
«Elle m'a demandé d'épeler le nom de Boualem Sansal» : François-Xavier Bellamy étrille Kaja Kallas
Le Comité de soutien international à Boualem Sansal regrette «avec effroi» dans un communiqué de presse la «prétendue ignorance» de la Haute représentante pour les Affaires étrangères de l'Union européenne (UE). Invité dimanche du «Grand rendez-vous CNews-Les Échos-Europe 1», l'eurodéputé LR François-Xavier Bellamy a affirmé que Kaja Kallas ne «connaissait pas la situation» de l'écrivain franco-algérien arrêté en novembre dernier à l'aéroport d'Alger et condamné le 1er juillet à une peine de cinq ans de prison ferme par la cour d'appel de la capitale algérienne.
«Quand je lui ai parlé du cas Boualem Sansal, elle ne connaissait pas [sa] situation. Elle ne savait même pas que cette situation était un sujet de préoccupation pour nous, Français. Ça veut dire que la France, le gouvernement français, par la voix de sa diplomatie, n'avait pas fait savoir à la Commission européenne que ce sujet était pour nous prioritaire. Nous étions en tête à tête, elle m'a demandé d'épeler le nom de Boualem Sansal. C'est révoltant», a-t-il relaté, sans préciser la date exacte de sa rencontre privée avec l'ancienne première ministre estonienne.
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Le 1er juillet, la Cour d'appel d'Alger a confirmé la peine de cinq ans ferme à l'encontre de l'écrivain âgé de 80 ans et malade. Le romancier et essayiste avait été condamné le 27 mars à cinq ans de réclusion en première instance, notamment pour des déclarations en octobre 2024 au média français identitaire Frontières, où il estimait que l'Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc. Boualem Sansal ne se pourvoira pas en cassation.
«Prétendue ignorance»
«Cette prétendue ignorance est en contradiction flagrante avec le courrier adressé à Madame Kallas par le Comité le 6 janvier 2025 et nos démarches effectuées tant à Bruxelles auprès de ses services que par courriers auxquels ceux-ci ont répondu en date des 25 février et 12 mars 2025 en assurant le Comité de l'engagement par Madame Kallas d'un 'dialogue ouvert et respectueux' avec l'Algérie au sujet de Boualem Sansal», rappelle le Comité de soutien dans son communiqué.
Les errements de la Haute représentante sont aussi en contradiction «avec la plainte déposée contre Madame Kallas le 8 mai 2025 auprès de la Médiatrice européenne pour manquements à l'obligation d'agir quand la vie d'un compatriote est en danger comme c'est le cas de Boualem Sansal, citoyen français donc Européen».
Enfin, font savoir les auteurs du document, l'impéritie supposée de la fonctionnaire européenne «viole de manière manifeste» l'article 2 de l'Accord d'association de 2002 entre l'Union européenne et l'Algérie. Cet article dispose que «le respect des principes démocratiques et des droits fondamentaux de l'Homme, tels qu'énoncés dans la déclaration universelle des droits de l'homme, inspire les politiques internes et internationales des parties et constitue un élément essentiel [de l'accord]». «Le qualificatif 'élément essentiel' signifiant qu'en cas de violation de ces principes et de ces droits, comme la liberté d'expression, les droits de la défense, le procès équitable et l'absence de traitement inhumain et dégradant, l'accord en question ne peut être appliqué», ajoutent-ils.
«Stopper» la renégociation de l'accord d'association de 2002
Dans leur missive, les soutiens à l'écrivain réitèrent auprès de la médiatrice européenne leur demande «de remontrance de Madame Kallas pour avoir failli à sa mission en ignorant ou voulant ignorer l'action qu'il lui incombe de mener face aux violations par l'Algérie des principes démocratiques et des droits fondamentaux concernant en particulier les citoyens européens que sont Boualem Sansal et tout autre détenu franco-algérien en Algérie» à l'instar de Christophe Gleizes. Ce journaliste spécialiste de football a été arrêté le 28 mai 2025 à Tizi Ouzou et a été condamné fin juin à sept ans de prison en Algérie pour «apologie du terrorisme».
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Le Comité de Soutien International à Boualem Sansal exhorte enfin la France à saisir les autorités européennes dans l'objectif de «stopper» le processus de renégociation de l'accord d'association de 2022, qui établit un cadre de coopération dans tous les domaines, y compris le commerce.
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