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L'Hermitage clôt sa saison avec une exposition consacrée à la Pologne

L'Hermitage clôt sa saison avec une exposition consacrée à la Pologne

24 Heures7 hours ago
Accueil | Culture | Arts & expos |
Pour sa dernière exposition avant dix-neuf mois de travaux, la Fondation voyage sur des terres méconnues de l'art européen. Publié aujourd'hui à 11h14
Julien Falat, «Paysage d'hiver avec rivière et oiseau», 1913, huile sur toile, (106 x 135 cm)
Musée national de Varsovie
En bref:
L'ailleurs… accroché à la Fondation de l'Hermitage n'est pas si lointain, il vient de Pologne. Et pourtant, il marque sa distance dans ses paysages peints concentrés sur eux-mêmes, sans se chercher d'autres horizons. Il dit un tempérament, puissant. Intense. Parfois ténébreux. Il respire aussi avec les gloires, les héros mythologiques ou avec son peuple de travailleurs.
À leur vue, à celle d'une farandole de faunes entraînant une créature ailée, devant une confession avec Jésus dans une cahute de fortune en pleine nature ou face à cette allégorie d'un fier printemps aussi juvénile que sexué, on aurait presque un petit mouvement de recul, interdit. Dérouté. On peut! C'est aussi ça… déconstruire. C'est rompre avec ses repères, avec les canons et autres héritages artistiques venus en ligne directe de Paris. Rome. Ou Florence. Alors on prend son souffle, la démonstration est celle de la force, de la continuité et de l'espoir avec, accrochées à l'Hermitage, sept décennies d'histoire de l'art sur les terres de Pologne.
Jan Matejko, «Portrait d'Helena, fille de l'artiste, avec un épervier», 1882-1883, huile sur panneau de chêne, (115,5 × 72 cm)
Collection particulière en dépôt au Musée national de Varsovie
D'une «Pologne rêvée» en une centaine d'œuvres – la communication insiste sur le mot «chef-d'œuvre», c'est subjectif et pas toujours frappant. Toutes sont sorties des collections du Musée national de Varsovie , le plus important, le plus significatif du pays avec près de 1 million d'objets à son inventaire. Les artistes? Une quarantaine. Ils ont tous fait école dans le sillage des romantiques, des réalistes, des impressionnistes ou des symbolistes mais à leur manière. Souvent plus retenue que démonstrative. Peu discursive, plus poignante comme ce «Jeune Berger» Stanislaw Lentz pourrait tirer les larmes que ce gosse en haillons, seul au monde, n'arrive même plus à laisser couler!
On se laisse aussi surprendre par Jacek Malczewski , en interprétation totalement nébuleuse du genre historique, alors qu'il fixe sur toile un véritable tourbillon de pensées. Et puis… il y a cette âme slave qu'on ne peut s'empêcher de chercher, de traquer. Elle ne se fait pas attendre, apparente dès les premières pièces de l'exposition, dans ses vues altières de Cracovie. Comme dans ses regards fiers, annonçant la couleur du courage. Le refus du compromis.
À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Exposition et art du voyage
En quarante ans d'expositions, la Fondation de l'Hermitage a pris l'habitude de créer la découverte, de s'ouvrir à d'autres références visuelles, de surprendre et de confronter les regards avec ceux du Canada (2020), de la peinture anglaise (2019), de celle des Amériques (2014) ou de l'Espagne (2011). La cause est autre encore avec la Pologne. Avec un art, et des artistes, engagés contre l'oubli d'une histoire sortie des manuels scolaires et pour soutenir, définir et réclamer le retour à l'indépendance nationale.
Marian Wawrzeniecki, «Ondine», 1905, huile sur toile (57 × 47 cm)
Musée national de Varsovie
Omniprésente dans cette centaine de toiles, dans cet «Insurgé», cavalier solitaire au centre d'un paysage décharné, dans cette «Jeune fille» priant peu importe le froid qui la tétanise, dans cette «Heure des esprits» où l'effroi est un signe de vie, l'histoire vient en premier. En leçon. Ou en rappel pour ceux qui connaissent bien les tourments de cette Pologne des XVIII et XIXe siècles qui n'est plus.
