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Guerre en Ukraine : cessez-le-feu ou accord de paix, pourquoi la question est si cruciale pour Kiev

Guerre en Ukraine : cessez-le-feu ou accord de paix, pourquoi la question est si cruciale pour Kiev

INTERNATIONAL - Les discussions pour faire taire les armes en Ukraine s'accélèrent… mais à quelles conditions ? Longtemps aligné avec Volodymyr Zelensky et ses alliés européens sur la nécessité d'un cessez-le-feu, Donald Trump a fait un revirement spectaculaire samedi 16 août, dans la foulée de sa rencontre avec Vladimir Poutine en Alaska. Le président américain a plaidé pour « aller directement à un accord de paix » entre Kiev et Moscou, sans passer par une trêve.
Rebelote lundi lors de la réunion à Washington avec Volodymyr Zelensky et plusieurs leaders européens. Plusieurs médias, dont le HuffPost américain, rapportent que Donald Trump a affirmé qu'un cessez-le-feu n'était pas nécessaire. « Si on regarde les six accords que j'ai réglés cette année, [les belligérants] étaient tous en guerre, je n'ai pas conclu de cessez-le-feu », a-t-il poursuivi, mettant en avant son bilan diplomatique (et le surestimant, souligne The Guardian).
En face, le chancelier allemand Friedrich Merz a redit son attachement à une trêve préalable aux négociations de paix. « Je ne peux pas imaginer que la prochaine réunion ait lieu sans un cessez-le-feu », a-t-il déclaré selon l'AFP, appelant à « mettre la pression sur la Russie » en ce sens. Même son de cloche du côté d' Emmanuel Macron, pour qui « demander une trêve […] au moins pour arrêter les tueries » est « une nécessité ».
À l'arrivée, si tous les protagonistes se disent en faveur de la paix, ils se divisent sur le moyen d'y parvenir et cette question est cruciale pour l'avenir de l'Ukraine.
Renoncer au cessez-le-feu, c'est « enlever de la pression » à Poutine
Comme l'ont relevé plusieurs analyses, dont celle du New York Times, Donald Trump « s'est plié à la vision de M. Poutine » en écartant la piste d'une trêve préalable à des pourparlers. Or la nuance est de taille. « Avec un cessez-le-feu, vous arrêtez les massacres, les deux armées se stoppent là où elles en sont », explique Donald Heflin, diplomate chevronné et enseignant à l'Université Tufts (Massachusetts), interrogé par Yahoo News.
« Avec un accord, vous devez vous entendre sur quels territoires reviennent à qui », poursuit-il, les négociations peuvent alors « durer des mois voire des années »... pendant lesquelles « les combats se poursuivent ». Or les Russes « ont l'avantage militaire et ils veulent que la guerre continue », résume Donald Heflin. Ce constat est partagé par d'autres spécialistes comme Johanna Möhring, chercheuse associété au Centre interdisciplinaire sur les enjeux stratégiques (CIENS) et spécialiste de la Russie.
« Vladimir Poutine n'est pas intéressé par un arrêt de sa guerre contre l'Ukraine, c'est pourquoi il rejette un cessez-le-feu », explique-t-elle au HuffPost. « Sauter cette étape pour soi-disant passer directement à un accord de paix enlève de la pression » au Kremlin, juge l'experte, rappelant que Donald Trump avait par le passé « menacé d'imposer des sanctions à la Russie s'il n'y avait pas de cessez-le-feu ». Son revirement en faveur d'un traité de paix sans trêve préalable « donne du temps à Poutine », qui continue d'avancer sur le terrain.
Encore hypothétique, l'accord de paix semble déjà dur à obtenir
Du côté américain, on met en avant la possibilité d'une rencontre trilatérale Trump-Poutine-Zelensky pour négocier l'accord de paix. Là aussi, cette perspective laisse beaucoup d'experts peu convaincus. « On ne peut pas négocier la paix sous le feu des bombes et des missiles ennemis, il est tout à fait injuste d'attendre cela de l'Ukraine », relève Malcom Davis, analyste à l'Australian Strategic Policy, jugeant qu'un cessez-le-feu est « absolument » crucial « pour que tout processus de paix puisse avancer ».
Au micro de CNN, le spécialiste a confirmé que les Russes n'envisageaient pas de trêve… voire de paix tout court, contrairement à ce qu'ils affirment. « Tant qu'ils continueront d'attaquer l'Ukraine, ils n'auront guère envie de s'engager dans un processus de paix significatif, car Poutine estime qu'il peut gagner militairement », abonde-t-il, insistant à nouveau sur la nécessité d'un cessez-le-feu.
Reste aussi à voir sur quoi Moscou et Kiev pourraient bien tomber d'accord, quand « la plupart des demandes des Russes » – concessions territoriales, non-adhésion à l'Otan, démilitarisation – sont « inacceptables » pour les Ukrainiens, comme le souligne The Kyiv Independent. Et si un accord de paix devait être signé, il « ne sera qu'un cessez-le-feu » dans la pratique, estime Bertrand Badie, professeur émérite à Sciences Po, interrogé par franceinfo. Pour une vraie paix durable, Ukraine et Russie devraient définir « les conditions d'une coexistence durable, acceptée et reconnue par les deux parties », explique le spécialiste.
Selon lui, la paix telle qu'elle est présentée ici serait davantage une « non-guerre qu'une paix profonde », un peu comme c'est le cas entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. Aux yeux des Ukrainiens, les régions de l'Est seraient alors toujours occupées par les Russes, sans garantie que les appétits territoriaux de ces derniers soient assouvis.
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