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Franck Riboud & Jacques Bungert : « Il faut se donner les moyens de ses ambitions »

Franck Riboud & Jacques Bungert : « Il faut se donner les moyens de ses ambitions »

Le Figaro14 hours ago
Pour Franck Riboud et Jacques Bungert, les patrons de The Amundi Evian Championship, l'exigence sportive et le respect du jeu sont les clés d'un développement durable et ambitieux du golf féminin.
Toujours aussi complices, le président et le vice-président du tournoi partagent leur vision d'avenir du golf féminin. Volontaire et structurante.
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LE FIGARO. - Comment se porte le golf féminin mondial, aujourd'hui ?
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Franck RIBOUD. - C'est un sujet que l'on aborde fréquemment : la santé du golf féminin dans le monde est bonne, et semble relativement stable, comme en témoigne la moyenne des « prize money » des tournois de la LPGA (le circuit professionnel américain, NDLR). Certains tournois majeurs ont toutefois vu leur dotation progresser de manière significative - c'est notamment le cas de l'Amundi Evian Championship - mais la situation des Majeurs est très particulière, notamment ceux qui sont encadrés par des institutions masculines et féminines (USGA, R&A, PGA/LPGA). Quant au LET (le circuit professionnel européen), sur le plan sportif, je citerais en exemple le Jabra Ladies Open, auquel je viens d'assister à Évian. Le niveau de jeu m'a semblé en nette progression par rapport aux éditions précédentes. J'ai pu suivre plusieurs joueuses et comparer leurs performances à celles des meilleures mondiales, qui participent chaque année au Majeur d'Évian. J'ai été particulièrement frappé par le professionnalisme de nombreuses jeunes joueuses, tant dans leur préparation que dans leur comportement sur le parcours. Le golf féminin bénéficie clairement de l'élan général autour du sport féminin. Le Ladies European Tour apparaît aujourd'hui bien plus structuré et dynamique qu'il ne l'était il y a quelques années.
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Le circuit professionnel féminin s'est reconstruit en Europe, mais n'est pas au niveau de son homologue américain…
JACQUES BUNGERT. - Il existe une domination du LPGA Tour sur le golf féminin, c'est évident. Pour faire leur métier à très haut niveau, les joueuses rêvent toutes de partir jouer sur le LPGA Tour. C'était moins vrai il y a quelques années. Aujourd'hui, néanmoins, le LET reste une très bonne école, tout comme le LET Access, l'échelon inférieur. Lors du dernier Jabra Ladies Open, à Évian, au mois de mai, la participation était très internationale, pas simplement européenne. Il y a donc de vrais signaux positifs.
Les joueuses qui évoluent en Europe parviennent-elles à gagner leur vie ?
F. R. - Le golf féminin progresse, et on est bien placés ici pour le constater… Bien sûr, la qualité des gens qui sont à la tête de tournois ou d'organisations peut être inégale, mais comme dans n'importe quel domaine. C'est un écosystème où chacun doit jouer son rôle. En ce qui nous concerne, j'ai toujours milité pour faire respecter la hiérarchie des tournois, même quand Évian était un petit tournoi. Chacun a son intérêt, quelle que soit sa taille. Je pense qu'il y a une espèce de segmentation, mais c'est pareil chez les hommes, cela n'a rien à voir avec le golf féminin en particulier. Il faudrait arriver - et je le dis depuis des années - à faire en sorte que le tour féminin européen débute au mois de mars pour que la qualité des parcours soit toujours au top. C'est sur un bon parcours qu'on joue bien au golf et qu'on progresse. Ensuite, j'essaierais de faire un circuit centré sur une zone géographique comprenant l'Afrique du Nord, l'Europe du Sud et l'Europe continentale. Les îles britanniques entreraient en jeu à partir du mois d'août avec la Suède. Un vrai tour d'Europe…
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Quels aspects le golf féminin doit-il surveiller pour continuer de grandir, notamment en termes d'image ?
J. B. - Le golf féminin est exceptionnel quand on aime le sport. Il faut juste continuer à le mettre en avant. En particulier médiatiquement. C'est un combat ! Le principal écueil à éviter, pour le golf féminin, c'est la tentation de le « gadgétiser », de surjouer la dimension d'entertainment au détriment du sport et de sa performance au plus haut niveau, comme le suggèrent des formats de jeu allégés ou alternatifs. Le golf est un sport exigeant, avec ses propres règles, ses standards - notamment les quatre tours -, et il mérite d'être respecté en tant que tel, quelle que soit la catégorie. Ce respect, malheureusement, n'est pas toujours au rendez-vous. Pour continuer à grandir, notamment en termes d'image, il faut développer la compréhension du jeu et de ses enjeux pour le public, valoriser la richesse stratégique et tactique de ce sport et mettre en avant des rôles modèles puissants… Ce sont des personnalités et des athlètes exceptionnelles. C'est ce que l'on a vu dans d'autres disciplines, comme le football féminin : plus on le montre, plus il est compris, plus il attire. C'est un cercle vertueux, mais il repose sur des fondamentaux solides et une exposition suffisante. Évidemment, cela suppose une volonté claire et des moyens. Mais il ne faut pas se contenter de constater un manque de ressources : il faut aller les chercher. Et les médias y jouent un rôle déterminant !
Sur le même modèle que celui que vous avez mis en place ensemble ?
