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Tony Hawk vole toujours  : rencontre à Londres avec la légende du skate

Tony Hawk vole toujours : rencontre à Londres avec la légende du skate

L'Équipe6 days ago
Ses équipes avaient prévenu. « Oui, il pourra avoir une planche. Mais pas de figures folles, juste un ollie ou des manuals. » Sur notre trajet vers le zoo de Londres, les aléas du trafic ferroviaire nous imposent du retard. Une fois arrivé dans le bâtiment réservé pour les interviews, il faut le trouver parmi une masse de personnes présentes. Pas une mince affaire. Jusqu'à ce qu'un bruit sourd se fasse entendre derrière un paravent. Des roues claquent contre du bois. L'icône d'une génération est bien là, sur une mini-rampe installée en plein milieu du salon - pas prévue au départ - à filer sur sa planche. Et la vitesse qu'il prend dans les pentes ne trompe pas : il n'est pas du genre à se contenter de ollies. Il a beau avoir 57 ans, Tony Hawk vole toujours.
En ce début juillet, la légende vivante du skateboard, l'homme qui a inventé plus d'une centaine de figures, est de passage dans la capitale anglaise pour la promotion de son nouveau jeu vidéo, Tony Hawk's Pro Skater 3 + 4, remake des 3e et 4e volets de la franchise, en vente depuis vendredi dernier. Le premier jeu à son nom est sorti il y a vingt-six ans, une vingtaine ont suivi depuis. Pour autant, jamais Activision, l'éditeur de la série, n'a émis l'idée de changer de tête d'affiche. Normal : Tony Hawk est toujours la plus grande star de sa discipline et ne semble pas prêt à être rattrapé. Parce que sa notoriété va désormais bien au-delà des skateparks, mais aussi parce qu'il continue à faire l'unanimité auprès des siens.
S'il a officiellement arrêté la compétition en 2003, l'Américain est toujours sur sa planche « autant que possible ». La plupart du temps, dans sa gigantesque rampe personnelle, sa « happy place » comme il l'appelle, adjacente à sa villa californienne d'Encinitas, près de San Diego. Là-bas, il défie le temps, multiplie les figures vertigineuses, presque en apesanteur, poste sur les réseaux sociaux ses exploits, inédits pour son âge. Dans la vidéo célébrant son 50e anniversaire, « 50 years, 50 tricks », il a revisité les figures ayant fait sa réputation, des années après les avoir sorties pour la première fois. La plupart restent pourtant inaccessibles aujourd'hui pour l'écrasante majorité des skateurs, même ceux qui pourraient être ses enfants.
Une inspiration pour des millions de skateurs
« À son âge, skater encore, c'est incroyable, admire Vincent Matheron, 7e des Jeux Olympiques de Tokyo, devenu un ami personnel de "The Birdman". Au niveau où il le fait, c'est le seul. Je pense qu'il donne l'espoir à tout le monde de pouvoir skater toute sa vie. » Pour des millions de skateurs à travers le monde, Hawk est une inspiration. C'est un fait plus qu'une envie de sa part, à l'en croire. « Mon premier jeu vidéo a complètement changé ma vie, raconte-t-il. Il a amené le skateboard à un nouveau niveau de reconnaissance, tout comme mon nom. Ça a été un voyage assez dingue, que je ne changerais pour rien au monde. Depuis que le jeu est sorti, ça m'a ouvert des opportunités et donné des responsabilités dont je n'aurais jamais pu rêver. »
Pour lui, comme pour le skateboard dans son ensemble, la bascule a donc eu lieu en 1999. Tony Hawk était alors déjà un skateur reconnu. Le meilleur au monde, même, dans sa spécialité, la « vert » pour « vertical skateboarding », soit la pratique du skate sur des rampes ou des half-pipes verticaux, pouvant aller jusqu'à 4 m de haut. Ce qui en faisait l'égérie parfaite pour Activision, qui cherchait à accoler le nom d'un athlète au jeu de skate sur lequel il planchait depuis deux ans.
Une publication partagée par FORMULA 1® (@f1)
Dès sa sortie, Tony Hawk's Pro Skater, premier du nom, a cartonné tant au niveau des ventes - au total, la licence aurait généré plus d'1,4 milliard de dollars de recettes - que des critiques, qui louaient la fluidité de ses contrôles et l'efficacité de sa bande-son punk-rock. Le jeu est instantanément devenu un phénomène générationnel pour tous les ados des années 2000, un sujet immanquable des cours de récré.
