
Superman, un immigrant qui fait des vagues
Ce qu'il faut savoir
Le réalisateur d'un nouveau film d'action mettant en scène Superman a soulevé des vagues en insistant sur le fait que le superhéros est un immigrant venu s'établir aux États-Unis, reflétant l'histoire du pays.
Des animateurs de la chaîne Fox admiratifs de la ligne dure poursuivie par l'administration américaine en matière d'immigration ont accusé les auteurs du film de vouloir « faire la leçon » au public.
La polémique reflète, selon des analystes, un changement majeur dans l'imaginaire américain relativement à l'immigration.
Dans une entrevue au Times de Londres, James Gunn a indiqué vendredi que « Superman est l'histoire de l'Amérique » et parle d'un « immigrant venu d'ailleurs pour peupler le pays ».
Le film, qui montre notamment le superhéros enfant alors qu'il est envoyé sur Terre à partir d'une planète condamnée, parle fondamentalement de « gentillesse », une valeur que « certains imbéciles qui en sont dépourvus » jugeront insultante, a ajouté M. Gunn.
Des animateurs de Fox News ont fustigé ses propos, y voyant une salve contre l'administration du président Donald Trump, qui multiplie les initiatives depuis son arrivée en poste dans le but déclaré d'expulser des millions de migrants en situation irrégulière.
Kellyanne Conway, qui était conseillère du président Donald Trump durant son premier mandat, a indiqué que les gens n'allaient pas au cinéma « pour se faire donner une leçon et se faire balancer au visage l'idéologie de quelqu'un ».
Jesse Waters, un autre animateur proche de l'administration Trump, a blagué sur le fait que la cape de Superman porte la mention « MS13 », le nom d'un gang salvadorien que l'administration a invoqué pour justifier des expulsions controversées.
PHOTO JESSICA MIGLIO, FOURNIE PAR ASSOCIATED PRESS
Le réalisateur James Gunn et l'acteur David Corenswet sur le plateau de tournage du film Superman.
Réagissant à la polémique, des acteurs du film sont revenus à la charge lors de la première lundi à Los Angeles.
« Oui, Superman est un immigrant. Et oui, les gens que nous soutenons dans ce pays sont des immigrants. Et si vous n'aimez pas ça, vous n'êtes pas américain », a indiqué Sean Gunn, qui incarne le vilain Maxwell Lord dans le film.
Opinion publique
Le site conservateur Breitbart s'est lancé dans la mêlée par la suite en reprochant aux auteurs du film de ne pas tenir compte du fait que les migrants ciblés par l'administration n'ont pas réussi à régulariser leur statut et ne devraient pas pouvoir rester sur le territoire américain.
Des milliers de lecteurs du site ont commenté, parfois avec colère, parfois en blaguant. L'un d'eux a dit espérer que les agents de l'Immigration and Customs Enforcement (ICE) attraperaient Superman et l'expulseraient.
La polémique « en dit beaucoup » sur la manière dont l'imaginaire américain évolue par rapport à l'immigration, souligne Baptiste Jouzier, un spécialiste du droit international des migrants et des réfugiés rattaché à l'Université Laval.
Historiquement, l'imaginaire populaire par rapport à l'immigration était globalement positif.
Baptiste Jouzier, doctorant rattaché à la faculté de droit de l'Université Laval
L'administration n'hésite pas, note M. Jouzier, à multiplier les « mises en scène » pour illustrer son approche musclée face à la problématique en véhiculant au passage une image négative des personnes ciblées.
Le renvoi récent, avec l'autorisation de la Cour suprême, de huit migrants vers un pays en guerre, le Soudan du Sud, envoie le message que les personnes qui tentent de venir aux États-Unis de manière irrégulière ou tardent à partir alors qu'elles sont sommées de le faire risquent de se retrouver « dans la pire situation imaginable ».
L'objectif, note M. Jouzier, est aussi d'envoyer le message à la base du Parti républicain que le président cherche activement à concrétiser ses promesses de campagne en matière d'immigration.
