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« Rien de cassé » pour Guillaume Boivin, victime d'une chute
« Rien de cassé » pour Guillaume Boivin, victime d'une chute

La Presse

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« Rien de cassé » pour Guillaume Boivin, victime d'une chute

Après avoir soigné un rhume aux antibiotiques, s'être hissé en haut des Pyrénées et du Ventoux, Guillaume Boivin avait le couteau entre les dents pour la 17e étape, mercredi, comme tous les sprinteurs privés d'occasions depuis la première semaine du Tour de France. En plus, son ami Jake Stewart était le finisseur désigné chez Israel-Premier Tech (IPT). Un mois plus tôt, les deux co-chambreurs avaient uni leurs efforts pour remporter la cinquième étape au Critérium du Dauphiné. Quand le Britannique de 25 ans a levé les bras à Mâcon, c'est comme si le Québécois de 36 ans, son poisson-pilote chargé de lui frayer un chemin, en faisait autant. Avec la pluie qui tombait sur Valence mercredi, les IPT de Steve Bauer avaient bien préparé leur affaire, s'alignant à six à l'avant du peloton avec 8 kilomètres à faire. Le tenace Norvégien Jonas Abrahamsen, ultime rescapé d'une échappée à quatre, s'accrochait encore à son coussin d'une douzaine de secondes. Il y avait aussi ces huit ou neuf ronds-points dont il fallait se méfier. Le maillot vert Jonathan Milan restait le favori, mais Stewart était un prétendant légitime. Après avoir vu passer l'Italien devant lui à la sortie du dernier carrefour à 1,5 km, Boivin a repéré son coéquipier qu'il comptait repositionner avant le virage à 600 m. Les deux hommes en bleu et bordeaux ne se sont pas rendus jusque-là. Leur course s'est arrêtée brusquement juste sous la flamme rouge indiquant le début du kilomètre ultime. Un contact entre trois coureurs a provoqué une chute que Stewart et Boivin n'ont pu éviter. Après une culbute du premier à plus de 60 km/h, le second a croisé les doigts avant de tenter de se faufiler sur sa gauche entre la barricade et un cycliste de TotalEnergie. Peine perdue. Plaqué, l'ex-hockeyeur midget AAA a longé les pancartes sur quelques mètres puis a été projeté vers le centre de la route comme une balle de fusil. Par miracle, le champion européen Tim Merlier, l'autre tête d'affiche du sprint, l'a évité de justesse, mais n'a pu disputer la victoire à Milan, qui s'est facilement imposé pour la deuxième fois sur le Tour. Voyez la chute des coureurs d'Israel-Premier Tech Rejoints par leurs coéquipiers, Boivin et Stewart se sont relevés avant de remonter en selle et pédaler doucement jusqu'au fil, franchi quelques minutes plus tard. PHOTO MARCO BERTORELLO, AGENCE FRANCE-PRESSE Jonathan Milan a remporté la 17e étape du Tour de France mercredi. Guillaume Boivin était dans l'autobus quand il a répondu à l'appel une heure après la fin de la course. Bilan de cet accident ? « Ma main est maganée et pas mal ouverte, et le côté gauche de mon abdomen fait quand même mal », a-t-il soufflé, manifestement encore secoué. « J'aurai sûrement besoin de points de suture sur la main, mais je pense qu'il n'y a rien de cassé. » Son souvenir de l'évènement ? « Jake venait juste de me passer. J'ai pris sa roue et je m'apprêtais à le remonter avant le dernier virage pour lancer son sprint. Selon moi, on était bien positionnés, à peu près en 10e roue, mais il y a une chute devant nous et on ne pouvait pas faire grand-chose. » La chaussée mouillée a compliqué la manœuvre qu'il a tentée in extremis. « Quand il pleut comme ça, tu ne peux pas freiner trop sec parce que si tu barres les roues, tu vas tomber. Je me suis dit que ça passerait peut-être à gauche en ralentissant sans appuyer à 100 % sur les freins. Ça n'a pas passé. » PHOTO FOURNIE PAR ISRAEL-PREMIER TECH Jake Stewart (à gauche) et Guillaume Boivin (à droite) s'apprêtent à panser leurs blessures après une chute dans le final de la 17e étape à Valence. Cette occasion ratée est un dur coup pour Israel-Premier Tech, toujours à la recherche d'un résultat significatif avec quatre étapes à faire. La veille, le Canadien Michael Woods avait tenté sa chance dans le mont Ventoux avant de sombrer en surrégime quelques kilomètres plus loin. L'Allemand Pascal Ackerman, l'autre sprinteur de l'effectif israélo-québécois, a fini quatrième à Laval en fin de première semaine. « C'est vraiment frustrant, a admis Boivin. On était dans une très bonne position. Tu te dis parfois que c'est tombé tellement en avant [que ça n'aurait rien changé]. Là, ils étaient quoi, neuf gars pour faire le sprint ? Si tu es 10e ou top 15 avec un kilomètre à faire, d'habitude… Surtout qu'il n'y avait plus d'équipes pour contrôler. On s'était mis dans une bonne position pour essayer de faire un beau sprint avec Jake. C'est dommage parce qu'il n'y a pas eu beaucoup de sprints et là, on n'a pas eu la chance de s'exprimer. » Stewart avait du sang sur les mains, mais il était « correct » selon Boivin, qui sait que « les deux prochaines étapes dans les Alpes ne seront pas le fun ». Dès jeudi, les coureurs devront franchir trois cols hors catégorie avec une arrivée à la Loze, une affaire de 171,5 km avec un dénivelé positif total gargantuesque de 5450 m. L'occasion pour Jonas Vingegaard de faire vaciller le maillot jaune Tadej Pogacar, comme il y était parvenu sur la même montagne en 2023 ? À part le Danois de Visma-Lease a Bike, peu d'observateurs y croient. Trois autres cols sont au menu vendredi, avec une arrivée au sommet à La Plagne, avant une étape de transition samedi. Les Champs-Élysées attendent le peloton dimanche, avec une configuration « olympique » inédite, ponctuée de trois montées de la Butte Montmartre. « Il faudra voir les dommages demain, a conclu Boivin. Avec ce qui est arrivé, on va y aller au jour le jour, essayer de survivre et voir comment on est dimanche. »

