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Grande entrevue avec Isabelle Hudon, PDG de la BDC

Grande entrevue avec Isabelle Hudon, PDG de la BDC

La Presse2 days ago
Si les trois premiers mois de l'année ont été marqués par une forte réduction des activités de financement à la BDC en raison de l'incertitude générée par l'entrée en fonction de Donald Trump et ses menaces tarifaires, la banque des entrepreneurs canadiens a retrouvé son élan en juillet, observe sa PDG, Isabelle Hudon, qui entame cette semaine une cinquième année à la tête de l'institution fédérale.
Entrée en poste en pleine pandémie, en août 2021, Isabelle Hudon relève certaines similitudes entre la période de forte incertitude qu'on a connue à l'époque et celle que les entreprises traversent actuellement.
« La pandémie nous a aidés à mieux traverser la période trouble que l'on connaît aujourd'hui parce qu'on sait qu'il est possible de continuer d'aller de l'avant même si tout est arrêté. Dès le mois de février, j'ai dit à nos employés et à nos clients qu'on devait apprendre à vivre avec l'incertitude parce qu'elle va durer encore 1000 jours », relate la PDG de la Banque de développement du Canada (BDC).
Dès le début du mois de mars, en sachant que la menace tarifaire s'en venait à grands pas, la BDC a mis sur pied le programme Pivoter pour se propulser, doté d'une enveloppe de 500 millions, pour aider les entreprises à développer de nouveaux marchés, de nouveaux produits et de nouveaux secteurs d'activité.
« C'est un programme qui a obtenu beaucoup de succès et ce qui est intéressant, c'est que les PME ont choisi d'utiliser davantage les services conseils que ceux de financement. En période de ralentissement, elles ont préféré réfléchir et développer une stratégie pour assurer leur croissance future », souligne Isabelle Hudon. Par ailleurs, la BDC a mis sur pied un programme spécial pour les PME du secteur de l'acier qui sont touchées par les droits de douane de 50 %.
Depuis 15 ans, la BDC offre des services conseils aux PME qui n'auraient pas eu le réflexe d'aller consulter un grand bureau, alors que la BDC assure elle-même la gestion des opérations tout en faisant appel à des ressources externes.
Sinon, les activités financières de la BDC se résument en plusieurs gros chiffres. L'institution qui génère ses propres revenus réalise pour 9 milliards de financements par endettement par année et pour 600 millions d'investissements en capital de risque.
L'entreprise dispose aujourd'hui d'un portefeuille de 57 milliards, dont 5 milliards en capital de risque. La BDC comptait 65 000 entreprises clientes en 2021, lorsqu'Isabelle Hudon a entrepris son mandat, et en dénombre aujourd'hui 108 000.
« On avait 65 000 clientes, c'était beaucoup, mais j'ai dit à nos équipes qu'on pouvait faire mieux encore. Il y a 1,1 million de PME au Canada et on a un rôle à jouer pour les épauler. C'est sûr qu'on ne peut pas toutes les rejoindre, mais on a identifié notre marché cible à 400 000 entreprises, on rejoint donc aujourd'hui 25 % de notre cible », expose la PDG.
Un profil de risque plus élevé
La BDC ne fait pas concurrence aux institutions financières, mais assume un rôle complémentaire en mettant à la disposition des entreprises du capital de développement. « On joue là où les autres ne jouent pas jusqu'à ce qu'ils nous rejoignent », explique Isabelle Hudon.
C'est pourquoi la BDC a mis sur pied des fonds spécifiques, dont la plateforme Excelles, dotée de 500 millions de capital de risque, qui vient soutenir les femmes entrepreneures, depuis 2023.
« Les femmes entrepreneures ne recueillent que 2 % du capital de risque disponible alors qu'elles représentent de 17 à 19 % des propriétaires d'entreprises. »
La BDC a un profil de risque plus élevé et est là pour soutenir les PME dans les secteurs économiques qui sont stratégiques pour le pays, ce qui est le cas notamment dans le secteur de la sécurité et de la défense, qui a été défini comme étant prioritaire pour le gouvernement canadien.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE
La PDG de la Banque de développement du Canada, Isabelle Hudon
Rien ne nous empêchait d'investir dans des entreprises du secteur de la défense, mais ce n'était pas jugé prioritaire. Là, on doit bâtir des ponts, revoir nos processus à l'interne et rendre disponibles nos services de dette-équité-conseil aux PME de ce secteur.
Isabelle Hudon, PDG de la Banque de développement du Canada
C'est dans cette optique que la PDG de la BDC va participer au prochain salon Defence and Security Equipment International qui se déroulera à Londres, le mois prochain, pour établir un premier lien avec les entreprises du secteur.
Cap sur les transferts d'entreprises
La BDC va par ailleurs s'intéresser davantage au cours des prochaines années au phénomène du transfert de propriété d'entreprises au Canada.
« On va entrer dans ce secteur-là de façon plus organisée. Ce sont 700 000 entreprises qui vont soit changer de mains ou qui vont fermer au cours des cinq prochaines années. On veut être là pour que nos PME poursuivent leur croissance », insiste Isabelle Hudon.
La BDC est souvent la seule institution prêteuse d'une PME, mais l'entreprise fait de plus en plus de financement collaboratif avec des institutions comme Desjardins, la Banque Royale, la TD et certaines coopératives de crédit où elle agit comme soutien en assurant une garantie de prêt.
Dans ces cas-là, on apporte de la nouvelle clientèle à ces institutions prêteuses qui ne l'auraient pas fait sans notre soutien. Ça ouvre des portes aux entreprises.
Isabelle Hudon, PDG de la Banque de développement du Canada
La BDC a été fondée il y a 81 ans et compte aujourd'hui 3000 employés au pays, dont 1200 à son siège social montréalais. L'institution compte une centaine de bureaux partout au Canada, mais c'est au Québec que sa pénétration est la plus importante, suivi des provinces de l'Atlantique, de la Colombie-Britannique, des Prairies et enfin de l'Ontario.
« La présence du siège social à Montréal n'est pas étrangère à notre bonne pénétration du marché québécois. Là, on doit travailler sur l'Ontario, où plusieurs entreprises du secteur de l'automobile ont fait appel à nos services », observe Isabelle Hudon.
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