logo
Deux générations de reines du jazz réunies au Montreux Jazz Festival

Deux générations de reines du jazz réunies au Montreux Jazz Festival

24 Heures5 days ago
Accueil | Culture | Festivals |
La jeune fille du Bronx et la grande dame de Détroit partageront la Scène du Casino à Montreux lundi soir. Avec deux approches très différentes de l'art du chant. Publié aujourd'hui à 10h13
Dianne Reeves: une diva toujours en quête d'aventures vocales.
JERRIS MADISON
En bref:
La première remarque, c'est que ce style de concert purement jazz réunissant le même soir le gratin des grandes chanteuses du genre est devenu suffisamment rare et précieux au Montreux Jazz Festival pour être célébré dans la joie. Il faut quasi remonter à une trentaine d'années pour trouver une nuit comparable (Shirley Horn, Betty Carter et Helen Merrill une même nuit de 1994!).
La seconde remarque est celle de la complémentarité de deux chanteuses exceptionnelles, qui, lundi soir, mettront leur immense talent sur une Scène du Casino (re)transformée en club jazz glamour et merveilleux. Dianne Reeves, la technique et l'aventure
Commençons par la reine Dianne Reeves, 68 ans désormais, native de Détroit, Michigan. C'est sa huitième apparition à Montreux, où elle s'est produite dès 1989. Elle a cinq Grammy Awards du meilleur album de jazz vocal au compteur; seule Ella Fitzgerald a fait mieux. Sa voix: mezzo-soprano, chaude, un sens du drame, deux octaves et demie, et une façon de chanter feu d'artifice. Car voilà une fabuleuse improvisatrice, moderne et foutraque, avec un style qu'on dit parfois proche d'une sorte de théâtre vocal.
Dianne raconte des histoires, ou plutôt fait de chaque chanson la sienne et la nôtre, jouant sur les genres, les variations, démontant les accords. Reeves est ainsi une chanteuse assez technique, qui transforme chaque show en un genre de master class, mais elle se sert de cette science sidérante du chant jazz pour sans cesse jouer sur les émotions, celles du rire, celles des larmes, celles des hauts et des bas mélodiques.
Samara Joy: une approche vocale à la fois vintage et profondément moderne.
AB+DM
Dans sa formidable discographie, essentiellement chez Blue Note, il est rude de devoir indiquer des préférences. Mais «Art & Survival», sorti en 1994, stupéfie par sa dimension d'héritage et de spiritualité. Plus récent, «Beautiful Life», paru en 2014, est un album où le prestige des invités rejoint son goût pour le R'n'B ou la fusion: Gregory Porter, Robert Glasper ou l'incroyable Esperanza Spalding y font des apparitions. Plus classique, avec son répertoire de ballades acoustiques, «A Little Moonlight», sorti en 2003, démontre son sens des racines et des standards du jazz. Samara Joy, la note de velours bleu
Puisque l'on parle jazz classique, passons à Samara Joy, 25 ans, fille du Bronx new yorkais, qui vient pour la première fois au Montreux Jazz. C'est la star qui monte: elle en est déjà à cinq Grammy Awards dans diverses catégories. Personne n'a fait mieux à son âge. Mais sa manière de chanter est cependant très différente de son aînée. Elle est, précisément, plus classique, moins aventureuse, plus vintage. C'est une différence fondamentale de vision de l'art du chant, pas seulement une nuance de style.
Samara, voilà une soprano presque lyrique. Elle ne force jamais: elle pose les notes, pas de vibrato, juste de la retenue, de la finesse, de l'élégance, du cristal chanté souvent sur un répertoire du Great American Songbook. Étrangement, elle n'a cependant jamais l'air d'imiter les chanteuses d'autrefois: son swing doux et chaleureux recolore les mélodies avec une vraie modernité, on n'est jamais tout à fait dans le revival, mais plutôt dans une manière d'histoire continuée entre le jazz des Fifties et de 2025. Elle n'a pas peur des silences, Miss Joy, elle ne chante jamais pour impressionner, mais bien pour réchauffer les âmes.
Trois albums, dont les deux derniers chez Verve, un répertoire qui oscille entre mélodies célèbres («'Round Midnight», «Misty») et des pépites trop méconnues: «Social Call», composé en 1955 par le saxophoniste Gigi Gryce, ou une nouvelle adaptation d'un thème de Charles Mingus. Tout cela pour un accueil critique et public superlatif: Samara Joy et sa jeunesse représentent ce qui est arrivé de plus miraculeux dans le jazz vocal ces dernières années.
Au final, soulignons surtout qu'il ne s'agit pas, lundi soir, de l'ancienne diva contre la petite jeune qui regarde le ciel. Ni non plus de l'aventure vocale contre le classicisme de la note de velours bleu. Il s'agit, Dianne Reeves ou Samara Joy, de chanter du jazz, et de dire l'art du chant chacune à sa manière: les deux, à ces hauteurs, sont rares et merveilleuses.
Allez, viens, on va au Montreux Jazz
Christophe Passer, né à Fribourg, travaille au Matin Dimanche depuis 2014, après être passé notamment par le Nouveau Quotidien et L'Illustré. Plus d'infos
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Orange background