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« Rien de cassé » pour Boivin, victime d'une chute

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« Rien de cassé » pour Boivin, victime d'une chute

(Valence) Après avoir soigné un rhume aux antibiotiques, s'être hissé en haut des Pyrénées et du Ventoux, Guillaume Boivin avait le couteau entre les dents pour la 17e étape, mercredi, comme tous les sprinteurs privés d'occasions depuis la première semaine du Tour de France. En plus, son ami Jake Stewart était le finisseur désigné chez Israel-Premier Tech (IPT). Un mois plus tôt, les deux co-chambreurs avaient uni leurs efforts pour remporter la cinquième étape au Critérium du Dauphiné. Quand le Britannique de 25 ans a levé les bras à Mâcon, c'est comme si le Québécois de 36 ans, son poisson-pilote chargé de lui frayer un chemin, en faisait autant. Avec la pluie qui tombait sur Valence mercredi, les IPT de Steve Bauer avaient bien préparé leur affaire, s'alignant à six à l'avant du peloton avec 8 kilomètres à faire. Le tenace Norvégien Jonas Abrahamsen, ultime rescapé d'une échappée à quatre, s'accrochait encore à son coussin d'une douzaine de secondes. Il y avait aussi ces huit ou neuf ronds-points dont il fallait se méfier. Le maillot vert Jonathan Milan restait le favori, mais Stewart était un prétendant légitime. Après avoir vu passer l'Italien devant lui à la sortie du dernier carrefour à 1,5 km, Boivin a repéré son coéquipier qu'il comptait repositionner avant le virage à 600 m. Les deux hommes en bleu et bordeaux ne se sont pas rendus jusque-là. Leur course s'est arrêtée brusquement juste sous la flamme rouge indiquant le début du kilomètre ultime. Un contact entre trois coureurs a provoqué une chute que Stewart et Boivin n'ont pu éviter. Après une culbute du premier à plus de 60 km/h, le second a croisé les doigts avant de tenter de se faufiler sur sa gauche entre la barricade et un cycliste de TotalEnergie. Peine perdue. Plaqué, l'ex-hockeyeur midget AAA a longé les pancartes sur quelques mètres puis a été projeté vers le centre de la route comme une balle de fusil. Par miracle, le champion européen Tim Merlier, l'autre tête d'affiche du sprint, l'a évité de justesse, mais n'a pu disputer la victoire à Milan, qui s'est facilement imposé pour la deuxième fois sur le Tour. PHOTO MARCO BERTORELLO, AGENCE FRANCE-PRESSE Jonathan Milan a remporté la 17e étape du Tour de France mercredi. Voyez la chute des coureurs d'Israel-Premier Tech Rejoints par leurs coéquipiers, Boivin et Stewart se sont relevés avant de remonter en selle et pédaler doucement jusqu'au fil, franchi quelques minutes plus tard. Guillaume Boivin était dans l'autobus quand il a répondu à l'appel une heure après la fin de la course. Bilan de cet accident ? « Ma main est maganée et pas mal ouverte, et le côté gauche de mon abdomen fait quand même mal », a-t-il soufflé, manifestement encore secoué. « J'aurai sûrement besoin de points de suture sur la main, mais je pense qu'il n'y a rien de cassé. » Son souvenir de l'évènement ? « Jake venait juste de me passer. J'ai pris sa roue et je m'apprêtais à le remonter avant le dernier virage pour lancer son sprint. Selon moi, on était bien positionnés, à peu près en 10e roue, mais il y a une chute devant nous et on ne pouvait pas faire grand-chose. » PHOTO FOURNIE Jake Stewart (à gauche) et Guillaume Boivin (à dr.) s'apprêtent à panser leurs blessures après une chute dans le final de la 17e étape à Valence. La chaussée mouillée a compliqué la manœuvre qu'il a tentée in extremis. « Quand il pleut comme ça, tu ne peux pas freiner trop sec parce que si tu barres les roues, tu vas tomber. Je me suis dit que ça passerait peut-être à gauche en ralentissant sans appuyer à 100 % sur les freins. Ça n'a pas passé. » Cette occasion ratée est un dur coup pour Israel-Premier Tech, toujours à la recherche d'un résultat significatif avec quatre étapes à faire. La veille, le Canadien Michael Woods avait tenté sa chance dans le mont Ventoux avant de sombrer en surrégime quelques kilomètres plus loin. L'Allemand Pascal Ackerman, l'autre sprinteur de l'effectif israélo-québécois, a fini quatrième à Laval en fin de première semaine. « C'est vraiment frustrant, a admis Boivin. On était dans une très bonne position. Tu te dis parfois que c'est tombé tellement en avant [que ça n'aurait rien changé]. Là, ils étaient quoi, neuf gars pour faire le sprint ? Si tu es 10e ou top 15 avec un kilomètre à faire, d'habitude… Surtout qu'il n'y avait plus d'équipes pour contrôler. On s'était mis dans une bonne position pour essayer de faire un beau sprint avec Jake. C'est dommage parce qu'il n'y a pas eu beaucoup de sprints et là, on n'a pas eu la chance de s'exprimer. » Stewart avait du sang sur les mains, mais il était « correct » selon Boivin, qui sait que « les deux prochaines étapes dans les Alpes ne seront pas le fun ». Dès jeudi, les coureurs devront franchir trois cols hors catégorie avec une arrivée à la Loze, une affaire de 171,5 km avec un dénivelé positif total gargantuesque de 5450 m. L'occasion pour Jonas Vingegaard de faire vaciller le maillot jaune Tadej Pogacar, comme il y était parvenu sur la même montagne en 2023 ? À part le Danois de Visma-Lease a Bike, peu d'observateurs y croient. Trois autres cols sont au menu vendredi, avec une arrivée au sommet à La Plagne, avant une étape de transition samedi. Les Champs-Élysées attendent le peloton dimanche, avec une configuration « olympique » inédite, ponctuée de trois montées de la Butte Montmartre. « Il faudra voir les dommages demain, a conclu Boivin. Avec ce qui est arrivé, on va y aller au jour le jour, essayer de survivre et voir comment on est dimanche. »

Agressive puis en retrait, l'étrange stratégie d'UAE sur la 16e étape du Tour de France
Agressive puis en retrait, l'étrange stratégie d'UAE sur la 16e étape du Tour de France

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Agressive puis en retrait, l'étrange stratégie d'UAE sur la 16e étape du Tour de France

