
Les guerres douanières, épouvantail si pratique dans le chapeau de Trump
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Le Soir
6 hours ago
- Le Soir
Face à l'aggravation du dérèglement climatique, freiner la transition énergétique n'a aucune justification économique
Depuis le début des négociations mondiales sur le dérèglement climatique en 1990, on a entendu en gros trois types de réponses pour ne pas mener les réformes nécessaires. En premier lieu, la dégradation du climat constituait une arnaque (le « hoax » cher à Donald Trump). Cette thèse fut longtemps véhiculée avec complaisance par des centres de recherches et des universitaires financés – dans la discrétion – par les grandes industries fossiles. En deuxième lieu, d'autres experts ont commencé à expliquer que le problème allait être résolu par les progrès scientifiques (allant de la fusion nucléaire à la création d'une atmosphère artificielle). Maintenant se répand la troisième réponse : la lutte contre le dérèglement climatique est « impayable », un « non-sens économique », un « rêve d'ayatollahs verts », etc. Le seul problème de cette opposition est que, comme les précédentes, elle ne tient aucun compte des évaluations sérieuses. De la même manière qu'on a méprisé pendant des décennies les avertissements de la communauté mondiale des climatologues, on méprise ceux de la communauté financière. En 2021, inondations en Europe. Rien qu'en Allemagne, les dégâts directs et indirects sont évalués à plus de 40 milliards d'euros. Qui va payer ? En 2022, inondations au Bangladesh. Un tiers du pays se retrouve sous eau, 33 millions de personnes sont déplacées. Evaluation des dommages directs et indirects : plus de 30 milliards de dollars. Qui va payer ? En 2024, inondations en Catalogne. Dommages aux seules entreprises : quelque 10 milliards d'euros. Dommages aux infrastructures de transport : plusieurs milliards, encore à clarifier. Pertes de la production agricole : 30 %. En novembre, le gouvernement espagnol affecte déjà aux seules personnes frappées 10,6 milliards d'euros. Qui va payer ? En 2025, incendies à Los Angeles. Dommages, totaux cette fois, estimés entre 125 et 150 milliards de dollars. Qui va payer ? Des dégâts systémiques aussi Aux dommages directs et indirects (de plus en plus lourds) liés à ces catastrophes (de plus en plus brutales et fréquentes), il faut ajouter des dégâts systémiques plus insidieux. Pertes de rendement agricole provoquées par des fluctuations plus fortes de la météo, multiplication des infections provoquées par des températures tropicales, obsolescence d'infrastructures (rails, routes, centrales et réseaux électriques, immobilier…) non prévues pour un climat aussi agressif, etc. Pour cette raison, l'évaluation des dommages complets demeure hasardeuse, mais toutes les projections s'accordent au moins sur un point : elles seront colossales. A titre d'exemple, un rapport de Swiss Re de 2024 estime déjà à près de 300 milliards d'euros les pertes économiques et les coûts d'assurance liés aux catastrophes naturelles et climatiques en 2024 au niveau mondial, un chiffre en forte augmentation. La question devient alors différente : qui a payé ? Les citoyens ? Les entreprises ? L'Etat ? A la fin survient toujours un appauvrissement collectif. La même année, l'Institut suisse de recherche estimait, l'impact d'une hausse maintenant probable de 3° de température à une réduction de 10 % du PNB mondial. Un des dommages les plus dangereux consistera dans une baisse de la productivité. Une autre étude, publiée dans Nature va encore plus loin. Selon ses évaluations, les émissions de gaz à effet de serre déjà réalisées entraîneront une baisse de 19 % du revenu mondial en 2049. En d'autres termes, à l'heure actuelle, les dégâts dépassent déjà de façon substantielle les coûts qu'implique la réduction des émissions, et cela ne fera que croître (avec des désordres d'autant plus grands que la répartition des pertes sera très inégale). La destruction économique a commencé On peut discuter autant qu'on veut des paramètres (aléatoires) de ces évaluations, mais leur tendance apparaît très claire. Nous sommes déjà dans une phase de destruction économique. Cela contribue déjà, parmi d'autres facteurs, à la dégradation des finances publiques et au malaise social (pour ne pas parler du malaise mental) dans de nombreux pays. La montée inexorable (sauf miracle jusqu'ici invisible) des températures, des catastrophes naturelles, et des dérèglements météorologiques ne fera qu'alourdir la facture. Pour synthétiser, chaque milliard sauvé en retardant les réformes climatiques coûtera quatre ou cinq milliards plus tard. Il existe d'autres raisons de progresser dans la transition climatique. La plus importante tient à la baisse régulière des coûts du renouvelable, tant solaire qu'éolien. Par ailleurs, notre système de production énergétique, en partie vieux, exige en tout état de cause des investissements importants. Enfin, des raisons supplémentaires s'imposent encore en Europe. La dépendance énergétique extérieure de celle-ci n'arrête pas de progresser et dépasse les 80 %. La réduction des énergies fossiles permet aussi d'éviter la soumission à des fournisseurs hostiles (Poutine hier, Trump aujourd'hui). De façon surréelle, c'est au moment où la destruction économique du dérèglement climatique devient plus évidente que le débat politique, aux Etats-Unis comme en Europe (zones les plus responsables), devient plus infantile. C'est évident avec l'administration Trump, qui va jusqu'à faire supprimer toute référence au climat sur les sites internet officiels (le simple fait de proposer des recherches sur le sujet entraîne aussi une perte de subsides pour les universités). Les dénis entraîneront des sacrifices plus lourds encore Le même