
Chevron finalise enfin le rachat de Hess après une victoire face au géant ExxonMobil
Ce nouvel eldorado de l'exploitation pétrolière appartenait à ExxonMobil (45%), à l'entreprise chinoise Cnooc (25%) et à Hess (30%). Chacun pouvait refuser l'acquisition du champ par une tierce partie, argument avancé par ExxonMobil pour repousser les velléités de Chevron. Leur différend a fait l'objet d'une longue procédure d'arbitrage, qui vient de trancher en faveur de Chevron. Ce dernier avait indiqué dès février 2024 qu'il pourrait renoncer à Hess en cas de décision défavorable à son encontre.
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«Nous sommes en désaccord avec l'interprétation du tribunal de l'ICC (la Chambre de commerce internationale, NDLR) mais nous respectons l'arbitrage et le processus de résolution du litige», a réagi un porte-parole d'ExxonMobil, auprès de l'AFP, déplorant un «mauvais précédent». «Étant donnée la valeur importante que nous avons créée dans le développement des ressources au Guyana, nous pensons que nous avions un devoir évident d'avancer nos droits de préemption», a-t-il poursuivi, soulignant qu'il s'agissait de protéger les gros investissements réalisés «à un moment où personne ne savait le succès que cette entreprise allait devenir».
Le champ, considéré comme la plus importante découverte depuis dix ans et qui renferme plus de 11 milliards de barils équivalent pétrole, appartient donc désormais à ExxonMobil (45%), à Cnooc (25%) et à Chevron (30%). «Nous souhaitons la bienvenue à Chevron», a relevé le porte-parole d'ExxonMobil. Pour les analystes de TD Cowen, la décision d'arbitrage «retire un risque stratégique important» pour les «perspectives de croissance jusque dans les années 2030» pour Chevron.
Réconciliation
Chevron et ExxonMobil «doivent désormais mettre ce litige derrière eux en tant que partenaires au Guyana», a relevé Stewart Glickman, analyste de CFRA Research. «Nous considérons ce projet transformateur comme un moteur de croissance important de la production pour, au moins, les trois à cinq prochaines années», a-t-il poursuivi. Vers 17H00 GMT, l'action Chevron cédait 1,42% et celle d'ExxonMobil reculait de 3,27% à la Bourse de New York.
Concernant l'intégration de Hess, Chevron a indiqué vendredi qu'il allait émettre environ 301 millions d'actions pour échanger avec les actionnaires de Hess - 1,025 action Chevron pour une Hess. Cette absorption devrait être positive sur le flux de trésorerie rapporté par action dès 2025 et devrait dégager un milliard de dollars de synergies de coûts, en rythme annuel, d'ici la fin de l'année. Le budget d'investissement à disposition de Chevron dans son nouveau périmètre devrait se situer entre 19 et 22 milliards de dollars.
Mais, pour TD Cowen, l'opération ne devrait pas être positive sur le flux de trésorerie en 2026 et «ce n'est pas évident pour 2027». Selon ces analystes, les activités dans le bassin de Bakken (nord des États-Unis), riche en pétrole et en gaz de schiste, pourraient être cédées car considérées comme non prioritaires. Chord Energy et Devon Energy seraient alors au premier rang des repreneurs potentiels, ont-ils relevé. La finalisation de l'acquisition de Hess par Chevron intervient au lendemain d'une autre bonne nouvelle pour eux: l'annulation par l'autorité américaine de la concurrence (FTC) de restrictions attachées à son feu vert à l'opération.
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Elle avait initialement interdit à John Hess, patron du groupe éponyme, de siéger au conseil d'administration du nouveau Chevron. Il va désormais pouvoir s'installer autour de la table, pour peu que les autres administrateurs l'acceptent. La FTC a également annulé jeudi des conditions similaires imposées à ExxonMobil pour son acquisition de Pioneer Natural Resources, dont le patron fondateur Scott Sheffield avait été interdit d'entrer au conseil de son acquéreur. Ce rachat, annoncé en octobre 2023 pour 63 milliards de dollars, a été finalisé en mai 2024.

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