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Vers des centres de données sur la Lune ?

Vers des centres de données sur la Lune ?

La Presse2 days ago
Imaginez un environnement sans carbone, où l'énergie solaire est abondante et les solutions de climatisation sont à peu près infinies. Ça existe. C'est d'ailleurs ce que considèrent ces jours-ci des entreprises qui regardent vers la Lune et l'espace pour ériger des centres de données dernier cri.
Cela fait des années que l'orbite terrestre est considérée comme un marché potentiel à défricher. Il y a eu des projets un peu farfelus, comme des hôtels volants plus ou moins géostationnaires. D'autres sont plus sérieux et ont toujours cours, comme cet octroi par la NASA d'un contrat à l'experte texane de la fabrication additive ICON, qui devrait mener d'ici 2028 à la construction d'une infrastructure lunaire prête à accueillir ses premiers occupants.
Déjà, les technologies sont mises au point pour transformer en ciment et en d'autres matériaux de construction les ressources qu'on retrouve naturellement sur la Lune. Le secteur immobilier salive à l'idée de transformer la surface de la Lune en un énorme parc industriel rempli d'entrepôts, d'usines et de centres de données qui serviront à propulser l'Homme ailleurs dans l'espace, ou qui délocaliseront peut-être tout simplement des infrastructures terrestres coûteuses et polluantes à un endroit où ces facteurs ne sont pas applicables.
Déjà, une petite industrie orbite autour de la construction immobilière spatiale et lunaire. Des entreprises établies dans le sud des États-Unis, près des sites de décollage de fusées lancées par SpaceX, Blue Origin ou d'autres, voient leur prochaine phase d'expansion très haut dans le ciel.
« À mesure qu'on débloque ce secteur, il y a des entreprises qui vont essayer de développer et de profiter de l'espace de toutes les façons », a récemment expliqué au média américain CNBC le directeur financier de la firme d'investissement immobilier Hines, David Steinbach.
Hines compare l'exploration spatiale actuelle aux débuts des chemins de fer en Amérique du Nord, et comment cela a mené à la création de nombreux petits centres urbains tout au long de leur tracé.
Hines n'est pas un inconnu. Gestionnaire de placements immobiliers mondial, il exploite un actif de 93 milliards dans 31 pays. Il est partenaire de La Caisse (CDPQ) dans la construction du complexe CIBC Square au centre-ville de Toronto.
L'administration Trump n'est pas intéressée par tout le volet scientifique de l'exploration lunaire, mais n'est pas insensible à son exploitation commerciale ni industrielle. La NASA a vu son budget réduit, mais a reçu d'une autre main une enveloppe de 10 milliards US pour accélérer l'envoi de missions habitées vers la Lune.
Des données en orbite
Sans doute que cette privatisation de l'exploration spatiale plaira au président américain. Elle soulagera aussi la NASA d'une dépense qu'elle ne peut plus assumer. Et déjà, l'idée d'implanter des centres de données en orbite fait son chemin.
Outre l'industrie aérospatiale américaine, des géants industriels européens ont aussi un œil tourné vers l'orbite terrestre pour y implanter de l'infrastructure informatique.
Dans l'espace, sans atmosphère, ces centres de données n'ont plus besoin d'être refroidis. Les rayons du soleil peuvent être rapidement convertis en une énergie sans carbone pour alimenter les serveurs. Les millions de mètres carrés normalement occupés sur Terre par ces énormes bâtiments pourront être utilisés à meilleur escient.
La Commission européenne a commencé un rapport sur l'éventuelle mise en orbite de ses centres de données. Un projet pilote composé d'une petite constellation de satellites représentant l'équivalent d'un centre de données composé de 5000 serveurs a été mis en place.
Les résultats ont été publiés l'été dernier. « L'étude confirme que le déploiement de centres de données dans l'espace pourrait transformer le paysage numérique européen et offrir une solution plus écologique et souveraine pour l'hébergement et le traitement des données », conclut le rapport.
Le seul bémol : pour que ce soit réalisable, dans un contexte de réduction des émissions de gaz à effet de serre, il faudrait que les lanceurs utilisés pour envoyer des ordinateurs en orbite soient 10 fois moins polluants qu'ils le sont à l'heure actuelle.
Les limites du privé
Récemment, l'industrie estimait à 1000 milliards de dollars le potentiel commercial de l'exploration spatiale pour la prochaine décennie. Des entreprises comme SpaceX en profitent déjà. D'autres ont hâte d'y faire des activités en tout genre, allant de la fabrication de médicaments à la récupération de produits miniers tirés d'astéroïdes.
Mais tout n'est pas toujours si simple. La preuve très terre-à-terre se trouve du côté d'Amazon, qui devait rivaliser ces jours-ci avec le réseau Starlink de SpaceX grâce à son propre réseau de satellites en basse orbite, appelé Projet Kuiper.
Or, Amazon peine à déployer ses satellites. Sa licence octroyée par le gouvernement américain vient à échéance en juillet 2026, et au rythme où vont les choses, le Projet Kuiper pourrait ne jamais voir le jour. Amazon a même dû confier à son rival SpaceX le lancement de satellites pour accélérer la cadence.
Manifestement, l'espace est la prochaine frontière, mais la rentabilité, elle, demeure une condition infranchissable pour faire de tout ça un succès.
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time2 days ago

