
L'UE veut négocier, mais s'impatiente face à Trump
Max DELANY
Agence France-Presse
« J'ai l'intention de m'entretenir à nouveau avec mes homologues américains dans le courant de la journée, car je ne peux pas m'imaginer en rester là sans effort véritable », a déclaré le commissaire européen chargé du Commerce Maros Sefcovic.
Mais, a-t-il ajouté, « nous devons nous préparer à toutes les éventualités, y compris, si nécessaire, à des contre-mesures proportionnées et bien calibrées pour rétablir l'équilibre de notre relation transatlantique ».
La décision du président américain, annoncée dans une lettre rendue publique samedi, a jeté un froid alors que les négociations commerciales étaient toujours en cours entre Bruxelles et Washington, avant la date butoir du 1er août.
« Changer de méthode »
« L'incertitude actuelle causée par des droits de douane injustifiés ne peut pas durer indéfiniment », a souligné M. Sefcovic.
« Évidemment, la situation depuis samedi doit nous amener à changer de méthode », a renchéri lundi à Bruxelles le ministre français chargé du Commerce extérieur Laurent Saint-Martin, avant une réunion des ministres de l'UE. Et il ne faut avoir « aucun tabou », a-t-il martelé, y compris en annonçant dès lundi de premières représailles.
« Nous voulons un accord, mais il y a un vieux dicton qui dit : 'si tu veux la paix, tu dois te préparer à la guerre' », a déclaré de son côté le ministre danois des Affaires étrangères, Lars Lokke Rasmussen, dont le pays assure actuellement la présidence tournante de l'UE.
La présidente de la Commission européenne – qui négocie au nom des États membres de l'UE –, Ursula von der Leyen, a choisi pour le moment de temporiser, sous pression notamment de pays, comme l'Allemagne, dont les ventes vers les États-Unis représentent la part la plus importante du total des exportations de l'UE.
Elle a annoncé dimanche que l'Union européenne n'allait pas riposter pour l'instant aux droits de douane américains sur l'acier et l'aluminium, dans l'espoir d'obtenir un accord qui s'avérerait moins douloureux.
« Nous avons toujours été très clairs sur le fait que nous préférons une solution négociée. Cela reste le cas et nous utiliserons le temps dont nous disposons maintenant jusqu'au 1er août », a déclaré Mme von der Leyen.
Des diplomates ont néanmoins souligné qu'un paquet de mesures de représailles supplémentaires serait présenté aux ministres lundi, mesures qui pourraient être mises en œuvre si Donald Trump optait effectivement pour des taxes de 30 % sur les importations en provenance de l'Union européenne.
100 milliards d'euros
L'UE a déjà menacé en mai d'imposer des droits de douane sur des produits américains d'une valeur d'environ 100 milliards d'euros (160 milliards de dollars canadiens) comprenant des automobiles et des avions, si les négociations échouaient – quand bien même un diplomate a laissé entendre que la liste finale avait été réduite à une valeur de 72 milliards (115 milliards de dollars canadiens).
Les pays européens essayent de rester unis dans cette affaire, bien que leurs économies ne soient pas exposées de la même façon aux foudres douanières du président américain.
Emmanuel Macron a exhorté samedi la Commission européenne à « défendre résolument les intérêts européens » et à « accélérer la préparation de contre-mesures crédibles ».
Le chancelier allemand Friedrich Merz s'est dit dimanche d'accord avec le président français, précisant avoir discuté avec lui, avec Mme von der Leyen et Donald Trump ces derniers jours. Il assure vouloir s'impliquer « intensivement » pour tenter d'arriver à une solution.
La première ministre italienne Giorgia Meloni a quant à elle mis en garde dimanche contre la perspective d'une « guerre commerciale » au sein du monde occidental.
« L'Europe dispose de la puissance économique et financière nécessaire pour affirmer sa position et parvenir à un accord équitable et de bon sens. L'Italie fera sa part. Comme toujours », a-t-elle dit dans un communiqué, tandis que son opposition l'accuse de manquer de fermeté face à Washington.
Depuis son retour à la présidence des États-Unis en janvier, Donald Trump a imposé des droits de douane fluctuants et généralisés à ses alliés et ses concurrents, perturbant les marchés financiers et alimentant les craintes d'un ralentissement économique mondial.