Terre disparue de la carte politique, partagée entre la Prusse, la Russie et l'Autriche, qui rêve et bataille pour retrouver sa voix autonome, sa langue, sa culture métissée. Des temps sanglants, fratricides, avec la désolation pour horizon. La déportation. Ou l'émigration. Avec, sur le terrain, et jusqu'à la proclamation de la deuxième République de Pologne en 1918, des insurrections à répétition et dans le secret des ateliers, une résistance culturelle qui n'a cessé de s'organiser et d'y croire. L'art pour arme
Zbigniew Pronaszko «Dans un verger», vers 1909-1910, huile sur toile (120,5 x 132 cm).
Musée national de Varsovie
«L'art a pris le statut d'arme dans le combat pour préserver la langue et la culture du pays, assumant la mission de consolider la «nation» divisée, façonnant la vision d'une histoire millénaire où brillait la solidarité des paysans et des seigneurs», écrit la directrice du Musée national de Varsovie, Agnieszka Lajus.
Alors plus que chacune de ces singularités artistiques, parfois pénétrantes quand elles s'engouffrent dans les mystères de la nature, parfois un peu moins, c'est le collectif qui parle. Qui touche dans sa persévérance. Et dans les salles de la Fondation de l'Hermitage, dans ces portraits brossés par un romantisme mélancolique, dans ce poids de la terre, des traditions, du folklore, de l'histoire de la Pologne filtrée par les mythes, dans ce «Conseil des anciens» de Kazimierz Stabrowksi, composé de corneilles, c'est une conscience nationale qui s'exprime, rêvant ouvertement de reprendre son histoire là où elle s'était arrêtée en 1772.
Lausanne, Fondation de l'Hermitage, jusqu'au 9 nov, du ma au di (10 h-18 h), je (10 h-21 h). fondation-hermitage.ch/
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Accueil | Culture | Festivals | Programmation réussie, public en masse, le rendez-vous estival boucle ce dimanche sa 53e édition sur un succès. Attention: bilan élogieux! Publié aujourd'hui à 16h39 Samedi 5 juillet à 17h, le Festival de la Cité a rendu hommage aux 750 ans de la Cathédrale avec près de deux cents chanteurs, amateurs et professionnels, qui ont entonné 3 hymnes composés par Louise Knobil pour l'occasion. NIKITA THÉVOZ En bref: Les seuls gros nuages qui ont plané sur la 53e édition du Festival de la Cité sont ceux qui assombrissent le ciel pour son dernier jour. Avec un peu d'avance sur le moment où les projecteurs et enceintes s'éteindront ce dimanche peu après minuit, la directrice, Martine Chalverat, a déjà annoncé «une année record» pour la 53e édition du grand rendez-vous culturel gratuit qui sonne le début des grandes vacances. «C'est un soleil caniculaire qui nous a accompagnés. Malgré une chaleur éprouvante, pas loin de 110'000 festivalières et festivaliers ont envahi les rues historiques de Lausanne pour découvrir les 196 rencontres artistiques et festives dévoilées tout au long des six jours.» En 2024 et les années précédentes, l'affluence frisait plutôt les 100'000 personnes, au gré de météos parfois peu clémentes. Les chiffres, c'est une chose. Plus important, l'accueil du public fait au foisonnement de projets qui, pour tous les goûts et dans tous les genres, ont brillé, cette année, par leur pertinence, leur originalité, leur envie de défricher de nouveaux territoires sans pour autant oublier que le Festival de la Cité reste un grand rassemblement populaire. Avec presque 200 projets au programme, impossible de pointer tout ce qui a plu ou, c'est le jeu d'un festival, a déplu. Mais à l'heure du bilan, reste que la cuvée artistique 2025 s'est révélée exceptionnelle dès le premier soir, comme nous l'avons relaté . Une magie qui a perduré tout au long de la semaine. «J'ai senti que quelque chose se passait, cette année, confiait Martine Chalverat à mi-parcours du festival. On ne sait jamais à quoi cela tient. On fait beaucoup de paris avec l'espoir que la rencontre avec le public se réalise; c'est toujours risqué et il faut accepter que chacune et chacun puisse ne pas être réceptif selon le mood du moment. Mais