
Nos écoles avancent à reculons dans un monde en accélération
Nos écoles avancent à reculons dans un monde en accélération
Pour l'auteur, notre système d'éducation public est un pilier de notre identité collective qu'il ne faut pas tenir pour acquis
Shawn Young
Directeur de la plateforme chez HMH et ex-enseignant de physique
Le Québec est à un moment charnière. Alors que le gouvernement impose des compressions de plus de 570 millions de dollars dans le réseau scolaire public, il ne s'agit pas simplement d'un débat budgétaire. Il s'agit d'un choix de société.
Depuis 20 ans, je travaille en éducation, comme enseignant, chercheur, entrepreneur, expert ou cadre, autant ici qu'aux États-Unis et à l'international. Et partout où je suis passé, une vérité s'impose : l'éducation est le levier le plus puissant qu'on ait pour bâtir une société prospère, équitable et résiliente.
L'inverse est tout aussi vrai : lorsqu'on affaiblit l'école publique, on nourrit les inégalités, on compromet l'innovation et on hypothèque l'avenir collectif.
Les leçons de nos voisins
Aux États-Unis (où je dirige les solutions numériques d'une grande société en éducation, touchant près de 95 % des enfants au pays), les effets des décennies de sous-investissement sont criants. L'accès à une éducation de qualité varie selon le quartier, les moyens financiers ou les politiques locales. Le système est fragmenté, inégal, et trop souvent injuste.
Dans ces contextes, les élèves vulnérables – ceux qui auraient le plus besoin de soutien – sont les premiers à écoper. Moins de services spécialisés, plus de décrochage, plus de détresse.
Le système scolaire ne joue plus son rôle de moteur d'égalité sociale. Il devient un miroir des inégalités économiques. Est-ce vraiment cette réalité que nous voulons imiter au Québec ?
Ce qui nous rend différents
Le Québec a toujours fait les choses autrement. Notre système d'éducation public est un pilier de notre identité collective. Il repose sur une conviction forte : que chaque enfant, peu importe son origine ou son code postal, a droit à une éducation de qualité.
C'est un choix de société qu'on a fait lors de la Révolution tranquille et qu'il ne faut jamais tenir pour acquis.
Les compressions annoncées mettent en péril cette vision. Services en orthopédagogie et en orthophonie, accompagnement psychologique, soutien aux élèves en difficulté, projets pédagogiques dynamiques : ce sont ces leviers, pourtant essentiels, qui sont visés. Et ce sont les élèves les plus à risque, les milieux les moins favorisés, qui seront les plus durement touchés, puisque les mieux nantis pourront combler les manques par leurs propres moyens.
Un système qui évolue plus vite que jamais
Ces compressions arrivent au pire moment. L'éducation vit une transformation rapide et profonde. L'intelligence artificielle redéfinit le rôle de l'enseignant. Les élèves, nés dans un monde numérique, ont des besoins et des modes d'apprentissage nouveaux. Les compétences nécessaires pour s'épanouir en société – créativité, collaboration, pensée critique, éthique numérique – exigent des approches pédagogiques innovantes, de la formation continue et des investissements technologiques.
Or, le milieu de l'éducation québécois est déjà en difficulté. Sur le terrain, les équipes sont à bout de souffle. Le personnel manque, les listes d'attente pour les services spécialisés s'allongent, les directions d'école jonglent avec des ressources insuffisantes, et les enseignants font preuve d'un dévouement admirable, mais souvent au détriment de leur santé et de leur équilibre.
Ajouter des coupes à cette réalité revient à fragiliser une structure qui tient encore debout uniquement grâce à la bonne volonté de ceux et celles qui y travaillent.
En parallèle, les réalités sociales évoluent : santé mentale, diversité culturelle, inclusion, urgence climatique. L'école ne peut pas répondre à ces défis en mode survie. Elle doit être soutenue, valorisée, financée. Faire des coupes maintenant, c'est refuser de s'adapter. C'est forcer nos écoles à avancer à reculons dans un monde en accélération.
Le coût du désengagement
On dit souvent que l'éducation est une dépense. En réalité, c'est l'investissement le plus rentable qu'une société puisse faire. Chaque dollar investi dans l'école publique rapporte en cohésion sociale, en santé publique, en innovation, en prospérité (OCDE, 2016).