« Des sous-humains »
L'ouverture récente dans les Everglades, en Floride, d'un centre de détention situé dans une zone isolée et chaude entourée de marais riches en alligators et en pythons s'inscrit dans cette tendance, relève Michael Binder, un professeur de science politique et d'administration publique rattaché à l'Université du Nord de la Floride.
PHOTO REBECCA BLACKWELL, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
Travailleurs installant un panneau de circulation indiquant l'entrée du complexe de détention de migrants Alligator Alcatraz, à Ochopee, en Floride, jeudi dernier
« Ils envoient le message que les migrants qui sont détenus à cet endroit vont être traités comme des sous-humains », relève le chercheur, qui s'alarme de constater que l'aile locale du Parti républicain vend des t-shirts et des casquettes promotionnelles sur le thème de « l'Alcatraz des alligators ».
Le président Trump, qui a visité la prison la semaine dernière, a blagué sur le fait que les migrants qui tentent de s'en échapper devront courir en zigzag pour échapper aux alligators.
L'enthousiasme, voire « l'euphorie » des partisans de la ligne dure risque de changer dans le temps comme ce fut le cas à plusieurs reprises par le passé, note M. Binder.
« Les gens vont finir par retrouver une vision plus positive de l'immigration, mais ça va prendre du temps », relève le chercheur.
« Il faudra au minimum un cycle électoral pour que ça change », précise-t-il.
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10 hours ago
- La Presse
Cirque-tribunal
Ce n'est pas vraiment une chronique sur la Constitution canadienne même si la citation que je vous présente parle de Constitution : « Respectueusement, je soumets ici ces quelques pointes d'humour dans l'espoir de sensibiliser les personnes concernées à modifier la Constitution canadienne… » C'est Guy Bonnier qui écrit cela dans une lettre que vous pouvez lire aujourd'hui dans la section Dialogue. M. Bonnier n'est pas constitutionnaliste. C'est un père endeuillé : le père de Romane Bonnier, tuée à coups de couteau en pleine rue par un perdant du nom de François Pelletier qui fut l'amoureux de Romane pendant un court temps, le temps qu'elle réalise qu'il était complètement cinglé. Lisez le texte « Ce que le tribunal ne m'a pas permis de dire » Et même si l'histoire de Romane n'a rien de drôle, Guy a choisi l'humour pour écrire une lettre poétique, philosophique et humaniste au tribunal après que Pelletier eut été trouvé coupable du meurtre au premier degré de sa fille au terme d'un procès loufoque. PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK Romane Bonnier Pardon, ai-je dit « procès » ? Désolé, je voulais dire « cirque »… C'est que le tueur Pelletier a choisi de se défendre seul. Même si les officiers de justice ne l'avoueront jamais publiquement, je vais vous dire ce qu'ils pensent quand ils tombent sur la phrase « L'accusé du meurtre se défend seul » : Encore un débile qui va profiter du droit-à-une-défense-juste-et-équitable pour torturer la famille de sa victime. Ce fut le cas récemment de Mohamad Al Ballouz, un autre perdant trouvé coupable d'avoir tué sa conjointe Synthia Bussières et leurs deux enfants Zack et Éliam. M. Ballouz a feint d'être une femme, a demandé à la Cour qu'on l'appelle Madame, il a multiplié les singeries en Cour, profité de sa tribune pour injurier la mémoire de ses victimes et la famille de Mme Bussières. On l'a laissé faire, ce qui a revictimisé les proches des trois personnes assassinées par Ballouz. François Pelletier a fait la même chose. 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Bref, cliniquement pas fou, mais en même temps complètement timbré. Je cite Guy Bonnier : « Pendant cinq jours et demi, nous avons dû l'écouter s'auto-interroger, dériver, insinuer, répéter, construire des théories blessantes et incohérentes sur notre fille. Ensuite, pendant deux jours, il a été autorisé à contre-interroger le psychiatre qui l'avait évalué. Tout cela, parce qu'il avait choisi de se représenter seul. Nous, sa famille, avons dû rester là, silencieux, à écouter, à encaisser. En plus de perdre Romane, nous avons dû endurer cette torture. » Comme ce salaud de Ballouz, François Pelletier a bien compris que la Justice permet aux recalés de la vie de transformer le tribunal en cirque, avec la complicité du tribunal, pour une dernière série de taloches aux proches de leurs victimes. Pourquoi c'est permis ? Pourquoi un accusé qui se défend seul peut faire des choses qui vaudraient un outrage au tribunal à un avocat de la défense ? Il n'y a pas de droit absolu. 