au troisième jour déjà, les retours positifs se sont multipliés pour des propositions parfois originales ou audacieuses.» Pour preuve: durant six jours, tous les rendez-vous ont fait jauge pleine, même dans des lieux décentrés comme à Plateforme 10 où le collectif français Xanadou a ravi les spectateurs avec un road-movie immobile humoristico-philosophique. Ou dans les Vergers de l'Hermitage où «Catch», la création signée par le Lausannois Matthias Urban, a ravi petits et grands jusqu'à son atelier participatif de baffes. Un autre moment fort qui a illuminé le festival? La danse ascétique et minimaliste de l'Iranien Armin Hokmi. Son «Shiraz» – programmé en novembre prochain du côté de Genève au Pavillon ADC – risquait de laisser le public à distance, à quelques mètres de la clameur des premiers bars. Magique, cette douce et lente partition menée par cinq danseurs tout en introspection a enivré l'audience à chacune de ses représentations. Au programme ce dimanche Ce soir dimanche 6 juillet, la météo risque de chambouler quelque peu le programme. Les informations seront données sur le site du festival ou devant les espaces de représentation. Qu'à cela ne tienne, on a pointé dans l'affiche du jour quelques rendez-vous qui devraient permettre d'assouvir encore un peu la curiosité du public. Côté danse, La Perchée annonce «Medieval Crack» (19 h) et «Bless this mess» (22 h). À la place Saint-Maur, il y a du théâtre avec «Ma république et moi» (19 h 45) et du cirque avec «Unplugged» (22 h 15). Pas de concerts annoncés du côté du Grand Canyon mais, à Cathé Nord, le rap d'Adès the Planet s'annonce très mélancolique (20 h 45) et, sur le pont Bessières, la pop de l'espagnole Rebe promet d'être aussi érotique que disruptive. Entre autres. Nos articles sur le Festival de la Cité 2025 Gérald Cordonier est chef de la rubrique Vibrations (Culture & Société) pour les plateformes, journaux et magazines de Tamedia Suisse Romande: «Le Matin Dimanche», «24 heures», «La Tribune de Genève» et «Femina». Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

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Accueil | Culture | Festivals | Hommage à Quincy Jones, rap argentin, reggaeton colombien et saveurs brésiliennes ont coloré la manifestation, avant la venue de Neil Young. Publié aujourd'hui à 16h07 Le «crew» du rappeur argentin Trueno sur la Scène du Lac. THEA MOSER En bref: Températures caniculaires jusqu'à tard dans la soirée, nuits étoilées, concerts exceptionnels… Le MJF a ouvert son bal 2025 dans des conditions idéales, ce week-end. Vendredi soir, tout était aligné pour un allumage comme le festival n'en avait plus connu depuis longtemps. Ça s'est joué sur les quais et les espaces off – la nouvelle arène pop urbaine de Spotlight Stage n'a pas désempli jusqu'à sa fermeture sur le coup de 2 heures du matin. Mais c'est surtout du côté de la Scène du Lac que la magie a opéré. Le programme annonçait deux concerts de Chaka Khan , le premier pour fêter ses cinquante ans de carrière, le second imaginé en hommage à Quincy Jones. Parce qu'à Montreux, les artistes aiment proposer des projets uniques et que la carrière de l'Américaine est indissociable de sa collaboration avec le producteur, la chanteuse de Chicago a offert au public une seule grande et longue prestation qui restera dans les annales du festival. Hommage de Chaka Khan «Quelque chose d'unique s'est passé vendredi et on ne pouvait rêver mieux pour donner le ton à cette 59e édition, confirme Mathieu Jaton, directeur croisé le lendemain à quelques minutes du lancement de la 2e salve de concerts. Chaka Khan est restée trois heures sur scène, rejointe au gré des chansons par des guests venus honorer la mémoire de Quincy Jones. C'était très émouvant, très beau avec des photos projetées sur les écrans et un public qui est resté jusqu'à la fin, embarqué par ce programme qu'elle a imaginé spécialement pour Montreux.» À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Samedi du côté de la scène en plein air, la soirée a