« Le plus gros impact que Tony Hawk a eu, c'est évidemment son jeu vidéo, parce qu'il a transcendé les classes sociales, replace Greg Poissonnier, consultant pour France Télévisions lors des derniers Jeux Olympiques et mémoire vivante du skate en France. Sans que ce soit son ambition au départ, il a amené son sport au grand public, réellement. Et tous les ados du monde entier ont connu le skate ou s'y sont intéressés grâce au jeu. »
Il n'y a qu'à se fier aux chiffres. D'après American Sports Data, entre 1999 et 2002, la pratique du skate dans le monde a augmenté de 60 %. Les médias parlent alors d'un séisme Tony Hawk, dont les secousses se ressentent encore aujourd'hui, y compris en France : la plupart des stars actuelles du milieu citent toujours le jeu vidéo comme une référence.
« J'étais à fond sur le skate. J'en parlais tout le temps, je vivais pour ça. Donc dès que je rentrais chez moi, il fallait que je fasse ou que je joue à quelque chose en rapport avec le skate. J'y joue encore pas mal, j'ai quasiment fini le 1 + 2 là (le remake des deux premiers jeux de la franchise) », raconte Aurélien Giraud, 27 ans. Le Lyonnais, champion du monde de street en 2023, fait partie des 36 skateurs jouables dans 3 + 4. « C'est le rêve de n'importe quel skateur, de n'importe quel enfant qui a grandi avec la licence », sourit-il.
Caricaturé dans Les Simpson
Présent sur les jaquettes, impliqué dans tous les clips promotionnels, Tony Hawk est devenu grâce à « ses » jeux, au-delà du monde du skate, une célébrité, de celles qui sont invitées à jouer à Qui veut gagner des millions ?, qui sont caricaturées dans Les Simpson ou qu'on reconnaît sans cesse dans la rue, ce dont il s'est longtemps amusé sur son compte X. Un paradoxe pour un homme ressemblant bien plus au Californien moyen qu'à une rockstar, qui vient se faire photographier avec une chemise grise et un pantalon sombre, seule sa grande taille trahissant son potentiel athlétique.
« Je ne me suis jamais lancé dans le skate pour être riche et connu, lâche-t-il. Quand j'ai eu mes premiers moments de célébrité, ça a été étrange voire inconfortable, mais j'ai appris comment gérer ça. Et c'est même excitant. Si quelqu'un est heureux de me voir juste pour ce que je fais, c'est formidable et j'ai envie de lui donner de mon temps. »
Du temps, Hawk en donne beaucoup aux autres. Régulièrement, il accueille des skateurs chez lui pour quelques sessions sur sa rampe personnelle, l'une des plus belles au monde. Certains sont signés chez Birdhouse, la marque qu'il a créée en 1992, avec laquelle il sponsorise une dizaine d'athlètes. La plupart sont des amis ou des profils lui ayant tapé dans l'oeil. « Quand j'ai décidé de déménager aux États-Unis, il m'a laissé rester dans sa dépendance pendant cinq à six mois, se souvient Vincent Matheron. Il skate le matin, donc quand j'en avais envie on y allait ensemble. Même si d'habitude je fais plus du bowl (un autre de type de structure, moins vertigineux, plus proche d'une cuvette), il m'a appris quelques tricks, je lui ai donné deux ou trois idées. Il est hyper accessible, humble. Il n'y a pas de barrière avec lui. »
Cette réputation s'étend au-delà de la Californie. Au jour le jour, Hawk passe surtout son temps à parcourir le monde, rendre au milieu ce qu'il lui a donné, assister à des événements de skate, partager son savoir aux plus jeunes. Sa fondation, The Skatepark Project, a permis la création de plus de 600 skateparks à travers le monde, principalement dans des zones manquant d'infrastructures urbaines. « Il continue à skater tous les jours, il aide ses amis, il a signé une planche qu'on a vendu aux enchères pour lancer notre média... Le fait qu'il soit aussi disponible, c'est vraiment remarquable, souligne le vidéaste Chase Gabor, fondateur de Storied Skateboarding, qui a réalisé plusieurs vidéos avec lui. Les gens apprécient Tony parce que, même si c'est une méga célébrité, il donne du temps à tout le monde. »
Suivi par près de 10 millions de personnes sur Instagram, Hawk a aussi le pouvoir de rendre n'importe quel skateur célèbre par une story ou un post bien senti. En 2014, il partageait la vidéo d'une jeune Brésilienne réalisant un heelflip en tenue de fée. Rayssa Leal n'avait que 6 ans, mais elle a rapidement gagné des followers, ce qui lui a permis d'attirer des sponsors. En 2021, elle a décroché l'argent olympique à Tokyo.