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Il y a même en droit la proverbiale « personne raisonnable » à laquelle les juges se réfèrent pour expliquer ceci ou cela… La personne raisonnable, Vos Honneurs, elle pense quoi de ces accusés qui se défendent seuls et qui torturent une dernière fois les proches des victimes dans vos salles d'audience ? Allez lire la lettre de Guy Bonnier pour comprendre… J'ai dit plus haut que Guy Bonnier a « écrit une lettre au tribunal », au terme du procès. Les proches peuvent faire cela, avant la sentence : écrire une lettre, et la lire au tribunal… Eh bien, en voulez-vous une bonne ? Le père de Romane a soumis son texte à l'avance. Le juge l'a lue et a interdit à Guy Bonnier de lire la première partie de son texte, celle sur l'absurdité de ce système qui a permis à François Pelletier de délirer pendant des jours. Vous pouvez lire les bouts personnels sur Romane, a tranché le juge, mais pas les bouts qui critiquent le système. 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La Presse
10 hours ago
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Sophie Thibault : « J'appelle ça redonner au vivant »
Cet été, nos chroniqueurs tendent la main à des artistes, à des politiciens et à des gens d'affaires qui se trouvent à un tournant de leur carrière. Yves Boisvert s'est baladé avec la cheffe d'antenne Sophie Thibault, qui a quitté le journalisme pour se consacrer à la photographie animalière, notamment d'oiseaux. Ce qui frappe d'abord, ce n'est pas la couleur des vêtements, c'est le changement de coiffure. La mésange « bicolore » porte en effet la houppe sur le front, même si c'est passé de mode depuis plusieurs saisons. Elle est à peine plus dodue que sa cousine « à tête noire », qui est tout aussi bicolore, et même davantage, vu que la mésange bicolore a en réalité trois couleurs. J'en aurais long à dire sur les noms d'oiseaux, mais tel n'est pas notre propos aujourd'hui. On devine chez ce volatile un léger sentiment de supériorité, mais au fond, elle affiche le même caractère bonasse et sociable que l'autre mésange, si commune dans nos contrées. On m'excusera, j'espère, de commencer ce texte par ce détour ornithologique, mais c'était ma première rencontre avec ce sympathique oiseau. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE Sophie Thibault Et aussi, ça peut paraître étrange de dire ça pour une femme qui s'est montrée à la nation tous les soirs à heure de grande écoute, mais Sophie Thibault n'est pas le sujet préféré de Sophie Thibault. Non pas qu'elle soit pudique à l'extrême. Elle a même écrit un livre très intime avec sa mère. Simplement, je crois qu'elle préfère donner à voir le monde que de ramener la conversation à elle. La cheffe d'antenne fraîchement retraitée m'avait donné rendez-vous au Refuge faunique Marguerite-D'Youville, sur l'île Saint-Bernard à Châteauguay. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE Notre chroniqueur en compagnie de Sophie Thibault Elle a sorti de sa voiture ses jumelles et son appareil photo Sony. Du matériel très sérieux. La conversation s'est installée entre elle et mon collègue photographe Martin Chamberland. Il était question des mérites comparés des différentes marques, de profondeur de champ et de longueur d'objectifs. Comprenez que pour Sophie Thibault, la photographie n'est pas un hobby auquel elle peut enfin se consacrer maintenant qu'elle a quitté TVA. C'est une nouvelle carrière qu'elle prend très au sérieux. Elle publie – des livres, mais aussi sur un compte Instagram très populaire. Elle enseigne. Elle se forme sans arrêt. « J'envie parfois les ornithologues », me dit-elle en replaçant sa machinerie sur son épaule. « Vous prenez vos jumelles, vous observez l'oiseau, vous le notez, et vous passez à autre chose. Nous, il faut trouver le bon angle, on veut la proximité avec l'oiseau, on doit se mettre à son niveau… Les photographes d'oiseaux et les observateurs d'oiseaux, c'est deux gangs totalement différentes. » Tout a commencé en 2012, quand elle a installé une mangeoire dans sa cour. Elle a commencé à photographier les oiseaux. À se renseigner. