
«Il y a juste la diplomatie» : Jean-Noël Barrot répond à Bruno Retailleau sur l'Algérie et Boualem Sansal
Bruno Retailleau prône la fermeté à l'encontre du pouvoir algérien. «Il faut changer de ton, assumer un rapport de force que le pouvoir algérien a lui-même choisi», expliquait le ministre de l'Intérieur au Figaro hier. «La diplomatie des bons sentiments a échoué. Je le dirai au président de la République, que je dois voir la semaine prochaine», a-t-il ajouté, citant l'emprisonnement depuis près de huit mois de l'écrivain Boualem Sansal, 80 ans, ou celui du journaliste sportif, Christophe Gleizes, 37 ans.
«Il n'y a ni diplomatie des bons sentiments, ni diplomatie du ressentiment. Il y a juste la diplomatie», lui a rétorqué Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, sur X vendredi soir, mettant une fois encore en lumière une fracture au sein du gouvernement sur ce sujet.
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«Pendant de longues semaines, je me suis tu pour n'obérer aucune chance de libération de Boualem Sansal», avait expliqué le ministre de l'Intérieur. L'Élysée avait choisi la voie diplomatique pour obtenir sa libération. La cour d'appel d'Alger a confirmé mardi 1er juillet une peine de cinq ans de prison ferme. Ses soutiens espéraient une grâce présidentielle pour l'anniversaire de l'indépendance algérienne, le 5 juillet, qui n'est pas venue. «La France utilise les moyens diplomatiques pour demander au président Tebboune une grâce humanitaire», avait alors réagi Sophie Primas, porte-parole du gouvernement. «La situation que Boualem Sansal subit est une situation que tous les Français et le gouvernement français trouvent insupportable, à juste titre», avait ajouté François Bayrou, le premier ministre.
Depuis sa nomination au ministère de l'Intérieur, Bruno Retailleau a voulu établir un «rapport de force» avec l'Algérie, tant sur les retours de clandestins que sur les prisonniers français. Constatant la mauvaise volonté algérienne, François Bayrou avait annoncé, aux côtés du Vendéen, une «riposte graduée» . Parmi les solutions évoquées : la dénonciation de l'accord de 1968. Emmanuel Macron avait sèchement répondu : «Chacun est dans ses compétences. L'accord de 1968, c'est le président de la République». Une série de mesures, relevant des compétences de plusieurs ministères, avait été proposée par le ministre, mais le Quai d'Orsay a privilégié la diplomatie avec un pouvoir algérien sourcilleux. Aucune avancée n'a été notée. «Comme ministre de l'Intérieur, je constate que 42% de la population d'étrangers en situation irrégulière dans les centres de rétention administrative sont Algériens. C'est la première nationalité», rappelait Bruno Retailleau au Figaro.
À lire aussi Algérie : comment la France pourrait dénoncer les accords de 1968
Le ministre de l'Intérieur, élu président des Républicains en mai dernier, assume de «s'exprimer sur d'autres sujets que les [s]iens». Début juillet, il publiait une tribune dans les colonnes du Figaro pour cesser le financement de l'énergie renouvelable et investir dans le parc nucléaire. «Si on se met à avoir des ministres qui s'occupent de tout, ça ne s'appelle plus un gouvernement !», avait répondu Emmanuel Macron. «Chaque ministre doit s'occuper des affaires pour lesquelles il est nommé», ajoutait-il. La tribune de Bruno Retailleau avait suscité un tollé au sein de l'exécutif alors qu'un amendement, dans le cadre de la proposition de loi sur la programmation énergétique, proposant un moratoire sur l'énergie éolienne et photovoltaïque, déposé par un député LR, avait été voté avec le soutien du Rassemblement national et des Ciottistes. Il avait été abrogé par la suite.
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