Essayez nos fonctionnalités IA

Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :

Commentaires

Aucun commentaire pour le moment...

Articles connexes

Voici à quoi ressemblait vraiment le colosse de Rhodes selon un chercheur suisse
Voici à quoi ressemblait vraiment le colosse de Rhodes selon un chercheur suisse

24 Heures

time4 hours ago

  • 24 Heures

Voici à quoi ressemblait vraiment le colosse de Rhodes selon un chercheur suisse

Accueil | Savoirs | Histoire | Après vingt ans de recherche, Nathan Badoud, l'archéologue cantonal de Genève, a percé quelques mystères de l'une des Sept Merveilles du monde antique. Publié aujourd'hui à 13h57 Dessin du colosse de Rhodes par Maarten van Heemskerck (1570). The Courtauld Gallery, London En bref: C'est sans aucun doute la statue la plus énigmatique de l'Antiquité grecque: le colosse de Rhodes , construit au IIIe siècle av. J.-C. et détruit par un séisme quelques décennies après son édification. Adulé par ses contemporains, puis par des générations d'archéologues, peintres, cinéastes et passionnés, le colosse alimente depuis sa disparition les théories les plus poétiques. Au fil des siècles, sa représentation a varié de manière considérable dans les arts: taille, emplacement, position, raison de sa construction… Mis à part quelques traces écrites, aucune copie ou illustration historique de la statue ne subsiste aujourd'hui dans le monde. Mais après des années de recherches, l'archéologue cantonal, Nathan Badoud, est parvenu à percer certains de ses mystères dans un livre paru l'an passé: «The Colossus of Rhodes. Archaeology of a Lost Wonder». «En démarrant cette enquête, j'avais pour ambition de renouveler l'image du colosse et de déconstruire les mythes qui l'entourent, introduit Nathan Badoud. Toutes les représentations de la statue sont largement postérieures à son existence et n'ont strictement aucun rapport avec la réalité antique.» Représentations actuelles Titan de Braavos, illustration de la saga du «Trône de fer», de George R.R. Martin. PAULO PUGGIONI Le colosse de Rhodes… dans l'imaginaire collectif, chacun se le représente à sa façon, même si certaines œuvres picturales et cinématographiques ont largement influencé l'image que l'on s'en fait. Une statue immense enjambant le port de la cité de Rhodes, arc ou torche dans les mains… Ces illustrations ont été popularisées par Sergio Leone dans son péplum «Le colosse de Rhodes» (1961), puis à travers «Jason et les Argonautes» (1963), chef-d'œuvre de Don Chaffey, ou encore plus récemment dans l'univers du «Trône de fer», écrit par George R.R. Martin. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Mais pour se faire une idée réaliste du colosse, il faut remonter loin dans l'histoire de l'archipel du Dodécanèse, au sud-est de la mer Égée. À l'origine, il y a une île, celle de Rhodes, un peuple, les Doriens, et un Dieu, Hélios, celui du soleil. À partir de là, il faut se référer aux dates précises, qui nous sont tout de même parvenues: vers 292 av. J.-C. pour la construction (qui dura douze ans) et aux alentours de -227 pour la destruction. Travail d'orfèvre «En partant de ces éléments connus, il s'agit alors d'établir une enquête rigoureuse qui démarre au VIIe siècle av. J.-C., détaille l'archéologue. Il faut en effet remonter à cette époque pour comprendre l'origine et la signification du mot kolossós , auquel le colosse doit son nom.» À l'époque, le terme est usité exclusivement par les Doriens, un peuple originaire du Péloponnèse également établi dans le sud de l'Égée, à Rhodes. Il ne signifie pas encore quelque chose de grand, d'immense, de colossal, mais fait plutôt référence à des statues ou même à des statuettes d'un genre particulier. Nathan Badoud: «L'archéologie éclaire ce que les textes ne peuvent ou ne veulent pas nous dire.» LAURENT GUIRAUD Quelles étaient leurs fonctions? «Grâce à des inscriptions découvertes dans la cité dorienne de Cyrène, en Libye, on comprend que le kolossós servait à fixer en lui-même un être qui lui était extérieur», répond Nathan Badoud. On construit une statue à l'effigie d'un dieu ou d'un mortel, celui-ci est alors incarné dans notre réalité. Enfin, le terme kolossós fait référence à quelque chose d'immobile. Pour l'instant, rien n'évoque un ordre de grandeur. «Il faut alors se demander si le Colosse de Rhodes répond à ces trois éléments de la définition: l'origine dorienne, la fonction magique et l'aspect immobile. C'est le cas.» Personnification de l'empire rhodien À l'époque, Rhodes est habitée par des Doriens. Un peuple fier de ses origines très anciennes, qui va se heurter aux Macédoniens, des «Néogrecs» dont le plus célèbre représentant est Alexandre le Grand. En 305 av. J.