La formation de Tadej Pogacar, très présente au début de la journée mardi pour aller gagner l'étape, a finalement levé le pied pour préserver ses troupes en vue des étapes alpestres. Le nom de son patron, Matar Suhail al-Yabhouni al-Dhaheri, s'est affiché sur son téléphone, à peine dix minutes après l'arrivée au Ventoux mais si Mauro Gianetti, manager d'UAE Emirates-XRG, a décroché rapidement, c'était moins pour refaire l'étape que pour recevoir les félicitations du dirigeant après la troisième place de Tadej Pogacar. Pourtant, il y aurait eu à redire sur la tactique de l'équipe émirienne qui a roulé en début de journée sur, au hasard, un Visma-Lease a bike (Wout Van Aert) puis sur tout ce qui sortait avec Nils Politt, l'aboyeur en chef, avant de voir une échappée se dessiner, de travailler derrière pour finalement la laisser prendre le large, avec jusqu'à sept minutes d'avance. À quoi a joué l'équipe du Maillot Jaune ? Sûrement que le glouton slovène voulait s'imposer au Ventoux mais face à la tournure des événements, le staff a changé son fusil d'épaule et préservé des forces qui commencent à tirer la langue, à l'image de Tim Wellens, de Pavel Sivakov et de Jhonatan Narvaez, qui ont tous sauté très rapidement dans le Ventoux. Le Français, dans l'échappée, confirme à demi-mot qu'ils voulaient « contrôler l'échappée au tout début. Mais les Jayco ont relancé la course, cela a roulé à bloc et cela a cassé. Avec Marc (Soler), on s'est retrouvés devant. L'équipe a alors fait le tempo derrière. » Adam Yates a assuré de son côté que « tout était sous contrôle » mais « Pogi » s'est retrouvé assez rapidement isolé dans l'ascension face aux attaques de Vingegaard. « Tadej a quatre minutes d'avance, ce n'était pas à nous d'attaquer » Mauro Gianetti, manager des UAE Le scénario n'a pas inquiété Gianetti, qui a assuré que sa formation « ne voulait pas l'étape à tout prix. Si Vingegaard avait roulé assez fort (et repris Valentin Paret-Peintre et Ben Healy), oui. Mais Tadej a quatre minutes d'avance, ce n'était pas à nous d'attaquer. » « On avait deux options au départ, analyse Sivakov, en difficulté et probablement encore impacté par ses soucis de santé (un gros rhume en début de semaine dernière). Si la course devenait folle, on n'allait pas tuer l'équipe juste pour jouer l'étape. S'il y avait une échappée de trois-quatre coureurs, on contrôlait et on jouait la gagne. Au final, c'était un peu fou et on a pris la bonne décision car il reste deux très grosses journées de montagne. »

« Il pèse 50 kg mais il a la grinta d'une personne de 100 kg  » : Valentin Paret-Peintre, le poids plume qui a dompté le mont Ventoux
« Il pèse 50 kg mais il a la grinta d'une personne de 100 kg  » : Valentin Paret-Peintre, le poids plume qui a dompté le mont Ventoux

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« Il pèse 50 kg mais il a la grinta d'une personne de 100 kg » : Valentin Paret-Peintre, le poids plume qui a dompté le mont Ventoux