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE Sophie Thibault J'ai été touchée par la fragilité d'une mésange, d'une sittelle venue se poser dans ma main. Sophie Thibault Elle avait déjà suivi des cours de photo, mais n'avait jamais senti de vocation artistique. « Je regarde mon cahier de l'époque et c'est très ordinaire », dit-elle en riant. Comme pour le reste, elle s'est mise au travail et peut maintenant prétendre l'enseigner. « J'adore l'aspect technique. Les manuels. Traiter les photos. Les organiser. Je suis le travail des bons photographes animaliers. C'est devenu une belle obsession. Si je ne clique pas pendant quatre jours, ça me manque physiquement. » Elle arrivait d'une excursion à l'île aux Lièvres avec un groupe quand nous nous sommes rencontrés, au mois de juin. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE Sophie Thibault « La photo, c'est une intention. Tu sors chercher le chevalier semi-palmé. Tu pars avec ta lentille, tes vêtements, et tu es totalement absorbée. Quand je suis avec un groupe, je ne veux pas être dans la performance. Je ne veux pas savoir qui va avoir la plus belle photo. C'est une expérience humaine. C'est poser un regard sur la nature. Regarder en haut, en bas, de tous les côtés. Je n'ai plus le même œil maintenant. La photo a amélioré mon expérience de contemplation. » Au point que, parfois, elle ajoute : « Il faut que je me calme l'œil. » Se calmer l'œil… comme elle a pu se calmer la tête depuis le printemps. « Après une entrevue l'autre jour, j'ai allumé la radio dans ma voiture. J'allais écouter les nouvelles, me brancher sur LCN, ou de l'information en continu… mais j'ai fait : mais non, je n'ai plus besoin de faire ça. L'Iran a été attaqué, mais je ne passerai pas six heures à décortiquer la situation. J'ai mis de la musique classique. 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Une grande aigrette prend son envol. Clic-clic-clic-clic… Elle est contente du résultat. Elle me montre les détails, le mouvement de l'oiseau, la lumière qui lèche les longues ailes blanches… « J'ai de la misère avec la fin. Avec la mort. La photo, ça fige le temps. C'est ce que j'aime. Ça nous permet ensuite de voyager dans le temps. » Pendant la pandémie, ses publications de nature étaient comme un baume pendant des semaines glauques. Elle sentait l'apaisement qu'elle procurait à des gens cloîtrés en CHSLD. Tous les matins, elle envoyait des bouts de vie animale. Mais plus on s'approche de la nature, plus on observe aussi sa destruction. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE Sophie Thibault Des fois, je montre des oiseaux malades, je ne veux pas générer de l'anxiété, mais il faut sensibiliser, passer des messages pour qu'on arrête de tout détruire. Ce qui se passe avec le caribou forestier me décourage complètement. Moi, je défends la rainette ! Sophie Thibault Elle s'est d'ailleurs impliquée au refuge Saint-Bernard, écrin de nature exceptionnel en banlieue de Montréal. « J'appelle ça redonner au vivant, qui nous procure tant de joie. Il y a tant d'oiseaux disparus depuis 10 ans, 20 ans, dans plusieurs cas c'est 80 % ou 90 % de l'espèce. » Elle est en admiration devant le travail des naturalistes, qui installent des nids pour les merles bleus ou les canards branchus, qui luttent pour la biodiversité. Et elle se dit qu'en l'illustrant, peut-être qu'on y tiendra un peu plus. « C'est très prétentieux, au fond, de dire : regardez ma photo, ça mérite d'être publié ! J'ai toujours eu des doutes, et j'en ai encore. Des doutes sur mon travail comme journaliste, des doutes sur ce que je publie. Jusqu'à la toute fin, je ne suis sûre de rien. Sauf de mon œil… des fois. » Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue


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Sur la table de chevet de… Marie-Sissi Labrèche
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