
Le Titanic et vous
Nous vous avons demandé si, pour vous, le Titanic occupe trop de place dans nos esprits, les musées et la culture populaire. Voici quelques-unes de vos réponses.
J'en redemande
Le Titanic n'a pas fini de fasciner les gens. À l'époque des premiers grands navires de croisière atteignant plus de 20 nœuds (près de 40 km/h), c'était la course à qui atteindrait le plus rapidement le nouveau continent ! Pensez-y. Le voyage inaugural. Un navire soi-disant insubmersible qui se devait de maintenir une cadence d'enfer pour rallier l'Amérique plus vite que tous ses prédécesseurs dans un luxe incomparable. Tout le monde ou presque connaît ce mauvais coup de dé, mais l'image qu'il projette est que rien n'est invincible. Pour ma part, aucune lassitude. J'en redemande et on m'en redonne.
Michel Dignard, Saint-Jérôme
Sombrer ensemble
Au fond, l'engouement pour le Titanic relève de cette même inquiétude qui anime le mythe d'Icare : la démesure. Et le destin de ce paquebot préfigure, craint-on, notre avenir collectif : lutte des classes, inégalités, insouciance, puis désastre – un conte dont la morale ne saurait être plus limpide : nous sommes tous dans le même bateau, nous allons sombrer ensemble si le capitaine ne change pas de cap.
Christophe Landarc, Ottawa
PHOTO RÉMI LEMÉE, ARCHIVES LA PRESSE
Cabine de première classe du Titanic, à l'exposition du Centre Eaton, à Montréal, en 2008
Un autre sujet de film
Effectivement, le Titanic prend beaucoup de place, alors que l'Empress of Ireland (qui a tout de même droit à ses expositions muséales) est beaucoup plus méconnu. Mais plus méconnu encore est le naufrage du transatlantique SS Atlantic, perdu sur les rochers à un jet de pierre de Peggy's Cove en 1873, et qui n'est commémoré que par quelques livres et un petit musée à Lower Prospect, en Nouvelle-Écosse. Avec 535 morts (incluant toutes les femmes et tous les enfants, sauf un) sur les quelque 950-960 personnes à bord, c'était alors le naufrage le plus meurtrier de l'histoire, et le plus meurtrier de l'histoire de la White Star… jusqu'au Titanic. Et je peux vous assurer que tout y est pour celui qui voudrait en faire un film qui n'aurait rien à envier à Titanic. À ce sujet, je vous conseille l'excellent livre de Robert G. Chaulk, Atlantic's Last Stop.
Joël Lagrandeur, Gatineau
Les autres tragédies
J'aimerais bien qu'on nous parle enfin des autres tragédies maritimes qui ont fait beaucoup plus de morts, particulièrement celles en temps de guerre. Le torpillage du Wilhelm Gustloff, un paquebot allemand, par les Russes, entre autres, qui a tué 10 000 civils allemands. Et il y en a eu bien d'autres.
Louis Girard, Bolton-Ouest
Difficile de rivaliser avec Céline
Effectivement, la multiplication des expos sur le Titanic est un parfait exemple de la culture réduite au commerce. Comme si c'était la seule tragédie maritime dans l'histoire. Pour rester dans nos parages, l'Empress of Ireland est un bon exemple, mais aussi, combien de Québécois connaissent le naufrage de la flotte de Walker ? Cette tragédie a fait un bon millier de morts et a sauvé Québec de la conquête britannique pour 50 ans. Mais il est difficile de rivaliser avec James Cameron et Céline Dion…
André Pelchat, L'Avenir
Un présage de l'avenir ?
PHOTO TIRÉE DU SITE TITANICLASVEGAS.COM
Eric Gaudry se permet de se moquer des couples qui se marient dans la réplique de l'intérieur du Titanic, à Las Vegas.
Le couple qu'on voit se marier dans le monstrueux escalier a probablement déjà pris l'eau. Toutes ces expositions sont aussi insignifiantes que les séries télé sur les gens riches. Bravo, Judith, même si Vincent a raison : c'est une question d'offre et de demande…
Eric Gaudry
Leçon d'humilité
Pourquoi tant de fascination pour le Titanic plus que pour les autres tragédies ? Peut-être parce que le Titanic était censé être insubmersible, un parfait exemple où l'Homme a cru être capable de vaincre la nature. Et il coule dès son premier voyage ! C'est une bonne leçon pour la race humaine : peu importe combien puissants nous pensons être et à quel point nous croyons avoir le contrôle, en réalité, nous sommes tout petits et vulnérables face à la nature. Pour moi, le Titanic n'est pas seulement un naufrage, c'est une leçon qui a marqué l'histoire de la race humaine.
