
En terrasse avec Marie-Philip Poulin
Le ciel est un peu voilé, ce mercredi de juin, à Verdun. La rue Wellington est tranquille, estivale. Les voitures sont interdites, les piétons flânent. Marie-Philip Poulin, la meilleure hockeyeuse au monde, a accepté de nous rencontrer ici, à la terrasse du Verdun Beach. Elle arrive avec quelques minutes de retard, tout juste sortie de chez le coiffeur.
Cheveux blonds coupés aux épaules, jeans pâles, t-shirt relax, lunettes de soleil glissées dans l'encolure. Elle s'assoit avec un large sourire, un peu timide. Celui d'une femme en vacances, loin de la patinoire, loin des projecteurs.
Au sommet de son art
Nous voulions la rencontrer pour parler de sa saison exceptionnelle. Bien avant qu'elle soit nommée joueuse de l'année par la Fédération internationale de hockey, le 18 juin, son nom s'imposait déjà. Meilleure buteuse de la LPHF avec 19 buts, elle a ensuite été doublement récompensée, le 25 juin, recevant le prix Billie Jean King, remis à la joueuse la plus utile, ainsi que celui de l'attaquante de l'année. Elle avait aussi été désignée joueuse la plus utile du Mondial féminin, avec 12 points en 7 matchs. Tout ça à 34 ans, au sommet de son art.
Et pourtant, elle doute encore.
« J'essaie de penser que tout est possible, que je suis là pour une raison. Mais oui, des fois, je doute, dit-elle. Je me pose plusieurs questions. Veut, veut pas, on vieillit. On se demande : est-ce qu'on est encore capable de continuer ? »
PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE
Marie-Philip Poulin
La capitaine du Canada rit souvent, d'un rire franc et communicatif, comme si tout était un peu plus simple que ça en a l'air. L'ambiance est légère. Nous commandons des cafés et une grande bouteille d'eau pétillante.
On la connaît pour ses buts décisifs en finale olympique. Elle est d'ailleurs la seule joueuse à avoir marqué dans quatre finales olympiques, ce qui lui vaut le surnom de « Captain Clutch ». Mais ce n'est pas ce qu'elle met de l'avant. Comment se prépare-t-elle à gérer cette pression ?
« Je crois beaucoup à la préparation. Quand je suis dans un gym ou sur la glace, dans [un entraînement], j'aime rester un peu plus longtemps, faire des répétitions d'extra, juste pour être prête dans les gros moments. Des fois, ça n'arrivera même pas. »
Rêver, jouer, transmettre
Son engagement va au-delà de la glace. Elle parle aussi de ce qui l'anime profondément, de ce qu'elle souhaite léguer.
Quand elle est seule, loin de la patinoire, à quoi rêve-t-elle ?
PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE
Marie-Philip Poulin
À quoi je rêve ? Wow… Je pense que c'est de voir ce qui se passe avec le sport féminin, le hockey féminin en général, que ça continue à grandir pour que ces petites filles là aient le droit de rêver aussi grand que les garçons.
Marie-Philip Poulin
Elle fait une pause.
« Je regardais la finale de la Coupe Stanley… comment c'est grand et gros, comment les gars sont émotionnels quand ils lèvent la coupe. J'aimerais avoir ce feeling-là avec la coupe Walter. »
L'entraînement, lui, ne s'arrête jamais. L'été, elle s'entraîne hors glace cinq ou six fois par semaine. Deux heures par jour, musculation, cardio.
Puis, elle rentre chez elle. Sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, à Sainte-Catherine, où elle vit avec sa femme, Laura Stacey – attaquante de la Victoire de Montréal –, leur chien Arlo et leur VR. Un quotidien bien rempli, qu'elles imaginent déjà partager un jour avec un enfant.
PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE
Marie-Philip Poulin
Une journée parfaite, en dehors du hockey ?
« Me réveiller, m'entraîner, prendre un bon café, un bon déjeuner, profiter de l'après-midi avec des amis, peu importe. Puis un bon souper le soir. »
Elle parle de cuisine (« je fais des ribs ou des crêpes »), de ses balades en nature, de mode (« j'aime la marque Kith »)… et surtout, de celles qui l'ont précédée.
En mars 2023, la Ligue professionnelle de hockey féminin a vu le jour, unifiant les meilleures joueuses d'Amérique du Nord dans une structure unique. Le jour du premier match à Verdun, les « France St-Louis, Caroline Ouellette et Kim St-Pierre » sont montées sur la glace sous les applaudissements.
« De voir leur sourire… c'était wow. C'est pas juste nous : c'est ensemble qu'on a créé ce mouvement-là. »
La force du naturel
Dans cette même volonté de visibilité et de transmission, elle n'hésite plus à parler de sa vie personnelle. Depuis 2023, elle parle ouvertement de son couple avec Laura Stacey, qu'elle a épousée en septembre 2024.
« Ma femme », dit-elle simplement. Ce n'était pas évident.
PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE
Marie-Philip Poulin
Il y a des moments très difficiles où tu essaies de te cacher, où tu ne veux pas que les gens posent des questions. Tu te demandes : est-ce que je vais encore être un modèle si les gens apprennent que j'aime une femme ? Mais aujourd'hui, je réalise que je suis très choyée. Et ça me fait chaud au cœur.
Marie-Philip Poulin
Elle le dit, posément. Comme le reste. Et ce naturel est sa force. Elle n'a rien à prouver, mais continue à tout donner. Et elle veut redonner, aussi.
« Après ma carrière ? Je me vois proche du hockey. J'aimerais être là pour celles qui s'en viennent. »
Et si elle devait se décrire en un mot ? Elle hésite.
« Résiliente. Ou humble. Humble, je pense. »
Questionnaire estival
À quoi ressemble votre été idéal ? Dans la nature avec mon VR. Et mes « dumbbells » pour m'entraîner !
Mer ou lac ? Mer. Quand j'étais jeune, on allait en camping sur le bord de la plage, à Old Orchard. Et on adorait ça.
Un sport que vous aimez… mais dans lequel vous êtes vraiment moins bonne ? Le golf. Je suis capable de frapper la balle, mais elle va à gauche, à droite. Jamais vraiment dans le milieu comme ce que je vois à la télé !
Une personnalité que vous aimeriez rencontrer ? Chantal Petitclerc. Son sourire dégage une force incroyable. Et elle a toujours dominé dans son sport.
Qui est Marie-Philip Poulin ? Née le 28 mars 1991 à Beauceville, au Québec
Capitaine de la Victoire de Montréal (LPHF)
Légende du hockey féminin, célèbre pour ses buts décisifs
Triple championne olympique en 2010, 2014 et 2022
Médaillée d'argent à PyeongChang en 2018
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