soufflé des torpeurs de l'Amérique du Sud avec deux ambassadeurs qui n'ont pas manqué de saupoudrer leur live de critiques contre la politique migratoire trumpienne, confirmant que l' engagement politique trouvera une place au long de ce MJF 2025. À 20 h, la bonne surprise se dénommait Trueno. L'enfant prodige du rap argentin (23 ans) a réussi à rassembler tous les âges, assurant un live total avec cinq musiciens sur scène. Accompagnée au crachoir de deux comparses, la nouvelle star qui a fait ses armes dans les battles hip-hop de Buenos Aires – et n'hésite pas à clamer son jeu en versant au détour de son répertoire un peu de sirop latin lover – a fait exploser son flow plein de révolte sur fond de gros rock avec des guitares saturées, des rythmes soul et des nappes latinos. Club reggaeton Deux heures plus tard, la Scène du Lac s'est transformée en mégaclub reggaeton avec, aux commandes, la grosse machine menée par J Balvin. Lasers, gros projos, décibels au max, chorégraphies millimétrées, le show généreux et festif est calibré sur des beats surpuissants pour un succès international. Public jeune, drapeaux chiliens, argentins, colombiens… Celui qui a collaboré avec Pharrell Williams, Bad Bunny, Beyoncé, Dua Lipa – et possède même une paire d'Air Jordan à son effigie – a roulé des biceps et des fesses face à une audience conquise d'avance. Emportée par l'alignement des tubes (tant commerciaux qu'efficaces). Gros contraste avec ce que l'on est en droit d'attendre de Neil Young, vingt-quatre heures plus tard… À l'écart de ces mouvements de foule qui brassaient aussi une certaine idée de la fièvre du samedi soir, la Scène du Casino paraissait presque un havre de paix. Entre deux palmiers, l'enseigne de l'Eden Palace – «en ace» – rivalisait en pure perte avec la lune, plusieurs de ses lettres éteintes. Étrange vision du casino lui-même au moment de monter les escaliers qui mènent à la seconde salle payante du festival. Machines à sous rutilantes et DJ affairé ne laissaient en rien présager les couleurs brésiliennes qui attendaient le public à l'étage. Des teintes plutôt pastels pour commencer avec Anavitoria, duo pop très folk composé d'Ana Clara Caetano Costa et Vitória Fernandes Falcão. Un concert qui abordait l'immense héritage auriverde par ses eaux les plus calmes, presque élégiaques, dans une ambiance féérique habillée par une acoustique scintillante. Un moment de douceur, à l'écart de la rumeur du monde, déjà très suivi par une audience où se laissaient deviner de très nombreux Brésiliens Seu Jorge, ancien héros de Wes Anderson et star incontestable du casino, samedi. ANNA FRANCESCA JENNINGS Le Brésil de Seu Jorge Dès l'arrivée de Seu Jorge , les affaires devenaient plus remuantes. Ouvrant son concert avec l'un de ses plus beaux tubes, un «Mina do Condomínio» tiré de son album chef-d'oeuvre d'«América Brasil», le natif de Belford Roxo, agglomération voisine de Rio, peinturlurait avec plus de vigueur dans la tradition d'un Brésil dansant. Avec ses premiers succès il y a quelque 25 ans – il jouera d'ailleurs «Carolina» – le musicien est devenu l'un des héritiers naturels de la génération des géants (Caetano Veloso, Chico Buarque, Gilberto Gil…). À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Son passage dans le film de Wes Anderson «La Vie Aquatique» lui a valu une double attention alors qu'il était déjà remarqué pour ses qualités propres. Celle des amateurs de cette comédie joliment absurde, mais aussi celle des fans de David Bowie (et de la star anglaise elle-même) puisqu'il y reprenait les chansons du Thin White Duke en acoustique et dans une orientation brésilienne irrésistible. Un répertoire «bowien» qu'il avait déjà donné au festival en 2018 et dont il reprenait deux titres emblématiques au casino: «Rebel Rebel» et «Life on Mars». On peut d'ailleurs remercier le Montreux Jazz de garder le contact avec la star brésilienne, car les artistes à succès de ce pays musicalement si riche rechignent parfois à faire le déplacement jusqu'en Europe, où leur