
En Nouvelle-Calédonie, les indépendantistes prêts à torpiller l'accord de Bougival
DÉCRYPTAGE - Les militants pro-Kanaky ne décolèrent pas depuis la signature du traité le 12 juillet entre les délégations loyalistes, indépendantistes et l'État. Un rejet de ce texte plongerait l'archipel dans l'inconnu.
Ils s'étaient pourtant engagés à défendre le texte « en l'état ». L'accord de Bougival n'est signé que depuis deux semaines mais c'est marche arrière toute pour la délégation indépendantiste du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS). À peine avaient-ils posé un pied en Nouvelle-Calédonie que les cinq négociateurs issus du mouvement de libération kanak, dont Emmanuel Tjibaou, fils de Jean-Marie et député, ont été accablés de critiques, d'insultes, voire de menaces, de la part de militants qui leur avaient expressément demandé de rentrer sur l'archipel avec un texte écrit (et non signé) en vue de l'approuver en interne.
Qualifié d'« historique » par l'Élysée, ce document de quatorze pages est un « compromis politique » : il assure aux indépendantistes un État de la Nouvelle-Calédonie (au sein de la République française) et la nationalité calédonienne. Les loyalistes, eux, obtiennent les gages qu'ils attendaient depuis longtemps : plus de référendum…
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11 hours ago
- Le Figaro
Royaume-Uni : Londres annonce avoir placé en détention les premiers migrants sous le coup du traité franco-britannique
Ce nouveau traité vise à dissuader les personnes souhaitant traverser la Manche sur des embarcations précaires et bondées, organisées par des réseaux de passeurs. Le ministère britannique de l'Intérieur a annoncé jeudi 7 août avoir placé en détention les premiers migrants arrivés au Royaume-Uni sur des petits bateaux et ayant vocation à être renvoyés en France dans le cadre du traité franco-britannique entré en vigueur mercredi. «Les personnes arrivées au Royaume-Uni sur un bateau hier midi ont été placées en détention. Elles seront placées dans des centres de rétention administrative en attendant leur expulsion», a indiqué le Home Office dans un communiqué, sans préciser combien de migrants avaient été arrêtés. Des migrants sur la plage de Gravelines, dans le nord de la France, le 29 juillet 2025. SAMEER AL-DOUMY / AFP Publicité Les premières expulsions «dans les prochaines semaines» Ce nouveau traité franco-britannique, annoncé lors de la visite d'État du président français Emmanuel Macron au Royaume-Uni en juillet, vise à dissuader les personnes souhaitant traverser la Manche sur des embarcations précaires et bondées, organisées par des réseaux de passeurs. Selon Londres, les premières expulsions vers la France devraient avoir lieu «dans les prochaines semaines». Le Royaume-Uni va transmettre à la France dans un délai de trois jours les noms des migrants arrêtés qu'elle souhaite expulser, et les autorités françaises auront 14 jours pour répondre, détaille le Home Office. «Quand j'ai promis que je ne reculerai devant rien pour sécuriser nos frontières, j'étais sérieux», s'est félicité sur X le premier ministre Keir Starmer, qui est sous pression pour endiguer ces arrivées de migrants. Un nombre record de plus de 25.400 personnes est entré au Royaume-Uni par ce biais depuis le début de l'année, en hausse de 49% sur un an. Le traité est basé sur un principe d'«un pour un». La France reprendra des migrants arrivés au Royaume-Uni par «small boat» et dont la demande d'asile n'y est pas jugée admissible. Dans l'autre sens, Londres acceptera des personnes se trouvant en France et ayant fait une demande sur une plateforme en ligne, en donnant la priorité à celles ayant des liens avec le Royaume-Uni. Cette plateforme est opérationnelle jeudi sur le site internet du gouvernement britannique.


Le Figaro
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Réservé aux abonnés DÉCRYPTAGE - Washington a signé un accord pour explorer océanique de l'archipel polynésien, riche en métaux stratégiques. Pékin aussi s'intéresse à la zone. La rivalité des deux premières puissances mondiales se joue aussi dans les eaux turquoise du Pacifique Sud. Les États-Unis et les îles Cook ont annoncé mercredi la signature d'un accord. Ce partenariat autorise les Américains à explorer les fonds marins de l'archipel du triangle polynésien en vue d'exploiter des métaux stratégiques qui reposent sur ses fonds océaniques. Les autorités d'Avarua - la capitale de l'État insulaire - ont compris depuis longtemps que la ruée mondiale vers les minerais stratégiques pour les transitions écologiques et numériques pourrait diversifier l'économie locale. Celle-ci est dépendante à plus de 50 % du tourisme. Les plaines abyssales de ses eaux territoriales dissimulent un vrai trésor : l'un des plus importants gisements de nodules polymétalliques au monde. Ces sortes de galets, gros comme le poing de la main, sont chargés de manganèse, de cobalt, de cuivre et de nickel, métaux indispensables à la production des voitures électriques et de l'industrie…


Le Figaro
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«80 ans après Hiroshima, la rhétorique de la menace nucléaire revient en force»
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Mais si cette séquence a induit une menace nucléaire majeure, ce dernier reste à relativiser. Aucune des deux parties ne souhaitait aller au bout de la logique, ni Kennedy, ni Khrouchtchev. Le risque de dérapage était plus lié à un éventuel accident. Le 14 octobre 1962, les États-Unis découvrent la présence d'installations de missiles nucléaires à moyenne portée sur l'île du Cuba. Khrouchtchev a ordonné cela secrètement en réponse à la présence de missiles américains en Turquie et au sud de l'Italie depuis 1959. En outre, le dirigeant soviétique est toujours outré par la tentative d'invasion de Cuba via le débarquement de la baie des Cochons, un an plus tôt. Il souhaite protéger l'île et faire en sorte qu'elle demeure une alliée de l'Union soviétique, alors que la Chine de Mao lui fait concurrence. Il caresse aussi l'idée de négocier Berlin ouest contre Cuba sur tapis vert. 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La chute du mur et la dislocation du bloc soviétique ouvrent un autre âge, caractérisé par une diminution importante des arsenaux de la part des États-Unis et de l'URSS. Les 60 000 têtes nucléaires déployées en 1982 sont tombées à moins de 10 000 actuellement. Les traités de réduction des armes stratégiques, START en 1991 et New START en 2010, ont contribué à cette tendance. À côté des deux puissances que sont la Russie et les États-Unis, les autres restent plutôt stables. La France demeure sur sa stricte suffisance de 300 têtes, le Royaume-Uni et Israël – qui ne la possède pas officiellement - ne bougent pas non plus. Et dans le même temps, chez d'autres États, on observe un début de prolifération : Corée du Nord, Pakistan et Inde dans une moindre mesure. Quand Donald Trump évoque deux sous-marins nucléaires qui sont de toute façon déjà déployés, on est dans la rhétorique la plus pure Jean-Marc Le Page Nous allons peut-être vers une troisième phase, de prolifération verticale. 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