-C., l'un des successeurs de ce souverain, Antigone le Borgne, charge son fils Démétrios Poliorcète «l'Assiégeur de ville» (d'où le terme «poliorcétique», relatif à l'art d'assiéger les villes), de s'emparer de Rhodes. «Démétrios assiège la ville de Rhodes pendant près d'un an, narre Nathan Badoud. Contre toute attente, les Rhodiens résistent à cet assaut. C'est une victoire immense. Pour célébrer l'exploit, on érige alors une statue, celle du dieu Hélios, choisi par les Rhodiens comme protecteur de la ville.» Un fait corroboré par une inscription figurant sur la base de la statue, selon plusieurs sources scripturales concordantes de l'époque: «C'est pour toi seul, Soleil, que les habitants de Rhodes la Dorienne ont dressé vers l'Olympe ce colosse tout en bronze quand après avoir apaisé les flots de la guerre, ils ont paré leur ville des dépouilles de l'ennemi.» Monnaie rhodienne en argent frappée d'une tête d'Hélios (IIIe siècle av. J.-C.) British Museum L'histoire ne s'arrête pas là. Dans cette même dédicace, on observe une mystérieuse formule qui mettra beaucoup de temps à être élucidée: «Ce n'est pas seulement sur mer, c'est aussi sur terre qu'ils ont, en l'élevant, fait resplendir la lumière éclatante d'une liberté qui ne se laisse pas asservir.» Pour l'archéologue, cette formule ferait allusion à la conquête d'une partie du continent asiatique par les Rhodiens. «Après la levée du siège, les Rhodiens ont réussi à s'emparer d'une partie de la Turquie actuelle, la Pérée, située à 13 kilomètres de l'île de Rhodes, renchérit Nathan Badoud. Lorsque l'on met cet épisode en relation avec la taille connue de la statue – 70 coudées, soit 34 mètres sans la base – on comprend que le colosse de Rhodes était fait pour être vu depuis la Pérée, à 13 kilomètres de distance. Une manifestation conquérante pour asseoir la domination des Rhodiens! Ça, c'est une belle découverte.» Portrait-robot du colosse L'enquête ne s'arrête pas là. Où était-il érigé dans la ville? Comment Hélios était-il représenté? Pourquoi l'a-t-on fréquemment imaginé les jambes écartées sur le port de Rhodes? Quelques hypothèses, et une certitude. «Ce qui est sûr, c'est que la statue n'enjambait pas du tout le port, balaye l'archéologue cantonal. Pour des questions de répartition de poids, deux bases éloignées ne permettaient pas de soutenir une statue en bronze de cette envergure.» Mais alors, comment cette représentation nous est parvenue? À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Vers 1300, Rhodes appartient aux Byzantins. À la suite d'une conquête militaire éclair en 1307, l'île est prise par l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, cette confrérie religieuse fondée au début du millénaire, nommé communément l'ordre des Hospitaliers. Des pèlerins, captivés par la légende du colosse, visitent la cité en recherchant ses vestiges. En se baladant, ils aperçoivent deux ruines antiques à l'aspect similaires localisées à l'extrémité de deux parties du port. Le Palais du Grand-Maître de l'ordre de Saint-Jean (reconstruit entre 1937 et 1940), à Rhodes. NATHAN BADOUD «Ils concluent alors que ces ruines sont les bases de la statue du colosse, explique Nathan Badoud. Une erreur de jugement, car Rhodes étant une ville fortifiée dès l'Antiquité, son port était alors déjà garni de tours. Les pèlerins ont pris les ruines de ces tours pour les anciens pieds de la statue.» Cette erreur sera réitérée par la majorité des représentations picturales du colosse de Rhodes année après année, et exercera une grande influence sur les archéologues, qui chercheront la statue sur le port jusqu'au XXIe siècle. Pour être observable depuis la Turquie, le colosse se devait d'être érigé sur une place en hauteur, comme une colline. Ça tombe bien, Rhodes en compte deux, et si l'une d'elles, celle de l'Acropole, était occupée à l'époque