nototiété est moindre… Personnalité solaire, spontanée, Seu Jorge, drapé dans des tissus légers et zébrés, ne prenait que quelques minutes pour emballer l'affaire. Entouré d'une jolie formation où dominaient les cuivres et les percussions, lui-même s'adonnait à la flûte traversière lors d'une série de soli. Entre classiques – le «Mas que Nada» de Sergio Mendes –, morceaux réclamés à corps et à cri («Burguesinha») et groove généreusement déroulé, celui qui jouait aussi dans «La Cité de Dieu» de 2002 taillait un gros morceau de joie de vivre dans la touffeur d'un samedi montreusien qui se rappelait au bon souvenir de sa tradition de soirées brésiliennes. Montreux Jazz, jusqu'au sa 19 juillet. Montreux bat son plein Boris Senff travaille en rubrique culturelle depuis 1995. Il écrit sur la musique, la photographie, le théâtre, le cinéma, la littérature, l'architecture, les beaux-arts. Plus d'infos @Sibernoff Gérald Cordonier est chef de la rubrique Vibrations (Culture & Société) pour les plateformes, journaux et magazines de Tamedia Suisse Romande: «Le Matin Dimanche», «24 heures», «La Tribune de Genève» et «Femina». Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

L'Hermitage clôt sa saison avec une exposition consacrée à la Pologne
L'Hermitage clôt sa saison avec une exposition consacrée à la Pologne

24 Heures

time7 hours ago

  • 24 Heures

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C'est aussi ça… déconstruire. C'est rompre avec ses repères, avec les canons et autres héritages artistiques venus en ligne directe de Paris. Rome. Ou Florence. Alors on prend son souffle, la démonstration est celle de la force, de la continuité et de l'espoir avec, accrochées à l'Hermitage, sept décennies d'histoire de l'art sur les terres de Pologne. Jan Matejko, «Portrait d'Helena, fille de l'artiste, avec un épervier», 1882-1883, huile sur panneau de chêne, (115,5 × 72 cm) Collection particulière en dépôt au Musée national de Varsovie D'une «Pologne rêvée» en une centaine d'œuvres – la communication insiste sur le mot «chef-d'œuvre», c'est subjectif et pas toujours frappant. Toutes sont sorties des collections du Musée national de Varsovie , le plus important, le plus significatif du pays avec près de 1 million d'objets à son inventaire. Les artistes? Une quarantaine. Ils ont tous fait école dans le sillage des romantiques, des réalistes, des impressionnistes ou des symbolistes mais à leur manière. Souvent plus retenue que démonstrative. Peu discursive, plus poignante comme ce «Jeune Berger» Stanislaw Lentz pourrait tirer les larmes que ce gosse en haillons, seul au monde, n'arrive même plus à laisser couler! On se laisse aussi surprendre par Jacek Malczewski , en interprétation totalement nébuleuse du genre historique, alors qu'il fixe sur toile un véritable tourbillon de pensées. Et puis… il y a cette âme slave qu'on ne peut s'empêcher de chercher, de traquer. Elle ne se fait pas attendre, apparente dès les premières pièces de l'exposition, dans ses vues altières de Cracovie. Comme dans ses regards fiers, annonçant la couleur du courage. Le refus du compromis. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. 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Et dans les salles de la Fondation de l'Hermitage, dans ces portraits brossés par un romantisme mélancolique, dans ce poids de la terre, des traditions, du folklore, de l'histoire de la Pologne filtrée par les mythes, dans ce «Conseil des anciens» de Kazimierz Stabrowksi, composé de corneilles, c'est une conscience nationale qui s'exprime, rêvant ouvertement de reprendre son histoire là où elle s'était arrêtée en 1772. Lausanne, Fondation de l'Hermitage, jusqu'au 9 nov, du ma au di (10 h-18 h), je (10 h-21 h). Lausanne, d'autres expositions Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Florence Millioud a rejoint la rubrique culturelle en 2011 par passion pour les gens de culture, après avoir couvert dès 1994 la politique et l'économie locales. 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