À l'inverse, les coûts du désengagement sont énormes – mais moins visibles à court terme. Ils se traduisent par une hausse du décrochage (14 à 20 % des jeunes, selon les milieux ; MEQ, 2023), une perte de confiance des enseignants (près de 20 % des enseignants quittent la profession dans les cinq premières années ; IDQ, 2023), une pression à long terme sur les systèmes de santé et de justice et, ultimement, une érosion de notre tissu social.
Investir avec courage
Le Québec a tout pour être un chef de file mondial en éducation. Nous avons des enseignants passionnés, des chercheurs de pointe, des leaders pédagogiques créatifs, des élèves curieux et engagés. Mais il faut leur donner les moyens de réussir.
Ce que je propose, c'est un changement de perspective. Plutôt que d'imposer des coupes en cascade, engageons une discussion sérieuse sur ce que nous voulons bâtir pour les prochaines générations. Augmentons les investissements là où l'impact est réel : services aux élèves, innovation pédagogique, formation continue, infrastructures physiques et numériques.
Miser sur l'école, ce n'est pas faire plaisir aux syndicats ou céder à une pression politique. C'est faire un pari sur notre avenir collectif.
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Safari dans le Haut-Pays
Le MycoMigrateur entame aujourd'hui sa première sortie de la saison. Sa carrosserie est étincelante… pour peu de temps. Dans une campagne vallonnée et en forêt où il brave les ruisseaux, les mares et autres obstacles, le Land Cruiser d'époque nous conduira sur les routes d'un territoire qui foisonne au-delà de son magnifique littoral : l'« autre Kamouraska », celui où le gourmand s'enracine et le sauvage crie pour sa survie. À Saint-Onésime, aux portes du Kamouraska, les propriétaires de la buvette et cantine Côté Est nous attendent au petit matin. Leur MycoMigrateur, un colosse tout équipé, est conçu pour accueillir quatre foodies en quête d'aventures gastronomiques. Son objectif sera double : nous faire découvrir les richesses de l'arrière-pays et repérer les sentiers carrossables en prévision de la saison de cueillette qui s'amorce. PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE La forêt de Saint-Onésime-d'Ixworth PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE La rivière Ouelle PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE La forêt de Saint-Onésime-d'Ixworth 1 /2 En ardents défenseurs du territoire, Perle Morency et le chef du restaurant de Kamouraska, Kim Côté, ne pouvaient décliner la première proposition. De la mi-juillet à la mi-septembre, leur entreprise offre une sortie unique en nature, pour faire découvrir l'identité du Haut-Pays. Elle comprend une cueillette de champignons et de plantes sauvages, ainsi qu'un festin en plein air. L'expérience s'adresse aux aventuriers, prévient Perle. « Ça risque de brasser ! On ne sait jamais à quoi s'attendre. Il suffit de bonnes crues pour que les sentiers soient modifiés. » C'est toutefois sur les routes paisibles d'une campagne vallonnée située entre fleuve et Appalaches que nous amorcerons l'escapade du jour. Le millefeuille kamouraskois PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE Le village de Saint-Alexandre-de-Kamouraska La région de Kamouraska englobe sept municipalités. Elle s'étend, d'ouest en est, des villages de Saint-Onésime et Sainte-Anne-de-la-Pocatière à celui de Saint-Alexandre-de-Kamouraska. Du fleuve au sud, jusqu'à la frontière des États-Unis, elle est composée de trois strates complémentaires et clairement définies : le littoral, l'agricole et le forestier. Le territoire est vaste, peu habité sinon le long de ses berges flattées par les marées. Un grenier agricole qui renaît Premier arrêt chez le producteur maraîcher La Ferme d'En-Haut qui est un bel exemple d'un secteur agricole en ébullition dans le Haut-Pays. PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE La ferme d'En-Haut de Saint-Onésime-d'Ixworth Parti faire sa vie en ville, le propriétaire de la ferme, Simon Pilotto, a repris l'ancienne entreprise familiale de boucherie il y a sept ans afin de réaliser son projet maraîcher au champ et en serre. Il produit une cinquantaine de variétés de légumes biologiques destinés à une clientèle locale, qu'il distribue aux restos et par l'entremise de paniers de famille. « Ma satisfaction est de pouvoir faire manger des rabioles aux gens du coin. Je veux que ça reste local », insiste le fermier quand on évoque de potentiels projets d'expansion. PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE Simon Pilotto, producteur maraîcher Longtemps, le Kamouraska a été l'un des greniers de l'agriculture du Québec. « Il renaît actuellement avec une nouvelle forme d'agriculture, plus artisanale que les fermes qui ont émergé dans les années 1950 et plus fidèle à ses origines », explique Perle. Les nouveaux entrepreneurs sont créatifs, complémentaires dans leur offre. Ils ont surtout à cœur de valoriser la région avec une agriculture à échelle humaine, dit-elle. Après avoir fait provision de tomates et de basilic pour notre pique-nique en forêt, Kim reprend le volant du MycoMigrateur pour nous conduire de village en village – certains franchement coquets – en direction de la frontière américaine. Entre deux hameaux, le paysage se dessine : champêtre, ponctué de bâtiments agricoles. En arrière-plan, la découpe des montagnes et le fleuve à l'horizon. Des forêts à préserver Les pluies de juin ont gorgé le sol d'eau. Qu'à cela ne tienne. Le MycoMigrateur s'aventure dans les sentiers non balisés d'un territoire semé de grandes érablières, qui fait le bonheur des amateurs de cueillette et de VTT. Kim, ancien guide de chasse dans le Grand Nord, connaît chaque recoin de cet environnement où il chasse depuis l'enfance. Ce bijou est en péril, déplore-t-il : des pins centenaires passent au couperet sous une activité forestière intensive, laissant de larges parcelles de montagne dénudées par la coupe à blanc. On croisera plusieurs camions chargés de troncs sur notre route. « C'est de même à longueur de journée ! », lance Kim. Avec la loi 97 qui modernisera le régime forestier en 2026, la situation est loin de s'améliorer : les entreprises forestières ont plutôt accéléré la cadence, constate-t-il. « On se sert dans nos ressources, et souvent, sans qu'il y ait eu de consultation publique. À ce rythme, il n'y aura plus de forêt et plus d'habitat pour la faune. » Depuis deux ans, on a le motton en venant ici. On sent que c'est la fin d'une époque. Nos enfants n'auront peut-être pas accès à cette beauté. Perle Morency, copropriétaire de la buvette et cantine Côté Est PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE Le majestueux Grand Pin, plus haut pin blanc connu du Québec PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE Les effets de la coupe à blanc dans la forêt du Haut-Kamouraska PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE Le majestueux Grand Pin, plus haut pin blanc connu du Québec 1 /2 Enfoncé dans un décor de plus en plus sauvage, le MycoMigrateur bondit sur les pierres. Direction le Grand Pin, situé à Saint-Athanase, à 19 mètres de la frontière américaine. D'un âge estimé entre 250 et 550 ans, il est le plus haut pin blanc connu du Québec avec 34,2 mètres de hauteur. Ce tour de manège en vaudra le détour. « C'est le secret le mieux gardé du Haut-Pays ! », s'enthousiasme Kim. PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE Le MycoMigrateur s'enfonçant dans un décor de plus en plus sauvage Sous ce géant, on dressera la table pour un repas forestier aux saveurs du terroir kamouraskois. Un garde-manger vivant L'été, la forêt regorge de richesses : champignons, mélilot, pousses de conifère, boutons de marguerite… Des rivières, des lacs et une faune en font un véritable garde-manger. « On pourrait choisir de préserver le territoire pour qu'il soit nourricier, mais il faut pour cela que des décisions soient prises et que toutes les voix soient entendues, plaide Perle. Il y a une force silencieuse et souterraine prête à exploser. On sous-estime le pouvoir social. » PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE Le MycoMigrateur contient tout le nécessaire pour que le chef Kim Côté, ici accompagné de son acolyte Perle Morency, nous concocte un festin digne de ce nom. PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE Le repas est accompagné d'un vin aromatique produit par le vignoble Le Raku. PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE Le MycoMigrateur contient tout le nécessaire pour que le chef Kim Côté, ici accompagné de son acolyte Perle Morency, nous concocte un festin digne de ce nom. 1 /2 Sur la route du retour vers le village de Kamouraska, on s'arrêtera pour observer des sangliers et marcassins à la ferme Les petits régals des bois, tout en zieutant le comptoir de viandes. Comme d'autres petits producteurs qui proposent du prêt-à-manger ou une buvette à la ferme, l'offre se diversifie ici pour rejoindre un nouveau public. PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE Le pique-nique met de l'avant les saveurs