
Échange de tirs, au moins un mort… Que se passe-t-il à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge ?
le Cambodge et la Thaïlande
ont échangé des tirs, ce jeudi, dans ce qui est déjà l'escalade militaire la plus grave en près de 15 ans entre les deux pays.
Un civil thaïlandais a été tué par une frappe d'artillerie cambodgienne et trois autres ont été blessés après des échanges de tirs. Bangkok a demandé à tous ses ressortissants au Cambodge de quitter le pays dès que possible.
Tout a commencé mercredi, lorsqu'un soldat thaïlandais a perdu une jambe en marchant sur une mine antipersonnel à la frontière disputée avec le Cambodge. Or, selon le Premier ministre, une enquête de l'armée thaïlandaise a permis de fournir des preuves selon lesquelles le Cambodge avait posé de nouvelles mines dans la zone disputée.
Des accusations « catégoriquement » rejetées par le ministère cambodgien de la Défense. « Le Cambodge a rappelé à plusieurs reprises à la Thaïlande que ces zones contenaient encore de nombreuses mines terrestres datant d'anciens conflits », a déclaré Maly Socheata, la porte-parole du ministère cambodgien de la Défense, dans un communiqué. « Il est profondément regrettable que la partie thaïlandaise ait non seulement omis d'assumer la responsabilité de ses actions agressives mais soit également allée jusqu'à accuser le Cambodge de violer le droit international », a-t-elle ajouté.
En réponse à l'incident, qui a fait cinq blessés en tout, le gouvernement thaïlandais a entériné une proposition de l'armée de fermer plusieurs postes-frontières, selon un communiqué. « Il a également été décidé d'abaisser le niveau des relations diplomatiques en rappelant l'ambassadeur thaïlandais au Cambodge et en expulsant l'ambassadeur cambodgien en Thaïlande », a précisé le gouvernement.
De son côté, Phnom Penh a assuré que le Cambodge défendrait son intégrité territoriale « en toutes circonstances et à tout prix ». Le pays a rétrogradé au « plus bas niveau » les relations diplomatiques avec son voisin, a rapporté ce jeudi l'agence cambodgienne d'informations AKP.
Ce jeudi matin, des tirs ont été échangés entre les deux armées près de vieux temples datant de l'époque d'Angkor (IXème-XVème siècles), au niveau de la province thaïlandaise de Surin (sud-est) et celle cambodgienne d'Oddar Meanchey (nord-ouest).
Chacun se renvoie la responsabilité d'avoir commencé. « Vers 8h20 (3h20 en France), les forces cambodgiennes ont ouvert le feu en direction du flanc est du temple Prasat Ta Muen Thom », tout près d'une base, a annoncé l'armée thaïlandaise dans un communiqué, accusant également la partie adverse d'avoir utilisé un drone sur le site contesté entre les deux capitales une heure plus tôt.
« L'armée thaïlandaise a violé l'intégrité territoriale du Cambodge en lançant une attaque armée sur les forces cambodgiennes stationnées », a indiqué de son côté Maly Socheata, la porte-parole du ministère cambodgien de la Défense. « En guise de réponse, les forces armées cambodgiennes ont exercé leur droit légitime à l'autodéfense, en pleine conformité avec le droit international, pour repousser l'incursion thaïlandaise », a-t-elle poursuivi.
D'après Bangkok, le Cambodge aurait lancé deux roquettes BM-21 dans un village frontalier de la province de Surin (sud-est), dans le district de Kap Choeng, qui ont fait trois blessés parmi les civils.
« Un obus d'artillerie cambodgien a frappé la maison d'un civil thaïlandais, tuant une personne, blessant grièvement un enfant de cinq ans et faisant deux autres blessés », a indiqué le Bureau du Premier ministre thaïlandais dans un communiqué. Il n'est, pour l'heure, pas encore précisé s'il s'agit du même tir ou de deux événements distincts.
La Thaïlande et
le Cambodge
sont à couteaux tirés depuis la mort d'un soldat khmer fin mai dans une zone disputée de leur frontière, à la suite d'un échange de tirs au milieu de la nuit avec des militaires thaïlandais. Chaque armée accuse l'autre d'avoir ouvert les hostilités.
Les deux royaumes s'opposent depuis des décennies sur le tracé de leur frontière commune, longue de plus de 800 km, défini pendant l'occupation française de l'Indochine. Mais les tensions actuelles ont atteint une intensité rarement vue.
Les points de passage terrestres à la frontière ont été fermés, tandis que le Cambodge a décidé d'arrêter d'importer de Thaïlande du carburant ou des fruits. La semaine dernière, le Premier ministre cambodgien Hun Manet a annoncé l'instauration en 2026 du service militaire obligatoire, jugeant que la situation tendue avec la Thaïlande justifiait cette mesure, et que le budget de la Défense pourrait également être augmenté.
L'épisode moderne le plus violent lié à la frontière remonte à des affrontements autour du temple de Preah Vihear entre 2008 et 2011, qui avaient fait au moins 28 morts et des dizaines de milliers de déplacés.
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