Valentin Paret-Peintre, l'un des coureurs les plus minces du peloton (1,78 m ; 50 kg), est un hargneux, dur au mal, qui s'est construit dans une famille où le vélo occupe une place essentielle. Il suffit de plisser un peu les yeux pour apercevoir au loin, tout là-bas là-bas, la rue des Amoureux. Le héros du Ventoux s'appelle Valentin car il aurait dû naître le 14 février et que ses parents habitaient dans cette rue au nom prédestiné. « Mais il est né avec un mois d'avance, ce qui explique peut-être un peu son gabarit. C'était un tout petit bout de chou et il l'est resté », raconte Olivier Paret-Peintre, son père, président du VCA depuis 2020 après avoir été une petite main indispensable du club les vingt années précédentes. Depuis le Ventoux, la vue se dégage donc sur le numéro 16, son deuxième étage et ce balcon beige vieillissant. Quelques mètres plus loin, s'avancent le numéro 14 et ses six marches qui mènent en contrebas au local du Vélo Club d'Annemasse. Deux endroits qui ont façonné la vie de Valentin Paret-Peintre. Le Haut-Savoyard (24 ans) a grandi dans une famille où le vélo était un prolongement des jambes. « C'était le dernier, il a un grand frère (Aurélien, 29 ans), une grande soeur (Maéva, 26 ans), et il fallait se faire sa place, c'est comme ça qu'il a forgé son caractère. Maéva se faisait respecter par son grand frère Aurélien car elle était très forte physiquement sur le vélo, Valentin s'est démarqué en étant le gentil, le joyeux, quelqu'un qui aimait faire le clown. Mais qui avait son tempérament quand il le fallait. » « C'est quelqu'un qui sait ce qu'il veut, qui ne lâche rien, il sait de quoi il est capable. Il a toujours été comme ça » Maéva Paret-Peintre, sa soeur « L'influence de mon père, mon frère et ma soeur est pour beaucoup dans le fait que je fasse aussi du vélo, confiait Valentin il y a deux ans. Faire du vélo, en famille ou tout seul, c'était se balader dans la vallée Verte, se perdre dans les montagnes, c'était le bonheur. Quand on monte un col, le temps passe plus vite à admirer le paysage, on regarde moins le compteur, on se perd dans nos pensées... » Les siennes ont dû être bousculées par mille choses, mardi, de Bédouin jusqu'au sommet du Ventoux. « C'est quelqu'un qui sait ce qu'il veut, qui ne lâche rien, il sait de quoi il est capable. Il a toujours été comme ça. Il sait toujours se relever », constate sa soeur, qui était allée voir ses deux frères sur les pentes du Mont-Dore dans le Puy-de-Dôme. Valentin, comme Aurélien, qui avait les larmes aux yeux en rejoignant le car de Decathlon-AG2R La Mondiale, et comme Maéva, est un dur au mal. Tombé lors de Tirreno-Adriatico en mars, il s'était fracturé le coccyx mais avait seulement mis pied à terre à la fin du mois au Tour de Catalogne. Il avait enchaîné quatre semaines sans faire de vélo, à se morfondre. Dans un car qui faisait la route entre la Côte de Domancy et Sallanches, mi-avril, lors de la journée de présentation des Championnats du monde organisés en Haute-Savoie en 2027, « VPP » glissait, le regard un peu dans le vide : « Quatre semaines sans faire de vélo, c'est long. J'ai l'impression d'être inutile, d'attendre. Voir tout le monde sur un vélo dans Domancy et moi à côté, ça me fout le cafard. J'ai besoin de beaucoup courir pour bien marcher. » Il était encore dans la