du terroir kamouraskois : produits de la mer, charcuteries, fromages fins, vin et légumes du coin. On fera un dernier arrêt chez le producteur de vins et alcools de fruits Amouraska, le temps de siroter un cocktail rafraîchissant aux arômes de petits fruits. « La pression croissante sur le littoral pousse à investir dans le Haut-Pays. On sent que le rêve d'en faire un pôle touristique devient réalité », dit Perle entre deux gorgées. L'identité du Kamouraska passe maintenant par toutes ses composantes, qu'elles soient maritimes, agricoles ou forestières. Et c'est ce que Côté Est, comme d'autres adresses gourmandes de la région, révèle dans son espace culinaire ancré dans le terroir – du fleuve aux montagnes. Consultez le site de Côté Est


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La tomate sous toutes ses formes
Dans les serres de Tomaté, à Saint-Damase, poussent des tomates aux formes et aux coloris variés. (Saint-Damase) Dans les serres de Tomaté, à Saint-Damase, poussent des tomates aux formes et aux coloris variés. Parfois bien rondes, parfois côtelées, elles se déclinent en rouge, en jaune ou en orangé. Désireuse de ne pas « emprunter la même voie que la majorité », l'entreprise montérégienne s'est tournée vers la production de tomates de type ancestral. Portrait. Au Québec, la tomate arrive au sommet du classement des principaux fruits et légumes cultivés en serre. En 2021, sa culture représentait près de 45 % de la production des serriculteurs québécois, selon les données du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Tomaté fait partie de ces producteurs. Mais contrairement à la plupart d'entre eux, l'entreprise a choisi de mettre de l'avant des variétés moins présentes sur les étals des épiceries. « Une tomate de type ancestral, est-ce la même chose qu'une tomate ancestrale ? », demande-t-on à Judith Lussier, copropriétaire de Tomaté, en visitant le complexe qui compte près d'une vingtaine de serres. « Pour être des tomates ancestrales, il y a plusieurs critères, dont un critère qui dit que la semence doit avoir au moins 50 ans », explique-t-elle. PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE Judith Lussier, copropriétaire de Tomaté Ce n'est pas le cas des variétés cultivées par Tomaté, souligne, en toute transparence, celle qui dirige l'entreprise avec son conjoint Dominic Lussier. Il s'agit plutôt de tomates hybrides qui « retrouvent beaucoup de caractéristiques de la tomate ancestrale : le goût, les formes, les couleurs ». Certains consommateurs pourraient croire que le terme « hybride » implique qu'il s'agit d'un organisme génétiquement modifié. Il n'en est rien, tient à préciser Judith Lussier. En fait, une tomate hybride est tout simplement une tomate issue du croisement entre deux variétés. « L'hybridation a pour but de créer une tomate qui intégrera les meilleures caractéristiques de chacune des deux [variétés] », indique Tomaté sur son site web. Dans les tomates depuis l'enfance Pourquoi son conjoint et elle ont-ils opté pour une telle production ? D'abord parce que le couple partage « l'amour de la tomate ». « Dominic a grandi ici. Ses parents cultivaient les champs et ils faisaient beaucoup de tomate de champs », raconte la femme également originaire de Saint-Damase. PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE Aperçu des installations de Tomaté Quand le couple a racheté la terre en 2012, il a naturellement continué cette culture. « Cultiver en champs, c'est vraiment de plus en plus difficile, note toutefois la productrice. Même si tu es vraiment à ton affaire et que tu offres le meilleur de toi, tu ne peux pas contrôler le manque de soleil, le gel, la pluie… On a eu envie d'avoir le plein contrôle de notre production, donc on a bâti la première serre [en 2014]. Pour nous, c'était une évidence qu'on y cultiverait des tomates. » L'importance du goût Judith Lussier craignait toutefois un préjugé qui, à ses yeux, demeure tenace : « Les tomates de serre, ça n'a pas de goût. » Or, selon elle, tout dépend des variétés. PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE Depuis deux ans, Tomaté produit des tomates toute l'année. Et c'est justement cette recherche de variétés goûteuses qui a poussé le couple à se tourner vers la tomate de type ancestral. C'est un peu le meilleur des deux mondes qu'on voulait combiner : retrouver ce goût authentique […], mais en ayant le plein contrôle de notre production. Judith Lussier, copropriétaire de Tomaté « On ne fait pas des tomates juste pour faire des tomates. On a envie