Antonin Hanigan, Montréal
70 ans dans l'obscurité
Si le Titanic a cette valeur de fascinant mystère, c'est entre autres à cause de la très longue durée de sa disparition, 70 ans à près de 4000 mètres dans l'obscurité glaciale de l'Atlantique. Sa découverte en 1986 fut un évènement scientifique et culturel. Il ne restait à Hollywood qu'à magnifier le tout et à élever ce naufrage au rang de véritable mythe moderne. Pour avoir eu l'occasion de voir une de ces expositions en 2008 à Montréal, je peux vous dire que le seul fait de pouvoir poser sa main sur la véritable coque du Titanic donne pour un temps l'impression fascinante de faire partie de l'histoire.
Jean Fortin, Thetford
Chacun ses goûts
Il est vrai qu'il serait très intéressant de connaître davantage l'histoire d'autres naufrages, mais personne n'a un fusil sur la tempe pour aller voir des expositions sur le Titanic. Si une personne n'en peut plus d'entendre des histoires sur ce naufrage, elle passe tout droit… En fait, pour attirer l'attention, n'avez-vous pas utilisé le mot « Titanic » ?! Les gens qui n'en peuvent plus n'ont qu'à passer l'article, tout comme le reste. D'ailleurs, quant à l'Empress of Ireland, échoué non loin des rives de Rimouski, on pourrait aussi dire qu'une des attractions de la Pointe-au-Père, à Rimouski, se sert de ce naufrage pour en avoir fait un musée, fort intéressant d'ailleurs. Les gens connaissent beaucoup moins cette histoire, puisqu'elle n'a pas été portée au grand écran… c'est à mon avis ce qui a mis le Titanic davantage sur la map ! Oui, il y a de l'exagération, comme le décor à Vegas, dont vous parlez dans l'article, mais encore là, il y a des gens qui le louent. Vivre et laisser vivre, tant que ça ne dérange en rien la liberté et la sécurité des gens !
Marie-Josée Hade, Boisbriand
Lisez « À quatre mains : pour ou contre… le Titanic ? »
1. Lisez « The Forgotten Titanic, China » (en anglais)
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La Presse
a day ago
- La Presse
La culture québécoise se vide de son sang
Tournage de la série Bon Cop, Bad Cop, qui sera diffusée sur Crave en 2026 Le monde se noie dans un carnage qui s'enfonce dans l'irrécupérable. On le voit partout, dans tous les pays, dans toutes les disciplines socio-politico-culturelles. Au Québec, une crise silencieuse commence à sortir de l'ombre. Celle de notre culture. Philippe Cormier Réalisateur et scénariste Elle ne fait pas beaucoup les manchettes, mais les échos qui possèdent mon cerveau me hantent depuis des mois. Comédiens, réalisatrices, scénaristes, humoristes, danseurs, chanteuses, animateurs, circassiennes et j'en passe, tous et toutes me répètent la même phrase : « Ça va mal ! », et ce, sur un ton plus grossier, apeuré et fatigué. Je parle en tant que jeune réalisateur de 25 ans qui a été privilégié, j'en conviens, mais aussi au nom d'une génération entière d'artistes qui, chaque jour, se battent pour exister. J'ai moi-même réalisé Le purgatoire des intimes en 2021, un long métrage sorti en 2023 sur Crave. C'était tourné en pleine pandémie et, croyez-moi sur parole, ce n'était pas un exploit de production, c'était un miracle. Parce que j'étais jeune, aucunement dans le star système et que mes propos se voulaient audacieux. Aujourd'hui, je constate avec désarroi que ce miracle est devenu la norme dans l'industrie. Que je ne l'aurai jamais plus facile. Pour créer, il faut jongler entre la précarité, la débrouillardise et le masochisme. On creuse notre propre tombe En 2025-2026, le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) dispose d'un budget record de 200 millions de dollars. Sur papier, c'est historique, mais dans les faits, c'est surtout une pression gigantesque sur un système saturé. Les demandes explosent et les créateurs patientent des mois, parfois des années, avant d'avoir une réponse. Ce travail de prédéveloppement pro bono devient la norme, un effort colossal souvent sans retour. Au secteur privé, c'est la débandade. Le Groupe TVA, plus grand réseau francophone du Québec, en mode survie, a dû éliminer une trentaine de postes dans sa division télé, une étape de plus dans un plan de restructuration qui a déjà rayé environ 650 emplois depuis 2023, soit près de la moitié de son personnel. Ça donne des