite municipalité. Son père, lui, était juge et membre de la CDU. Conservateur, Friedrich Merz a grossi les rangs du parti à la fin de l'adolescence avant d'entreprendre des études de droit. Il a été élu député au Parlement européen l'année de la chute du mur de Berlin.
Dans son imposante biographie, publiée l'an dernier, Mme Merkel, qui a dirigé l'Allemagne post-réunification pendant 16 ans, consacre un paragraphe à M. Merz.
« Il était et reste un orateur brillant. Nous avions presque le même âge, il était né en 1955, et moi en 1954. Nous avions grandi dans des contextes complètement différents, ce qui constituait une chance plus qu'un obstacle. Mais il y avait eu d'emblée un problème : nous voulions tous les deux être chef », écrit-elle.
En principe, les membres du pacte andin auraient dû se débarrasser de la politicienne est-allemande qui a été élue provisoirement à la tête de leur parti en 2000, après un scandale de financement. Mais ce fut tout le contraire. Voyant venir le coup, Angela Merkel a réussi à écarter son rival et son entourage et à devenir chancelière en 2005.
Confiné aux lignes de côté, Friedrich Merz s'est retiré de la vie politique en 2009 et a attendu que Mme Merkel, qui a été chancelière de l'Allemagne pendant 16 ans, annonce son départ avant de planifier son propre retour.
Dans ce long interlude, Friedrich Merz n'a pas chômé. Avocat dans le milieu des affaires, siégeant à plusieurs conseils d'administration prestigieux, dont celui de la firme d'investissement américaine BlackRock, il a fait fortune. Assez pour s'offrir deux avions privés qu'il pilote lui-même et qui lui ont valu le surnom de « Boeing-Merz ».
Son retour en politique s'est fait dans la turbulence. Persistant, il aura mis trois fois avant de se faire élire à la tête de la CDU en 2022. Lors des élections fédérales de l'hiver dernier, il a bien failli coûter cher à son parti, grand favori du scrutin, en collaborant avec le parti d'extrême droite, Alternative für Deustchland, sur un projet de loi anti-immigration. Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues pour dénoncer sa manœuvre politique.
La CDU et son principal partenaire, la CSU, sont arrivés premiers lors du vote, mais Friedrich Merz a vécu une autre humiliation politique quand les députés allemands ont refusé de le nommer à la tête du gouvernement de coalition lors d'un premier tour de scrutin. Il est finalement devenu chancelier le 6 mai 2025, à 69 ans.
Dans les portraits qui lui ont été consacrés depuis son accession au pouvoir, plusieurs relèvent son côté spontané, parfois mal réfléchi.
« C'est un trait de personnalité qui le différencie de son prédécesseur, Olaf Scholz, qui s'est attiré des moqueries avec ses propos sentencieux, pleins de jargon », a écrit l'éditorialiste du Spiegel, Marie Fiedler, le mois dernier.
« Merz veut se définir comme un leader émotif qui parle franchement en s'écartant du script. À l'interne, ça a des avantages. Ça le rend plus approchable. Mais en politique étrangère, c'est risqué », écrit-elle, décrivant une récente entrevue dans laquelle le chancelier a imité le président américain et sa manière de parler.
Et pourtant, depuis son élection, Friedrich Merz essaie d'abord et avant tout de réchapper la relation avec Donald Trump, misant sur sa propre expérience américaine pour amadouer le président susceptible. Il travaille fort aussi pour ressouder les liens avec le président français, Emmanuel Macron, et le premier ministre britannique, Keir Starmer. Le chancelier allemand affirme vouloir créer une « armée pour l'Europe » et s'assurer que le continent peut se défendre seul.
Et le Canada, dans tout ça ? Est-ce que le rapprochement entre les deux pays, amorcé sous le chancelier précédent, Olaf Scholz, s'accentuera ? Ou est-ce que le marchandage avec Donald Trump aura raison de ce partenariat grandissant ?
« Quand Merz va réaliser (bientôt, espérons-le) qu'il ne peut pas compter sur Trump, il va tourner le regard vers Carney. Après tout, ce sont deux nerds transatlantiques. Qui d'autre peut-il y avoir de l'autre côté de l'océan ? », répond la rédactrice en chef du journal Taz de Berlin, Barbara Junge, à la question.
Après tout, les deux hommes – fort aisés, catholiques – sont issus du monde de la finance. Récemment élus tous les deux, ils s'attellent aux mêmes défis : limiter la casse avec les États-Unis, diversifier les partenariats internationaux, relancer l'économie de leur pays et en redessiner la défense.
Et si le pacte andin faisait place au pacte germano-canadien ?
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