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Tadej Pogacar, chasseur tout-terrain et de nouveau maître du jaune sur le Tour de France

Tadej Pogacar, chasseur tout-terrain et de nouveau maître du jaune sur le Tour de France

L'Équipe5 days ago
Tadej Pogacar a remporté vendredi sa deuxième victoire d'étape dans ce Tour de France et récupéré le maillot jaune, après avoir attendu le tout dernier moment dans la côte de Mûr-de-Bretagne, sûr de son sprint.
À quoi bon rouler à une allure si folle quand on se sait condamné, sinon pour abréger ses souffrances ? Une question qui a dû traverser l'esprit de bon nombre de coureurs qui ont regagné leur hôtel vendredi soir, carbonisés par une nouvelle journée foldingue, les cinq qui étaient dans l'échappée, tous ceux qui ont essayé d'y être, et Geraint Thomas, à l'avant tout l'après-midi, a dû se demander ce qu'il faisait encore là à 39 ans alors qu'il pourrait être dans un pub de Cardiff en train de se saccager. C'est comme si le Tour de France était pris dans un engrenage infernal, un cercle vicieux, une bagarre de plus en plus intense pour les échappées, pour espérer apercevoir une lueur à la manière de Ben Healy jeudi vers Vire, mais qui a pour conséquence d'éreinter tout le monde encore plus que d'ordinaire.
Tous ces combattants sans grade qui veulent leur part de lumière, toutes ces équipes qui n'ont pas les moyens des mastodontes durcissent une course qui est déjà trop dure pour eux, dans le refus de l'inéluctable, une lutte magnifique mais vaine. Quand Tadej Pogacar veut gagner, il gagne, et le peloton pourrait d'ailleurs exiger qu'il envoie un préavis quand il a une idée derrière la tête pour éviter à tout le monde bien des efforts, comme vendredi, avec ces 54 km engloutis lors de la première heure, une moyenne finale de 48 km/h, et une échappée de cinq unités donc - Geraint Thomas, Ewen Costiou, Marco Haller, Ivan Garcia Cortina, Alex Baudin - qui n'a jamais compté guère plus de deux minutes d'avance, aucun espoir de sourire, même si Costiou, dernier rescapé, a au moins connu le bonheur d'ouvrir la route à Mûr-de-Bretagne et d'y être soulevé d'une grande clameur, pas loin de son Finistère.
Plus on cherche à créer du spectacle et plus cela favorise Pogacar
Le Tour se trouve piégé d'une autre manière. On loue la versatilité de son déroulé, la diversité des étapes, la recherche de la petite côte, du final piégeux, sa moindre dépendance à la haute montagne, on dit que la Grande Boucle se court désormais chaque jour comme une classique, mais tout cela avantage Tadej Pogacar, car il est le coureur le plus complet, un chasseur tout-terrain. Plus on cherche à créer du spectacle et plus cela favorise le champion du monde. C'est ce qu'on a vu cette semaine, où le Slovène a fait presque tout ce qu'il a voulu dans les finals accidentés.
Sa victoire vendredi à Mûr-de-Bretagne a rallumé le brasier des râleries sur son cannibalisme, ces étapes qu'il pourrait offrir aux autres mais qu'il gobe sans pitié. Il ne laisse pas grand-chose, certes, mais depuis le départ de Lille, on a surtout l'impression qu'il suit un plan minutieux, serré, pas du tout qu'il arrose dans tous les sens. Avec son encadrement, ils ont cerclé certaines étapes. À Boulogne-sur-Mer dimanche (2e), il n'a pas couru pour la victoire, mais il n'allait pas rester assis sur sa selle dans le sprint et regarder Mathieu Van der Poel lever les bras alors qu'il pouvait lui disputer la gagne.
Un succès presque à l'économie
En revanche, il visait l'étape de Rouen mardi et celle de Mûr-de-Bretagne, ce qui fut clair très tôt vendredi, quand on vit sa formation s'allier aux Alpecin pour garder l'échappée en laisse. Mais là aussi, il a joué sa carte de manière plutôt conservatrice, puisqu'il n'a pas enclenché dans la pente quand Tim Wellens, son dernier écuyer, s'est écarté à 1,7 km de la ligne. Il a assuré lui-même le tempo, a même laissé Remco Evenepoel prendre le relais, et a préféré attendre le sprint en petit comité, où il démarra à 200 m de la ligne, irrésistible. Un succès presque à l'économie, insolent, en quelques coups de pédale, que le nouveau Maillot Jaune justifia ensuite par la confiance en sa pointe de vitesse dans un final de la sorte. Il pouvait bien attendre, personne n'avait été en mesure d'attaquer.
Il expliqua également qu'il se serait exposé à la possibilité d'un contre s'il avait démarré plus tôt, dans la partie raide, une option qu'il a donc jugée plus risquée, comme un léger doute, un petit manque de foi dans son punch et sa capacité à maintenir un écart jusqu'au bout, ce qui est plus inhabituel. Peut-être avait-il encore en tête le souvenir de Rouen, où il n'avait pas réussi à décramponner Jonas Vingegaard, qui a d'ailleurs encore réussi à garder sa roue, y compris dans le sprint, même s'il ne fut jamais en mesure de déboîter son rival.
Ce deuxième succès a en revanche coûté un peu plus à l'équipe de Pogacar, à Nils Politt, tueur d'échappée, à Tim Wellens, impeccable pour placer son leader au pied de la dernière montée, à Jonathan Narvaez, revenu de l'arrière quand les gros se sont neutralisés pour emmener le sprint. Et surtout à Joao Almeida, pris dans un gadin très violent à 6 kilomètres de l'arrivée, entre les deux ascensions, avec notamment Ben Healy, Santiago Buitrago, Louis Barré, Guillaume Martin-Guyonnet. Le Portugais, soutien le plus précieux de sa formation en montagne, devrait pouvoir continuer l'aventure, mais il est bien esquinté et les UAE doivent être contents d'avoir gardé au frigo quasiment toute la semaine Pavel Sivakov et Adam Yates pour la suite.
Van der Poel va devoir trouver d'autres occupations
Car le Tour de France va désormais basculer dans une nouvelle phase, deux journées de transition vers Laval puis Châteauroux et la montagne sera là. Une phase qui sera moins au goût de Mathieu Van der Poel, trop juste vendredi à Mûr-de-Bretagne où il a payé tous ses efforts de la semaine, notamment ceux de jeudi dans l'échappée vers Vire. Le Néerlandais a pris une cassure dès la première ascension, il a pu recoller mais il était en sursis, et sa présence a vraiment manqué dans le deuxième passage, car lui aurait pu tout dynamiter. Il va désormais devoir trouver d'autres occupations, poisson pilote de Kaden Groves, à moins qu'il ne se mette sérieusement en quête du maillot vert. Kévin Vauquelin a encore été vaillant vendredi, c'est lui qui boucha le trou sur le trio Pogacar-Vingegaard-Evenepoel dans la bosse, il est de retour sur le podium du général, mais pour lui aussi le Tour va désormais changer de visage. Mais avant cela il pourra souffler lors de deux journées plates, pour les sprinteurs, voire les baroudeurs, et que, promis, Tadej Pogacar n'a pas cochées.
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