Des efforts surhumains mais une indiscipline fatale : des Bleus rattrapés par le syndrome de la boulette face aux All Blacks
Parce que c'était impossible, ils ne l'ont finalement pas fait. C'est quelque part un peu injuste. Pour tout ce que ces joueurs ont donné et fait passer comme envie d'y croire. Disons-le tout net, ce n'était pas gagné au départ. Pour égayer son début d'été, il était plus raisonnable de regarder poliment ailleurs, s'émerveiller du parcours du Paris-SG en Coupe du monde des clubs, se demander si Tadej Pogacar écraserait le Tour de France dès la première ou la deuxième étape de montagne, et mollement allumer sa télé le samedi matin à 9h05, juste histoire d'avoir un bruit de fond avec le café, et lever la tête pour regarder le replay des essais des Blacks.
Mais on s'est pris au jeu. Après le premier test de Dunedin, perdu d'un rien avec une balle de match en main (31-27), et la seconde période de Wellington (14-14), qui tentait de faire passer la première pour une étourderie. À 29 points encaissés tout de même, dont 4 essais quand même, ce qui fait déjà une belle étourderie. Et puis le drame de ce dernier match, dominé au score jusqu'à la 60e et pourtant très logiquement remporté par Ardie Savea et sa bande (29-19).
Dur, car cet ultime résultat de juillet vient classer cette tournée millésime 2025 sur l'étagère des souvenirs périssables. Une photo qui prendra la poussière plus longtemps que ne dureront les regrets de cette jeune équipe, éminemment courageuse, séduisante sur pas mal d'aspects, mais pas suffisamment armée pour déboulonner le mythe chez lui, même un mythe en plein ravalement.
La réalité objective de cette rencontre rappelle que les Néo-Zélandais sont rentrés cinq fois dans l'en-but adverse sans marquer, grâce aux efforts surhumains de la défense tricolore (297 plaquages au total), mais que son déchet et son indiscipline lui auront été fatals.
Dans le deuxième acte, un drop d'Antoine Hastoy (42e) et une pénalité de Nolann Le Garrec (50e) manqués ont empêché le quinze de France de reprendre un peu d'air après la pause. Puis l'essai de Du'Plessis Kirifi (59e), derrière une nouvelle boulette de Léo Barré, qui subissait l'engagement de Sevuloni Reece sur sa ligne, permettait aux Néo-Zélandais de repasser devant. Ajoutez à cela un coaching qui n'aura pas eu les vertus tonifiantes des deux sorties précédentes, et vous aurez rassemblé tous les ingrédients de la domination all black sur la deuxième moitié de la partie et son succès indiscutable.
Une naïveté défensive que les Bleus auront payée cher
Dommage, car la première période avait été le copié-collé amélioré de sa grande soeur de Dunedin. Une prise en main rapide des débats, une efficacité pour se fabriquer un matelas de dix points (20e : 0-10) et une défense acharnée autour d'Alexandre Fischer, Matthias Halagahu, Joshua Brennan et Gabin Villière. Ceux-là pourront offrir leur corps à l'Académie de médecine en rentrant à Paris, avant de le récupérer dans huit semaines, parce qu'il faudra bien s'y refiler en Top 14 à un moment ou à un autre. Cette fois encore, l'élastique s'est tendu très fort, et souvent. Un soir jubilatoire aux auto-tamponneuses du village qui n'aura finalement pas coûté si cher en pétrole.
Non, ce qui aura fait mal pour commencer, c'est cet abandon de poste dans le troisième rideau après un dégagement de Le Garrec. Les All Blacks revenaient sur les 40 mètres tricolores, Cortez Ratima voyait le champ profond déserté et envoyait Will Jordan à l'essai d'un coup de pied de maître (7-10). Une exploitation parfaite d'une grosse erreur de placement de l'arrière tricolore Barré, alors que les Bleus avaient choisi de ne pas lui faciliter la vie en défendant à 14 sur le premier rideau et lui en libéro. Une naïveté défensive que l'on pardonnera à une équipe avec aussi peu d'expérience, mais qu'elle aura payée cher à ce moment-là de la rencontre.
Jusqu'ici, le travail effectué dans la semaine sur le terrain du King's College était récompensé à sa juste mesure, à l'image de ce drop d'Hastoy (24e : 7-13), dont la stratégie fut entrevue à l'entraînement quelques jours plus tôt. Les Bleus s'offraient même deux pénalités de plus, jusqu'à ce qu'Anton Lienert-Brown refasse le retard des siens (40e + 4 : 17-19), à force d'insistance et avec l'aide de la vitesse relative du ballon sur les passes à plat. N'en jetons pas davantage sur le corps arbitral, qui ne peut pas non plus être responsable de tout, de la faim dans le monde à la difficulté de trouver un resto qui sert après 21h en Nouvelle-Zélande.
Au bout de ce voyage, que restera-t-il de cette tournée ? L'idée que l'investissement de ce groupe méritait autre chose. C'est ce que dira la lecture brute d'au moins deux des trois scores. Comme le renfort de deux ou trois premiums qui, par leur auguste présence, et pour soutenir un Gaël Fickou exemplaire, auraient peut-être aidé à mieux gérer les temps faibles, à limiter le déchet. Surtout, elle aurait marqué les All Blacks, à deux ans de la prochaine Coupe du monde qui se déroulera chez le voisin australien. Une démonstration d'autorité qui aurait eu de la tenue, au lieu de quoi, comme chaque été, il faudra encore se contenter de satisfactions individuelles, se féliciter de l'éclosion de quelques HPI dont on ne connaîtra que dans quelques mois la vraie valeur de leur QI rugby.
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