« Dès que je parle avec lui, j'ai l'impression d'avoir le Père Castor du skate en face de moi »
Vincent Matheron, 7e des JO de Tokyo
« Il regarde les gosses qui font du skateboard comme des skateurs, pas comme des enfants. C'est un truc spécifique au skate, vous ne verrez jamais un Lionel Messi ou un Zinédine Zidane faire ça, assure Yannick Agliardi, père de Quentin (13 ans) et Julian (15 ans), deux espoirs franco-américains du skate. Je me souviens que la première fois qu'on l'a vu, il y avait des enfants qui étaient là à faire leurs lignes. Il a 50 ans passés, mais il s'amusait autant qu'eux, il leur faisait des high fives. Quentin n'arrivait pas à prendre son tour parce que tout le monde se lançait avant lui, donc il l'a aidé à entrer dans le bowl et à faire sa ligne. »
Le daron le plus cool de la planète
À Londres, le daron le plus cool de la planète a mis quelques temps à faire honneur à sa réputation. Lors du shooting, Hawk a refusé quelques poses pas à son goût, grogné à l'idée de poser planche derrière l'épaule. Il a fallu attendre l'interview, quelques minutes plus tard, pour qu'il se mette à sourire. Tout compte fait, il a surtout fallu attendre qu'on lui parle de skate. « Dès que je parle avec lui, j'ai l'impression d'avoir le Père Castor du skate en face de moi, s'amuse Vincent Matheron. Je veux écouter tout ce qu'il dit. Dès qu'on parle d'une ville, il a une anecdote... »
« Quand Tony Hawk te parle de skate, tu écoutes, confirme Aurélien Giraud. Quand je l'ai rencontré, il ne me connaissait pas mais il me parlait comme il parlerait à tout le monde. On sent sa sincérité et sa gentillesse pure, et s'il en est là aujourd'hui c'est aussi grâce à ça. Tout le monde l'apprécie dans le skate. Personne ne dira du mal de lui. »
Ça n'a pas toujours été le cas. Bien avant son arrivée sur PlayStation, lorsqu'il n'était encore qu'un adolescent hyperactif, Hawk devait subir les critiques nourries de ses concurrents plus chevronnés, qui lui reprochaient son style trop technique et son manque d'élégance, le qualifiant de « bête de cirque » et l'accusant de triche. L'ado du comté de San Diego n'avait peut-être pas la classe des pionniers qui squattaient les piscines vides pour s'offrir des shoots d'adrénaline, mais son approche a fait de lui un innovateur hors pair et une machine à gagner dans les half-pipes. Son bilan à 25 ans parle pour lui : 73 victoires et 19 deuxièmes places sur une centaine de compétitions disputées, et des vidéos aux millions de vues avec la Bones Brigade, son crew de toujours.
De quoi faire de lui, très jeune, un millionnaire, via ses premiers contrats. Dans la vie de Hawk, les sponsors ont toujours joué un grand rôle. Au plus fort de sa popularité, l'Américain enchaînait les spots de pub pour des marques parfois très éloignées du monde du skate, de McDonald's à des loueurs de voiture. La semaine passée encore, un post Instagram le montrait en train de partager une session avec le tigre des Frosties. Une posture de quasi homme-sandwich qui a un temps fait grincer des dents chez les anciens du skate, pour qui Hawk illustrait le virage abrupt pris par la discipline, née de la culture undergound mais aujourd'hui mainstream.