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La Presse
a day ago
- La Presse
L'UE veut négocier, mais s'impatiente face à Trump
(Bruxelles) L'Union européenne espère toujours obtenir un accord avec les États-Unis après les nouvelles menaces de Donald Trump d'imposer le 1er août des droits de douane de 30 %, mais la patience s'amenuise, ont indiqué lundi le négociateur en chef de l'UE et des ministres européens du Commerce. Max DELANY Agence France-Presse « J'ai l'intention de m'entretenir à nouveau avec mes homologues américains dans le courant de la journée, car je ne peux pas m'imaginer en rester là sans effort véritable », a déclaré le commissaire européen chargé du Commerce Maros Sefcovic. Mais, a-t-il ajouté, « nous devons nous préparer à toutes les éventualités, y compris, si nécessaire, à des contre-mesures proportionnées et bien calibrées pour rétablir l'équilibre de notre relation transatlantique ». La décision du président américain, annoncée dans une lettre rendue publique samedi, a jeté un froid alors que les négociations commerciales étaient toujours en cours entre Bruxelles et Washington, avant la date butoir du 1er août. « Changer de méthode » « L'incertitude actuelle causée par des droits de douane injustifiés ne peut pas durer indéfiniment », a souligné M. Sefcovic. « Évidemment, la situation depuis samedi doit nous amener à changer de méthode », a renchéri lundi à Bruxelles le ministre français chargé du Commerce extérieur Laurent Saint-Martin, avant une réunion des ministres de l'UE. Et il ne faut avoir « aucun tabou », a-t-il martelé, y compris en annonçant dès lundi de premières représailles. « Nous voulons un accord, mais il y a un vieux dicton qui dit : 'si tu veux la paix, tu dois te préparer à la guerre' », a déclaré de son côté le ministre danois des Affaires étrangères, Lars Lokke Rasmussen, dont le pays assure actuellement la présidence tournante de l'UE. La présidente de la Commission européenne – qui négocie au nom des États membres de l'UE –, Ursula von der Leyen, a choisi pour le moment de temporiser, sous pression notamment de pays, comme l'Allemagne, dont les ventes vers les États-Unis représentent la part la plus importante du total des exportations de l'UE. Elle a annoncé dimanche que l'Union européenne n'allait pas riposter pour l'instant aux droits de douane américains sur l'acier et l'aluminium, dans l'espoir d'obtenir un accord qui s'avérerait moins douloureux. « Nous avons toujours été très clairs sur le fait que nous préférons une solution négociée. Cela reste le cas et nous utiliserons le temps dont nous disposons maintenant jusqu'au 1er août », a déclaré Mme von der Leyen. Des diplomates ont néanmoins souligné qu'un paquet de mesures de représailles supplémentaires serait présenté aux ministres lundi, mesures qui pourraient être mises en œuvre si Donald Trump optait effectivement pour des taxes de 30 % sur les importations en provenance de l'Union européenne. 100 milliards d'euros L'UE a déjà menacé en mai d'imposer des droits de douane sur des produits américains d'une valeur d'environ 100 milliards d'euros (160 milliards de dollars canadiens) comprenant des automobiles et des avions, si les négociations échouaient – quand bien même un diplomate a laissé entendre que la liste finale avait été réduite à une valeur de 72 milliards (115 milliards de dollars canadiens). Les pays européens essayent de rester unis dans cette affaire, bien que leurs économies ne soient pas exposées de la même façon aux foudres douanières du président américain. Emmanuel Macron a exhorté samedi la Commission européenne à « défendre résolument les intérêts européens » et à « accélérer la préparation de contre-mesures crédibles ». Le chancelier allemand Friedrich Merz s'est dit dimanche d'accord avec le président français, précisant avoir discuté avec lui, avec Mme von der Leyen et Donald Trump ces derniers jours. Il assure vouloir s'impliquer « intensivement » pour tenter d'arriver à une solution. La première ministre italienne Giorgia Meloni a quant à elle mis en garde dimanche contre la perspective d'une « guerre commerciale » au sein du monde occidental. « L'Europe dispose de la puissance économique et financière nécessaire pour affirmer sa position et parvenir à un accord équitable et de bon sens. L'Italie fera sa part. Comme toujours », a-t-elle dit dans un communiqué, tandis que son opposition l'accuse de manquer de fermeté face à Washington. Depuis son retour à la présidence des États-Unis en janvier, Donald Trump a imposé des droits de douane fluctuants et généralisés à ses alliés et ses concurrents, perturbant les marchés financiers et alimentant les craintes d'un ralentissement économique mondial.