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Imaginez un environnement sans carbone, où l'énergie solaire est abondante et les solutions de climatisation sont à peu près infinies. Ça existe. C'est d'ailleurs ce que considèrent ces jours-ci des entreprises qui regardent vers la Lune et l'espace pour ériger des centres de données dernier cri. Cela fait des années que l'orbite terrestre est considérée comme un marché potentiel à défricher. Il y a eu des projets un peu farfelus, comme des hôtels volants plus ou moins géostationnaires. D'autres sont plus sérieux et ont toujours cours, comme cet octroi par la NASA d'un contrat à l'experte texane de la fabrication additive ICON, qui devrait mener d'ici 2028 à la construction d'une infrastructure lunaire prête à accueillir ses premiers occupants. Déjà, les technologies sont mises au point pour transformer en ciment et en d'autres matériaux de construction les ressources qu'on retrouve naturellement sur la Lune. Le secteur immobilier salive à l'idée de transformer la surface de la Lune en un énorme parc industriel rempli d'entrepôts, d'usines et de centres de données qui serviront à propulser l'Homme ailleurs dans l'espace, ou qui délocaliseront peut-être tout simplement des infrastructures terrestres coûteuses et polluantes à un endroit où ces facteurs ne sont pas applicables. Déjà, une petite industrie orbite autour de la construction immobilière spatiale et lunaire. Des entreprises établies dans le sud des États-Unis, près des sites de décollage de fusées lancées par SpaceX, Blue Origin ou d'autres, voient leur prochaine phase d'expansion très haut dans le ciel. « À mesure qu'on débloque ce secteur, il y a des entreprises qui vont essayer de développer et de profiter de l'espace de toutes les façons », a récemment expliqué au média américain CNBC le directeur financier de la firme d'investissement immobilier Hines, David Steinbach. Hines compare l'exploration spatiale actuelle aux débuts des chemins de fer en Amérique du Nord, et comment cela a mené à la création de nombreux petits centres urbains tout au long de leur tracé. Hines n'est pas un inconnu. Gestionnaire de placements immobiliers mondial, il exploite un actif de 93 milliards dans 31 pays. Il est partenaire de La Caisse (CDPQ) dans la construction du complexe CIBC Square au centre-ville de Toronto. L'administration Trump n'est pas intéressée par tout le volet scientifique de l'exploration lunaire, mais n'est pas insensible à son exploitation commerciale ni industrielle. La NASA a vu son budget réduit, mais a reçu d'une autre main une enveloppe de 10 milliards US pour accélérer l'envoi de missions habitées vers la Lune. Des données en orbite Sans doute que cette privatisation de l'exploration spatiale plaira au président américain. Elle soulagera aussi la NASA d'une dépense qu'elle ne peut plus assumer. Et déjà, l'idée d'implanter des centres de données en orbite fait son chemin. Outre l'industrie aérospatiale américaine, des géants industriels européens ont aussi un œil tourné vers l'orbite terrestre pour y implanter de l'infrastructure informatique. Dans l'espace, sans atmosphère, ces centres de données n'ont plus besoin d'être refroidis. Les rayons du soleil peuvent être rapidement convertis en une énergie sans carbone pour alimenter les serveurs. Les millions de mètres carrés normalement occupés sur Terre par ces énormes bâtiments pourront être utilisés à meilleur escient. La Commission européenne a commencé un rapport sur l'éventuelle mise en orbite de ses centres de données. Un projet pilote composé d'une petite constellation de satellites représentant l'équivalent d'un centre de données composé de 5000 serveurs a été mis en place. Les résultats ont été publiés l'été dernier. « L'étude confirme que le déploiement de centres de données dans l'espace pourrait transformer le paysage numérique européen et offrir une solution plus écologique et souveraine pour l'hébergement et le traitement des données », conclut le rapport. Le seul bémol : pour que ce soit réalisable, dans un contexte de réduction des émissions de gaz à effet de serre, il faudrait que les lanceurs utilisés pour envoyer des ordinateurs en orbite soient 10 fois moins polluants qu'ils le sont à l'heure actuelle. Les limites du privé Récemment, l'industrie estimait à 1000 milliards de dollars le potentiel commercial de l'exploration spatiale pour la prochaine décennie. Des entreprises comme SpaceX en profitent déjà. D'autres ont hâte d'y faire des activités en tout genre, allant de la fabrication de médicaments à la récupération de produits miniers tirés d'astéroïdes. Mais tout n'est pas toujours si simple. La preuve très terre-à-terre se trouve du côté d'Amazon, qui devait rivaliser ces jours-ci avec le réseau Starlink de SpaceX grâce à son propre réseau de satellites en basse orbite, appelé Projet Kuiper. Or, Amazon peine à déployer ses satellites. Sa licence octroyée par le gouvernement américain vient à échéance en juillet 2026, et au rythme où vont les choses, le Projet Kuiper pourrait ne jamais voir le jour. Amazon a même dû confier à son rival SpaceX le lancement de satellites pour accélérer la cadence. Manifestement, l'espace est la prochaine frontière, mais la rentabilité, elle, demeure une condition infranchissable pour faire de tout ça un succès.