« Je fais tout ce que je peux pour amener le skate en half-pipe aux Jeux Olympiques »
Tony Hawk
« Il a quand même mangé son pain noir quand la "vert" s'est effondrée au profit du "street", rappelle Greg Poissonnier, évoquant la période sombre du début des années 1990, qui a vu la fermeture de nombreuses rampes américaines, entraînant une crise pour tout le secteur. Il est allé travailler au supermarché pour manger après avoir vécu une vie de rockstar, et ensuite il continuait à rouler tout seul dans son coin. Quand on a été au fond à un moment donné et qu'on te propose de gagner des centaines de milliers de dollars en faisant de la planche à roulettes... On ne peut pas lui reprocher d'avoir fait du skate pour de l'argent. »
La figure ultime
Dans le milieu, il est de toutes façons devenu difficile de reprocher quoi que ce soit à Hawk, tant son aura et sa longévité l'emportent sur tout. Sportivement, le 27 juin 1999 l'a rendu inatteignable. Ce jour-là, l'Américain prenait part à la cinquième édition des X Games, la grand-messe des sports extrêmes lancée par ESPN en 1995, qui a permis à la « vert » de regagner en popularité. Devant des millions de téléspectateurs, le héros de la foule a alors réalisé ce qui était jusqu'ici considéré comme impossible : le premier 900. Deux rotations et demie complètes pour la planche dans les airs, sur laquelle il faut ensuite se réceptionner parfaitement. La figure ultime, le rêve de tout skateur, sur laquelle tout le monde se cassait les dents depuis dix ans, réussie en mondovision.
Une publication partagée par Chris Gregson (@tweestopher)
La vidéo de cet exploit, et de la célébration qui en suit, est devenue culte, amplifiant encore un peu plus la renommée de Hawk. La sortie de son premier jeu, trois mois plus tard, a achevé d'en faire une figure totémique. « Le jeu a été une première introduction au sport pour toute une génération, donc j'ai le devoir de bien représenter le skateboard, impose-t-il. Si mon nom est associé au skateboard, alors il faut que je donne une bonne image du skateboard, pas que de la "vert", mais de la discipline dans son ensemble. Ce n'est pas un fardeau, mais je prends ça au sérieux. »
Puisque la fonction d'ambassadeur lui incombe de facto, alors Hawk essaie de l'assurer au mieux. Lorsqu'il a fallu négocier pour faire entrer le skate aux Jeux Olympiques, le décuple vainqueur des X Games a pris part aux réunions avec le CIO pour faire accepter sa discipline. À Tokyo puis à Paris, il était sur place pour répondre aux interviews et assister aux épreuves de bowl et de street. Pour Los Angeles 2028, son principal objectif est désormais d'incorporer la "vert" au programme. « Je fais tout ce que je peux pour amener le skate en half-pipe aux JO, avance-t-il prudemment. Je pense que c'est une discipline qui a été négligée ces dix dernières années, alors que c'est beaucoup plus avancé en termes de tricks et de technique que le park, sans manquer de respect à personne. »
Ces cinq dernières années, la « vert » a déjà connu un net regain de visibilité grâce à l'émergence de Vert Alert, un circuit de compétition dédié créé par... Hawk, bien sûr. En marge des compétitions, le fondateur montre lui-même l'exemple, se lançant à corps perdu dans les rampes pour des démonstrations. Pour combien de temps encore ? Lui-même « ne sait pas », mais il ne sera pas éternel.
En 2022, une chute a brisé son fémur en deux. En voulant reprendre trop tôt, il a mis quasi deux ans à se rétablir complètement. « Je ne me mets pas d'ultimatum, explique-t-il. Je peux toujours faire du skate à un niveau pro et c'est suffisant pour moi. J'ai toujours envie de continuer à promouvoir le skate. Mais je ne sais pas si j'aurais envie de continuer à faire du skate en public quand je serais vieux. » En privé, ce sera autre chose. C'est plus fort que lui : Tony Hawk volera toujours.
