
Pas toujours facile, pédaler en cohabitation
Sur le REV Saint-Denis, on dénombre environ 490 000 passages cyclistes à la hauteur de la rue Rachel.
Une file d'attente s'est créée sur la piste cyclable de la rue Berri au coin du boulevard De Maisonneuve.
Tronçon du REV Saint-Denis à la hauteur de la rue des Carrières
Les pistes cyclables montréalaises débordent de plus en plus d'usagers. Et plus elles se remplissent, plus les frictions augmentent.
Sur la piste du pont Jacques‑Cartier, cyclistes, piétons et trottinettes se frôlent souvent de très près. François Démontagne, un cycliste qui effectue le trajet entre Montréal et Longueuil trois à quatre fois par semaine, a été témoin il y a trois semaines d'un énième dépassement dangereux effectué à vélo électrique.
« La présence de vélos électriques est problématique », estime-t-il.
Même son de cloche du côté de Jude Faf‑Larose, une cycliste. Les tensions viennent surtout des manœuvres risquées, remarque-t-elle.
« Il m'arrive souvent d'être confrontée à des dépassements dangereux de cyclistes très rapides ou d'utilisateurs de trottinettes et gyroroues [monocycles électriques], même lorsqu'un autre usager arrive en sens inverse, raconte-t-elle. Un espace censé être sûr se transforme en lieu de tensions. »
« Depuis deux décennies, on constate une augmentation de l'achalandage vélo », observe Jean-François Rheault, PDG de Vélo Québec.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE
Le PDG de Vélo Québec, Jean-François Rheault
La croissance de la pratique va plus rapidement que la croissance du réseau.
Jean-François Rheault, PDG de Vélo Québec
Ce constat résonne particulièrement sur certains axes très fréquentés comme le Réseau express vélo (REV) Saint-Denis, où les pointes estivales dépassent les 10 000 passages par jour.
Sur les pistes cyclables montréalaises, la cohabitation n'implique plus seulement les cyclistes traditionnels. Cette diversité grandissante des usages complexifie la cohabitation. Outre des vélos traditionnels, on retrouve des vélos à assistance électrique, des trottinettes, des gyroroues et des piétons, dont les vitesses et comportements variés compliquent le partage de l'espace. Avec un tel volume d'usagers, les pistes ne sont pas toutes adaptées aux dépassements.
« C'est vraiment avec des aménagements de qualité qu'on sera en mesure de bien traiter la cohabitation », croit le PDG de Vélo Québec. Il évoque l'exemple des arrêts d'autobus modernes qui ont des zones clairement aménagées pour faciliter les traversées piétonnes.
C'est aussi ce que constate le cycliste utilitaire Anh Khoi Do. Selon lui, la cohabitation se passe généralement bien, si bien qu'il remarque une diminution des incivilités des automobilistes. « Le vrai problème, c'est les piétons qui marchent sur la piste cyclable du REV des rues Saint‑Denis et Saint‑Antoine comme s'il s'agissait d'un prolongement du trottoir, estime-t-il. Ces piétons irrespectueux ignorent que beaucoup de cyclistes utilitaires cherchent également à améliorer le potentiel piétonnier de Montréal. »
Sommet de fréquentation
Selon les données compilées par Eco-Compteur, la fréquentation atteint des sommets intéressants sur les pistes cyclables montréalaises.
Pour les mois de juin et juillet, on a dénombré 4 986 165 passages de tous types sur l'ensemble du réseau de Montréal, soit environ 168 000 passages de plus que cette même période en 2024.
Sur le REV Saint-Denis, on dénombre environ 495 000 passages cyclistes à la hauteur de la rue des Carrières et 490 000 à la hauteur de la rue Rachel. Des augmentations respectives d'environ 8 % et 21 % par rapport à l'an dernier.
« Il faut continuer de développer les réseaux, indique Jean-François Rheault. Il y a des choses qui avancent, mais c'est sûr que ça pourrait aller plus vite. »
Cette hausse de fréquentation s'explique par plusieurs facteurs, indique-t-il. Un réseau plus sécuritaire grâce aux aménagements du REV, l'attrait du vélo comme mode de transport rapide et économique, mais aussi la grève de la STM, qui a forcé de nombreux usagers à opter pour un nouveau mode de transport.
La sécurité à vélo, un sport d'équipe
La Ville de Montréal affirme que la sécurité des usagers vulnérables, en particulier les piétons et les cyclistes, est au cœur de ses priorités. Le plan d'action Vision Zéro vise un bilan de zéro décès et blessé grave sur le réseau d'ici 2040, un objectif appuyé par les projets de réaménagement.
« Lorsque la Ville entreprend le réaménagement d'une rue, elle le fait désormais en ayant comme objectif que tous les usagers puissent se partager l'espace en toute sécurité », indique par courriel Hugo Bourgoin, relationniste aux affaires publiques de la Ville.
L'aménagement du REV sur la rue Saint‑Denis a notamment permis de sécuriser des points noirs, comme le viaduc des Carrières, autrefois redouté des cyclistes.
De son côté, le SPVM rappelle que les comportements à risque existent sur toutes les voies, qu'il s'agisse de routes, de trottoirs ou de pistes cyclables. « Le non-respect des priorités ou des espaces réservés à chaque type d'usager peut compromettre la sécurité de l'ensemble des personnes circulant sur le réseau routier », signale le corps policier.
Pour Vélo Québec, améliorer cette cohabitation passera aussi par un changement de culture. « Il faut vraiment s'améliorer sur le respect de la priorité piétonne. C'est ce qui va donner plus de confort aux piétons », estime Jean‑François Rheault.
Avec un achalandage en hausse, chaque coup de pédale exige plus de vigilance. Cyclistes, piétons, automobilistes et autorités devront avancer dans la même direction afin de cohabiter de manière sûre.
« Quand les gens choisissent le vélo, c'est bon pour leur santé, c'est bon pour l'environnement, c'est bon pour la ville et c'est aussi bon pour les automobilistes. Plus il y a de gens qui se déplacent à vélo, moins il y a de gens qui se déplacent en voiture », résume Jean‑François Rheault.
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