
L'architecture de paysage au cœur d'une tour
Source de bien-être actuel et futur, l'architecture de paysage tend à occuper une place significative dans des tours de condos grâce à des projets façonnés pour améliorer le tissu urbain public et privé. La phase 3 de la Tour des Canadiens, située à quelques pas du Centre Bell, en est un bel exemple.
La troisième phase du projet immobilier de la Tour des Canadiens, situé dans l'arrondissement de Ville-Marie à Montréal, se singularise des deux premières, car elle bénéficie de plusieurs espaces paysagers privés et publics.
Sa conception a commencé en 2017, sa réalisation, en 2020, et l'aménagement extérieur a été pensé simultanément. « Cette culture est très développée en Asie, où les promoteurs ont compris la plus-value de l'aménagement paysager et y investissent énormément, constate Ziad Haddad, architecte paysagiste associé de la firme WAA Montréal. C'est assez récent chez nous au Québec, mais de plus en plus de promoteurs suivent cette tendance-là et font appel à l'architecture de paysage en amont des décisions plutôt qu'une fois que tous les plans sont terminés. »
Ce travail commun entre les bâtisseurs (promoteurs Canderel et Cadillac Fairview, architectes IBI et BLTA, designer d'intérieur Camdi Design) et l'architecte paysagiste semble d'ailleurs indissociable d'un point de vue esthétique et structurel.
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
Ziad Haddad, architecte paysagiste associé de la firme WAA Montréal
La végétation est l'un des outils que nous utilisons, mais ce n'est pas le seul. On est appelés à mettre en scène les espaces et les bâtiments.
Ziad Haddad, architecte paysagiste associé de la firme WAA Montréal
C'est de cette association que sont nés l'harmonie et le caractère particulier de cette tour dotée de zones extérieures attrayantes. La majorité d'entre elles sont destinées aux résidants de l'immeuble, mais d'autres, dont un jardin de poche, profitent à la ville et à ses passants.
« Les condos de cette tour sont très luxueux, alors il fallait créer des agencements élégants, tout en répondant aux enjeux urbain et sociétal, précise l'architecte paysagiste. Il fallait offrir la privauté aux résidants, sans pour autant bloquer la fluidité de la circulation des passants. » Ainsi, un sol de granit marque l'entrée principale, délimitée par des bacs de plantations où les feuillages des végétaux indigènes produisent un beau contraste.
Un minijardin pour tous
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE Le jardin de poche, situé en contrebas de la rue, est accessible au public et ses marches se terminent en pente douce, facilitant l'accès à tous. Les prismes grillagés servant à la ventilation du stationnement souterrain circonscrivent l'espace.
PHOTO FOURNIE PAR ZIAD HADDAD
Le soir, les prismes grillagés s'éclairent comme des lanternes.
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Un espace vacant entre la nouvelle tour et un immeuble patrimonial adossé à la phase 2 a donné l'occasion d'installer un jardin de poche. « Ce concept de pocket park s'est développé à New York pour verdir les petits espaces résiduels entre les bâtiments. Ici, on l'a travaillé un peu à l'européenne avec un pavé en chevrons chaleureux, puis une végétation luxuriante adaptée à notre climat », informe M. Haddad.
Des volumes grillagés animent et complètent cet espace qui donne sur la rue. « Il fallait accommoder la ventilation à différentes places, alors on a imaginé ces éléments qu'on appelle 'les bijoux' pour en faire quelque chose d'esthétique qui ceinture l'espace, plutôt que de mettre de simples grilles d'évacuation d'air. » Ces prismes, que l'on retrouve à plusieurs endroits, nécessitaient un budget supplémentaire que le promoteur a accepté d'ajouter pour valoriser le complexe.
Accessible au public, ce jardin de poche, financé et entretenu par les propriétaires de l'immeuble, donne l'occasion de faire une pause sous les féviers ou encore de boire un verre sur la terrasse du café intégré à la tour. On y accède du trottoir par de longues marches qui se terminent en pente douce, facilitant l'accès aux personnes handicapées et aux poussettes. « Je déteste que les aménagements destinés aux personnes à mobilité réduite soient très marqués. Donc, j'essaie de les fondre dans l'agencement », explique l'architecte paysagiste.