par d'autres édifices, l'autre était vraisemblablement disponible. Autre preuve, l'inscription gravée sur la base de la statue affirmait qu'elle «couronnait la cité». Tableau «Le colosse de Rhodes», peint par Salvador Dali en 1954. Musée des beaux-arts de Berne Finalement, comment l'imaginer? «On sait que le colosse de Rhodes était une statue en bronze, et le dieu était probablement représenté nu, selon l'usage de l'époque. Je pense que la statue était sans attribut distinctif à part une couronne de rayons, symbole d'Hélios, et qu'elle se dressait pieds joints et les bras le long du corps», avance Nathan Badoud sur la base de sources archéologiques et textuelles. Existe-t-il une représentation picturale se rapprochant de cette description? «Non, conclut l'archéologue. L'analyse des sources métamorphose l'idée que l'on se fait de la statue depuis deux mille ans. Libre à chacun d'imaginer tout ce qu'elles ne disent pas, mais c'est quitter la science pour la fiction.» Sommes-nous arrivés alors au bout des recherches possibles concernant le colosse de Rhodes? C'est bien possible, mais il ne fait aucun doute que cette ancienne merveille du monde continuera à alimenter tous les fantasmes pendant des siècles. «The Colossus of Rhodes. Archaeology of a Lost Wonder», de Nathan Badoud, Ed. Oxford Academic. Avancées suisses sur l'épave d'Anticythère Récupérations d'objets archéologiques sur le site d'Anticythère. ESAG/UNIGE Découverte en 1900 au large du Péloponnèse par des chasseurs d'éponge, l'épave d'Anticythère, une galère romaine qui a fait naufrage entre 70 et 60 av. J.-C., défraye la chronique depuis plus de septante ans grâce à un certain commandant Cousteau. Ce dernier visite l'épave à deux reprises entre les années 50 et 70 et contribue avec ces fouilles à la découverte de plusieurs objets antiques: buste d'Héraclès, monnaie, verrerie ou amphore. En 1901, des chercheurs avaient déjà déniché la fameuse machine de l'épave d'Anticythère, le premier calculateur analogique antique permettant de calculer des positions astronomiques. En 2012, les recherches sont relancées, et dès 2020, le projet est porté par l'École suisse d'archéologie en Grèce (ESAG) et l'Université de Genève pour une durée de cinq ans. De mai à juin 2025, une campagne a permis de remonter des nouveaux trésors et d'avancer sur certains points. Lesquels? Accès très difficile «La période des grandes trouvailles (sculptures et machine de l'épave d'Anticythère par exemple) est derrière nous, explique Sylvie Fournier, responsable de la communication à l'ESAG. Aujourd'hui, le projet est mené de manière scientifique, c'est-à-dire que notre objectif est de documenter, de photographier les restes de l'épave et d'avancer sur les hypothèses de son naufrage. Dernièrement, nous avons réussi à remonter un fragment de bois exceptionnel qui nous permet de dater la construction du bateau entre le IVe et le Ier siècle av. J.-C. C'est une avancée.» En plus de ce pan de coque, l'ESAG indique avoir découvert quelques amphores, un pied de statue qui pourrait être relié au buste d'Héraclès et surtout une deuxième épave de bateau localisée non loin de celle d'Anticythère. Pour l'instant, difficile de savoir si cet autre navire date de la même époque et si les deux naufrages sont reliés. «Notre hypothèse actuelle, est que la galère était peut-être trop chargée, et comme cette partie de la mer est très agitée, elle aurait simplement coulé.» À la suite d'un éboulement sous-marin, des gros blocs de pierre ont recouvert une partie de l'épave d'Anticythère. Les futures fouilles s'annoncent compliquées. «Notre mission de cinq ans est terminée, conclut Sylvie Fournier. Mais on espère pouvoir renouveler une campagne dès l'année prochaine.» Comme quoi l'archéologie suisse a toujours autant le vent en poupe! Archéologie et antiquité Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Andrea Di Guardo est journaliste RP à la Tribune de Genève depuis mars 2024. Attaché à la rubrique culturelle (pôle Vibrations), il écrit également pour 24 Heures et Le Matin Dimanche. Il s'intéresse aussi aux sujets locaux et internationaux. Il est titulaire d'un Master en journalisme et communication et d'un Bachelor en sciences politiques. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