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Living with the Lions, petites et grandes histoires d'un documentaire mythique
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Living with the Lions, petites et grandes histoires d'un documentaire mythique

Film culte pour des générations de passionnés, le documentaire tourné en immersion pendant la tournée des Lions en Afrique du Sud en 1997 vaut presque autant par ses coulisses que par son contenu. En Angleterre, on prétend que les meilleures idées naissent dans les pubs, quand le brouillard et le houblon l'emportent sur la raison, juste après avoir salué pour la huitième fois de la soirée la même personne. On prétend que les très mauvaises idées naissent souvent au même moment, dans la même maternité. Parfois, phénomène prouvé par les plus grands chercheurs, il s'agit de la même illumination. Elle se transforme, tout simplement. Dans un sens ou dans l'autre. C'est ce qui est arrivé à Fred Rees et Duncan Humphreys, joyeuse doublette de quinquas anglais. Retrouvons-les en 1997, tard dans la nuit. « Duncan et moi sommes des fans de rugby, raconte Fred Rees. Nous y avons joué nous-mêmes (son acolyte a porté le maillot des Harlequins). Ce soir-là, au pub, on avait bu trop de bière. Ça devait être la dix-huitième ou la vingt-huitième tournée, je ne sais plus. On n'était plus tout à fait étanches et on parlait de rugby, de nos vies... En ce temps-là, nous tournions des spots de pub pour des serpillières et des seaux essoreuses. On avait envie de faire un truc plus fun. Et soudain, l'un de nous a lancé cette idée de tourner un film sur les Lions, de l'intérieur. En général, et c'est heureux, le lendemain, tu renonces aux résolutions prises dans un pub à une heure trop avancée. Pas cette fois. J'avais le numéro de Fran Cotton, le manager des Lions. Je l'ai appelé. Il se trouve qu'on tombait bien. » 30 000 livres pour avoir les droits C'est important d'avoir la bonne idée mais c'est encore mieux de l'avoir au bon moment. Duncan et Fred proposent de tourner un documentaire qui embrasserait toute la tournée 1997, du premier rassemblement, en passant par les jeux de rôles et autres missions dignes d'Intervilles pendant le team building, jusqu'au périple complet en Afrique du Sud, ponctué par les trois tests. Leur projet tombe à point car l'institution Lions se sent menacée. « En 1997, il s'agit de la première tournée depuis que le rugby est devenu professionnel (deux ans plus tôt), indique Fred Rees. La survivance de ces tournées à rallonge à l'intersaison commençait à être remise en question. Les clubs payaient des joueurs et ils avaient plutôt envie qu'ils se reposent en juillet. Bref, on parlait de tuer les Lions. D'autant que les résultats n'étaient pas brillants (en 1993, ils avaient perdu 2-1 la série en Nouvelle-Zélande, en concédant quatre défaites supplémentaires contre des provinces). C'est pour cela que notre idée de film, cette exposition sous un nouvel angle, a tout de suite intéressé leur manager. Fran Cotton nous a dit immédiatement oui et donné le tarif : 30 000 livres pour avoir les droits. C'était une putain de somme pour nous. Exorbitant. Mais Fran nous a rassurés en nous certifiant qu'on revendrait facilement notre film à Sky ou à la BBC qui coproduiraient volontiers. » « J'ai eu l'idée d'hypothéquer ma maison... » Fred Rees, co-auteur du documentaire Nos deux acolytes avaient tellement envie d'y croire qu'ils y ont cru. Mais le doigt va bientôt atterrir dans l'oeil, en plein milieu. « Les chaînes nous ont envoyés promener, se rappelle Duncan. Ils nous ont tous dit : ''Vous êtes des tarés les mecs ! Les Lions, c'est fini. En plus, en Afrique du Sud, ils vont se faire massacrer. Ça ne nous intéresse pas.'' C'est là qu'on a commencé à flipper. On s'était engagés et on se demandait où on trouverait l'argent. » « Voilà comment, annonce Fred, dans un élan de grande stupidité, ou de grande sagesse, j'ai eu l'idée d'hypothéquer ma maison. On avait l'impression d'être deux gars avec un gros boulet aux pieds. » La bonne idée née dans le pub venait de se changer en idée de malheur. Plus tard, elle se transformerait de nouveau, en idée de génie, une fois pour toutes. En 1997, un an avant Les Yeux dans les Bleus de Stéphane Meunier, la forme du documentaire inside, au coeur d'une équipe pendant une grande compétition, est encore