
Sensibiliser les ados aux menstruations
Pour éduquer les adolescents aux menstruations, briser les tabous autour du sujet et éviter qu'une telle histoire se répète, l'initiative La Semaine Rouge encourage les écoles à mener une semaine de sensibilisation menstruelle. À l'école secondaire Saint-Jean-Baptiste à Longueuil, où la plupart des élèves sont issus de l'immigration, le premier évènement du genre a suscité de l'étonnement, de la gêne, mais elle a aussi favorisé des échanges.
Table de démonstration de produits menstruels à l'entrée de l'école, jeu-questionnaire sur les règles dans la cafétéria, babillard sur la précarité menstruelle dans le couloir principal… Le but avoué de Roxanne Dubé-Rémillard, qui a piloté l'évènement en novembre dernier, était de « prendre de la place » dans l'espace scolaire pour parler de menstruations.
PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, LA PRESSE
À l'initiative de Roxanne Dubé-Rémillard la Semaine Rouge s'est tenue à l'école où elle travaille.
« Parce que c'était la première fois, il y a eu une grosse réaction », témoigne la professeure, qui a vu des élèves incrédules devant les différentes affiches.
Les activités organisées s'adressaient à tous, filles comme garçons. Le message : les menstruations concernent tout le monde, et on devrait pouvoir en parler sans gêne.
« J'ai l'impression que le tabou sur ce sujet a été brisé au niveau de l'école, mais aussi pour moi », témoigne Mojgan Mir Sadeghi Varzaneh, une élève d'origine iranienne de quatrième secondaire. « C'est plus normal pour moi-même d'en parler qu'avant La Semaine Rouge. »
Une occasion d'échanger
La visite d'une infirmière le midi a permis d'informer les élèves sur les menstruations et de répondre à leurs questions. Ce rôle de vulgarisation est jugé crucial par bien des élèves, dans cette école où près de la moitié d'entre eux sont nés à l'extérieur du pays.
« Dans la famille de certaines personnes, c'est un sujet tabou », témoigne Exaucee Mutombo Nsenga, originaire du Congo. « Si tes parents ne t'ont pas encore expliqué [ce que sont les menstruations] lors de tes premières règles, tu penses que c'est quelque chose que tu as fait, que c'est de ta faute. C'est trop de stress. »
PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, LA PRESSE
Mojgan Mir Sadeghi Varzaneh et Exaucee Mutombo Nsenga fréquentent l'école Saint-Jean-Baptiste.
En milieu de semaine, des trousses menstruelles gratuites ont été distribuées. Dans ce milieu défavorisé où l'école fournit le petit déjeuner aux élèves, Roxanne Dubé-Rémillard est convaincue que le coût des produits sanitaires est un enjeu pour de nombreuses familles. Ce fut l'occasion de discuter de précarité menstruelle – soit la difficulté d'accéder à des produits menstruels faute de moyens – avec des élèves qui la vivent dans le secret.
La semaine se voulait aussi un moment d'échange, notamment lors de la projection d'un film sur les menstruations dans différentes cultures.
Plusieurs élèves nous ont dit que la tradition dans leur pays, c'est que la grand-mère donne une tape dans le visage des jeunes filles après leurs premières règles.
Roxanne Dubé-Rémillard
À sa surprise, même les garçons se sont prêtés au jeu. « Des garçons sont venus et ont parlé des différentes infusions que leur mère prenait quand elles étaient menstruées. »
Un mouvement québécois
La semaine organisée à l'école Saint-Jean-Baptiste avait des allures de banc d'essai pour Seréna Québec et le Réseau québécois d'action pour la santé des femmes (RQASF), les organismes à but non lucratif à l'origine de La Semaine Rouge. Les deux premières éditions de l'évènement, en 2022 et en 2023, avaient pris la forme d'ateliers en ligne. Malgré une réponse enthousiaste – 700 inscriptions en 2022 –, les organisatrices ont constaté qu'il fallait aller sur le terrain pour capter l'attention des adolescents.
À l'époque, les initiatives de la RQASF autour des menstruations recevaient un accueil mitigé des associations féministes et de santé des femmes. « On craignait que mettre ce sujet de l'avant soit pris comme un signe de faiblesse par rapport aux hommes, » témoigne sa directrice générale, Élise Brunot.
PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, LA PRESSE
Des produits menstruels sont distribués gratuitement sur une table dans le gymnase, accompagnés d'affiches pour La Semaine rouge d'information sur les menstruations.
Mais les choses ont évolué ces dernières années. « Les groupes s'emparent du sujet aujourd'hui, notamment autour de l'aspect de la précarité menstruelle. »
Malgré le succès de la première Semaine Rouge à l'école Saint-Jean-Baptiste, la gêne autour du sujet demeure présente. « La Semaine Rouge enrichit les personnes culturellement, mais risque aussi de ramener des propos négatifs. Parce que certaines personnes, lorsqu'elles sont mal à l'aise, réagissent en faisant des blagues sur le sujet ou en insultant », témoigne Aley Abu Shady, élève de quatrième secondaire, originaire d'Égypte.
Riche de l'expérience de Roxanne Dubé-Rémillard, la troisième édition de La Semaine Rouge aura lieu dans les écoles l'année prochaine. Dix établissements se sont déjà inscrits.
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