D'après Luc Villandré, directeur général de l'Association des architectes paysagistes du Québec, cette tendance aux jardins de poche pour occuper des espaces orphelins s'accroît dans les grandes villes depuis plusieurs années.
PHOTO AURORE DEGAIGNE, FOURNIE PAR LUC VILLANDRÉ
Luc Villandré, directeur général de l'Association des architectes paysagistes du Québec
Il y voit des atouts majeurs : « Sur le plan de l'inclusion, les personnes âgées, entre autres, bénéficient d'endroits où s'asseoir. Ce sont des espaces de cohabitation où toutes les populations, marginalisées ou non, se côtoient dans une quête d'équilibre en plus de favoriser les liens sociaux, remarque-t-il. Sur le plan environnemental, ils réduisent les îlots de chaleur en augmentant les surfaces verdies et la canopée. Ils contribuent aussi à la rétention des eaux de pluie qui, plutôt que d'être dirigées vers les systèmes d'égouts, sont absorbées dans le sol. »
M. Villandré note également que ces jardinets créent une dynamique dans des zones où il y a une cohabitation commerciale et résidentielle.
Un jardin secret en hauteur
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE Des habitations rappelant des maisons de ville bénéficient d'un espace paysager central.
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE Des habitations rappelant des maisons de ville bénéficient d'un espace paysager central.
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
Le design des numéros d'appartement est repris à l'intérieur du bâtiment pour identifier chaque condo.
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La première zone privée végétalisée de la phase 3 de la Tour des Canadiens a été imaginée comme un jardin en suspension. Celui-ci est aménagé sur une dalle surélevée au-dessus des stationnements et chaque habitation est pensée comme une maison de ville, avec son entrée privée, ce qui diminue l'échelle de la tour. Le tout est imperceptible de la rue.
Quand on travaille sur un grand immeuble comme celui-là, l'architecture de paysage fait la transition entre l'échelle humaine et celle, grandiose, du bâtiment à travers la création de sous-espaces, de nivellement et de végétation.
Ziad Haddad, architecte paysagiste associé de la firme WAA Montréal
La cour intérieure est donc suspendue entre terre et ciel, mais en même temps réfléchie comme un jardin secret dans lequel on se sent comme dans une oasis de végétation.
Les plantes sont sélectionnées de façon à ce qu'il y ait des jeux de textures et une floraison successive du début du printemps jusqu'à l'automne, puis pour que le jardin reste agréable toute l'année. « On a choisi des plantes qui ne sont pas souvent utilisées dans les aménagements paysagers publics, car on trouvait opportun de les introduire dans ces aménagements résidentiels pour amener la notion de zone privée », poursuit-il.
Une terrasse ressourçante
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE La terrasse du troisième étage bénéficie d'un bassin et d'un jardin d'esprit méditerranéen qui surplombe le jardin de poche.
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE La terrasse du troisième étage bénéficie d'un bassin et d'un jardin d'esprit méditerranéen qui surplombe le jardin de poche.
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE La terrasse du troisième étage bénéficie d'un bassin et d'un jardin d'esprit méditerranéen qui surplombe le jardin de poche.
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
La terrasse du troisième étage bénéficie d'un bassin et d'un jardin d'esprit méditerranéen qui surplombe le jardin de poche.
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Les résidants des condos jouissent quant à eux d'une terrasse située au troisième étage, dans la continuité de la piscine intérieure. Recouvert de grandes dalles, cet espace résolument contemporain est animé d'un bassin, de végétaux en pots et de nombreuses zones de repos confortables. Un jardin contrastant inspiré des climats arides de la Méditerranée prolonge ce lieu, planté d'arbres en pleine terre.
Compliqués à mettre en place, ce jardin méditerranéen ainsi que les autres zones paysagées du projet n'auraient pas pu voir le jour s'ils n'avaient pas été programmés en même temps que la construction du bâtiment, puisque des dérogations mineures et des consolidations de structure se sont avérées nécessaires à plusieurs reprises.

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23 minutes ago
- La Presse
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