
« Dictateur cool » en guerre contre les gangs : qui est Nayib Bukele, le président salvadorien autorisé à se présenter à vie ?
Nayib Bukele, président du Salvador depuis 2019
, pourrait bien rester longtemps fidèle à sa réputation. Jeudi, le Parlement salvadorien, dominé de façon écrasante par ses partisans, a adopté une réforme constitutionnelle abolissant la limite du nombre de mandats du chef de l'État et l'allongeant, par ailleurs, de cinq à six ans. Le quadragénaire pourra donc se présenter indéfiniment à sa propre succession. Et cette nouvelle loi sera mise à profit dès 2027, année électorale au Salvador.
Nayib Bukele, d'origine palestinienne, est né à San Salvador le 24 juillet 1981. À l'âge de 18 ans, il abandonne ses études de droit et rejoint l'entreprise de son père spécialisée dans le textile, les produits pharmaceutiques et la publicité. Il entre en politique en 2012 sous la bannière du parti de gauche FMLN, d'abord comme maire de Nuevo Cuscatlan, dans la banlieue de San Salvador, puis de la capitale elle-même. Exclu du FMLN en 2017, il crée rapidement son propre parti, Nuevas Ideas (« Idées nouvelles »).
gé aujourd'hui de 44 ans, cet homme aux traits fins et à la barbe soigneusement taillée est élu pour la première fois en 2019, en promettant de lutter contre la corruption et l'impunité sous le slogan : « il y a de l'argent quand personne ne le vole », avant d'être largement reconduit en juin 2024 avec 85 % des voix. Côté vie privée, il est marié à Gabriela Rodriguez, psychologue et danseuse de ballet avec qui il a eu deux filles.
Physiquement, il dénote. Le jean et la casquette à l'envers ont remplacé la chemise et la cravate. Très présent sur les réseaux sociaux, il cumule 7,6 millions d'abonnés sur X.
Chez lui, il y a quelque chose de Donald Trump dans l'attitude. Dans les idéaux aussi. Comme son homologue américain,
le Salvadorien a parié sur les cryptomonnaies
. Au point, même, de faire du Bitcoin la monnaie officielle du pays à côté du dollar, balayant les avertissements du FMI et de la Banque mondiale sur les risques de volatilité.
Surtout, il est un allié de taille dans
la lutte du milliardaire républicain contre l'immigration illégale
. Le Salvadorien a accueilli pendant plusieurs mois dans sa méga prison pour membres des gangs - le Centre de confinement du terrorisme (Cecot) - 252 Vénézuéliens expulsés de façon expéditive par les États-Unis et qui ont ensuite pu retourner dans leur pays.
En mars 2022, Nayib Bukele a mis en place l'État d'urgence (toujours en vigueur aujourd'hui), qui autorise les arrestations sans mandat pour s'attaquer aux maras, les bandes criminelles qui terrorisaient le pays. Il a ainsi fait plonger le taux d'homicides de 106 pour 100 000 habitants en 2015 à 1,9 en 2024, un niveau similaire à celui du Canada.
Plus de 87 000 membres réels ou supposés des gangs ont été mis sous les verrous depuis le début de cette campagne musclée. Selon Human Rights Watch (HRW), au moins 108 000 personnes au total sont actuellement incarcérées au Salvador, soit 1,7 % de la population de ce petit pays de six millions d'habitants. Le gouvernement salvadorien affirme que plus de 8 000 innocents ont été libérés, mais les défenseurs des droits humains soutiennent que des milliers d'autres croupissent encore en prison.
Goûtant peu la critique, il répond directement à ses détracteurs, usant de l'ironie lorsqu'il lui est reproché de bafouer les droits humains dans sa guerre contre les maras, les bandes criminelles qui terrorisaient le pays. Mais il a franchi un cap, en menant une vague de répression contre les défenseurs des droits humains et les détracteurs du pouvoir, qui a contraint des dizaines de journalistes et d'activistes humanitaires à l'exil.
Ce à quoi Nayib Bukele avait répondu en juin : « Je me fiche d'être taxé de dictateur. Je préfère être traité de dictateur que de voir des Salvadoriens se faire tuer dans les rues ».
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