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Des campements devant des refuges pleins à craquer

Des campements devant des refuges pleins à craquer

La Presse7 days ago
Les ressources d'hébergement pour les sans-abri sont pleines à craquer à Montréal, au point que plusieurs d'entre elles sont maintenant entourées de campements. Dans le milieu communautaire, on craint que la crise ne soit accentuée par l'interdiction du flânage dans le métro, mais aussi par une présence policière plus marquée.
« On voit une augmentation continuelle des personnes qui sont réellement sans option, donc elles campent devant nos portes, devant les portes de plein d'autres partenaires aussi. C'est frustrant de voir autant de détresse », affirme sans détour le directeur de la Mission Old Brewery, James Hughes, en entrevue.
Près de ses locaux, entre le Quartier chinois et le Vieux-Montréal, près d'une dizaine de tentes sont installées depuis quelques semaines en bordure d'un stationnement. Un matelas est posé sur le sol, surplombé par un parasol turquoise.
PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE
Une augmentation du nombre de personnes qui sont réellement sans option a été notée à la Mission Old Brewery.
Des vêtements sèchent sur divers supports, des chariots d'épicerie débordent d'effets personnels, autour de quelques personnes désœuvrées installées sur des chaises hétéroclites, qui regardent passer les touristes.
Un abribus de la Société de transport de Montréal (STM) se trouvait à cet endroit jusqu'à tout récemment, mais il a été retiré parce qu'il était occupé en permanence par des sans-abri souvent agressifs ou intoxiqués.
Le phénomène des « minicampements » pourrait avoir pris de l'ampleur en raison de « l'obligation de circuler » qui est de nouveau appliquée dans le métro depuis la mi-juin, avance le directeur de la Mission Old Brewery, James Hughes.
« Nos locaux sont juste à côté des métros Place-d'Armes et Champ-de-Mars, donc c'est sûr que les gens auraient peut-être été dans le métro durant la journée au moins, et pas devant nos portes, si les pratiques n'avaient pas changé », explique-t-il.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE
Le DG de la Mission Old Brewery, James Hughes
Le gestionnaire appelle les autorités à tolérer ces formes de « minicampements ». « Ces gens, ils sont là parce que les services sont ici. Ils peuvent entrer pour aller à la salle de bains, téléphoner, prendre un sandwich, obtenir de l'aide en cas d'urgence, bref, avoir des services pour survivre », souligne-t-il.
Un climat plus hostile ?
Même constat à L'Anonyme, qui offre du soutien psychosocial mobile aux sans-abri dans un autobus. « On remarque qu'il y a de plus en plus de nouvelles installations, parfois proches des ressources, mais aussi dans des zones d'ombre », observe la directrice du programme de sécurité urbaine de l'organisme, Sophie Gagnon.
On voit les gens se regrouper, pour l'aspect de communauté, mais aussi le sentiment de sécurité. Ce sont des stratégies de survie : ils trouvent des sites où ils sont moins visibles, moins achalés, en se faisant plus petits, en ne voulant pas déranger.
Sophie Gagnon, directrice du programme de sécurité urbaine de L'Anonyme
« Si on voit plus de campements, c'est qu'il n'y a plus autant d'alternatives disponibles », soutient de son côté Andrew Marrocco, directeur général de la Mission St-Michael, qui tient une halte-chaleur de 60 places au centre-ville.
PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE
Un abri de fortune a été monté sous un viaduc pietonnier devant la Mission Saint-Michael.
L'interdiction du flânage dans le métro n'est toutefois pas le seul facteur à prendre en compte, selon lui. « Au-delà de ça, le centre-ville est plus 'supervisé', note-t-il. Ça oblige beaucoup de personnes vulnérables à se rendre plus loin pour trouver des espaces excentrés, où le voisinage est moins habitué à cohabiter. »
« Ces gens qu'on sort du métro, ça vient avec le fait qu'on les tolère de moins en moins dans les espaces où, historiquement, ils avaient leur place, comme les artères piétonnières », renchérit la directrice du Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), Annie Savage.
« Faiblesse de notre système »
Le nouveau commissaire aux personnes en situation d'itinérance de la Ville de Montréal, Julien David-Pelletier, dit être bien au fait du phénomène des minicampements qui se multiplient. « C'est quelque chose qui se vit dans tous les arrondissements. C'est directement lié au fait que le nombre de personnes itinérantes augmente sans cesse », dit-il en entrevue.
PHOTO HUGO-SEBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE
Le commissaire en itinérance de la Ville, Julien David-Pelletier
« Pour moi, ça démontre que la ville est devenue le théâtre de la faiblesse de notre système de ressources. Il nous manque de ressources spécialisées en santé mentale, en traitement des dépendances », explique M. David-Pelletier.
Il jure que la Ville « fait tout ce qui est son pouvoir pour aider ces personnes-là ». « En ce moment, on déploie beaucoup d'efforts pour trouver de nouveaux lieux d'hébergement. On est prêts à collaborer avec toutes les ressources que pourra injecter Québec dans la crise », assure le commissaire.
Quant au lien avec le métro et la présence policière, « c'est difficile à savoir », rétorque le haut fonctionnaire. « Je n'ai pas de données précises pour savoir si ces gens-là étaient dans le métro auparavant. »
« La crise de l'itinérance ne peut être résumée à une seule cause », souligne de son côté l'attaché de presse de la mairesse Valérie Plante, Simon Charron, dans une déclaration écrite. « C'est un phénomène complexe qui est le résultat des crises de l'habitation, de la santé mentale, des opioïdes et de la pauvreté. »
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Vers une reconnaissance canadienne d'un État palestinien
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Vers une reconnaissance canadienne d'un État palestinien