budgets coupés ou drastiquement réduits, des émissions annulées et des voix oubliées. Quant aux cinémas du Québec, leur fréquentation en 2024 a été d'environ 13,5 millions d'entrées, une baisse de 28 % par rapport à 2019. On coupe dans nos créations alors qu'il me semble que le public d'ici a besoin plus que jamais de se sentir reconnu, validé, compris. La réalité est dure à dire, mais en 2025, la majorité de mes collègues ont des emplois alimentaires pour survivre. Je ne parle pas juste des jeunes qui sortent des écoles de théâtre, je parle de comédiens que vous reconnaîtriez dans la rue. Des créateurs épuisés avant de créer J'ai récemment pitché une série audacieuse, quelque chose qu'on n'avait jamais vu au Québec. Les producteurs étaient emballés, mais ils m'ont expliqué qu'ils n'avaient pas la main-d'œuvre pour aller en développement. Trop risqué, trop compliqué, trop cher. Je les comprends, eux aussi veulent survivre. Mot pour mot, on m'a dit : « [On sait qu'on] passe à côté d'un maudit bon projet, c'est pas le contenu le problème, c'est l'argent, les conditions. » Les artistes passent leur temps à devoir convaincre. À temps plein, presque tous les jours. Quand on ose déposer un projet, c'est des mois d'attente. On a le temps de mourir de faim huit fois et d'assister au suicide de notre imagination. C'est vraiment comme se faire ghoster par un match sur Tinder, puis un autre, pour se rendre compte qu'une cinquantaine de personnes ne nous ont pas considéré une seule seconde. Les diffuseurs, eux ? Ils prennent moins de risques en multipliant les contenus qui se veulent « sécuritaires », qui plaisent sans trop choquer, sans trop aller dans des univers différents. Je comprends leur frilosité, mais je constate les dégâts, soit une culture qui perd son mordant et, ultimement, son âme. Le futur n'a de place que pour l'élite Si rien ne change, d'ici 10 ans, beaucoup de nos artistes seront partis pour la France, pour Toronto, pour n'importe où ailleurs où leur travail est reconnu et financé. Ceux qui resteront formeront une élite minuscule, sélectionnée non pas pour son talent, mais pour sa capacité à survivre dans un système qui confond persévérance et obstination suicidaire. Le public se tournera davantage vers les plateformes américaines parce qu'il n'aura plus d'intérêt à regarder pour la 18e fois la même série médicale ou judiciaire avec les mêmes acteurs. À quoi bon se considérer comme de fiers Québécois si nos histoires finissent par être racontées par d'autres ? L'art, ce n'est pas un rapport comptable. C'est un pari sur notre identité collective, sur la capacité de permettre à notre monde de rêver. Dans 10 ans, je n'aurai peut-être plus de références culturelles québécoises, mais je pourrai avoir accès à toutes les saisons de Love Island… Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue


La Presse
2 days ago
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Le Titanic et vous
Affiche faisant la promotion d'un parc d'attractions de la province du Sichuan, en Chine, en avril 2021. L'objectif de construire une reproduction grandeur nature du Titanic semble avoir connu un destin peu glorieux : le vaisseau dans lequel des dizaines de millions ont été engloutis est abandonné à la rouille, selon la page Titanic II News 1 . Nous vous avons demandé si, pour vous, le Titanic occupe trop de place dans nos esprits, les musées et la culture populaire. Voici quelques-unes de vos réponses. J'en redemande Le Titanic n'a pas fini de fasciner les gens. À l'époque des premiers grands navires de croisière atteignant plus de 20 nœuds (près de 40 km/h), c'était la course à qui atteindrait le plus rapidement le nouveau continent ! Pensez-y. Le voyage inaugural. Un navire soi-disant insubmersible qui se devait de maintenir une cadence d'enfer pour rallier l'Amérique plus vite que tous ses prédécesseurs dans un luxe incomparable. Tout le monde ou presque connaît ce mauvais coup de dé, mais l'image qu'il projette est que rien n'est invincible. Pour ma part, aucune lassitude. J'en redemande et on m'en redonne. Michel Dignard, Saint-Jérôme Sombrer ensemble Au fond, l'engouement pour le Titanic relève de cette même inquiétude qui anime le mythe d'Icare : la démesure. Et le destin de ce paquebot