
Figure du graphisme suisse, avec Werner Jeker, le noir s'affiche culturel
Exposé au Musée historique de Lausanne dans un défilé de souvenirs, l'octogénaire regarde devant lui. Portrait… au bureau. Publié aujourd'hui à 17h02
Werner Jeker est arrivé de Soleure à Lausanne alors que sa vie culturelle prenait son envol. Il y a participé en donnant une signature visuelle à ses institutions.
Yvain Genevay
En bref:
Être vu… c'est un peu toute l'histoire de Werner Jeker, une adrénaline de tous les jours dans son engagement de graphiste. Mais quand on l'écoute, il ne parle que des autres, de ceux que «le hasard» a mis sur sa route. Alors s'il devait résumer ce paradoxe sur une affiche, lui qui a marqué l'espace visuel suisse et la mémoire collective avec plus de 800 créations, peut-être travaillerait-il sur les regards? Peut-être les additionnerait-il comme autant de rencontres, de tranches de vie, de destins d'artiste dans une composition où l'imaginaire poursuivrait l'histoire qu'il a commencée?
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On ne lui a pas demandé de confirmer l'interprétation de ce placard en vue à Lausanne. Werner Jeker n'aime pas expliquer, s'expliquer. Mais se défiler, il ne peut pas! Impossible de renier ce noir qui marque son territoire autant qu'une profondeur saisissante, ni ce coup de ciseaux qui crée et scelle une atmosphère presque cinématographique, c'est «Signé Jeker». Une patte. Une trempe. Et surtout pas un style qui rabâche!
La preuve est au Musée historique de Lausanne, qui a donc confié au graphiste l'affiche de sa propre exposition. «Je crois qu'ils ont fait une exception», lance-t-il en riant. C'est son échappatoire, toujours choisie avec tact, toujours au bon moment pour ne pas avoir à en rajouter et passer du côté des bavards. «Il y a trop d'artistes qui parlent, qui parlent, alors qu'on aimerait juste écouter leur musique ou voir leur travail», pointe l'octogénaire.
«Signé Jeker» se compose de plusieurs sections, rassemblant à chaque fois les affiches réalisées pour une institution. Ici, le Musée de l'Élysée.
MHL - ©Nicolas Brodard
Alors forcément, ses affiches, son exposition, lui ressemblent. Dans cette économie de textes explicatifs, dans cette priorité laissée à l'image, à son allure graphique, à son caractère. «Les Biennales de tapisserie, les arts décoratifs, le Musée de la photo, Vidy, l'Art Brut, la Cinémathèque… au départ de chaque truc, j'étais là. Et toujours par le fait du hasard des rencontres, insiste Werner Jeker. Je ne connaissais pas le milieu lorsque je suis arrivé. Vous savez, s'amuse-t-il, sachant que son accent le trahit encore et toujours, je viens d'un petit village du canton de Soleure. C'était la fin des années 60, la Ville cherchait à draguer de nouvelles entreprises. La culture faisait partie de l'offre. C'était une époque! En tout cas, rigole-t-il, ce n'était pas ennuyant.»
À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. De Lausanne à New York
Les souvenirs charriés par ses affiches, le graphiste les sait ancrés dans une mémoire collective comme dans les annales culturelles. Mais aussi dans un temps expérimental. «C'est Rosmarie Lippuner, directrice du Musée des arts décoratifs, qui, je crois, avait eu l'idée de concentrer les affiches culturelles aux entrées et sorties de ville pour créer de la visibilité. Moi, je devais trouver une signature visuelle pour chaque institution afin que les gens s'y rendent à l'aveugle, convaincus de l'intérêt de ce qui est proposé. C'est un métier où l'on rentre vraiment dans la culture des gens.»
Priorité à l'image dans cette exposition qui reprend, dans son abondance, les conditions d'existence d'une affiche.
