
Dernière soirée à la Cité: Le Festival de la Cité a battu son record d'affluence
Programmation réussie, public en masse, le rendez-vous estival boucle ce dimanche sa 53e édition sur un succès. Attention: bilan élogieux! Publié aujourd'hui à 16h39
Samedi 5 juillet à 17h, le Festival de la Cité a rendu hommage aux 750 ans de la Cathédrale avec près de deux cents chanteurs, amateurs et professionnels, qui ont entonné 3 hymnes composés par Louise Knobil pour l'occasion.
NIKITA THÉVOZ
En bref:
Les seuls gros nuages qui ont plané sur la 53e édition du Festival de la Cité sont ceux qui assombrissent le ciel pour son dernier jour. Avec un peu d'avance sur le moment où les projecteurs et enceintes s'éteindront ce dimanche peu après minuit, la directrice, Martine Chalverat, a déjà annoncé «une année record» pour la 53e édition du grand rendez-vous culturel gratuit qui sonne le début des grandes vacances.
«C'est un soleil caniculaire qui nous a accompagnés. Malgré une chaleur éprouvante, pas loin de 110'000 festivalières et festivaliers ont envahi les rues historiques de Lausanne pour découvrir les 196 rencontres artistiques et festives dévoilées tout au long des six jours.» En 2024 et les années précédentes, l'affluence frisait plutôt les 100'000 personnes, au gré de météos parfois peu clémentes.
Les chiffres, c'est une chose. Plus important, l'accueil du public fait au foisonnement de projets qui, pour tous les goûts et dans tous les genres, ont brillé, cette année, par leur pertinence, leur originalité, leur envie de défricher de nouveaux territoires sans pour autant oublier que le Festival de la Cité reste un grand rassemblement populaire.
Avec presque 200 projets au programme, impossible de pointer tout ce qui a plu ou, c'est le jeu d'un festival, a déplu. Mais à l'heure du bilan, reste que la cuvée artistique 2025 s'est révélée exceptionnelle dès le premier soir, comme nous l'avons relaté . Une magie qui a perduré tout au long de la semaine.
«J'ai senti que quelque chose se passait, cette année, confiait Martine Chalverat à mi-parcours du festival. On ne sait jamais à quoi cela tient. On fait beaucoup de paris avec l'espoir que la rencontre avec le public se réalise; c'est toujours risqué et il faut accepter que chacune et chacun puisse ne pas être réceptif selon le mood du moment. Mais au troisième jour déjà, les retours positifs se sont multipliés pour des propositions parfois originales ou audacieuses.»
Pour preuve: durant six jours, tous les rendez-vous ont fait jauge pleine, même dans des lieux décentrés comme à Plateforme 10 où le collectif français Xanadou a ravi les spectateurs avec un road-movie immobile humoristico-philosophique. Ou dans les Vergers de l'Hermitage où «Catch», la création signée par le Lausannois Matthias Urban, a ravi petits et grands jusqu'à son atelier participatif de baffes.
Un autre moment fort qui a illuminé le festival? La danse ascétique et minimaliste de l'Iranien Armin Hokmi. Son «Shiraz» – programmé en novembre prochain du côté de Genève au Pavillon ADC – risquait de laisser le public à distance, à quelques mètres de la clameur des premiers bars. Magique, cette douce et lente partition menée par cinq danseurs tout en introspection a enivré l'audience à chacune de ses représentations. Au programme ce dimanche
Ce soir dimanche 6 juillet, la météo risque de chambouler quelque peu le programme. Les informations seront données sur le site du festival ou devant les espaces de représentation. Qu'à cela ne tienne, on a pointé dans l'affiche du jour quelques rendez-vous qui devraient permettre d'assouvir encore un peu la curiosité du public. Côté danse, La Perchée annonce «Medieval Crack» (19 h) et «Bless this mess» (22 h). À la place Saint-Maur, il y a du théâtre avec «Ma république et moi» (19 h 45) et du cirque avec «Unplugged» (22 h 15). Pas de concerts annoncés du côté du Grand Canyon mais, à Cathé Nord, le rap d'Adès the Planet s'annonce très mélancolique (20 h 45) et, sur le pont Bessières, la pop de l'espagnole Rebe promet d'être aussi érotique que disruptive. Entre autres.
Nos articles sur le Festival de la Cité 2025
Gérald Cordonier est chef de la rubrique Vibrations (Culture & Société) pour les plateformes, journaux et magazines de Tamedia Suisse Romande: «Le Matin Dimanche», «24 heures», «La Tribune de Genève» et «Femina». Plus d'infos
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