La scène Véga de Paléo cache une histoire étonnante
La scène Véga de Paléo cache une histoire étonnante

24 Heures

time6 hours ago

  • 24 Heures

La scène Véga de Paléo cache une histoire étonnante

Accueil | Culture | Festivals | Au moment de faire sa révolution, en 2022, le festival avait dévoilé cette innovation majeure. Visite guidée d'une scène pleine de surprises. Publié aujourd'hui à 12h25 Depuis 2022, Véga est la deuxième scène de Paléo en termes de capacité. Elle peut accueillir jusqu'à 20'000 personnes selon les conditions. Florian Cella En bref: Depuis 2022, elle est la deuxième scène de Paléo en termes de capacité – avec pas moins de 20'000 personnes. On le sait moins, mais Véga a aussi une histoire pour le moins rocambolesque. Stéphane Python , responsable des constructions depuis les années 90, est le gardien de tous ses secrets. Il nous fait une visite guidée, à dix jours du coup d'envoi du festival, alors que le montage bat son plein. Stéphane Python est le responsable des constructions depuis trente-cinq ans environ. Florian Cella Avant Nyon, Belfort Si elle est née et a fait son baptême du feu à Paléo, la scène Véga est une sacrée globe-trotteuse, puisqu'elle est régulièrement louée par d'autres manifestations. «C'est en train de devenir une référence au niveau européen», résume Stéphane Python non sans fierté, sur le chemin qui mène du «chalet des constructions», près de l'installation au nord-est du terrain. Iron Maiden à Belfort, le 3 juillet. AFP Avant d'arriver sur la plaine de l'Asse en début de semaine, Véga a ainsi servi de scène principale aux Eurockéennes de Belfort, début juillet. «En la voyant pour la première fois en 2022, les organisateurs jurassiens se sont dit qu'elle était quand même pas mal foutue! Elle est haute, elle attire l'œil de loin, elle a de la gueule… Et elle est particulièrement pratique à utiliser pour de nouvelles productions, toujours plus grandes et avec des décors imposants.» Une innovation technologique, véritable prouesse visuelle, qu'on doit à l'entreprise française NTS, référence dans la conception et l'installation de structures scéniques. Pour l'instant, Paléo, qui n'est pas propriétaire de la scène, a signé un accord avec le concepteur pour cinq éditions durant lesquelles la très prisée Véga sera louée au même prix. Un montant qui reste d'ailleurs confidentiel, tout comme sa prochaine destination sur la route des festivals. Un bébé né pendant le Covid «Les premières réflexions quant à une scène de ce genre remontent à vingt ans, se souvient Stéphane Python. Ce n'est qu'au bout d'une dizaine d'années, en 2017, qu'on a commencé à travailler sur ce qu'on a appelé «le grand chambardement.» La scène Véga a beau faire le tour des festivals d'Europe, elle n'a pas toujours eu apparence identique. Florian Cella Ces réflexions, qui concernaient le réaménagement des terrains du festival, avaient été contraintes par le projet de la compagnie ferroviaire du Nyon-Saint-Cergue de construire un dépôt atelier sur le site de l'Asse. Fin 2019, les organisateurs présentaient les contours que prendrait le festival dans le futur. On apprenait entre autres que dès 2020, les Arches laisseraient place à une nouvelle scène «d'une capacité de 5000 à 18'000 spectateurs». On le sait, la pandémie de Covid-19 a repoussé cette spectaculaire mue, en interrompant le festival pendant deux ans. Mais ce hiatus a aussi eu du bon, en permettant de penser, dessiner et construire la scène Véga. «On a eu tout plein de temps pour réfléchir. C'est donc durant ces deux années que Véga a été conçue», souligne Stéphane Python. Une vingtaine de pros pour le montage Il faut près de deux semaines pour monter ce monstre de 150 tonnes, contre environ une semaine pour le démontage. Au total, ce sont 