déception de manquer le Giro, son objectif de la saison. « Je l'avais accompagné passer sa radio. Quand on est ressortis, c'était un sacré coup de massue. Un mois, c'était long, il a fallu le raisonner, le canaliser un peu. Il a fait beaucoup de marche et finalement il est arrivé à prendre son mal en patience. Valentin, c'est un hargneux », certifie Céline, sa maman. Un caractère déjà marqué à 5 ans, quand il s'était pris un poteau plein fer sur une voie verte en Maurienne et qu'il avait rejoint son père à la voiture sur le vélo, le visage en sang, parce qu'il voulait finir la balade. Pareil à 7 ans, lorsqu'il était tombé sur l'une de ses premières courses et qu'il avait quand même voulu finir le parcours, « alors qu'il était le plus petit, le plus jeune, avec déjà des jambes comme des allumettes », selon son père. « Il a quand même un avantage, il peut manger ce qu'il veut, il fera toujours 50 kg » Bastien Tronchon (Decathlon-AG2R), qui a été son colocataire en Savoie Sa blessure cet hiver a bouleversé les plans et il a finalement fait le Dauphiné et le Tour de France au côté de Remco Evenepoel. Le Belge et le Français s'entendent bien, et Evenepoel avait même demandé cet hiver à ses dirigeants pourquoi le nouveau venu ne faisait pas le Tour alors qu'il avait été recruté dans ce sens. « J'ai entendu beaucoup de personnes en début de saison me dire qu'il était trop léger, que ce n'était pas un bon recrutement, que ceci, que cela, mais c'est un talent exceptionnel. Il pèse 50 kg mais il a la grinta d'une personne de 100 kg. C'est vraiment un loup géant », sourit Jürgen Foré, patron de l'équipe Soudal-Quick Step, à l'origine de la venue du Haut-Savoyard issu de la filière AG2R. 50 kg qui ont dompté le Ventoux et qui sont aussi un fil conducteur de sa carrière. Comment Paret-Peintre a signé son chef d'oeuvre « C'est un mec "light", pour lui le plus dur c'est le plat, se marre Bastien Tronchon (Decathlon AG2R La Mondiale), qui a été son colocataire en Savoie et habite toujours à trois kilomètres de chez lui à La Motte-Servolex. C'est un super mec, il ne pète pas plus haut que son cul. Il adore être sur un vélo. Et il a quand même un avantage, il peut manger ce qu'il veut, il fera toujours 50 kg. Il a des qualités en montagne innées. » Le poids n'est pas une obsession chez lui, et c'est même tout l'inverse. « J'ai de la chance car je ne grossis pas. Pendant ma coupure après la Vuelta jusqu'à la reprise de l'entraînement en novembre, j'ai mal mangé et j'ai bu de l'alcool mais je n'ai pris qu'un seul kilo, en sachant que j'allais fondre après quinze heures de vélo, racontait-il dans un remarquable entretien au Dauphiné Libéré fin décembre. Je le dois à ma génétique. J'ai toujours été maigre. J'ai essayé de prendre du poids mais ça n'a pas marché. Mon corps ne veut pas. C'est une chance car le poids reste, pour certains coureurs, une grosse charge mentale. Pendant un stage, certains me disent qu'ils doivent perdre du poids pendant que je vais mettre du Nutella sur ma tartine au petit déjeuner. Ils se disent : "Mais qu'est-ce qu'il fait lui ?" Mon défi, à chaque repas, est donc de me forcer à manger au-delà de ma faim. » Mardi, l'appétit de celui qui admirait Richard Virenque, désormais avant-dernier Français vainqueur au Ventoux sur le Tour de France en 2002, était immense.