avant-gardiste. « Living with the Lions n'est pas le premier doc ''derrière la scène'', précise Duncan Humphreys. Il y en avait eu un par exemple dans les années 1970 sur le club de foot de Derby County, un autre sur une équipe de cricket. En creusant notre idée, on s'était même demandé si le genre n'avait pas été mortellement blessé, du moins en Angleterre, par le retentissement négatif qui avait suivi le film en immersion sur l'équipe nationale de foot. » En 1993, le manager de la sélection anglaise Graham Taylor avait accepté la présence d'une équipe de tournage tout au long des qualifications à la Coupe du monde aux États-Unis. C'est même lui qui avait blousé la sécurité néerlandaise pour infiltrer le matériel son et vidéo dans les bagages de l'équipe le soir de Pays-Bas - Angleterre. La diffusion du film, alors que les Trois Lions échouèrent à se qualifier, eut des répercussions affreuses pour Taylor, jusqu'à la fin de sa vie, en 2017. De ce documentaire, intitulé « Impossible job », le sélectionneur sortit abîmé, discrédité, ridiculisé. Dans une séquence, on le voit apostropher le quatrième arbitre à la fin du match crucial perdu à Rotterdam : « L'arbitre m'a fait perdre mon boulot, tu le remercieras ! » Il perdra son boulot, effectivement. Tout s'écroule sous les yeux des téléspectateurs. À l'heure de jeu, Ronald Koeman sèche David Platt qui file au but. La couleur du carton (jaune) rend fou Taylor qui touche et enguirlande le quatrième arbitre. Deux minutes plus tard, Koeman ouvre le score sur coup franc, après que l'arbitre lui a donné l'occasion de le retirer. Taylor n'a jamais eu la force de regarder le film. Le réalisateur Ken McGill a, lui, beaucoup culpabilisé des conséquences post-diffusion. « Si on avait dû utiliser une voix off, alors on aurait échoué » Trois ans plus tard, Rees et Humphreys veulent aller encore plus loin dans l'introspection d'une équipe. « Ce qui changeait, c'était notre façon d'observer le sujet, explique Humphreys. Tout devait être en prise directe, sans barrière. D'habitude, dans les docs de sport, il s'agissait principalement d'images de la compétition agrémentées d'interviews. Nous, on a voulu une immersion complète. Pas d'interview posée. Si on avait dû utiliser une voix off, alors on aurait échoué. On aurait dicté une histoire et ce n'était pas du tout le projet. » Les compères s'intéressent avant tout à ce qu'on ne voit jamais ni n'entend. Pour réussir leur affaire, ils ont besoin d'un accès quasiment total à tous les recoins. Ils l'obtiennent. Les filous obtiennent aussi une faveur de Jim Telfer et Ian McGeechan, légendes du rugby écossais et co-entraîneurs des Lions en 1997. « Quel était le deal avec Jim et Ian ? Le deal, c'est qu'il n'y avait pas de deal, rigole Fred Rees. Dès le premier jour, on leur a dit que nous les appareillerions chacun d'un micro-cravate. Ils ne voulaient vraiment pas, ils voyaient ça comme une distraction, un parasite. On leur a dit que c'était dans le contrat et ils ont accepté. Bien sûr que non, ce n'était pas dans le contrat. » « Jason Leonard a donné son aval en précisant : ''Si je vous fais un regard, et vous le connaissez ce regard, vous coupez'' » La force de Living with the Lions commence là, en permettant au téléspectateur de devenir le témoin des conciliabules tactiques entre les coaches, pendant les entraînements, comme pendant les matches. On devient la petite souris qui entend leurs apartés. Qui entend Telfer et McGeechan expliquer pourquoi tel joueur vaudra mieux que tel autre pour le prochain test. « Pour s'approcher au plus près des joueurs dans le vestiaire, il nous fallait un allié de poids, raconte Rees. On est allé voir Jason Leonard (l'ancien pilier anglais), cadre parmi les cadres. Il a donné son aval en précisant ceci : ''Si je vous fais un regard, et vous le connaissez ce regard, vous coupez''. C'est comme ça qu'on a pu tourner ces scènes très fortes, juste avant l'entrée dans l'arène, ces scènes de groupe où les mecs ont besoin de se serrer et où les mots claquent. Ce qui est marrant, c'est que Martin Johnson (capitaine pendant cette tournée) n'a aucun souvenir de notre présence dans le vestiaire alors qu'on n'est pas des gars physiquement discrets. On mesure 1,90 m. Notre avantage, c'est qu'on nous avait donné les mêmes tenues officielles que les joueurs. Ça a sûrement aidé au