
«Ce n'est pas la Corrèze!» : la métropole de Nice défend l'exemption d'une commune de l'arrière-pays à la loi SRU
Pour la troisième année consécutive, la commune de Levens (Alpes-Maritimes) espère obtenir une exemption à la loi SRU, qui impose aux communes un taux de 25 % de logements sociaux. Réunis en conseil métropolitain vendredi matin, les élus ont voté à la majorité en faveur du dépôt d'une nouvelle demande de dérogation auprès du préfet.
Levens est la seule commune de la métropole de Nice à remplir les critères légaux pour solliciter ce dispositif. En 2008, elle comptait 1791 résidences principales pour 11 logements sociaux, soit un taux de 0,61 %. Au 1er janvier 2024, le chiffre s'établissait à 2296 résidences principales et 301 logements sociaux, soit 13,1 %, selon les informations de la métropole. Une progression notable mais encore loin des 25 % requis par la loi. Le maire (LR) de Levens, Antoine Véran, estime qu'il sera difficile d'aller au-delà. «Nous ne pourrons pas aller au-delà, pour des questions de foncier et de demande», a-t-il justifié au micro de BFM Côte d'Azur, soulignant l'éloignement de sa commune par rapport à la ville de Nice : «Si c'est pour importer des gens qui, lorsqu'ils arrivent, trouvent que le transport est trop cher et le coût de la vie trop élevé pour se rendre au travail – ce qui est vrai –, ça ne vaut pas la peine.»
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«Une brèche politique»
Il revendique aussi le maintien de la douceur de vivre dans cette commune rurale de l'arrière-pays, où les habitations s'insèrent dans un environnement naturel préservé. Ce positionnement n'a, sans surprise, pas échappé aux critiques de la gauche métropolitaine. Juliette Chesnel-Le Roux, chef de file des écologistes à Nice, s'est opposée avec fermeté à la délibération. «Levens n'est ni isolée ni faiblement attractive. Elle fait partie de l'aire d'attraction de Nice, selon l'Insee. Elle est à moins de 30 minutes en voiture de zones d'emploi majeures comme Carros ou l'Écovallée», a-t-elle rappelé.
Selon l'élue, cette demande d'exemption constituerait «une brèche politique» : «C'est l'ouverture d'une boîte de Pandore, une remise en cause sournoise de la loi SRU, au moment même où 33.000 demandes de logements sociaux restent insatisfaites dans la métropole.» Dans le camp opposé, Jean Moucheboeuf, élu du groupe Retrouver Nice, a dénoncé «les contraintes absurdes d'une loi socialiste et communiste, scélérate, injuste et éloignée des réalités locales», estimant qu'elle «pénalise injustement nos communes» par «des obligations irréalistes» et des «sanctions financières injustifiées».
Contraintes géographiques
Pour Anthony Borré, vice-président de la Métropole et premier adjoint de Christian Estrosi à la Ville de Nice, cette exemption est pleinement justifiée. Ce dernier ne s'est ainsi pas privé de tancer vertement l'élue écologiste. «Madame Chesnel, non content d'avoir obtenu que ce taux passe de 20 à 25 % vient nous dire : 'La loi prévoit des exemptions, au secours, c'est un scandale, il ne faut surtout pas que ces critères légaux jouent à plein et faisons en sorte que chaque maire de la métropole puisse être taxé, pénalisé par l'État, sanctionné, peu importe sa configuration, ses contraintes, sa volonté politique de faire du logement'. Quelle belle vision de la société !», a-t-il déclaré.
Et de poursuivre, soulignant les contraintes géographiques de la région : «Notre métropole n'est pas la Corrèze ou le Cantal. [...] Et donc oui, il y a des exemptions et je regrette que la commune de Levens soit la seule à pouvoir en bénéficier.» Le rapport a été adopté. Le dossier sera prochainement entre les mains du préfet de région qui, au nom de l'État, prendra la décision finale par arrêté.
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