La Presse
2 days ago
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« Les familles ne peuvent plus vivre de leurs salaires »
(Athènes) Après avoir frôlé la faillite en 2010, la Grèce connaît ces dernières années l'une des croissances économiques les plus fortes de l'Union européenne. Mais pour plusieurs, cette remontée est synonyme d'appauvrissement et de recul majeur des droits des travailleurs. Maxance Cloutier et Simon Gionet Collaboration spéciale Des milliers de manifestants sont rassemblés à la station Panepistimio, au centre-ville d'Athènes. Nous sommes le 9 avril, jour de grève générale de 24 heures organisée par les principaux syndicats pour réclamer une hausse des salaires et le retour des conventions collectives. Le cortège se prépare pour son court trajet jusqu'au parlement. Derrière le calme général, la frustration face au coût de la vie est palpable. « Les salaires sont très bas, le coût de la vie ne cesse d'augmenter année après année. Les familles ne peuvent plus vivre de leurs salaires », critique Sebelidou*, 25 ans, en expliquant sa participation à la grève, la troisième en moins de cinq mois. La hausse du salaire minimum à 880 euros (1380 $ CAN) par mois, entrée en vigueur une semaine plus tôt, ne semble pas rassurer la jeune Grecque, qui s'inquiète plutôt du prix des logements. Si tu veux louer, c'est au moins 500 euros (784 $ CAN) [par mois]. Si tu es seul, tu ne peux pas. C'est impossible. Sebelidou, 25 ans « Tu dois rester chez tes parents jusqu'à 30 ans », acquiesce à ses côtés Theodoridou, 25 ans elle aussi, qui travaille à temps plein pour une société pétrolière. Les deux amies admettent elles-mêmes habiter chez leurs parents malgré leurs emplois, une situation répandue parmi la jeunesse grecque, selon elles. Les dernières statistiques leur donnent raison : en 2024, les Grecs avaient l'un des pouvoirs d'achat les plus faibles parmi les 27 membres de l'Union européenne, tout juste devant les Bulgares, au bas du classement. PHOTO LOUISA GOULIAMAKI, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE Les retraités ont aussi été durement touchés par les mesures d'austérité. Ici, une manifestation tenue à Athènes en 2022 pour réclamer de meilleures pensions face à la hausse du coût de la vie. « Le coût de la vie est super élevé, donc la qualité de vie est super basse », soutient Penicles, plus loin dans la foule. Le chercheur de 28 ans pointe la déroute du marché du travail. « Les droits des travailleurs sont inexistants. » Chute de la syndicalisation Depuis la crise économique, l'austérité imposée par les gouvernements successifs a profondément ébranlé le monde du travail. De 2009 à 2017, la proportion d'employés couverts par une convention collective est passée de près de 100 % à 14 %, selon les données de l'OCDE. Aujourd'hui, l'Institut syndical européen estime que ce chiffre est tombé à 10 %. Les réformes du marché du travail des années 2010, comme la fin du renouvellement automatique des conventions collectives et la possibilité pour les entreprises de se retirer des négociations par secteurs, ont considérablement réduit le taux de syndicalisation des travailleurs grecs. Une série de législations a également modifié en profondeur les droits des travailleurs. L'une des dernières, adoptée en juillet 2024 par le gouvernement du premier ministre Kyriákos Mitsotákis, permet aux salariés de certains secteurs de travailler six jours sur sept. C'est révélateur que la Grèce instaure une semaine de travail de six jours alors que le reste de l'Europe se dirige vers quatre jours. Penicles Un sixième jour qui a la vie dure Si la nouvelle loi laisse en principe le droit à l'employé de refuser de travailler un sixième jour, le risque de congédiement en cas de refus est bien réel. Certains peuvent résister, grâce à des pressions syndicales ou au double emploi. C'est le cas de Sebelidou, rencontrée à la manifestation, dont le deuxième boulot lui offre une plus grande sécurité financière. « S'ils me disaient de travailler six jours, je dirais non et je m'en irais, dit-elle. Mais si c'était mon seul emploi […], je n'aurais pas le choix. » Makis Tsekouras le confirme : à l'entrepôt de la chaîne de magasins Praktiker, où il travaille, la plupart des employés acceptent de travailler un sixième jour, par crainte d'être licenciés. Il est l'un des seuls à refuser. « Comme chef syndical, je peux me le permettre. Je suis le seul qui ne peut pas être viré », explique-t-il. Contrairement à ses collègues, il est aussi l'un des rares encore protégés par une convention collective. Tu peux dire non au sixième jour, mais en réalité, tu vas être renvoyé. […] L'employé reste à la disposition de son employeur 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Ntina Gkokaki, présidente de la Fédération des employés du secteur privé du syndicat PAME Mme Gkokaki s'indigne que le gouvernement utilise la reprise économique comme excuse pour passer des législations hostiles aux travailleurs. « Le gouvernement a présenté cette loi comme une solution pour stopper l'exploitation des employés », rappelle Manos Matsaganis, économiste et chef du Programme économique grec et européen au sein de la fondation ELIAMEP, un centre de recherche indépendant sur la politique étrangère européenne. Il souligne que beaucoup d'entreprises font faire des heures supplémentaires à leurs employés sans les payer. « L'intention était de mettre de l'ordre dans un marché très peu régulé, avance-t-il. Mais je doute que ça ait l'effet escompté. » « Humiliés » et « pessimistes » Pour M. Matsaganis, si les travailleurs continuent de manifester malgré la croissance économique, c'est surtout parce qu'il n'y a pas de redistribution de la richesse créée. Comme l'inflation affecte de manière disproportionnée les travailleurs à faible revenu, « on comprend mieux pourquoi certains Grecs sont pessimistes », explique-t-il, en s'appuyant sur ses récents travaux. Et les manchettes célébrant la croissance économique grecque vont continuer de frustrer les moins fortunés. « Avec la crise, plusieurs Grecs sont devenus amers à l'égard de l'Union européenne, poursuit Manos Matsiganos. […] Beaucoup se sont appauvris et se sentent humiliés. » * Des participants à la manifestation du 9 avril ont demandé à taire leur nom de famille.