25 professionnels qui œuvrent quotidiennement pour que Véga se déploie à temps sur la plaine de l'Asse. Ce jour-là, à dix jours du coup d'envoi de la manifestation, on est forcément impressionnés en les observant munis de baudriers et perchés à plus de 20 mètres de haut, s'attelant à emballer la puissante structure métallique d'une vaste bâche. Vingt-cinq professionnels travaillent près de deux semaines au montage de Véga. Florian Cella / Tamedia «Lundi, ils démontaient les bâches à Belfort; mardi, elles étaient mises dans un camion; mercredi, elles ont été livrées à Nyon après le passage à la douane, et d'ici à dimanche, elles auront fini d'être installées, énumère le responsable des constructions. Dessiner ou financer une installation du style, c'est une chose; savoir comment la monter, c'est le fruit d'un savoir-faire exceptionnel. Vous n'avez pas le droit à l'erreur.» Un transit pour des dizaines de camions Derrière le monstre, à l'abri des regards, une grande place recouverte d'un revêtement étanche est le théâtre d'innombrables va-et-vient de camions – «une dizaine de semi-remorques liés à Véga chaque jour!» – transportant le matériel des artistes. Juste à côté, Stéphane Python désigne une zone un peu plus large qui accueille les «Tour Bus» des têtes d'affiche et de leurs équipes. Derrière le monstre, une grande place recouverte d'un revêtement étanche est le théâtre d'innombrables va-et-vient de camions. Florian Cella / Tamedia Sous la scène, une forêt ultradense d'échafaudages et de poutres en bois, auxquels les dizaines de bénévoles affectés à cette scène accrochent leurs hamacs. Histoire de pouvoir voler quelques heures de sommeil ici et là, quand leur emploi du temps leur en laisse la chance. Les bénévoles affectés à la scène Véga accrochent leur hamac sous l'installation. Florian Cella / Tamedia Une configuration hypermodulable Avec sa belle hauteur de 23 mètres, tout est fait pour pouvoir y suspendre des éléments de décor, de son ou de lumière. Résistance maximum? «Quarante tonnes!». L'infrastructure est aussi très modulable. «D'un lieu à l'autre, elle est toujours construite un petit peu différemment et chaque événement peut apporter sa patte», note Stéphane Python. Pourquoi «Véga»? Le nom de la scène est celui de l'étoile la plus lumineuse de la constellation de la Lyre. «C'est également la deuxième étoile à avoir été photographiée par l'humain après le soleil», glisse Bastien Bento, responsable de la communication de Paléo. Au sein d'autres festivals, la structure ne garde toutefois pas le même nom. Au Cabaret Vert, festival de Charleville-Mézières (F), elle se nomme «Zanzibar». Aux Eurockéennes, c'est tout simplement la Grande Scène. Public éparpillé Concert de Sean Paul en 2024 à Véga. Les curieux observent le chanteur de loin. Pierre Albouy En 2024, on prenait conscience d'une menue faiblesse de la scène (ou plutôt de son emplacement) durant le concert du chanteur de dancehall Sean Paul. Alors que les fans inconditionnels étaient concentrés sur l'avant, de nombreux curieux ou simples gens de passage ont eu tendance à bloquer l'accès vers le cœur de la fosse en restant postés sur l'arrière du terrain, donnant un sentiment d'éparpillement. «C'est généralement le cas avec des concerts ultrafédérateurs, reconnaît Stéphane Python. Cette année, nous avons donc choisi d'enlever une imposante structure pour les bénévoles qui se trouvait en face de Véga, justement pour favoriser l'accès des festivaliers.» Davantage sur le Paléo Festival Marine Dupasquier est journaliste à la rubrique Vaud & Régions depuis 2020 et couvre essentiellement la région de Nyon. Sensible aux thématiques locales, elle a effectué ses premières piges au Journal de Morges. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