TikTok visé par de nouvelles plaintes
TikTok visé par de nouvelles plaintes

La Presse

time4 days ago

  • La Presse

TikTok visé par de nouvelles plaintes

Propriété du groupe chinois ByteDance, la puissante plateforme de partage de vidéos, avec 1,5 milliard de membres, est depuis des années dans le viseur des gouvernements occidentaux. (Vienne) De nouvelles plaintes ont été déposées jeudi dans des pays européens à l'encontre de trois applications chinoises, dont TikTok, accusées de ne pas avoir répondu aux demandes sur le traitement des données de leurs utilisateurs. Agence France-Presse « Les entreprises de technologie adorent collecter autant de données que possible à votre sujet, mais refusent catégoriquement de vous en donner l'accès complet, comme l'exige pourtant la législation européenne », a dénoncé dans un communiqué Kleanthi Sardeli, avocate de l'association Noyb, une ONG viennoise à l'origine de la procédure. Elle avait déjà engagé des actions en janvier contre six applications chinoises au nom de particuliers s'inquiétant du transfert illégal de leurs données à Pékin. Si les géants du commerce en ligne Shein et Temu, ainsi que l'application d'électronique grand public Xiaomi, ont accédé entretemps aux demandes des plaignants, « TikTok, AliExpress et WeChat ont continué à enfreindre le RGPD (règlement européen de protection des données) », fournissant des réponses incomplètes ou ignorant la requête, selon Noyb. L'organisation a donc déposé trois plaintes auprès des autorités de protection des données en Belgique, en Grèce et aux Pays-Bas afin que les sociétés visées se mettent en conformité. Elle demande aussi une amende administrative à leur encontre, pouvant atteindre jusqu'à 4 % de leurs recettes mondiales, « afin d'éviter que des violations similaires ne se reproduisent à l'avenir ». Sollicité par l'AFP, TikTok n'avait pas réagi dans l'immédiat. Propriété du groupe chinois ByteDance, la puissante plateforme de partage de vidéos, avec 1,5 milliard de membres, est depuis des années dans le viseur des gouvernements occidentaux, qui redoutent son lien avec Pékin et un possible usage des données de ses utilisateurs à des fins d'espionnage ou de propagande. L'autorité irlandaise de protection des données (DPC), agissant au nom de l'Union européenne, a ouvert le 10 juillet une enquête contre TikTok sur le stockage de certaines données personnelles sur des serveurs chinois, Pékin démentant de son côté toute implication. La DPC avait déjà sanctionné le réseau social, dont le siège européen se trouve en Irlande, d'une amende de 530 millions début mai pour avoir échoué à garantir une protection suffisante aux internautes. Les données européennes ne peuvent être transférées – c'est-à-dire stockées ou rendues accessibles – dans un pays tiers que s'il est jugé suffisamment sûr par l'UE comme par exemple le Japon, le Royaume-Uni ou les États-Unis. Noyb, dont l'acronyme signifie « None of your business » (« Ce ne sont pas vos affaires »), est à l'origine de nombreuses plaintes contre les géants du web, s'étant soldées par des amendes de milliards d'euros.