F. R. - Si l'on veut réellement accompagner le développement du golf féminin, il faut se donner les moyens de ses ambitions. Quand on regarde le prize money des tournois du LET, en dehors des Majeurs et des Aramco Series, on reste sur des dotations de 200 000 à 300 000 euros pour des tournois à champs ouverts. C'est très insuffisant pour permettre aux joueuses de vivre correctement de leur sport. C'est pour cette raison qu'il y a trente ans, nous avons créé l'Evian Masters. À l'origine, notre volonté était claire : aider concrètement ces joueuses à gagner leur vie. Et très vite, le tournoi est monté en puissance, jusqu'à devenir un Majeur. L'accessibilité au tournoi s'est accrue sur des critères sportifs très exigeants. Du coup, seule une dizaine de joueuses du LET y avaient accès, pas plus. On s'éloignait alors de notre objectif initial. Il fallait recréer de l'ouverture. C'est ainsi qu'est né le Jabra Ladies Open pour rendre de l'attractivité, avec une vraie récompense : une place pour l'Amundi Evian Championship. Cette perspective a tout changé. Cette année, lors des discussions avec le sponsor, Jabra, sur la reconduction ou non du tournoi, j'ai été clair : je suis prêt à continuer, mais à une seule condition — il nous faut un Graal. Pas un tournoi plafonné à 300 000 euros, mais un vrai projet de montée en gamme, avec une dotation qui pourrait atteindre 600 000 à 800 000 euros à moyen terme. Là, on vous aidera et nous travaillons ensemble… C'est ça qui nous motive avec Jacques : permettre à ces joueuses de mieux gagner leur vie en pratiquant leur sport et en le développant. C'est une volonté. Y arriver est un autre débat.
Quelles sont les priorités liées aux évolutions ?
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F. R. - D'abord, je le répète, c'est de faire gagner leur vie le mieux possible à des joueuses avec le « prize money ». À côté de ça, il y a un autre axe fondamental : la transition écologique. Nous sommes engagés depuis longtemps et, en 2026, nous serons à pleine capacité d'autonomie. Nous avons lancé un projet un peu fou : remonter les eaux industrielles retraitées de l'usine d'Évian, pour irriguer le parcours, au lieu de repomper dans le lac Léman. C'est en cours, les infrastructures sont en place, la mise en service est prévue pour mi-2026. Nous avons aussi entamé une conversion vers l'électrique, mais sans précipitation, car c'est complexe et cela demande un investissement important. Sur les graminées, cela fait dix ans que nous travaillons à une adaptation durable, avec des espèces plus résistantes. Nous sommes labellisés par la Fédération française, nous préservons les zones naturelles, nous retardons la taille des haies pour protéger la biodiversité… L'objectif est clair : devenir plus autonome et plus responsable. Et enfin, il y a la redistribution : avec la Kids Cup, la Juniors Cup, le Jabra Ladies Open, nous essayons de créer un écosystème qui favorise la construction de ce sport, ses talents, ses carrières, d'aider et de mettre le pied à l'étrier. C'est un objectif multifacette dans un souci d'excellence.
Quelle est la source de revenus d'un tournoi féminin ?
J. B. - Notre source de revenus essentielle, ce sont nos partenaires. La qualité de notre relation et de leur « ROI » en fonction de leurs objectifs est donc essentielle aussi. Cela passe par la performance bien sûr de notre modèle - en particulier de gestion des coûts - mais aussi par notre dynamique et notre créativité pour offrir un événement unique ! D'autant que je rappelle qu'on est, avec le Chevron Championship, le seul Majeur qui n'a pas de tournoi masculin. Donc on ne peut pas s'appuyer sur ce fameux système des vases communicants. Notre capacité de redistribution dépend donc bien de la dynamique de croissance de nos revenus et de la rigueur de notre gestion… c'est le quotidien de tous ici.
Comment faire progresser le Jabra ?
F. R. - On peut y arriver. Avec Amélie (Bourdin, la directrice de l'Evian Championship) et Jacques, nous allons en discuter avec le LPGA puis le LET pour que notre tournoi qualificatif puisse délivrer trois places qualificatives pour le Majeur. L'idée, c'est continuer à se développer et pas stagner. Comme l'a dit Jacques, on ne se contente pas d'avoir des joueuses qui tapent bien dans la balle sur un parcours. Non ! On va essayer de les pousser, de les aider. Je préfère accueillir une joueuse qui se qualifie en quatre tours sur un parcours compliqué comme celui d'Evian plutôt que de qualifier quelqu'un qui aurait gagné un tournoi en trois tours un peu gadgétisés.
Est-ce que ce ne sont pas les valeurs que vous conservez depuis près de trente ans maintenant qui finalement font vivre la flamme chez vos sponsors ?
F. R. - C'est un ensemble. D'abord il faut délivrer ce que l'on promet. Et le premier critère pour un sponsor comme Jacques l'évoque c'est le « retour ». Mais aujourd'hui la qualité de notre relation avec nos sponsors et la symbiose de nos systèmes de valeur nous permet d'aller au-delà… Si je prends notre sponsor titre du tournoi, Amundi, par exemple. Je leur ai parlé des jeunes. Aujourd'hui, il y a The Amundi Kids Cup, The Amundi Juniors Cup… ils ont eux-mêmes décidé d'avoir une Team Amundi. Ils n'étaient obligés de rien. Là, on a fait fantastiquement notre travail parce qu'Amundi n'est pas juste un sponsor qui attend d'avoir des retombées d'images ou des audiences. On est sorti de ça. Et c'est le cas avec tous nos partenaires historiques majeurs, au premier rang desquels Rolex par exemple… Je peux vous avouer que chaque fois que je fais le « vendeur de yaourts », c'est le chapitre redistribution qui passionne tous nos partenaires et les institutions. C'est au-delà de développer de la notoriété. C'est cette volonté d'œuvrer à quelque chose, ensemble.
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