préfigure, craint-on, notre avenir collectif : lutte des classes, inégalités, insouciance, puis désastre – un conte dont la morale ne saurait être plus limpide : nous sommes tous dans le même bateau, nous allons sombrer ensemble si le capitaine ne change pas de cap. Christophe Landarc, Ottawa PHOTO RÉMI LEMÉE, ARCHIVES LA PRESSE Cabine de première classe du Titanic, à l'exposition du Centre Eaton, à Montréal, en 2008 Un autre sujet de film Effectivement, le Titanic prend beaucoup de place, alors que l'Empress of Ireland (qui a tout de même droit à ses expositions muséales) est beaucoup plus méconnu. Mais plus méconnu encore est le naufrage du transatlantique SS Atlantic, perdu sur les rochers à un jet de pierre de Peggy's Cove en 1873, et qui n'est commémoré que par quelques livres et un petit musée à Lower Prospect, en Nouvelle-Écosse. Avec 535 morts (incluant toutes les femmes et tous les enfants, sauf un) sur les quelque 950-960 personnes à bord, c'était alors le naufrage le plus meurtrier de l'histoire, et le plus meurtrier de l'histoire de la White Star… jusqu'au Titanic. Et je peux vous assurer que tout y est pour celui qui voudrait en faire un film qui n'aurait rien à envier à Titanic. À ce sujet, je vous conseille l'excellent livre de Robert G. Chaulk, Atlantic's Last Stop. Joël Lagrandeur, Gatineau Les autres tragédies J'aimerais bien qu'on nous parle enfin des autres tragédies maritimes qui ont fait beaucoup plus de morts, particulièrement celles en temps de guerre. Le torpillage du Wilhelm Gustloff, un paquebot allemand, par les Russes, entre autres, qui a tué 10 000 civils allemands. Et il y en a eu bien d'autres. Louis Girard, Bolton-Ouest Difficile de rivaliser avec Céline Effectivement, la multiplication des expos sur le Titanic est un parfait exemple de la culture réduite au commerce. Comme si c'était la seule tragédie maritime dans l'histoire. Pour rester dans nos parages, l'Empress of Ireland est un bon exemple, mais aussi, combien de Québécois connaissent le naufrage de la flotte de Walker ? Cette tragédie a fait un bon millier de morts et a sauvé Québec de la conquête britannique pour 50 ans. Mais il est difficile de rivaliser avec James Cameron et Céline Dion… André Pelchat, L'Avenir Un présage de l'avenir ? PHOTO TIRÉE DU SITE Eric Gaudry se permet de se moquer des couples qui se marient dans la réplique de l'intérieur du Titanic, à Las Vegas. Le couple qu'on voit se marier dans le monstrueux escalier a probablement déjà pris l'eau. Toutes ces expositions sont aussi insignifiantes que les séries télé sur les gens riches. Bravo, Judith, même si Vincent a raison : c'est une question d'offre et de demande… Eric Gaudry Leçon d'humilité Pourquoi tant de fascination pour le Titanic plus que pour les autres tragédies ? Peut-être parce que le Titanic était censé être insubmersible, un parfait exemple où l'Homme a cru être capable de vaincre la nature. Et il coule dès son premier voyage ! C'est une bonne leçon pour la race humaine : peu importe combien puissants nous pensons être et à quel point nous croyons avoir le contrôle, en réalité, nous sommes tout petits et vulnérables face à la nature. Pour moi, le Titanic n'est pas seulement un naufrage, c'est une leçon qui a marqué l'histoire de la race humaine. Antonin Hanigan, Montréal 70 ans dans l'obscurité Si le Titanic a cette valeur de fascinant mystère, c'est entre autres à cause de la très longue durée de sa disparition, 70 ans à près de 4000 mètres dans l'obscurité glaciale de l'Atlantique. Sa découverte en 1986 fut un évènement scientifique et culturel. Il ne restait à Hollywood qu'à magnifier le tout et à élever ce naufrage au rang de véritable mythe moderne. Pour avoir eu l'occasion de voir une de ces expositions en 2008 à Montréal, je peux vous dire que le seul fait de pouvoir poser sa main sur la véritable coque du Titanic donne pour un temps l'impression fascinante de faire partie de l'histoire. Jean Fortin, Thetford Chacun ses goûts Il est vrai qu'il serait très intéressant de connaître davantage l'histoire d'autres naufrages, mais personne n'a un fusil sur la tempe pour aller voir des expositions sur le Titanic. Si une personne n'en peut plus d'entendre des histoires sur ce naufrage, elle passe tout droit… En fait, pour