Le libérateur Valentin Paret-Peintre, premier Français vainqueur sur le Tour de France 2025 après son triomphe sur le mont Ventoux
Le libérateur Valentin Paret-Peintre, premier Français vainqueur sur le Tour de France 2025 après son triomphe sur le mont Ventoux

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Le libérateur Valentin Paret-Peintre, premier Français vainqueur sur le Tour de France 2025 après son triomphe sur le mont Ventoux

Au terme d'un incroyable suspense, Valentin Paret-Peintre a remporté l'étape mythique du Ventoux et débloqué le compteur français dans ce Tour de France, alors que Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard se sont neutralisés. Cela valait le coup d'attendre un peu, non ? On avait bien senti que ça commençait à ronchonner au comptoir des cafés le matin, dans les campings remplis de juillettistes, sur les bords de route de la course. Et alors, les Français, ils sont où ? Il y avait la belle aventure de Kévin Vauquelin dans la lutte pour le classement général, mais pour les victoires d'étape, on se demandait d'où pourrait bien venir la lumière en ce début de troisième semaine, par qui, comment, tant ce Tour de France navigue depuis le départ de Lille entre deux scénarios extrêmes, les journées cadenassées par un seul homme, Tadej Pogacar, et celles ouvertes aux quatre vents, à tous, mais quand même d'abord à des méchants coureurs. On voyait mal comment les Bleus pouvaient se rapprocher d'un succès et lors de la journée de repos à Montpellier, les scénarios les plus funestes furent évoqués, les archives les plus déprimantes déterrées, celles des éditions à zéro succès, comme s'il fallait devancer l'appel. Il faut toujours se méfier des bilans trop hâtifs, car mardi, au sommet du mont Ventoux, le cyclisme français est passé du bord du précipice, de la crainte du néant, à une forme d'absolu. Valentin Paret-Peintre n'a pas seulement remporté sa première étape dans le Tour de France, il n'a pas seulement sauvé la « patrie », il a planté le drapeau au sommet d'un mythe et il est difficile de faire mieux pour un grimpeur, qui plus est français. Mais au-delà de la nationalité du vainqueur du jour et de l'esprit cocardier dans lequel le Tour infuse, cette étape du Ventoux a été une forme de quintessence de ce que peut être la puissance et la beauté de cette course, capable de nous harponner émotionnellement, de nous attraper dans sa toile d'araignée, de nous maintenir sur un fil de la sorte. Qui ne s'est pas levé de son siège, qui n'a pas agrippé le bras de son voisin quand Paret-Peintre et Ben Healy se sont retrouvés au coude-à-coude dans le dernier coup de cul avant l'arrivée ? Une victoire synonyme de changement de dimension. Le suspense s'est joué à plusieurs étages. Entre les deux dans les derniers mètres, dans un sprint punchy, alors que le Ventoux nous avait plutôt habitués à sacrer des héros solitaires. Dans le groupe juste avant, où l'on vit Enric Mas et Santiago Buitrago revenir à moins de deux kilomètres du sommet. Healy et Paret-Peintre s'étaient montrés les plus costauds à l'avant, ils avaient avalé Mas à 4 km du but alors que l'Espagnol ouvrait la route depuis 10 bornes, mais les deux s'étaient ensuite attaqués, puis observés, et cela avait rendu l'issue indécise. D'autant plus qu'à l'échelon des favoris, Pogacar et Jonas Vingegaard s'agitaient et que l'avance des échappés était de plus en plus précaire, de 6'30'' au pied du Ventoux à moins d'une