de chouchouter le palais des Québécois, comme on dit souvent », ajoute celle dont les produits sont vendus en épicerie, notamment dans certains Metro et IGA, de même que dans des marchés. Tester et retester Pour sélectionner ses variétés, l'équipe de Tomaté fait beaucoup de recherche et de développement dans ses serres. « On a en moyenne une dizaine de tests par année pour toujours innover et garder le meilleur goût possible », explique-t-elle. À travers ses tests, Tomaté a tenté de produire des tomates à partir de vraies semences ancestrales. Le résultat ne fut cependant pas concluant. « Dans un plant, il y avait une giga grosse tomate. Elle était énorme », se remémore la serricultrice. Or, cela avait demandé tellement d'énergie au plant que dans les grappes plus hautes, aucune tomate n'avait poussé. Sept variétés À l'heure actuelle, Tomaté mise sur sept variétés qui ont toutes leurs particularités. Judith Lussier nous invite à en goûter quelques-unes. Elle tranche celle que son équipe a nommée la potelée. Ça ressemble à une fleur, remarque-t-on, en découvrant l'effet dentelé que sa peau côtelée révèle une fois coupée. « En salade caprese […], c'est d'une beauté », souligne la productrice, en affirmant qu'à ses yeux, « c'est vraiment la tomate d'excellence pour la salade ». On essaie également la rebelle, une tomate allongée dans laquelle il n'y a pratiquement que de la chair. Un choix parfait pour les bruschettas, se dit-on en croquant un morceau goûteux, mais pas juteux. PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE La potelée PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE La rebelle PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE La marquise PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE La capucine PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE La potelée 1 /4 « Le niveau d'acidité de toutes nos variétés de tomates est plus faible, donc elles sont plus douces et plus riches en saveurs, je trouve », décrit Judith Lussier, en nous faisant également goûter à la marquise, une tomate qui fond en bouche, et à la capucine, une juteuse tomate jaune. Dans les dernières années, Tomaté s'est agrandie, notamment grâce à l'ajout d'une serre d'hiver qui permet désormais à l'entreprise de produire toute l'année. Quels sont les prochains projets ? « Pour le moment, nos tomates invendables, on en fait du compost pour nos champs, mais il y a tellement de choses qui peuvent être faites avec la tomate. […] On fait beaucoup de recherche et développement en ce sens », répond Judith Lussier. Conseils de jardinage PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE Vous faites pousser des tomates dans votre jardin ? Voici trois conseils pour améliorer votre production maison. Arrosez en fonction de la météo. Lors d'une journée nuageuse, le plant a besoin de moins d'eau. « S'il ne fait pas beau, le plant travaille moins », note Judith Lussier. Ajustez la température de l'eau. « Si l'eau est trop froide, ça stresse les racines. Si elle est trop chaude, ce n'est pas mieux », explique la copropriétaire de Tomaté. La température idéale selon elle ? Autour de 18 °C. Coupez quelques feuilles dans le bas du plant. « Il faut qu'il y ait une circulation d'air », souligne Judith Lussier. Consultez le site de Tomaté


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Règlement sur le bruit du Plateau-Mont-Royal
L'assouplissement des règles sur le bruit ne s'applique pas aux nombreux bars et espaces événementiels qui ne détiennent pas un permis de salle de spectacle. Ici le bar Champs, qui compose depuis des mois avec des plaintes répétées de bruit de la part d'une voisine. Le nouveau règlement sur le bruit du Plateau-Mont-Royal proposé cet automne se veut plus clément envers les salles de spectacles. Mais avec des amendes salées en perspective, plusieurs établissements y voient un resserrement qui pourrait mettre à mal la vie nocturne montréalaise. L'arrondissement du Plateau-Mont-Royal assure quant à lui que son nouveau règlement, dont la période de consultation publique prenait fin vendredi, « vise à soutenir la vie nocturne et les salles de spectacles, tout en protégeant la qualité de vie dans les quartiers résidentiels ». Le règlement, proposé en septembre dernier, veut assouplir les limites de bruit imposées aux salles de spectacles en se basant sur le bruit ambiant dans le quartier, en plus d'établir des seuils de décibels clairs. Ces mesures visent à éviter que des lieux culturels soient réduits au silence, après la fermeture temporaire de la