camouflage. » Si ce film a marqué plusieurs générations, et en marquera d'autres, c'est qu'il plonge dans la vie sociale d'une équipe en route vers un exploit (les Lions remporteront la série 2-1), du moment le plus potache au plus poignant. On rigole en regardant le talonneur irlandais Keith Wood déguisé en juge de la Cour suprême, « perruqué » comme dans Barry Lindon, animant les débats d'un tribunal délirant. On rit aussi au sens de la répartie du deuxième-ligne écossais Doddie Weir (décédé en 2022 des suites de la maladie de Charcot) quand, pour un exercice, un faux journaliste lui assène, pendant une fausse conférence de presse, qu'il a été pris en photo au Cap en sortant de boîte à trois heures du matin : « Erreur d'identité », balance l'accusé. Les ''fuck'' de Keith Woods, la blessure de Doddie Weir, la frayeur Will Greenwood... On compatit avec le géant écossais lorsqu'il est filmé, seul dans le vestiaire, et qu'il sait que cette blessure vient de ruiner sa tournée beaucoup trop tôt. « Pendant le montage, on avait demandé à Keith Wood s'il ne valait mieux pas qu'on retire quelques ''fuck'' de sa bouche, se rappelle Duncan Humphreys. On lui a montré les coupes. ''Non les gars, remettez-les tous, sinon ça ne sonne pas juste, ce n'est pas moi '', nous a-t-il demandé. Quant à Doddie, c'était super émouvant. Il s'en foutait qu'on le filme. Ce qui lui importait, c'était que sa tournée était foutue, qu'il allait laisser ses potes. » Une autre scène a marqué les esprits : celle où le centre anglais Will Greenwood, au plus mal après une collision, est en train d'avaler sa langue. Inconscient pendant dix-sept minutes, Greenwood frôla le pire ce jour-là. « Le sens de notre présence, c'était aussi de montrer ces images, dit Rees. Elles sont dures mais elles font partie de l'histoire de cette tournée. » Leur caméra sut saisir le côté râpeux des entraînements, en montrant par exemple la bagarre qui éclata entre deux talonneurs des Lions (Mark Regan et Barry Williams) au beau milieu d'une séance de mêlée. « Aujourd'hui, avec l'hyper contrôle des gens de communication et les réseaux sociaux, je ne pense pas qu'on pourrait refaire ce film, suppose Fred Rees. De nous-mêmes, on retirerait peut-être une ou deux séquences parce que la société a changé et que certaines choses ne passeraient plus. Mais pas davantage. » « J'ai vu ce film et à la fin, je n'avais qu'une envie : faire partie de ça » Brian O'Driscoll La première mouture de Living with the Lions durait neuf heures. La version définitive s'arrêta à 2h47. Avec, bien sûr, deux morceaux de bravoure. Le discours de Ian McGeechan devant tout le groupe juste avant le deuxième test. Et celui, churchillien, de Jim Telfer avant le premier match de la série, quand il s'adresse aux avants assis en rond à côté de lui. « C'est votre Everest les garçons. Très peu de joueurs de rugby ont eu la chance de le gravir. Les Boks ne vous respectent pas, vous ne valez rien pour eux. La seule façon de changer ça, c'est de leur en coller une, de leur rentrer dedans, de les faire reculer sur chaque plaquage, chaque mêlée, chaque maul... » Demi de mêlée de cette équipe, Matt Dawson ne remerciera jamais assez les deux réalisateurs de lui avoir permis de voir cette scène qui lui aurait été interdite sans le film. Tant et tant de futurs Lions, de Johnny Sexton à Sam Warburton, ont visionné le doc de nombreuses fois. « Moi aussi, dit Paul O'Connell. Ce film a eu un grand impact sur moi. C'est lui qui m'a fait tomber amoureux du rugby. » Quand on lui présenta Fred Rees, Brian O'Driscoll lui tint le même discours : « J'ai vu ce film et à la fin, je n'avais qu'une envie : faire partie de ça. Merci de m'avoir donné une carrière. » Après 1997, chaque tournée des Lions a eu droit à son film. « Mais sans nous, ils ne nous ont jamais appelés, confie Rees. C'est assez stupide non ? » Inutile de vous faire un croquis : vu le succès considérable du film, l'idée née dans le pub était excellente et a été reprise à bon compte. Le coup de génie de Fred Rees et Duncan Humphreys bénéficia en plus d'une dernière caresse du destin. « En 1997, raconte Fred Rees, Living with the Lions est sorti en VHS avant d'être recommercialisé, dès l'année suivante, sur un nouveau support qui se démocratisait : le DVD. Timing parfait, n'est-ce pas ? »

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