La Presse
3 days ago
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Les règles du commerce mondial cèdent la place au chaos
Usine textile au Viêtnam, plus tôt ce mois-ci. Trump a proclamé début juillet qu'il avait conclu un accord commercial avec le Viêtnam qui imposerait des droits de douane de 20 % sur ses exportations. Mais une déclaration commune des deux pays se fait toujours attendre. Six mois après l'entrée en fonction de Donald Trump, son assaut contre le commerce mondial a perdu tout semblant d'organisation ou de structure. Jeanna Smialek et Ana Swanson The New York Times Il a modifié les dates butoirs de manière soudaine. Il a fait échouer des négociations à la dernière minute, en soulevant souvent des enjeux inattendus. Il a lié ses droits de douane à des griefs qui n'ont rien à voir avec le commerce, comme le traitement réservé par le Brésil à son ancien président, Jair Bolsonaro, ou le flux de fentanyl en provenance du Canada. Les pourparlers avec les États-Unis ont été comme « un labyrinthe » et un retour à la case départ, a déclaré Airlangga Hartarto, le ministre indonésien des Affaires économiques, qui a rencontré des représentants des États-Unis à Washington mercredi. L'incertitude qui en résulte empêche les entreprises et les pays de faire des projets, car les règles du commerce mondial cèdent la place au chaos. « Nous sommes encore loin de conclure de véritables accords », a déclaré Carsten Brzeski, responsable mondial de la macroéconomie à la Banque ING en Allemagne. Il a qualifié l'incertitude de « poison » pour l'économie mondiale. L'idée que la Maison-Blanche conclurait 90 accords en 90 jours après une période de négociations rapides, comme l'avait promis M. Trump en avril, a disparu. Au lieu de cela, Washington a signé des accords sommaires avec de grands partenaires commerciaux, dont la Chine, tout en envoyant à de nombreux autres pays des lettres sévères et pour la plupart standardisées annonçant l'application de droits de douane élevés à partir du 1er août. PHOTO PILAR OLIVARES, REUTERS Le port de Rio de Janeiro, au Brésil Les décideurs politiques en Indonésie, au Japon et ailleurs n'ont pris connaissance des lettres fixant les droits de douane que lorsque M. Trump les a publiées sur les réseaux sociaux. M. Airlangga s'est dit « stupéfait et surpris » de constater que son pays serait soumis à des droits de douane de 32 %, sans changement par rapport à ce qui avait été annoncé en avril. Il avait pourtant cru que les négociations s'étaient bien déroulées. Limitation des dégâts Les partenaires commerciaux qui ont reçu de telles lettres s'efforcent à présent de réduire les taux spécifiques à chaque pays, qui vont de 20 % à 50 %, bien que M. Trump ait laissé entendre à certains moments que la marge de négociation pourrait être limitée. Pour ceux qui n'ont pas encore reçu de lettre – M. Trump a laissé entendre jeudi que celle de l'Union européenne (UE) était imminente –, l'évolution de la situation a souligné la précarité des négociations. Les accords commerciaux semblent dépendre d'une seule personne, M. Trump, et même des accords soigneusement élaborés peuvent être remis en cause sur un coup de tête de M. Trump. « Les gens considèrent cela comme un exercice de limitation des dégâts », explique Andrew Small, chercheur principal au German Marshall Fund, qui travaillait jusqu'à récemment comme conseiller au sein de l'organe exécutif de l'UE. Kush Desai, porte-parole de la Maison-Blanche, a affirmé que certains pays continuaient à faire des concessions avec empressement pour conserver leur accès à l'économie américaine. M. Trump a clairement indiqué que les États-Unis, en tant que plus grand et meilleur marché de consommation au monde, « détiennent les cartes et l'influence dans les négociations », a-t-il déclaré. Pourtant, même la conclusion d'un accord commercial pourrait ne pas atténuer l'incertitude. Plus tôt ce mois-ci, Trump a proclamé sur les réseaux sociaux qu'il avait conclu un accord commercial