Trump dévoile des investissements pour alimenter l'IA en électricité
Trump dévoile des investissements pour alimenter l'IA en électricité

La Presse

time6 days ago

  • La Presse

Trump dévoile des investissements pour alimenter l'IA en électricité

(Pittsburgh) Donald Trump a annoncé mardi des investissements d'entreprises privées dans l'énergie et les infrastructures en Pennsylvanie, État industriel de l'est des États-Unis, au moment où le secteur de la tech est confronté aux besoins toujours croissants en électricité de l'intelligence artificielle (IA). Agence France-Presse En tout, plusieurs organisations vont injecter environ 92 milliards de dollars dans des projets de centres de données (36 milliards) et de sites de production d'énergie (56 milliards). Le secteur des technologies s'est jeté à corps perdu dans le développement de l'IA générative, mais craint que les besoins massifs en électricité ne puissent être satisfaits par l'infrastructure existante, en particulier aux États-Unis. L'IA générative demande d'énormes capacités de calcul informatique, principalement pour faire fonctionner les processeurs voraces en énergie de Nvidia, cette entreprise californienne de puces électroniques devenue la plus grosse capitalisation boursière au monde en surfant très tôt sur la vague de l'IA. Les autorités américaines s'attendent à ce que d'ici à 2028, les besoins en électricité des entreprises technologiques pour l'IA soient équivalents à ceux de 5 millions de foyers. « Nous sommes ici aujourd'hui parce que nous pensons que c'est le destin de l'Amérique de dominer toutes les industries et d'être la première dans toutes les technologies, y compris la première super puissance au monde dans l'IA », a déclaré Donald Trump sur scène. « Et nous sommes largement en avance sur la Chine, je dois le dire. Et les usines arrivent, la construction commence », a ajouté le président américain, lors du premier Sommet sur l'énergie et l'innovation de Pennsylvanie à l'université Carnegie Mellon de Pittsburgh. Rester « leader » Parmi les groupes présents, Google a annoncé un investissement sur deux ans de 25 milliards de dollars dans des centres de données et infrastructures d'IA dans des États du nord-est du pays, ainsi que 3 milliards de dollars pour moderniser deux centrales hydroélectriques en Pennsylvanie. « Nous soutenons l'appel clair et urgent du président Trump à investir dans les infrastructures, les technologies et la production d'énergie nécessaires à l'essor de l'IA, afin que les États-Unis restent leader dans ce domaine », a déclaré Ruth Porat, directrice des investissements d'Alphabet et Google. « Alors que les États-Unis et la Chine se livrent une course pour dominer la guerre de l'intelligence artificielle, les géants technologiques investissent massivement pour gagner des parts dans cette quatrième révolution industrielle », a commenté l'analyste Dan Ives de Wedbush. Il estime qu'environ 15 % des budgets informatiques sont désormais réservés à l'IA ou influencés par cette technologie. D'autres entreprises technologiques, sociétés énergétiques et firmes financières étaient présentes à Pittsburgh, dont Blackstone, qui a aussi promis 25 milliards de dollars pour des centres de données et infrastructures. Les groupes comptent en outre investir dans des programmes d'apprentissage. Pour le sénateur républicain David McCormick, ces investissements sont d'une « importance énorme » pour son État de Pennsylvanie, mais ils sont aussi « cruciaux pour le futur du pays ». Course avec Pékin Ses déclarations reflètent la tendance partagée par les deux bords politiques à Washington que les États-Unis doivent en faire davantage pour ne pas perdre du terrain face à la Chine dans cette course à l'intelligence artificielle. « Si les États-Unis ne mènent pas cette révolution sous nos propres conditions, nous céderons le contrôle de notre infrastructure, de nos données, de notre leadership, et de notre mode de vide à la Chine communiste », a déclaré le sénateur McCormick dans une tribune à Fox News. Donald Trump a lancé le projet « Stargate » en janvier, qui vise jusqu'à 500 milliards de dollars d'investissements dans les infrastructures d'IA. La firme japonaise d'investissements en technologie SoftBank, ainsi que les entreprises américaines de la Silicon Valley OpenAI (ChatGPT) et Oracle, ont décidé d'investir 100 milliards de dollars dans la phase initiale du projet. Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a fait machine arrière sur de nombreuses réglementations adoptées sous Joe Biden pour cadrer le développement des puissants algorithmes d'IA et limiter les exportations de certaines technologies avancées à des pays alliés. Le président américain devrait dévoiler son propre programme-cadre pour le développement de l'intelligence artificielle au cours du mois de juillet.

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