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« Il pèse 50 kg mais il a la grinta d'une personne de 100 kg  » : Valentin Paret-Peintre, le poids plume qui a dompté le mont Ventoux

« Il pèse 50 kg mais il a la grinta d'une personne de 100 kg » : Valentin Paret-Peintre, le poids plume qui a dompté le mont Ventoux

L'Équipe22-07-2025
Valentin Paret-Peintre, l'un des coureurs les plus minces du peloton (1,78 m ; 50 kg), est un hargneux, dur au mal, qui s'est construit dans une famille où le vélo occupe une place essentielle.
Il suffit de plisser un peu les yeux pour apercevoir au loin, tout là-bas là-bas, la rue des Amoureux. Le héros du Ventoux s'appelle Valentin car il aurait dû naître le 14 février et que ses parents habitaient dans cette rue au nom prédestiné. « Mais il est né avec un mois d'avance, ce qui explique peut-être un peu son gabarit. C'était un tout petit bout de chou et il l'est resté », raconte Olivier Paret-Peintre, son père, président du VCA depuis 2020 après avoir été une petite main indispensable du club les vingt années précédentes.
Depuis le Ventoux, la vue se dégage donc sur le numéro 16, son deuxième étage et ce balcon beige vieillissant. Quelques mètres plus loin, s'avancent le numéro 14 et ses six marches qui mènent en contrebas au local du Vélo Club d'Annemasse. Deux endroits qui ont façonné la vie de Valentin Paret-Peintre.
Le Haut-Savoyard (24 ans) a grandi dans une famille où le vélo était un prolongement des jambes. « C'était le dernier, il a un grand frère (Aurélien, 29 ans), une grande soeur (Maéva, 26 ans), et il fallait se faire sa place, c'est comme ça qu'il a forgé son caractère. Maéva se faisait respecter par son grand frère Aurélien car elle était très forte physiquement sur le vélo, Valentin s'est démarqué en étant le gentil, le joyeux, quelqu'un qui aimait faire le clown. Mais qui avait son tempérament quand il le fallait. »
« C'est quelqu'un qui sait ce qu'il veut, qui ne lâche rien, il sait de quoi il est capable. Il a toujours été comme ça »
Maéva Paret-Peintre, sa soeur
« L'influence de mon père, mon frère et ma soeur est pour beaucoup dans le fait que je fasse aussi du vélo, confiait Valentin il y a deux ans. Faire du vélo, en famille ou tout seul, c'était se balader dans la vallée Verte, se perdre dans les montagnes, c'était le bonheur. Quand on monte un col, le temps passe plus vite à admirer le paysage, on regarde moins le compteur, on se perd dans nos pensées... » Les siennes ont dû être bousculées par mille choses, mardi, de Bédouin jusqu'au sommet du Ventoux. « C'est quelqu'un qui sait ce qu'il veut, qui ne lâche rien, il sait de quoi il est capable. Il a toujours été comme ça. Il sait toujours se relever », constate sa soeur, qui était allée voir ses deux frères sur les pentes du Mont-Dore dans le Puy-de-Dôme.
Valentin, comme Aurélien, qui avait les larmes aux yeux en rejoignant le car de Decathlon-AG2R La Mondiale, et comme Maéva, est un dur au mal. Tombé lors de Tirreno-Adriatico en mars, il s'était fracturé le coccyx mais avait seulement mis pied à terre à la fin du mois au Tour de Catalogne. Il avait enchaîné quatre semaines sans faire de vélo, à se morfondre. Dans un car qui faisait la route entre la Côte de Domancy et Sallanches, mi-avril, lors de la journée de présentation des Championnats du monde organisés en Haute-Savoie en 2027, « VPP » glissait, le regard un peu dans le vide : « Quatre semaines sans faire de vélo, c'est long. J'ai l'impression d'être inutile, d'attendre. Voir tout le monde sur un vélo dans Domancy et moi à côté, ça me fout le cafard. J'ai besoin de beaucoup courir pour bien marcher. »
Il était encore dans la déception de manquer le Giro, son objectif de la saison. « Je l'avais accompagné passer sa radio. Quand on est ressortis, c'était un sacré coup de massue. Un mois, c'était long, il a fallu le raisonner, le canaliser un peu. Il a fait beaucoup de marche et finalement il est arrivé à prendre son mal en patience. Valentin, c'est un hargneux », certifie Céline, sa maman. Un caractère déjà marqué à 5 ans, quand il s'était pris un poteau plein fer sur une voie verte en Maurienne et qu'il avait rejoint son père à la voiture sur le vélo, le visage en sang, parce qu'il voulait finir la balade. Pareil à 7 ans, lorsqu'il était tombé sur l'une de ses premières courses et qu'il avait quand même voulu finir le parcours, « alors qu'il était le plus petit, le plus jeune, avec déjà des jambes comme des allumettes », selon son père.
« Il a quand même un avantage, il peut manger ce qu'il veut, il fera toujours 50 kg »
Bastien Tronchon (Decathlon-AG2R), qui a été son colocataire en Savoie
Sa blessure cet hiver a bouleversé les plans et il a finalement fait le Dauphiné et le Tour de France au côté de Remco Evenepoel. Le Belge et le Français s'entendent bien, et Evenepoel avait même demandé cet hiver à ses dirigeants pourquoi le nouveau venu ne faisait pas le Tour alors qu'il avait été recruté dans ce sens. « J'ai entendu beaucoup de personnes en début de saison me dire qu'il était trop léger, que ce n'était pas un bon recrutement, que ceci, que cela, mais c'est un talent exceptionnel. Il pèse 50 kg mais il a la grinta d'une personne de 100 kg. C'est vraiment un loup géant », sourit Jürgen Foré, patron de l'équipe Soudal-Quick Step, à l'origine de la venue du Haut-Savoyard issu de la filière AG2R. 50 kg qui ont dompté le Ventoux et qui sont aussi un fil conducteur de sa carrière.
Comment Paret-Peintre a signé son chef d'oeuvre
« C'est un mec "light", pour lui le plus dur c'est le plat, se marre Bastien Tronchon (Decathlon AG2R La Mondiale), qui a été son colocataire en Savoie et habite toujours à trois kilomètres de chez lui à La Motte-Servolex. C'est un super mec, il ne pète pas plus haut que son cul. Il adore être sur un vélo. Et il a quand même un avantage, il peut manger ce qu'il veut, il fera toujours 50 kg. Il a des qualités en montagne innées. »
Le poids n'est pas une obsession chez lui, et c'est même tout l'inverse. « J'ai de la chance car je ne grossis pas. Pendant ma coupure après la Vuelta jusqu'à la reprise de l'entraînement en novembre, j'ai mal mangé et j'ai bu de l'alcool mais je n'ai pris qu'un seul kilo, en sachant que j'allais fondre après quinze heures de vélo, racontait-il dans un remarquable entretien au Dauphiné Libéré fin décembre. Je le dois à ma génétique. J'ai toujours été maigre. J'ai essayé de prendre du poids mais ça n'a pas marché. Mon corps ne veut pas. C'est une chance car le poids reste, pour certains coureurs, une grosse charge mentale. Pendant un stage, certains me disent qu'ils doivent perdre du poids pendant que je vais mettre du Nutella sur ma tartine au petit déjeuner. Ils se disent : "Mais qu'est-ce qu'il fait lui ?" Mon défi, à chaque repas, est donc de me forcer à manger au-delà de ma faim. » Mardi, l'appétit de celui qui admirait Richard Virenque, désormais avant-dernier Français vainqueur au Ventoux sur le Tour de France en 2002, était immense.
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