minute à la flamme rouge. Agacé de tracter le Maillot Jaune avec pour seul horizon qu'il le flingue là-haut, le Danois a temporisé un moment et cela a sans doute aidé les fuyards à aller au bout. Rien n'était joué, à tous les niveaux, mais il faut croire que dans le Tour de France, tout se renverse. Paret-Peintre n'était ainsi pas dans le meilleur wagon au pied du Ventoux, dans le groupe de contre de l'échappée d'une trentaine de coureurs qui s'était scindée avant le sprint intermédiaire. Mais la plume de Soudal Quick-Step accéléra rapidement de son pédalage désarticulé, avec son allure anachronique de forçat de la route, un cycliste dégingandé sorti des Triplettes de Belleville, pour boucher la minute trente sur le quatuor de tête - Mas, Alaphilippe, Velasco, Abrahamsen - et forcer son destin. Il faut croire que le Haut-Savoyard aime bien bousculer les plans trop bien tracés et sa saison en est l'illustration, lui qui avait le Giro à son programme mais pas le Tour. Sa blessure au coccyx dans Tirreno-Adriatico, en mars, l'a fait dévier vers la Grande Boucle, où il devait camper un lieutenant de Remco Evenepoel, mais l'abandon du Belge dans le Tourmalet a encore modifié ses perspectives. Pour aboutir à ce triomphe du Ventoux, à seulement 24 ans, ce qui est une belle promesse pour la suite car le mont Chauve n'a pas pour habitude de sacrer le premier venu, d'être une conquête sans lendemain. Il est plutôt un point de passage pour les très grands, un brevet à décrocher, et c'était d'ailleurs le rendez-vous de Pogacar. Le mauvais visage d'UAE, la renaissance de Visma. On avait annoncé un mariage certain entre le champion du monde et le Géant de Provence, on pensait que les UAE avaient cerclé de rouge cette journée, que leur leader avait une occasion rare de gagner en jaune là-haut, de superposer sa légende à celle du Tour de France, mais le coup est passé. La stratégie de la formation émirienne a d'ailleurs manqué de clarté, en contrôle au début de l'étape, en surcontrôle même quand on a vu Nils Politt sermonner et intimider ceux qui tentaient de se faire la malle, une attitude arrogante totalement dispensable, puis elle a donné beaucoup de lest à l'échappée, trop si la victoire était dans leur tête. Pogacar a ensuite manqué de main-d'oeuvre, on a à peine vu Tim Wellens, Jhonatan Narvaez a très vite disparu, Adam Yates n'a servi à rien et Pavel Sivakov ainsi que Marc Soler, envoyés dans l'échappée, pas beaucoup plus. Une performance collective en-deçà qui a poussé le Maillot Jaune à jouer sur la défensive, à neutraliser avant tout son rival, même s'il l'a attaqué à 1,5 km du sommet et encore dans le sprint, où il lui a pris deux secondes. Etait-il dans un jour moyen ? Peut-être, mais il a tout de même explosé le record de la montée. Ce qui est certain, en revanche, c'est que Vingegaard revient à un très, très haut niveau en cette fin de Tour. Le Danois s'est montré offensif loin de la ligne, à plus de 9 km, il a attaqué à maintes reprises, son équipe a été soudée autour de lui, assurant le tempo au pied de l'ascension finale, et les satellites envoyés à l'avant, Tiesj Benoot et Victor Campenaerts, ont cette fois servi, surtout que les deux rivaux étaient isolés, avec le reste des prétendants derrière. Florian Lipowitz reste le 3e homme au général, mais Primoz Roglic a délogé du top 5 Vauquelin, qui va poursuivre sa résistance dans les Alpes à partir de jeudi.

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