« Le Canada a l'intention de reconnaître l'État de la Palestine » lors de la rencontre de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre, a annoncé le premier ministre Mark Carney. « Le niveau de souffrance humaine à Gaza est intolérable et s'aggrave encore », a dit M. Carney, dans un point de presse après une rencontre avec son cabinet mercredi. Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos Video Player is loading. 0:00 Lecture Skip Backward Skip Forward Désactiver le son Current Time 0:00 / Duration 0:00 Loaded : 0% 0:00 Stream Type LIVE Seek to live, currently behind live LIVE Remaining Time - 0:00 Picture-in-Picture Plein écran This is a modal window. Beginning of dialog window. Escape will cancel and close the window. Text Color White Black Red Green Blue Yellow Magenta Cyan Opacity Opaque Semi-Transparent Text Background Color Black White Red Green Blue Yellow Magenta Cyan Opacity Opaque Semi-Transparent Transparent Caption Area Background Color Black White Red Green Blue Yellow Magenta Cyan Opacity Transparent Semi-Transparent Opaque Font Size 50% 75% 100% 125% 150% 175% 200% 300% 400% Text Edge Style None Raised Depressed Uniform Drop shadow Font Family Proportional Sans-Serif Monospace Sans-Serif Proportional Serif Monospace Serif Casual Script Small Caps Reset Done Close Modal Dialog End of dialog window. Israël a « laissé la situation se détériorer », a-t-il dénoncé. « Nous avons le devoir de faire respecter les droits de la personne à l'international », a-t-il ajouté. Il était accompagné de la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand. Des voix s'élevaient depuis quelques jours pour une prise de position du Canada sur un État palestinien. Des députés libéraux avaient interpellé publiquement leur leader dans les derniers jours à ce sujet. Pas moins de 173 anciens ambassadeurs canadiens, ex-consuls généraux et autres diplomates de haut niveau ont aussi signé une lettre mercredi pour inviter M. Carney à reconnaître la Palestine pour indiquer « clairement qu'Israël, dont le gouvernement actuel s'oppose activement à la création d'un État palestinien, n'a pas le droit de veto sur la reconnaissance de la Palestine », ont écrit les signataires. Le geste politique accentue la pression sur Israël pour un cessez-le-feu à Gaza, alors que la situation « le pire scénario de la famine est en cours » sur le territoire, selon un organisme soutenu par l'ONU. La semaine dernière, la France est devenue le premier pays du G7 à annoncer une reconnaissance d'un État palestinien, à officialiser durant l'Assemblée générale de l'ONU en septembre. Mardi, le premier ministre du Royaume-Uni, Keir Starmer, a indiqué que son pays reconnaîtrait la Palestine en septembre, à moins qu'Israël ne s'engage à prendre certaines mesures, dont un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Il a aussi demandé au Hamas de libérer les otages israéliens toujours détenus et de déposer les armes. Quelque 142 des 193 États membres de l'ONU reconnaissent la Palestine comme pays, selon un décompte de l'AFP. Plus de détails à venir

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