« On a décroché quelque chose de fou» : comment la France a déjoué les pronostics pour remporter le bronze lors du relais 4x100 m mixte
Il faut relire la journée de samedi, se souvenir de ces nations majeures, piégées dès les séries du 4x100 m mixte. La Grande-Bretagne, la Chine et, surtout, l'Australie, éliminée dès les séries matinales et qui abandonnera à l'issue de la finale, et sans batailler, le record du monde aux États-Unis, sacrés samedi soir en 3'18''48 contre 3'18''83 aux Australiens en 2023. Emmenés par un Jack Alexy qui a définitivement trouvé la clé pour descendre sous les 47 secondes aux 100 m (encore 46''91 samedi), les Américains ont déroulé avec Patrick Sammon, l'ancien coloc' de Léon Marchand en Arizona, ces deux-là compensant l'enchaînement Kate Douglass-Torri Huske, moins performant côté femmes.
Derrière, la Russie sous bannière neutre s'est invitée en 3'19''68, et la France a complété le podium en 3'21''35 (record de France), pour s'offrir une sixième médaille sur ces Mondiaux à Singapour. Référent de ce relais, Nicolas Castel n'entraîne aucun des athlètes alignés. Mais il a su s'appuyer sur les analyses de ses collègues et une dynamique amorcée avec la médaille de bronze mondiale en 2019 en Corée, et confortée par le titre mondial des Bleus sur 4x50m mixte en petit bassin de 2022, que Maxime Grousset et Beryl Gastaldello avaient alors partagé avec Mélanie Hénique et Florent Manaudou.
« Depuis quelques années, l'ensemble de l'équipe a décidé, à travers les relais, de développer une dynamique. Parce que ça crée une histoire »
Nicolas Castel, référent du relais 4x100 m mixte
Après avoir défini qui pourrait être disponible, le Toulousain Castel a élaboré plusieurs stratégies avec ses collègues. En intégrant Maxime Grousset, au-delà de sa valeur intrinsèque en crawl, les Bleus pouvaient éviter le bouillon. « Yann Le Goff a un deuxième 50 m rapide et Marie (Wattel) reste un élément fort, insiste Castel. Quant à Beryl, avec ses bonnes coulées, elle a cette capacité, si besoin, à passer sous les vagues dans le virage pour aller chercher quelque chose dans le finish. » Et c'est exactement ce qui s'est produit. « Depuis quelques années, l'ensemble de l'équipe a décidé, à travers les relais, de développer une dynamique. Parce que ça crée une histoire », soutient Nicolas Castel. D'autant plus quand les acteurs adoptent cette philosophie.
Maxime Grousset (47''62) : « Merci aux jeunes ! »
À vingt-six ans, Maxime Grousset continue de développer son potentiel. À peine venait-il de récupérer son titre mondial de 2023 sur 100 m papillon, devenant même le 2e performeur de l'histoire sur l'exercice (après l'or sur 50m papillon cinq jours plus tôt), que le Néo-Calédonien basculait sur le crawl pour l'équipe. « Maxime est un nageur d'expérience, un élément fort de l'équipe sur qui on peut s'appuyer », remercie Castel.
« Cinq minutes après le podium (sur 100m pap'), se mettre derrière le plot et focus sur le 100 m crawl, ça s'est vu, c'était un peu dur, assume Grousset, chronométré en 47''62. C'est plus dur qu'en individuel. » Premier relayeur, il a poussé par la voix ses coéquipiers pour le plaisir de partager. « Je n'ai pas fait un énorme 100 m, mais derrière, Yann a nagé très fort, Beryl et Marie ont nagé très, très fort. Surtout Beryl sur les deux derniers (coups de) bras, elle a touché le mur parfaitement. Et merci aux jeunes (qui ont nagé) le matin, ça a pu me reposer, ainsi que Beryl. »
Les journées millimétrées de Maxime Grousset
Yann Le Goff (47''77) : « Ca s'est joué à des détails »
À vingt-et-un ans, le Breton reste l'inconnu de la maison. Même s'il a disputé les deux dernières finales, olympique (5e) et mondiale (6e) du 4x200 m. « Il était peut-être l'élément le moins certain de l'équipe, mais il a montré qu'il était en forme et qu'on pouvait compter sur lui », revendique Castel. Pourtant, sa présence n'était vraiment pas actée. « J'ai repris en janvier, je ne pensais pas réussir aussi bien », avoue le jeune homme. Toute la saison précédente, il a été affecté par un syndrome des loges au niveau des bras (pression accrue sur certaines zones qui entourent les muscles).
Il a accepté la douleur mais décidé d'être successivement opéré après les Jeux de Paris des deux bras. « Se qualifier était déjà un bel objectif de rempli. Cette semaine, j'étais plutôt en forme. On a décroché quelque chose de fou ! Ma première finale mondiale, ma première médaille. Ça s'est joué à des détails. À rien. »
Marie Wattel (52''74) : « Une sacrée pression »
À vingt-huit ans, Marie Wattel n'est plus une débutante. Elle a vécu beaucoup. Des hauts, comme sa médaille d'argent sur 100 m papillon aux Mondiaux de Budapest en 2022, deux ans après l'or décroché également dans la capitale hongroise aux Championnats d'Europe sur la même distance. Des bas aussi. Après les Jeux Olympiques de Paris, elle a tout bouleversé et, surtout, décidé de se faire opérer d'un genou.
Même en respectant le processus de rééducation, elle a fini par rallier l'Arizona, où elle s'entraîne désormais, et se qualifier pour ces Mondiaux au sein des relais. « C'est incroyable ! Avant la course, je me disais que, si on veut cette médaille, il allait falloir se battre sur chaque centimètre, souriait-elle samedi soir. Je faisais partie des nageuses qui avaient le moins nagé de l'équipe, l'une des plus fraîches, il fallait que je réponde présente. Je me suis mise une sacrée pression, je suis tellement fière d'y être arrivée, après une année tellement courte de préparation. Je suis hyper reconnaissante de ce qui m'arrive. » Et le staff aussi, qui loue cette « capacité à se dévouer » pour le collectif.
Beryl Gastaldello (53''22) : « Comme si l'eau tremblait d'énergie »
Elle est l'aînée, et parfois la plus insouciante des Bleus. À trente ans, Beryl Gastaldello venait d'être éliminée en demies du 50 m (13e en 24''64) quand elle a rejoint ce relais 4x100 m. « Elle aime la compétition, la confrontation, et quand il y a quelque chose à aller chercher, elle est capable de tout donner », observe Nicolas Castel. « C'était une déception pour moi mais je suis vite passée à autre chose. Je savais qu'il y avait le relais », insiste la jeune trentenaire, qui s'entraîne désormais à l'Insep. Ultime relayeuse, celle qui avait gagné l'or avec Grousset aux Mondiaux petit bassin, s'est dépouillée.
« Le collectif est tellement fort, dit-elle. Dans les derniers mètres, c'est comme si l'eau tremblait d'énergie. Je savais que j'avais la team derrière, j'ai vu pleins de bras, j'ai vu qu'on était serré. Je touche et je vois la lumière sur le plot. Celle-là, je l'ai attendue toute la compétition. » Gastaldello éclate de rire. « Une pensée pour Albane (Cachot) et Rafael (Fente Damers) qui ont fait le job ce (samedi) matin. Ils n'ont que dix-huit ans, c'est formidable. » Formidable pour continuer de construire sur l'avenir.
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