
Hommes en natation artistique
En 2016, Josué Cacchione fait le grand plongeon. Fasciné par la natation artistique, il fait ses débuts dans ce sport à l'âge de 8 ans.
À ce moment-là, il n'y a que deux nageurs masculins mineurs à l'échelle de la province. Aujourd'hui, il entraîne trois garçons au club R2P. Et plusieurs autres garçons s'essaient à ce sport presque exclusivement féminin, comme Romain Charron, de Beaconsfield.
En 2014, la Fédération internationale de natation (FINA) a autorisé la participation des hommes en natation artistique. Dennis González Boneu, Ranjuo Tomblin et Eduard Kim sont parmi les jeunes athlètes masculins qui se sont hissés jusqu'aux Championnats du monde, où les épreuves de natation artistique débutent jeudi à Singapour.
À savoir
En 2017, la FINA a modifié le terme « nage synchronisée » pour « natation artistique » afin de « mieux représenter la discipline », rapporte Natation artistique Québec, l'institution qui réglemente le sport dans la province.
Il a fallu dix ans de plus pour que les hommes soient admis en natation artistique aux Jeux olympiques. Ce n'est que depuis les Jeux de Paris, en 2024, que « chaque équipe de huit personnes [peut] comprendre jusqu'à deux hommes », a décrété le Comité international olympique.
Au Québec, Josué Cacchione est une figure de proue masculine du sport. « Il a commencé une sorte de tendance. On voit beaucoup plus de jeunes garçons dans les équipes U10 [de natation artistique] », dit Sacha Bensoussan, sa partenaire de duo mixte.
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE
Josué Cacchione est prêt pour son entraînement du mercredi. Le premier de cette saison estivale qui s'amorce.
À la piscine de Rosemont–La Petite-Patrie, Victoria, Sacha et Josué font des enchaînements sous la supervision de leurs entraîneuses. Stella Forlini impose le rythme sous-marin en percutant un cercle métallique sur une barre d'acier qui plonge dans l'eau. Culbutes et éclaboussures sont au rendez-vous.
Briser les codes
Josué confie que sa présence surprend positivement. Les remarques désobligeantes ne font pas du tout partie de son quotidien. « J'ai été surpris qu'il y ait beaucoup de papas qui viennent me voir pour me dire : 'C'est cool, ce que tu fais' », raconte-t-il au bord de la piscine Père-Marquette.
« C'est l'homme avec qui je suis le plus en sécurité […] on est meilleurs amis », dit Victoria Verdy, sa partenaire en duo mixte technique.
Les stéréotypes de genre sont tenaces chez les juges, déplore Stella Forlini, coentraîneuse. Ceux-ci sont parfois réfractaires face à l'approche du duo de Sacha et Josué, où le jeune homme n'est pas le faire-valoir de Sacha, comme c'est généralement le cas dans les duos mixtes.
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE
Stella Forlini marque le rythme à l'aide du disque métallique. De cette façon, les nageurs peuvent se synchroniser grâce au son sous l'eau.
« On nage moins comme un couple. Ça surprend les gens. Au bout du compte, on aborde ça comme un duo [féminin], on met autant de l'avant le garçon que la fille », explique Sacha Bensoussan.
Contrairement à ce qu'on voit dans les duos mixtes en général, c'est le jeune athlète masculin qui se fait propulser dans les airs par sa partenaire. « Josué est le voltigeur, parce que, objectivement, les filles [Victoria et Sacha] sont plus fortes des jambes », dit Stella Forlini.
Romain Charron
Romain Charron, 13 ans, est nageur artistique au club de Beaconsfield depuis trois ans. Il étudie à l'École supérieure de ballet de Montréal en sport-études et a commencé la natation artistique par l'entremise de ses deux sœurs qui la pratiquent.
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE
Romain Charron, 13 ans, nage habituellement à Beaconsfield. L'été, il s'entraîne à la piscine extérieure du Club aquatique Baie-d'Urfé.
Le soleil plombe et les enfants jouent dans le bassin. Romain, lui, perfectionne sa technique avec ses camarades. Le jeune adolescent dit admirer le talent de Cacchione. Pour lui, la natation artistique, « c'est comme de la danse dans l'eau », il se sent à son aise, dit-il, comme au ballet. L'hiver prochain, Romain espère concourir au niveau provincial, explique-t-il en entrevue à La Presse.
« Quand tu dis que ton garçon fait du ballet, il y en a beaucoup qui disent : 'Moi, mon conjoint ne voudrait pas' », lance Virginie Drogue, mère de Romain.
Les préjugés à l'endroit des garçons sont semblables en natation artistique : « Moi, ça ne m'a jamais dérangée […] j'ai toujours trouvé ça beau », dit-elle. Selon Mme Drogue, Victoria et Sacha, la discipline est beaucoup plus pratiquée par des hommes en Amérique latine.
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE
Romain Charron répète avec ses coéquipières un enchaînement à la piscine extérieure du Club aquatique Baie-d'Urfé, dans l'ouest de Montréal.
Un chemin à défricher
Malgré les efforts de Natation artistique Québec, certaines compétitions ne sont pas accessibles aux hommes, indique Lilou Lentz, coentraîneuse à R2P. Aux Jeux du Québec, « il n'y a pas de représentation masculine dans la synchro, ni en duo ni en solo. La catégorie n'existe pas », ajoute-t-elle.
« Comme c'est un sport féminin, les garçons ont une réticence à venir dans le sport », souligne Victoria Verdy. Même constat pour Sacha Bensoussan.
Les garçons gardent une gêne parce qu'il y a un tabou. Mais il y a des portes qui s'ouvrent maintenant.
Sacha Bensoussan.
Toutefois, « il y a vraiment beaucoup d'opportunités pour les gars », souligne Josué Cacchione. Comme les duos mixtes sont rares, ses partenaires et lui ont été invités aux Championnats panaméricains juniors du Paraguay en 2025. Malheureusement, ils n'ont pas pu aller compétitionner en Amérique du Sud pour différentes raisons techniques.
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE
Stella Forlini et Lilou Lentz décortiquent la routine du prochain enchaînement pour le trio d'athlètes de Rosemont.
Aux Jeux olympiques de Paris et aux Championnats du monde de Doha en 2024, aucun homme ne représentait l'équipe canadienne. Les athlètes masculins canadiens sont aussi absents à Singapour.
Le rideau s'ouvre sur les hommes en natation artistique. « On voit de plus en plus que les [stéréotypes] sont brisés […] Une fois que tu te rends au bout, ça vaut vraiment la peine, pour les parents et pour les athlètes », conclut Josué Cacchione.
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