
Les difficultés se confirment pour Stellantis avec la perspective d'une perte
Les difficultés se confirment pour Stellantis avec la perspective d'une perte
(Paris) La passe difficile se confirme pour le géant automobile Stellantis : longtemps l'un des constructeurs européens les plus rentables, il a annoncé lundi une lourde perte au premier semestre, pénalisé par le recul de ses ventes, des coûts de production plus élevés et les droits de douane aux États-Unis.
Eva GABRIEL
Agence France-Presse
Le constructeur aux 15 marques (Peugeot, Fiat, Chrysler, Jeep…) chiffre sa perte nette à 2,3 milliards d'euros (3,67 milliards de dollars canadiens) au premier semestre 2025, selon des résultats préliminaires, non encore audités.
Au premier semestre 2024, le groupe franco-italo-américain avait dégagé un bénéfice net de 5,6 milliards d'euros (8,94 milliards de dollars canadiens), déjà en forte baisse par rapport au niveau record de 2023.
Sur les six premiers mois de l'année, Stellantis a réalisé un chiffre d'affaires de 74,3 milliards d'euros (118,66 milliards de dollars canadiens), selon le communiqué du groupe, soit un repli de 12,5 % par rapport à la même période de 2024.
Des annonces négatives « étaient largement attendues », au regard de l'évolution des ventes et de l'arrivée d'un « nouveau patron susceptible de faire un peu le ménage (amenant ainsi de nouvelles provisions, des restructurations) », indiquent dans une note les analystes de ODDO BHF.
L'Italien Antonio Filosa a pris la tête de Stellantis fin juin, six mois après le départ de Carlos Tavares.
L'action Stellantis baissait de 2,30 % à 7,73 euros (12,34 dollars canadiens) vers 10 h, dans un marché en repli de 0,26 %. Depuis le 1er janvier, l'action du groupe a vu sa valeur fondre de plus de 38 %.
Déroute en Amérique du Nord
Le constructeur explique que des « coûts de production industrielle plus élevés » ont pesé sur sa rentabilité et que les « mesures prises pour améliorer les performances et la rentabilité » n'ont pas encore produit leurs effets.
Il ajoute avoir comptabilisé « environ 3,3 milliards d'euros (5,27 milliards de dollars canadiens) de charges nettes avant impôts », notamment des dépréciations d'actifs liées à l'annulation de certains programmes.
Stellantis cite aussi « les arrêts temporaires de production pratiqués au début du trimestre en réponse aux nouveaux tarifs douaniers en Amérique du Nord » et « la transition de l'offre produit en Europe élargie, où plusieurs modèles importants sont soit en phase de montée en cadence après leurs lancements récents ».
Le volume de véhicules livrés aux concessionnaires a chuté de 6 % au deuxième trimestre 2025, à 1,45 million de véhicules, après un repli de 9 % au premier trimestre.
Ces niveaux « correspondent aux consensus », notent les analystes d'Oddo BHF, mais la déroute est plus marquée en Amérique du Nord, avec 322 000 véhicules facturés (en baisse de 25 % au deuxième trimestre), « contre 367 000 attendus », quand l'Europe « correspond » aux attentes et que les marchés émergents font des « étincelles ».
Aux États-Unis, les constructeurs sont confrontés à la hausse des droits de douane sur les voitures fabriquées hors du pays, soumises à une surtaxe de 25 % depuis début avril (15 % pour le Mexique).
Stellantis chiffre à 300 millions d'euros (419,1 millions de dollars canadiens) les « droits de douane nets encourus » dans ce cadre.
La semaine dernière, la nouvelle direction de Stellantis a annoncé mettre fin à son programme de développement dans l'hydrogène – un signal funeste pour l'hydrogène dans les transports – expliquant ne pas voir de « perspectives de rentabilité économique à moyen terme » sur ce marché.
Le 30 avril, Stellantis avait suspendu ses prévisions financières en raison de l'incertitude créée par l'imposition des droits de douane américains.
Les résultats semestriels définitifs seront publiés « comme prévu » le 29 juillet, précise le groupe, qui explique avoir publié ces données financières préliminaires pour « corriger l'écart entre les prévisions du consensus des analystes et les performances de l'entreprise pour la période ».
Depuis l'année dernière, Stellantis souffre de ses difficultés sur le marché américain, qui avait longtemps tiré vers le haut sa rentabilité, et de la « normalisation » des tarifs des véhicules après les sommets atteints à cause de la pandémie de la COVID-19 et des pénuries de pièces électroniques.
Sur le marché français de la voiture neuve, au ralenti depuis plus d'un an, le groupe franco-italo-américain s'est fait doubler par Renault au premier semestre.

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