mouvement se déploie en Europe. De façon plus hypocrite, la Commission von der Leyen, maintenant investie (grâce au soutien niais apporté par les socialistes, les libéraux et les verts), multiplie les sabotages des réglementations et des objectifs climatiques, au nom de « l'économie » (grâce au soutien de l'extrême droite). En effet, l'extrême droite, et parfois l'extrême gauche, déploient toutes les arnaques démagogiques en présentant l'action climatique comme « anti-économique » ou « anti-sociale », voire un complot d'experts. Les chiffres disent pourtant exactement l'inverse. Au cours des 35 dernières années, on a fait trop peu, et non trop. De manière prévisible, cela n'a fait qu'aggraver notre dilemme actuel. Les dénis d'hier ont mené aux choix douloureux d'aujourd'hui. Les dénis d'aujourd'hui préparent les sacrifices encore plus brutaux de demain. C'est d'autant plus vrai que de nombreux signes indiquent que la communauté mondiale des climatologues a plutôt sous-estimé l'ampleur du danger. Les températures, par exemple, montent plus vite que prévu, tout comme la production du méthane, la montée et les dégradations des mers, ou la fonte des pôles. Dans pareil contexte, on peut plaider pour « l'adaptation » de notre société, mais cela ne pourra tout faire, et coûtera plus cher aussi. Nous savons tous ce qu'il faudrait faire. Taxer le carbone de plus en plus en réduisant d'autres fiscalités. Réduire les comportements les plus polluants. Rénover les logements comme les systèmes d'alimentation et de transport. Mais personne n'aime changer de genre de vie. Alors, nous clamons dans les sondages qu'il faut faire quelque chose, et nous attendons que les autres le fassent (en préférant regarder beaucoup de séries sur l'effondrement climatique de la civilisation à la télévision). Cela ne constitue pas une stratégie viable, ou même sérieuse. Récemment, Mme Pécresse, candidate présidentielle conservatrice peu impressionnante aux élections françaises de 2022, a justement conclu que « la transition écologique n'est ni un luxe, ni une option ». Ceux qui invoquent « l'économie » pour entraver toute action climatique ne s'appuient en réalité sur aucun raisonnement économique. Ils cherchent juste à s'épargner des efforts inconfortables pour imposer des efforts encore plus désagréables à la génération suivante. La gratitude ne sera sans doute pas le sentiment dominant de cette dernière.

Le Soir
2 days ago
- Le Soir
Les Bourses en légère baisse face aux nouvelles menaces tarifaires de Donald Trump
Les Bourses européennes ont majoritairement ouvert en légère baisse lundi, pliant face à la nouvelle offensive douanière de Donald Trump pendant le week-end, qui a annoncé 30 % de droits de douane sur les produits de l'Union européenne. En Europe, dans la matinée, la Bourse de Paris perdait 0,5 %, Francfort 0,7 % et Milan 0,4 %. A Bruxelles, le Bel 20 cédait 0,3 %. En revanche, la Bourse de Londres se maintenait en terrain positif (+0,37 %), le Royaume-Uni bénéficiant d'un accord plus avantageux avec les Etats-Unis. « La situation du commerce mondial est une vraie montagne russe, même si les marchés semblent de plus en plus s'être blindés » contre les nombreux rebondissements, commente Jim Reid, économiste à la Deutsche Bank. Donald Trump a annoncé samedi l'imposition le 1er août de droits de douane de 30 % pour les produits de l'Union européenne et du Mexique exportés aux Etats-Unis. La décision du président américain a jeté un froid alors que les négociations commerciales étaient toujours en cours entre Bruxelles et Washington. Le président américain a prévenu qu'en cas de mesures de rétorsion, il augmenterait d'autant ses droits de douane sur les produits européens entrant aux Etats-Unis, en plus des 30 % annoncés samedi. « C'est bien plus que ce à quoi s'attendait l'Union européenne – elle espérait un taux plus proche de celui obtenu par le Royaume-Uni : 10 %, avec des exceptions pour des secteurs clés comme les métaux et les produits pharmaceutiques », affirme Ipek Ozkardeskaya, analyste pour Swissquote Bank. Mais les marchés, eux, y voient « un moyen de négociation plutôt qu'une réalité à venir », affirme M. Reid, rappelant que Donald Trump « avait menacé l(UE) de droits de douane de 50 % il y a un mois, donc on pourrait dire que c'est une amélioration ». La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé dimanche que l'Union européenne n'allait pas riposter pour l'instant aux droits de douane américains sur l'acier et l'aluminium, dans l'espoir d'obtenir un accord qui s'avérerait moins douloureux. Les ministres du Commerce de l'Union européenne se réunissent lundi à Bruxelles pour affiner leur stratégie face à la dernière offensive de Donald Trump.

Le Soir
3 days ago
- Le Soir
Les guerres douanières, épouvantail si pratique dans le chapeau de Trump
Ne jamais prendre Donald Trump au pied de la lettre. Cette leçon de politique américaine, bien connue de ses inconditionnels habitués à décoder bravades, bluffs et provocations, commence à être doucement digérée par les marchés financiers et les partenaires commerciaux de l'Amérique. Les premiers cités n'ont pas tremblé, même pas frissonné, lorsque le 47 e président des Etats-Unis a dégainé une série de déclarations comminatoires, les 11 et 12 juillet, à l'encontre du reste du monde : puisque les négociations d'accords douaniers ne progressent pas comme il le souhaite, revoici les sanctions annoncées à grands roulements de tambour le 2 avril dernier, jour autoproclamé de « libération » pour les consommateurs américains. Le 1 er août, donc, promet le protectionniste en chef à la Maison-Blanche, les représailles toucheront les importations de biens en provenance de l'Union européenne (+30 %), du Canada (+35 %), du Mexique (+30 %), du Brésil (+50 %).