salle de spectacle La Tulipe. Mais de nombreux établissements nocturnes se sont exprimés contre les nouvelles mesures sur les réseaux sociaux jeudi. « La vie nocturne montréalaise s'apprête à être en mode crise », a écrit sur son compte Instagram le collectif Ferias, qui organise des évènements de danse ponctuels à Montréal. Car les amendes pour les établissements contrevenants seraient beaucoup plus salées : le nouveau règlement prévoit une amende minimale de 10 000 $ dès la première infraction, alors qu'elles tournent autour de 1500 $ actuellement. « Demandez-le à n'importe quelle petite organisation comme la nôtre. Une amende de 10 000 $ remettrait en question la capacité d'un établissement nocturne à survivre, tout court », estime Guthrie Drake, co-fondateur du collectif Ferias. « On croit que tout le monde mérite une bonne nuit de sommeil, ajoute-t-il. Mais la Ville dit qu'elle tente de rendre les règlements de bruit plus adaptés à la vie nocturne, et cette proposition semble aller dans la direction opposée. » De plus, l'assouplissement des règles sur le bruit ne s'applique pas aux nombreux bars et espaces événementiels qui ne détiennent pas un permis de salle de spectacle. Un fait qui effraie Pamela Bernstein, employée administrative du bar Champs, qui compose depuis des mois avec des plaintes répétées de bruit de la part d'une voisine. Lire Notre reportage sur les plaintes de bruit au bar Champs « Il n'y a rien de vraiment utile dans le règlement pour soutenir la vie nocturne, et plusieurs choses qui vont empirer notre situation à tous », tranche-t-elle. Encore ouvert aux ajustements L'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, qui doit adopter le règlement en septembre, « accueille favorablement tous les commentaires qui permettront d'ajuster le règlement et évalueront les modifications à effectuer d'ici son adoption finale », explique Francis Huot, chargé des communications. Les amendes plus élevées « visent à s'assurer que tous les établissements s'engagent dans une démarche d'insonorisation auprès de l'arrondissement, et ne seraient appliquées qu'en tout dernier recours par des inspecteurs de l'arrondissement », ajoute-t-il. Montréal 24/24, un organisme de développement de la vie nocturne à Montréal, s'inquiète toutefois que les mesures proposées accordent trop de pouvoir d'interprétation aux policiers qui interviennent lors de plaintes liées au bruit. Selon le nouveau règlement, une autorité compétente peut ordonner à quiconque émet un bruit qu'elle estime excessif de le faire cesser immédiatement. « Quiconque n'obtempère pas immédiatement à l'ordre de l'autorité compétente […] commet une infraction », peut-on lire dans la proposition. « Ça se fie beaucoup sur la bonne volonté des autorités, que ce soit le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ou la Ville », estime Xavier Bordeleau, coordonnateur chez Montréal 24/24. Du côté de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, on assure que le nouveau règlement « offre plus de latitude aux salles de spectacle sans donner de nouveaux pouvoirs au SPVM, afin de protéger la vitalité de la scène culturelle montréalaise ». La médiation avant la sanction Plusieurs solutions proposées par le milieu nocturne manquent au nouveau règlement, selon Montréal 24/24. L'organisme aurait notamment voulu qu'un service de médiation entre voisins soit mis en place par la Ville. « La plupart des plaintes de bruit sont émises par la même personne pour le même établissement, alors pourquoi ne pas essayer de créer un dialogue entre les exploitants et leurs voisins, plutôt que de toujours se fier sur des sanctions ? », propose Xavier Bordeleau. D'autres mesures, comme le principe de l'agent de changement, ont déjà été éprouvées dans certaines villes. « Par exemple, si un nouvel immeuble résidentiel est bâti dans un certain rayon d'une salle de spectacle, ça serait la responsabilité du promoteur immobilier d'insonoriser adéquatement le lieu selon les nuisances qui sont créées par la salle, et vice-versa si une salle de spectacle s'installe dans un milieu résidentiel », explique-t-il. Les évènements nocturnes montréalais attirent des centaines, voire des milliers de personnes, tout en faisant rayonner la ville à l'international, souligne Guthrie Drake. « Ça permet à tous ces gens de visiter la ville et à des tonnes d'artistes de venir ici alors qu'ils ne l'auraient pas fait autrement. Ça amène aussi les gens à dépenser de l'argent ici et à voir ce que Montréal a à offrir sur le plan culturel », ajoute-t-il.