MHL - © Nicolas Brodard
L'essor lausannois a ensuite amené Werner Jeker dans les rues de Bâle, de Zurich. Puis de Paris. De New York pour une expo du photographe René Burri. En 1995, vainqueur du concours, il aurait pu être dans tous les porte-monnaie suisses avec son billet de 50 francs, si une manœuvre n'en avait pas décidé autrement. Mais national, il l'est, concevant et réalisant «SignalDouleur» pour Expo 02 à Yverdon. On le retrouve aussi derrière l'identité visuelle de la Ville de Genève et chez des clients comme La Saline Royale d'Arc-et-Senans, l'éditeur londonien Phaidon ou encore de l'agence de photos Magnum. Une carrière. Mais pas de nostalgie! «Si ça m'arrivait, souffle-t-il, j'aimerais ne plus être là». Il y a de la marge.
Dans les espaces des Ateliers du Nord, cofondés à Lausanne en 1983 avec Antoine Cahen et Claude Frossard, il court. La main pas loin du téléphone. «J'attends un appel», prévient-il avec, devant lui, des essais autour de l'événement « Félix Vallotton» , à venir dès le 24 octobre au Musée cantonal des beaux-arts. «C'est l'un des premiers artistes que j'ai remarqués quand j'étais jeune, à cause de ses gravures». Werner Jeker fait silence, le temps d'intérioriser cette admiration. Werner Jeker… «trop gentil»
Lui, c'était le dessin. Tout le temps. Et sa littérature, Mickey Mouse. La BD. Un jour, son père l'embarque avec ses feuilles et, sur le conseil d'un proche, le présente aux Beaux-Arts à Lucerne: l'admission est immédiate. Il a 16 ans. Le déclic est fait! Sa trajectoire en orbite, même si pour des questions de coûts, il est redirigé vers un apprentissage. L'illustration devient alors son métier jusqu'à ce que son propre couperet tombe.
Au premier plan de cette vue de «Signé Jeker» au Musée historique de Lausanne, l'affiche qu'il a imaginée pour cette exposition.
© Nicolas Brodard
«Je me trouvais un trait trop gentil! Et c'était pire encore quand je suis arrivé à Lausanne et que je me suis trouvé mêlé aux artistes émergents, ces pionniers de l'art vidéo dont Jean Otth et ceux du groupe Impact. Alors l'image est un peu venue à mon secours quand j'ai été appelé à la direction artistique de «L'Illustré» et à la mise en œuvre de ses seize pages de photographies, ça m'a libéré du dessin. Et j'ai commencé à travailler la photo comme une matière. À couper, à éclater, à coller, à remettre en jeu, à manipuler. Ce qui est une forme de violence.»
Elle est décisive, pas coup de poing, Werner Jeker n'est pas pour. Dans la rue, dans la masse, la différence, le graphiste la fait sur une subtilité, rendant curieux d'une histoire qu'il semble livrer alors même qu'il la retient dans le… noir. En 1999, il signe l'affiche de l'expo des Arts décoratifs sur le noir dans le design, la mode, le graphisme, avec une aubergine noire. La même année, il décline l'identité de Weimar, capitale culturelle de l'Europe, dans une rythmique abstraite de noirs et de gris. Il n'y a pas d'interdit!
«La question ne s'est jamais posée, assure Werner Jeker. Par contre, à chaque projet que je lance, je pense très fort à des gens que j'estime beaucoup et au fait que je n'aimerais pas avoir honte s'ils tombaient par hasard sur une de mes affiches ou un de mes livres. C'est qu'avec le temps qui passe, on n'a plus l'innocence des débuts et il faut gérer ça, tous ces bagages invisibles...» Werner Jeker stoppe net. Rigole. «J'arrête, je deviens philosophe, il est temps d'aller manger.»
Lausanne, Musée historique, jusqu'au 28 sept, du ma au di (11 h-18 h). www.lausanne.ch/
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Florence Millioud a rejoint la rubrique culturelle en 2011 par passion pour les gens de culture, après avoir couvert dès 1994 la politique et l'économie locales. Historienne de l'art, elle collabore à la rédaction de catalogues d'exposition et d'ouvrages monographiques sur des artistes. Plus d'infos
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