avec le Viêtnam qui imposerait des droits de douane de 20 % sur les produits vietnamiens et des droits de douane plus élevés de 40 % sur certains produits contenant des composants chinois. « En retour, le Viêtnam fera quelque chose qu'il n'a jamais fait auparavant, donner aux États-Unis d'Amérique un ACCÈS TOTAL à ses marchés pour le commerce », a-t-il déclaré. Mais les deux pays n'ont jamais publié de déclaration commune clarifiant ce dont ils avaient convenu. Trois personnes au fait de la question, qui ont refusé d'être nommées puisque les échanges sont confidentiels, ont déclaré que les responsables vietnamiens n'avaient pas accepté les droits de douane annoncés par M. Trump et que des négociations étaient en cours. Deux de ces personnes ont indiqué que les deux pays étaient parvenus à un accord sur le commerce, mais que lorsque M. Trump s'est entretenu au téléphone avec le secrétaire général vietnamien To Lam le 2 juillet, il a pris sur lui de renégocier certains de ces termes, ce qui a surpris les responsables des deux parties. Un fonctionnaire de la Maison-Blanche, qui a refusé d'être nommé parce qu'il n'était pas autorisé à s'exprimer publiquement sur le sujet, a affirmé que les Américains et les Vietnamiens étaient parvenus à un accord. Mais il n'a pas voulu donner plus de détails, ajoutant simplement que les deux parties continuaient à discuter des détails du taux de droits de douane plus élevé pour les produits contenant des composants chinois et qu'elles avaient convenu de les négocier plus en profondeur ultérieurement. PHOTO FOCKE STRANGMANN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE Automobiles prêtes à exporter dans le port de Bremerhaven, en Allemagne Prenons l'exemple de l'UE, qui est, selon certains critères, le principal partenaire commercial des États-Unis. Les 27 États membres travaillent à la conclusion d'un accord qui inclurait probablement des droits de douane de base de 10 %, assorti d'exemptions pour des produits clés. En contrepartie, l'UE s'engagerait à acheter davantage aux États-Unis et à investir davantage dans ce pays. Toutefois, l'UE a longtemps refusé de dire qu'elle considérait qu'un accord était probable. Avant même que M. Trump n'annonce, lors d'une interview accordée à la chaîne NBC jeudi, que l'UE recevrait bientôt sa propre lettre, les responsables politiques européens restaient conscients que la situation pouvait dégénérer. L'exemple du Canada Cela s'explique en partie par la mise en garde qu'est le cas du Canada. Les négociations ont été interrompues pendant 48 heures à la fin du mois de juin à cause de la taxe sur les services numériques, qui aurait été appliquée aux grandes entreprises technologiques américaines. M. Trump a déclaré qu'il ne poursuivrait pas les négociations si la taxe restait en vigueur, et le gouvernement canadien l'a rapidement abandonnée. Le Canada était en train de négocier un accord avant la date limite établie au 21 juillet lorsque, jeudi, il a lui aussi reçu une lettre annonçant des droits de douane de 35 % et une nouvelle date limite fixée au 1er août. Le Canada n'a pas été la seule surprise de dernière minute. Mercredi, les États-Unis ont plongé dans une guerre commerciale soudaine avec le Brésil après que M. Trump eut annoncé, dans une lettre adressée au président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, que des droits de douane de 50 % entreraient en vigueur le 1er août. « La façon dont le Brésil a traité l'ancien président Bolsonaro, un dirigeant très respecté dans le monde entier pendant son mandat, y compris par les États-Unis, est une honte internationale », a écrit M. Trump. Quelques heures plus tard, Lula a déclaré que le Brésil riposterait aux droits de douane. « Le Brésil est un pays souverain doté d'institutions indépendantes qui n'acceptera pas d'être abusé par qui que ce soit », a-t-il déclaré dans un communiqué. Cet article a été publié dans le New York Times. Lisez la version originale (en anglais ; abonnement requis)