Découvrez La Châ, buvette d'alpage en mode gastro qui se mérite
Découvrez La Châ, buvette d'alpage en mode gastro qui se mérite

24 Heures

time6 hours ago

  • 24 Heures

Découvrez La Châ, buvette d'alpage en mode gastro qui se mérite

Logé derrière le sommet des Pléiades au-dessus de Vevey, le petit chalet-restaurant n'est accessible qu'à pied, mais récompense largement de l'effort. Publié aujourd'hui à 12h24 Les chefs Régis Rath et Yoann Rath-L'Horset au soleil de La Châ, non loin du sommet des Pléiades. Laurent de Senarclens En bref: Ambiance et tarifs conviviaux mais, dans les assiettes, cuisine locale et de saison quasi gastronomique. Voilà la recette du succès du Restaurant La Châ , qui affiche régulièrement «complet». Ce n'était pourtant pas gagné d'avance vu son emplacement. Cet établissement, dont le nom signifie «le champ» en patois vaudois ou fribourgeois (seule la prononciation change), est en effet blotti au pied d'une colline, au nord du terminus du train Vevey-Les Pléiades. Il faut compter une vingtaine de minutes de marche pour y accéder, sans aucun tronçon à plat et sur des chemins de cailloux roulant sous les chaussures! En plus, alors que de nombreux établissements de la région offrent une terrasse avec une vue sublime sur le Léman, La Châ doit se contenter d'une toute petite percée, mais aperçoit aussi le lac de Neuchâtel. La Châ a l'esprit de contradiction: sa terrasse ne regarde pas la plaine! ©Laurent de Senarclens «Venir ici, ça se mérite!» confirment Yoann Rath-L'Horset et Florian Paulus en nous accueillant sur la terrasse de ce petit chalet en bois foncé planté dans un décor bucolique en bordure d'un des nombreux circuits pédestres sillonnant le secteur. Le duo se connaît de longue date: le premier nommé, futur repreneur de l'établissement, est le fils de Régis Rath qui le tient depuis douze ans. Florian Paulus travaille à ses côtés depuis six ans. «Il y a une très bonne synergie entre nous, explique celui qui s'occupe de l'accueil et du service, suivi comme son ombre par le border collie Leuky . Quand j'ai des idées, Yoann a la technique pour les réaliser!» Pour le moins: avant de reprendre la cuisine de La Châ, Yoann Rath-L'Horset a effectué son apprentissage chez Carlo Crisci à Cossonay, avant de partir compléter sa formation au triplement étoilé Clos des Sens à Annecy (F). L'intérieur de La Châ, ancien Restaurant du Remonte-Pente ouvert en 1956. ©Laurent de Senarclens Cuisiner aux Pléiades demande toutefois quelques adaptations par rapport à ces grandes cuisines. «L'espace est minuscule ici. On ne travaille donc presque qu'avec des produits que je cuisine à l'avance, comme des viandes confites ou du poisson fumé sur place.» Pour trouver le reste des ingrédients, il n'y a qu'à se baisser autour du petit chalet-restaurant ouvert en 1956 sous le nom de Restaurant du Remonte-Pente. Un nom de circonstance, puisque l'établissement est frôlé par un télésiège et situé à quelques dizaines de mètres de l'arrivée d'un téléski. Le dressage des assiettes est digne d'un grand restaurant plus que d'une buvette. Sylvain Muller Mais revenons aux préparatifs des repas. «Les orties de votre soupe ont été cueillies ce matin, juste là-derrière», révèle Yoann Rath-L'Horset, qui vit sur place pendant les périodes d'exploitation. Au gré des saisons, le cuisinier récolte de la même manière les bourgeons de sapins, l'ail des ours ou l'aspérule odorante, dont il fait tantôt de la liqueur, tantôt