attirer l'attention, n'avez-vous pas utilisé le mot « Titanic » ?! Les gens qui n'en peuvent plus n'ont qu'à passer l'article, tout comme le reste. D'ailleurs, quant à l'Empress of Ireland, échoué non loin des rives de Rimouski, on pourrait aussi dire qu'une des attractions de la Pointe-au-Père, à Rimouski, se sert de ce naufrage pour en avoir fait un musée, fort intéressant d'ailleurs. Les gens connaissent beaucoup moins cette histoire, puisqu'elle n'a pas été portée au grand écran… c'est à mon avis ce qui a mis le Titanic davantage sur la map ! Oui, il y a de l'exagération, comme le décor à Vegas, dont vous parlez dans l'article, mais encore là, il y a des gens qui le louent. Vivre et laisser vivre, tant que ça ne dérange en rien la liberté et la sécurité des gens ! Marie-Josée Hade, Boisbriand Lisez « À quatre mains : pour ou contre… le Titanic ? » 1. Lisez « The Forgotten Titanic, China » (en anglais)


La Presse
3 days ago
- La Presse
Spectaculaire nature ! La magie de l'OSM
Une volée de bernaches a survolé le site, s'attirant les applaudissements et les rires de la foule. L'Orchestre symphonique de Montréal (OSM) a balayé le temps orageux et caniculaire mercredi lors de son 12e grand concert sur l'Esplanade du Parc olympique. Le chef Rafael Payare, qui avait préparé un programme inspiré de la nature dans tous ses états, a fait souffler un doux vent de fraîcheur sur la ville. La préparation À notre arrivée à 17 h, quelques personnes étaient déjà installées devant la scène, pendant que les 90 musiciens de l'OSM répétaient sous la chaleur écrasante. L'animateur de la soirée, André Robitaille, écoutait lui aussi attentivement ce qui se passait. PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE L'OSM en répétition, mercredi après-midi Cette soirée qui est maintenant devenue une tradition, il la trouve « extraordinaire, exceptionnelle ». « Ce qui me fascine, c'est l'écoute active de la foule », dit le comédien, qui anime aussi les concerts que l'OSM offre dans les parcs. « Mais quand le silence est appelé, il est là. Malgré le nombre. » PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE André Robitaille avant le concert Convivialité et respect : c'est ce que ressent André Robitaille lors de ces grandes soirées qui attirent plusieurs milliers de personnes. Pour lui, la virée amène quelque chose comme de la « douceur sociale ». « Je ne veux pas avoir l'air quétaine quand je dis ça, mais c'est ce que je reçois. Une solidarité, quelque chose de doux, et avec tout ce qui se passe socialement, politiquement, ça fait du bien. Ce temps d'arrêt, avec de la belle musique bien jouée, je trouve ça beau. » Après la répétition La répétition est terminée, Rafael Payare descend de scène pour se changer dans sa loge. « Il fait chaud, quand même », nous dit-il en revenant. « Mais c'est moins pire qu'hier, quand même, on sent un petit vent. » Le chef est toujours aussi content de retrouver le public montréalais dans ce spectacle intitulé Spectaculaire nature. « L'idée, c'est de se promener dans les images, les paysages », explique-t-il. Même si son temps est compté, le chef profite du moment pour prendre un petit bain de foule, en particulier avec des gens issus de la communauté vénézuélienne. Lorsqu'il arrive, une dame se jette littéralement dans ses bras. Les autres hésitent un peu, mais il se retrouve vite entouré d'admirateurs qui veulent lui parler, se faire prendre en photo. Il les accueille chaleureusement et joyeusement. PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE Une spectatrice, Maria Aljandrina Ramos, en compagnie de Rafael Payare Maria Aljandrina Ramos, celle qui a ouvert le bal, n'en revient pas de sa chance. « Quand il est passé devant moi tout à l'heure, je l'ai appelé, il m'a dit : je vais prendre une douche et je reviens vous voir », raconte la Vénézuélienne d'origine, qui vit à Montréal depuis 15 ans. Elle fréquentait déjà le spectacle du Stade lorsque Kent Nagano était le chef de l'OSM, mais bien sûr, son compatriote Rafael Payare a une place spéciale dans son cœur. « Quand il a commencé, il faisait jouer de la musique folklorique du Venezuela. C'est une grande fierté », explique-t-elle. C'était la première fois qu'elle avait l'occasion de lui parler. « Quel cadeau ! » Assez pour repartir chez elle tout de suite ? Elle rit. « Non, je vais rester jusqu'à la fin. » Et les orages ne lui font pas peur. « Il n'y en aura pas, c'est sûr. » PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE Alba Belloso et ses filles, Katherine et Géraldine Comme Maria, la famille Belloso est originaire du Venezuela, et avait assisté au concert de l'Esplanade avant Rafael Payare. Mais une couche d'intérêt s'est ajoutée, explique Katherine, qui est là avec sa sœur Géraldine et ses parents, Alba et Marco. « Voir quelqu'un qui a été formé avec le El Sistema, une formation musicale qui est un grand succès créé au Venezuela, on est très fiers de ça. » Avant le spectacle Contre toute attente, le soleil s'est pointé et un petit vent s'est mis à souffler. Il est 19 h, et on voit les gens arriver sur le site, les spectateurs qui sont là depuis longtemps sont installés sur leurs chaises ou sur les couvertures. PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE Un trompettiste se préparant en coulisse Les musiciens accordent leurs instruments, des petits groupes parlent entre eux ou se prennent en photo, et l'ambiance est toute douce. Dix minutes avant le début du concert, André Robitaille est venu annoncer le dernier décompte. Le concert Sobrement animé par André Robitaille, le concert a débuté avec l'ouverture de l'opéra Guillaume Tell de Rossini, pièce archiconnue et séduisante qui mettait la table pour une soirée pleine de rebondissements. Mais Rafael Payare n'a jamais eu peur de faire découvrir des artistes moins connus. Et c'est une bien bonne idée d'avoir programmé une pièce de la compositrice contemporaine mexicaine Gabriela Ortiz, Kauyumari, qui signifie « cerf bleu », dont les accents folkloriques ont particulièrement plu au public attentif. PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE Rafael Payare pendant l'énergique ouverture de l'opéra Guillaume Tell Tout le début du concert s'est déroulé sous un ciel rosé : les risques d'orage étaient bel et bien derrière nous, et l'ambiance était parfaite pour recevoir le ténor Pene Pati, avec d'abord un air de Roméo et Juliette de Gounod évoquant le soleil, puis un autre, tirée de La bohème de Puccini, la lune. Et pendant qu'il chantait, pour la deuxième année d'affilée, une volée de bernaches a survolé le site, s'attirant les applaudissements et les rires de la foule. La magie de la soirée a continué d'opérer, avec la pièce du Québécois Maxime Goulet inspiré de la crise du verglas, qui a charmé la foule. A suivi la pièce de résistance du concert, un extrait de la Symphonie no 2 de l'immense compositeur grec Míkis Theodorákis, dont c'est le 100e anniversaire de naissance cette année. À travers les déchaînements de l'œuvre, l'expressivité du pianiste soliste Godwin Friesen était un ancrage fascinant. PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE Le ténor soliste Pene Pati La nuit était déjà tombée lorsque Pene Pati, nouveau chouchou de la foule, est venu interpréter le célèbre Nessun dorma tiré du Turandot de Puccini, dont la finale lui a attiré bien sûr une ovation debout. « C'est une semaine de folie », a rappelé Rafael Payare au micro, quand André Robitaille lui a demandé de parler de la Virée classique, qui prend son envol jusqu'à dimanche, avec des concerts et des dizaines d'évènements gratuits. Mais on est vite revenu à la musique avec La mer de Debussy, et en rappel La marche hongroise tirée de La damnation de Faust de Berlioz, qui figurera dans le concert d'ouverture de l'OSM. PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE La foule sur l'Esplanade du Parc olympique, à la nuit tombée L'orchestre montréalais n'a pas réussi à faire dégager assez le ciel pour qu'on puisse voir des Perséides – il y avait eu assez de miracles pour cette soirée. Mais après le concert, les visages souriants, les couples qui marchaient main dans la main, les gens qui s'en allaient tranquillement à vélo ou vers le métro avec leur chaise pliante accrochée sur l'épaule – on a même croisé des musiciens de l'orchestre sur le quai du métro ! – nous ont fait comprendre exactement ce que voulait dire André Robitaille par douceur sociale. Et ce n'est pas quétaine du tout. Consultez la page de la Virée classique de l'OSM