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La censure menace François Bayrou, premier ministre de l'austérité

La censure menace François Bayrou, premier ministre de l'austérité

24 Heures5 days ago
Le chef du gouvernement français a fâché l'ensemble de l'opposition en présentant son projet de budget 2026. Il pourrait chuter cet automne.
Ariane Hasler - Correspondante à Paris Publié aujourd'hui à 19h36
Le premier ministre français, François Bayrou, apparaît plus fragilisé que jamais après avoir présenté une cure d'austérité drastique pour le pays.
AFP
En bref:
«L'Himalaya»: c'est ainsi que François Bayrou qualifie le projet de budget 2026 depuis plusieurs mois: un peu plus de 40 milliards d'euros à trouver, une cure de rigueur jugée incontournable pour ramener le déficit de la France à 4,6% l'an prochain. Depuis cette métaphore, non seulement la situation financière du pays ne s'est pas magiquement améliorée, mais Emmanuel Macron a annoncé dimanche vouloir lester les dépenses pour 2026 de 3,5 milliards d'euros supplémentaires pour la Défense.
De quoi compliquer encore la tâche de son premier ministre dont la survie à son poste – sans majorité nette au parlement - est éminemment fragile. Mardi, lors de sa présentation du projet de budget qui sera débattu à l'automne, François Bayrou a déployé le champ lexical de l'urgence et de la gravité: «danger mortel», «moment critique», «écrasement de la France par la dette», une dette qui augmente de «5000 euros à chaque seconde». Le moment est périlleux pour les finances de la France, il l'est aussi pour son premier ministre. Et il le sait bien. Il a conclu son discours d'une heure en déclarant n'avoir «que des risques» à courir en présentant ses annonces avec un gouvernement «à la merci des oppositions». Menaces de censure
Et en effet, à peine l'exercice terminé, celles-ci le menaçaient déjà de censure, avec une mesure cristallisant les critiques: la suppression de deux jours fériés, potentiellement le lundi de Pâques et le 8 mai. Le principe, mais aussi la date du 8 mai, victoire des alliés sur le régime nazi, ont déclenché l'ire de la gauche et du Rassemblement national. Son président, Jordan Bardella, y voyant «une attaque directe contre notre histoire, contre nos racines, et contre la France du travail». François Bayrou jugeant, lui, cette date pertinente pour alléger le mois de mai et ses fameux «ponts» de jours fériés, «un véritable gruyère» (sic) pour la production économique en France. Au total, il espère récupérer 4,2 milliards d'euros avec ces suppressions.
Mais cette mesure n'est pas la seule à avoir attiré les foudres des oppositions, parfois coordonnées, parfois disparates. C'est le cas par exemple de la mise en place d'une «année blanche», soit le gel des dépenses publiques à leur niveau de 2025 sans indexation en 2026 pour, par exemple, les retraites, ou la modération des dépenses sociales - notamment dans la santé -, ou encore la suppression de certaines mesures d'équité fiscales. «Le premier ministre n'aura pas notre mansuétude»
«Si François Bayrou ne revoit pas sa copie, nous le censurerons», a prévenu, sur X, Marine Le Pen. Le centriste a mordu sur plusieurs des lignes rouges annoncées par la présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale, comme la désindexation des retraites ou la hausse du niveau général des impôts, sans faire, en contrepartie, de concessions sur ses demandes financières, comme la contribution française au budget de l'Union européenne. Pire pour le parti, pas un mot sur les immigrés. «Il est impossible de faire accepter à nos électeurs des mesures de purge sociale sans toucher aux étrangers, et même pas aux étrangers en situation irrégulière», s'est ainsi étranglé Jean-Philippe Tanguy, le Monsieur Économie du parti.
À gauche aussi on s'insurge. Eric Coquerel, député LFI et président de la puissante Commission des finances, a qualifié le «plan Bayou» de «musée des horreurs néolibérales». «Bayrou déclare la guerre sociale», s'est indignée de son côté la cheffe des députés LFI Mathilde Panot. Conclusion de Jean-Luc Mélenchon: «Nous approchons du point de non-retour. Il est urgent de mettre fin à la macronie. Il faut faire partir Bayrou.» Le leader insoumis annonçant qu'une motion de censure sera déposée lors de l'examen du budget en septembre. Prêts à discuter
Les LR, eux, se sont ménagé un temps de réflexion avec une conférence de presse en fin de matinée mercredi. Ils estiment que le plan budgétaire de François Bayrou pour 2026 a «le mérite de chercher des solutions», mais doit être «corrigé et amélioré». Laurent Wauquiez, patron des députés LR, dénonçant «la somme des réactions irresponsables de tous ceux qui rejettent tout en bloc» et saluant les économies annoncées sur «la question des agences et des opérateurs de l'État» ou «la lutte contre les arrêts de travail abusifs».
Mais le plan du premier ministre «recourt de façon importante à des augmentations d'impôts» et «pèse fortement sur la France qui travaille», a déploré Laurent Wauquiez, souhaitant porter «l'effort maximal sur la baisse de la dépense». Quoi qu'il en soit, les LR se déclarent prêts à discuter. Dans le socle de la majorité disparate de François Bayrou, si d'aucuns, comme Edouard Philippe, ancien premier ministre et patron du groupe Horizons à l'Assemblée nationale, critiquent «ce plan d'urgence» qui «ne propose pas de réelle transformation, aucune réforme structurelle des politiques publiques qui ne fonctionnent plus», ils s'engagent toutefois à discuter afin d'améliorer le plan en question. Le PS, pivot?
Prêt à discuter aussi, mais avec des réserves: le PS, entre les mains duquel repose en partie le salut de François Bayrou. En cas de dépôt de motion de censure, le parti à la rose peut faire pencher la balance pour ou contre le premier ministre. Et ça n'est pas gagné pour ce dernier. Preuve en est le commentaire du patron du PS, Olivier Faure, après le discours: «Ce n'est pas un plan de redressement, c'est un plan de démolition de notre modèle français. Ce n'est pas une année blanche qui s'annonce, mais une année noire pour les Français.» Mais la porte est encore ouverte: «Nous ferons nos propres propositions et nous verrons comment réagira le gouvernement.» Une position jugée trop modérée chez LFI, qui «attend évidemment les socialistes au rendez-vous» de la censure.
À noter enfin que le premier ministre a reçu ce mercredi un soutien à double tranchant, celui d'Emmanuel Macron. Le président saluant un budget qui a «la vertu du courage, de l'audace et de la lucidité». Pas de quoi décrisper les ennemis du macronisme.
Entre des alliés aux dents longues et pas toujours loyaux et des oppositions qui pourraient cette fois-ci bel et bien décider de s'allier pour le faire tomber, le parcours à très hauts risques de François Bayrou dans l'Himalaya budgétaire se poursuit.
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