du sorbet en suivant les recettes que son père lui a transmises. Et son collaborateur n'est pas en reste: «J'habite en plaine et viens en train. Ça me fait mon sport de monter le matin. Et en automne, j'en profite pour récolter sur mon chemin les champignons que l'on servira dans la journée.» Cette association d'ingrédients frais et de savoir-faire émerveille dans les assiettes. Les yeux, puis les papilles, se régalent de la truite fumée joliment décorée de petites fleurs et sublimée par une touche de crème au raifort (32 fr.). Idem pour le roulé de veau confit, tomates et basilic aux saveurs rappelant la cuisine des grands-mamans italiennes (34 fr.). Les desserts justifient, eux aussi, les efforts physiques consentis avec une prime spéciale pour l'Happy-culteur: un duo sorbet-tartelette au citron, accompagné d'une originale liqueur maison au thym et miel des Pléiades (16 fr.) L'Happy-culteur, pour une touche sucrée en fin de repas. Sylvain Muller Cuisine locale Le duo de La Châ n'en délaisse pas pour autant les plats plus simples, typiques des chalets d'alpage. Leurs fondues sont alors «twistées» aux morilles, à l'ail des ours ou aux bolets et éperviers. Des plats conviviaux pour lesquels des équipes n'hésitent pas à privatiser le restaurant et à planifier leur retour nocturne et à pied, puisque les soirées se prolongent souvent bien après le départ du dernier train. Des röstis et des pâtes fraîches figurent également sur la grande ardoise servant de carte, qui évolue très régulièrement en fonction des disponibilités des ingrédients. Les tartes maison aux fruits, et notamment aux myrtilles, sont aussi très appréciées des clients. Les habitués réservent leur part en passant commande pour leur repas, car à La Châ, il n'est pas possible de «vite» refaire une tarte. Restaurant de La Châ, En Ourtières à Saint-Légier-La Chiésaz, tél. 021 943 14 76. Ouvert du jeudi au dimanche de 10 h à 16 h 30 (ou le soir sur réservation dès 6 personnes) et tous les jours durant la saison des narcisses et celle de ski. Paiement en espèces. Infos sur Impossible d'évoquer le Restaurant de La Châ, sans évoquer les narcisses, qui blanchissent les pâturages tout autour chaque année au mois de mai. «Grâce au site une sorte de météo des narcisses, dès que ça commence, les Suisses-allemands arrivent», constatent, amusés, Yoann Rath et Florian Paulus. Le reste de la planète les rejoint ensuite. «Ça devient Disney Pléiades ici: on voit défiler le monde entier. Les jours de forte affluence, près de 2000 personnes passent devant notre terrasse!» La Châ est alors ouverte 7 jours sur 7, comme c'est le cas en hiver pour accueillir les skieurs, les randonneurs, les écoles de ski et les classes. Le reste du temps, le restaurant est ouvert du jeudi au dimanche, à l'exception des vacances annuelles en mars et de mi-novembre à mi-décembre. La Châ ouvre 7/7 durant deux saisons: celle d'hiver et celle des narcisses. ©Laurent de Senarclens D'autres buvettes d'alpage Newsletter «Gastronomie & Terroirs» «24 heures» suit depuis toujours l'actualité gastronomique et culinaire. Recevez, chaque vendredi, une sélection d'articles sur la restauration, la cuisine, les produits du terroir et le vin. Autres newsletters Sylvain Muller est journaliste à la rubrique Vaudoise depuis 2005. Il est responsable du bureau d'Echallens et couvre à ce titre l'actualité du district du Gros-de-Vaud. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store