
Montréal dépasse périodiquement ses propres normes
Les incinérateurs de l'usine d'épuration des eaux de Montréal émettent des polluants qui contribuent aux épisodes de smog, en quantités assez importantes pour violer périodiquement la réglementation municipale, selon des données récemment rendues publiques.
Ce qu'il faut savoir
Des incinérateurs municipaux rejettent des polluants responsables du smog dans l'air, parfois à des taux qui violent la réglementation municipale.
Ces incinérateurs brûlent les résidus de filtration des eaux usées de la Ville, à la pointe est de l'île de Montréal.
La Ville veut faire installer une nouvelle unité de traitement afin de rejeter moins de polluants.
La Ville brûle les résidus de ses eaux usées – y compris nos excréments – dans quatre immenses fours situés sur la pointe est de l'île de Montréal.
La fumée qui s'échappe de leurs cheminées respecte en moyenne les seuils autorisés par la Ville de Montréal elle-même. Mais à certains moments de l'année 2024, les quantités de polluants rejetés ont été deux fois, trois fois, voire trente fois plus élevées que les seuils prévus dans la réglementation municipale.
« C'est désolant, c'est clair. Mais ça ne me surprend pas du tout », a commenté André Bélisle, de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA). « Ce dont on parle, c'est vraiment les gaz qui sont à l'origine du smog. »
La Ville de Montréal n'a pas accordé d'entrevue à La Presse sur le sujet. Dans un courriel, la Ville reconnaît que « les émissions atmosphériques de ces incinérateurs doivent être conformes au Règlement », mais fait valoir que les pics de pollution sont de « courte durée », a indiqué le relationniste Hugo Bourgoin.
Les émissions de nos quatre incinérateurs ont été conformes aux normes 97,4 % du temps pour les particules, 98,7 % du temps pour les oxydes d'azote (NOx) et 99,2 % du temps pour le monoxyde de carbone (CO).
Hugo Bourgoin, relationniste pour la Ville de Montréal
« Ces pointes sont de courte durée puisqu'elles se produisent notamment lors des arrêts et des redémarrages des incinérateurs, dont l'opération normale est en continu, pour des entretiens préventifs ou en urgence lors de pannes électriques ou en raison de bris d'équipements », a-t-il ajouté. Un peu comme une voiture consomme davantage d'essence au démarrage.
Les incinérateurs actuels de la Ville de Montréal datent de 1988. « Ils émettent 30 % des gaz à effet de serre produits par les activités de la Ville de Montréal », expliquait la directrice du service de l'eau, Chantal Morissette, l'automne dernier.
Nouvelle unité
La Ville de Montréal a diffusé ces données dans un avis d'intérêt pour trouver une entreprise qui construira et exploitera une unité supplémentaire de traitement de la fumée de ses incinérateurs.
La fumée est déjà chauffée à très haute température, puis passée à travers de grandes quantités d'eau pour éliminer le plus de polluants possible.
Montréal veut maintenant construire une nouvelle unité de type « oxydation thermique régénérative », ou RTO en anglais.
« Il serait composé d'équipements permettant le traitement des fumées des incinérateurs avec un taux de destruction des contaminants actuels supérieur ou égal à 96 %, et ce, afin d'assurer le respect de l'Art. 5,17 du Règlement 90 de la Ville de Montréal », indique l'avis d'intérêt.
Montréal ne compte pas payer pour cette installation.
« L'entrepreneur sélectionné serait rémunéré par les économies réalisées sur la consommation de gaz naturel, ainsi que par la monétisation des crédits compensatoires issus de la réduction des GES sur le marché du carbone québécois, indique le document. La Ville souhaite conclure une entente de partage équitable des économies et des revenus générés par l'installation du RTO, fondée sur un plan d'affaires transparent et mutuellement avantageux. »
Cinq milliards en modernisation
La nouvelle installation devrait avoir une durée de vie très limitée, puisque la Ville de Montréal entend changer ses vieux incinérateurs dans les prochaines années pour des dispositifs plus modernes et moins polluants. L'unité RTO ne sera alors « plus nécessaire », dixit Montréal.
Le remplacement des incinérateurs est actuellement évalué à 1,2 milliard, un budget en hausse importante dans les dernières années.
C'est loin d'être le seul investissement de la Ville dans son usine d'épuration : près de 5 milliards y sont injectés depuis 10 ans et pour les 10 ou 15 prochaines années.
Une unité d'ozonation est actuellement en construction, pour une facture qui frôle le milliard de dollars, et avec plusieurs années de retard sur l'échéancier. Un autre traitement secondaire pour enlever la matière organique et l'azote devra aussi être instauré. Coût prévu : 2,5 milliards, a révélé la directrice du service de l'eau l'automne dernier.
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Beaucoup l'ont interprété comme un seuil de tolérance sur leur lieu de travail et dans leurs espaces d'enseignement. » Jesse Robichaud, porte-parole de l'Université d'Ottawa, a expliqué dans un courriel qu'aucune suspension n'avait été prononcée, mais qu'un résident avait été « temporairement retiré » des milieux clinique et universitaire pendant l'examen des plaintes pour manquement au professionnalisme. « Ces mesures provisoires ne constituent pas des mesures disciplinaires, a expliqué M. Robichaud. Tous les efforts ont été déployés pour assurer un traitement rapide du dossier. 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